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BAB

de se séparer pour peupler la terre. Voyez dans la Génèse, chap. XI, v. 1 & suiv. Ce nom est purement hébreu, composé de ב b, preposition qui signifie, in, dans, & de בל, bal, confusion, de sorte que Babel, est la même chose que dans la confusion ; ou bien de בא, ba, verbe, qui signifie venir, & de בל, bal, confusion ; de בלל, balal, confondre ; desorte que בבל, Babel, signifie, la confusion vient, ou est venue. En effet, ce nom lui fut donné, ainsi que l’Ecriture le témoigne, parce que Dieu confondit là le langage des hommes, pour confondre leurs desseins. La confusion des langues arrivée à la tour de Babel vint premièrement de l’orgueil, & de la foiblesse des hommes, &c. Bossuet. La ville de Babel fut la capitale de l’Empire qu’établit Nemrod, à-peu-près dans le même temps. C’est celle qui dans la suite fut nommée Babylone par les Grecs. Voyez Babilone. On dit qu’il y a encore dans une plaine à quelques milles de Bagdad des restes de la tour de Babel. C’est une colline qui a environ 1150, ou, selon d’autres, trois mille pas de tour, dont la matière composée de terre, & d’une espèce de ciment mêlé de bitume, est devenue si dure, qu’on ne peut qu’à grand’peine en rompre un petit morceau. Voyez le Voyage de le Blanc, Liv. I, chap. 5.

Le P. Kirker a fait un ouvrage latin, intitulé la Tour de Babel, où il a fait graver la figure de ces restes, vrais ou prétendus de la tour de Babel, Liv. II, p. 92 & suiv.

Parce que la tour de Babel étoit forte haute, & que ceux qui la bâtirent vouloient l’élever jusqu’au ciel le peuple dit quelquefois d’une chose bien grande, ou bien haute, qu’elle est grande ou haute comme la tour de Babel. Cela n’est que du discours familier & populaire. ☞ On dit encore pour signifier une grande confusion d’opinions & de discours, cette assemblée est la tour de Babel. Acad. Fr.

Babel. s. m. Nom propre d’homme, corrompu du nom Babylas. On dit Baible. Voyez Babylas.

☞ BABEL-MANDEL. Babelmandelia insula. Île d’Afrique, au milieu du détroit de la mer rouge, où elle se joint à l’Océan. Elle a donné son nom au détroit de Babel-mandel. Babel-mandelium fretum.

☞ BABENHAUSEN. Bourg d’Allemagne, dans la Suabe, sur la rivière de Guntz.

Babenhausen, Bobenhausen, ou Bebenhausen, suivant différens Géographes. Bourg d’Allemagne, dans la Suabe, à deux lieues de Tubinge, dans le duché de Wirtemberg.

BABETTE. s. f. Terme de Danse. La babette est une danse de ville. Danser la babette. Les chassés sont usités dans la mariée, l’allemande, la babette & plusieurs autres. Rameau.

☞ BABEURRE. s. f. C’est ainsi qu’on appelle en termes d’économie rustique, la liqueur séreuse que laisse le lait, quand la partie grasse est convertie en beurre. Lac ex butyro residuum. C’est une boisson rafraîchissante.

BABIA. s. f. Babia. Déesse révérée en Syrie, & sur-tout à Damas. Photius rapporte dans sa bibliothèque, cod. 242, que les Syriens, & principalement ceux de Damas, appeloient les petits enfans en maillot babia ; il ajoute qu’ils donnoient même ce nom aux jeunes enfans qui avoient déjà quelque âge, & que ce nom étoit pris de celui de la Déesse Babia, qu’ils honoroient. De-là Seldenus, dans son Liv. sur les Dieux des Syriens, Synt. II, cap. 4, conjecture que chez les Syriens, Babia étoit la Déesse de la jeunesse. Quelques exemplaires grecs de Photius la nomment Βαϐαια, au lieu de Βαϐια.

BABICHE. s. f. Terme populaire & enfantin. Nom que l’on donne quelquefois aux petites filles qu’on appelle babée ou babet, qui est un diminutif de ce diminutif. Voyez Babée.

Babiche. s. f. Petite chienne. Catella, canicula. Vous perdez pour babiche des pleurs qui suffiroient pour racheter un Roi. Voit. C’est une espèce de nom propre que l’on donne à ces petits animaux.

BABIL. s. m. Abondance de paroles superflues : superfluité excessive de paroles. Multiloquium, garrulitas, loquacitas. Les femmes & les vieillards ont toujours trop de babil. ☞ Il nous étourdit par son babil. On dit d’un homme qui parle beaucoup, & qui n’a point d’esprit, qu’il n’a que du babil.

Dans le fond de ce monument
Une Dame est ensevelie,
Qui tant qu’elle eut un jour de vie,
Ne put se taire un seul moment :
Elle parlait à toute outrance,
Sa langue alloit comme un torrent ;
Et son babil étoit plus grand
Que n’est à présent son silence.

Imprudence, babil & sotte vanité,
Et vaine curiosité,
Ont ensemble étroit parentage :
Ce sont enfans tous d’un lignage.

La Fontaine.

Nicot dérive ce mot de babel, où se fit la confusion des langues. Ménage veut qu’il vienne de bambinare, qui a été fait de bambino, italien, diminutif de bambo, lequel est dérivé du syriac babion, qui signifie enfant, d’où on a fait aussi babiole & bimbelots, signifiant des poupées.

BABILLARD, ARDE. adj. & s. Qui parle beaucoup. Multiloquus, garrulus, loquax. C’est un franc babillard. Mol. Si un babillard écoute un peu, ce n’est que comme un reflux de babil qui prend haleine pour rebabiller puis après encore davantage. Amiot.

Tant que Barbiers seront au monde,
De barbiers babillards le monde aura foison ;
En babil indiscret cette race est féconde,
Et l’on n’en sait pas au juste la raison,
Suffit que le métier en exemples abonde.

☞ Il est plus ordinairement substantif. C’est un franc babillard.

Il se dit aussi d’un indiscret, qui ne sauroit garder un secret, qui répète tout ce qu’il a oui dire.

On appelle en terme de Chasse, un chien babillard, lorsqu’il crie par ardeur, ou lorsqu’il est hors des voies.

BABILLER, v. n. Parler sans cesse, & ne dire que des bagatelles, & des choses inutiles. Garrire.

C’est véritablement la tour de Babylone,
Car chacun y babille & tout du long de l’aune.

Molière.


J’irai pourtant bientôt voir quelqu’autre personne,
Car j’aime à babiller presqu’autant qu’une None.

Sanlecq.

On dit, qu’un homme ne fait que babiller, lorsqu’il parle & promet beaucoup, & qu’il n’exécute rien ; qu’il ne dit rien de solide, qui puisse terminer une affaire. Au reste, les mots de babillard & de babiller ne sont en usage que dans le style familier & comique.

On se sert encore de ce verbe pour exprimer la manière de crier de la corneille ; la corneille babille. ☞ On le dit aussi du chien qui donne de la voix. Ce limier babille trop. Il faut lui ôter le babil.

BABILLOIRE. Voyez Caquetoire. Babilloire ne se dit guère, ou point du tout. ☞ Il est tout-à-fait bas & digne de la place maubert. Caquetoire n’est pas plus noble.

☞ BABIN, terre en Pologne, dont le nom donna lieu à une badinerie qui divertit & réforma la cour de Sigismond Auguste. Le rapport qu’il y a entre ce nom & le mot baba, qui signifie vieille, donna lieu d’imaginer une république de Babin. Babinensis respublica. Ce lieu qu’on avoit négligé & laissé aller en décadence, donnoit souvent à rire aux passans, à cause de son nom. Les plaisanteries qu’on faisoit du lieu & du Seigneur à qui il appartenoit, firent naître la pen-