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AZU
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s’écrit autrement, אשדוד, Asdod & par un aleph, non pas par un ain. Quelques-uns interprètent ce nom robur, force, donnant dans une erreur à-peu-près semblable à celle du Géographe Estienne, & tirant azotus de עז, fort, robuste, comme si l’on disoit עזוד, & non pas אשדוד. D’autres disent qu’il signifie deprædatio, pillage, comme venant de שדד, ravager, piller. Il y avoit à azote un temple de Dagon ; les Philistins y ayant mis l’arche de Dieu, Dagon fut renversé deux fois. Saci écrit Azot. Depuis le Christianisme établi, Azote fut un siège épiscopal. Sa longitude est 65d. 15’, & sa latitude 31d. 50’. On l’appelle aujourd’hui Alsette, Alcet, ou Alzete. Ce n’est plus qu’un village. Adrichomius distingue deux Azotes ; l’une appelée Azotus Paralia, c’est-à-dire, maritime, c’est celle de l’Ecriture ; & l’autre, Azotus Ippini, c’est, selon lui, le siège épiscopal.

AZOVALALA. s. m. Petit fruit rouge de l’Île de Madagascar. Il croît sur un petit arbrisseau comme nos groseilles.

AZOUFA. s. f. Bête du royaume de Casoubi. On en trouve aussi à Fez & à Maroc. Ces animaux déterrent les morts & les dévorent.

☞ AZPEYTIA. Ville d’Espagne, dans le Guipuscoa. C’est la patrie d’Ignace de Loyola, Fondateur d’un Ordre qui ne subsiste plus en France.

AZU.

☞ AZUA. Ville d’Amérique, dans les Antilles, sur la côte méridionale de S. Domingue.

AZUMAR. Village de l’Alentéjo en Portugal, entre Portalègre & Elvas. Azumara, anciennement Septem Aræ. Ad septem aras.

AZUR. s. m. Pierre minérale qui est de couleur bleue. La pierre d’azur. Lapis lazuli. Pline & Dioscoride disent que c’est un sable ; Matthiole, une pierre ; Agricola, que c’est un minéral qu’on trouve dans les veines de la terre : mais la vérité est que c’est une pierre que nous nommons simplement lapis, ou lapis lazuli. Il doit être rayé de petites taches ou étoiles d’or, & pour cela Mesué l’appelle lapis stellatus ; & pour être bon, il doit résister au feu & à la fumée, d’où il tire même un nouvel éclat. On en a vu de si précieux, qu’il a été vendu jusqu’à cent écus l’once, comme témoigne Fallope. On en trouve dans des mines d’airain, d’argent & d’or, & aussi parmi les marbres ; & c’est celui dont on se sert le plus. On distingue cette pierre en trois sortes, en pierre de l’ancienne roche, qui est pure, bien nette, d’un beau bleu, qui est chargée de quelques veines dorées qu’on croit être d’or, & qui cependant ne sont très-souvent que des veines de pyrite. La seconde sorte est appelée la nouvelle roche ; elle est farcie de gangue ; sa couleur est moins foncée, & son prix est bien moindre. Ces deux espèces nous sont apportées de Perse, de Siam, &c. La troisième sorte vient des montagnes d’Auvergne ; elle est mêlée de la pierre du rocher d’où on la tire : elle est d’un bleu plus pâle, & est couverte de quelques tâches verdâtres, & a des veines dorées, c’est à-dire, de pyrite. Lorsque cette pierre est bien tachée en vert, on la vend pour la pierre Arménienne. On se sert de cette pierre en Médecine ; on la calcine, & on la lave plusieurs fois pour la préparer ; elle entre dans la confection alcaline ; quelquefois malgré ces lotions elle ne laisse pas d’être purgative, à cause des matières vitrioliques qu’elle contient. On appelle la pierre d’azur par excellence lapis. On dit, voilà de beau lapis.

Azur, est aussi une poudre bleue, pesante, que les Epiciers vendent aux Peintres pour les couleurs, & aux femmes pour mettre dans l’empois. Cette poudre est un produit de la préparation du cobalt lorsqu’on tire le bismut de cette marcassite. Sthale parle de sa préparation. On l’appelle aussi cendre d’azur ; les Peintres s’en servent, & la mêlent avec du blanc de plomb pour l’employer. Les Médecins n’emploient que le naturel.

☞ Le nom d’azur paroît aujourd’hui particulièrement affecté au bleu de cobalt, c’est-à-dire, à la terre du cobalt quand elle est pulvérisée.

L’azur s’appelle autrement, outremer, à cause qu’il vient des lieux qui sont au-delà de la mer ; ou, selon Brassavolus, parce que c’est un bleu plus fort que celui de la mer.

Il y a un azur factice qui se fait avec de l’indigo, ou du suc de violettes broyé avec certaine craie. L’ordinaire se fait avec du sel ammoniac, & des lames d’argent, ou bien avec du soufre, du vif-argent, & du sel ammoniac, dont la préparation se trouve dans Agricola & dans Cæsius.

Il y a aussi un azur d’Allemagne : c’est une teinture qu’on cueille & ratisse proprement au-dessus des pierres qui sont dans les minières d’argent. Le vert azur est une exhalaison de mine de cuivre mêlée avec de l’argent, comme dit Biringuccio. Barbosa parle d’un azur très-fin qu’on apporte de la Babilonie à Ormuz ; & Louis Barthema, dans son Itinéraire, dit qu’on trouve à Schiras une grande quantité d’azur d’Outremer.

Azur, se dit aussi de la couleur de l’azur. Lazuli color. Cæruleus color. Voilà un bel azur. On le dit quelquefois en parlant du ciel. On dit aussi, le bleu d’azur.

☞ On dit par manière de proverbe, en parlant d’une maison richement ornée, ce n’est qu’or & azur.

En termes de Blason, azur signifie aussi le bleu, & c’est une des quatre couleurs. L’Ecu de France a trois fleurs de lis d’or en champ d’azur : c’est une couleur céleste qui est le symbole de la Justice. L’azur est marqué dans le blason par des hachures, ou simples lignes qui vont de gauche à droite, d’un côté à l’autre de l’écu, & sont parallèles au chef, ou à la fasce.

Ce mot azur vient de Lazurd, en retranchant les lettres l & d. Huet. Car les Arabes appellent cette pierre אללזורד, allazurd, & sans article lazurd, & non pas lazuli, comme on l’avoit dit dans la première édition. Le son du d sans voyelle à la fin étant obscur, l’usage l’a retranché. Pour le l il ne l’a pas retranché apparemment ; mais il l’a pris pour notre article François l’ devant une voyelle pour le ; de même qu’il a pris l’a dans l’Apouille, & dans l’Anatolie, pour un article, & que l’on dit la Pouille, la Natolie.

AZURÉ, EE. adj. Qui est peint d’azur. Cæruleus. Lambris azuré. On appelle poëtiquement le ciel, la voûte azurée, parce qu’il semble à nos yeux qu’il est d’azur ; & il nous paroît tel à cause de son grand éloignement.

L’Eridan est moins pompeux :
Et dans la voûte azurée
Jamais sa tête dorée
Ne brilla de tant de feux. Anonyme.


Ces voûtes claires & solides,
Ces beaux Cieux au front azuré.
Qui sont dans leur cours mesuré,
Et si légers & si rapides.

En parlant de la mer, les Poëtes disent aussi, les plaines azurées.

Il se dit encore des fleuves & des canaux, & dans la description de Trianon, Me Cheron a dit du canal de Versailles.

Sur ces plaines azurées
Voguez, galères dorées,
Coupant l’eau de cent façons,
Tandis qu’effleurant la rive
Le cigne à la voix plaintive
Fait entendre ses chansons.


AZURIN. s. m. Azurinus. Les Azurins sont les Chanoines de la Congrégation de S. Georges, in alga. Ils sont ainsi appelés à cause de l’habit bleu qu’ils portent. Papebr. Acta Sanct. April. T. III, p. 618.

AZURUM. s. m. C’est le nom d’une préparation de chimie dont Albert le Grand donne la description. Elle consiste en deux parties de mercure, un tiers de soufre & un quart de sel ammoniac. On pile toutes ces drogues ensemble dans un mortier, & on les met sur le feu dans un vaisseau de verre, jusqu’à ce qu’il en sorte une fumée bleuâtre ; on les retire du feu, on