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AVO

Avocat qui manque de pratique, un Avocat à tort, & sans cause, u Avocat de causes perdues. Imperitus & iners Causidicus, Patronus sine patrocinio. On dit de même proverbialement, un Avocat de balle, un Avocat de Pilate, par allusion à ce mot, Non invenio causam. On dit, il est altéré comme la bourse d’un Avocat. De Roch.

Avocat, ate. se dit figurément de celui ou de celle qui prend nos intérêts en main, & qui les défend auprès de quelqu’un. Patronus. Patrona. Quelques-uns croient qu’en ce sens il faut dire Avocat, & non pas Avocate. Je veux prendre la vérité pour mon Avocat. Ablanc. Cependant l’usage veut que dans cette phrase on dise Avocate, & non pas Avocat. C’est pourquoi ceux qui ont eu le soin de la nouvelle édition de Lucien, après la mort d’Ablancourt, ont écrit : Je veux prendre la vérité pour mon Avocate. On dit pareillement : La Sainte Vierge est l’Avocate des pécheurs. Dans les prières que l’Eglise offre pour nous à Marie, elle l’appelle Mere de miséricorde, refuge des pécheurs, porte du Ciel, notre Avocate. P. d’Orl. Il y a long-temps que la passion dont vous me parlez, me fait mal au cœur. Son mari a de l’esprit pour le Palais ; mais d’ailleurs sa figure est Avocate, & plaide toujours contre lui. Bussy.

On appelle aussi Avocate, la femme d’un Avocat. Cependant on ne le dit ordinairement que de la femme d’un Avocat-Général, ou d’un Avocat du Roi, en y ajoutant le mot de Madame. Ainsi on dit Madame l’Avocate-Générale, Madame l’Avocate du Roi.

Avocat. s. m. Grand arbre des îles de l’Amérique. Son bois est grisâtre, aussi-bien que son écorce : sa feuille est longue, pointue, peu épaisse, & d’un assez beau vert. Ses fleurs sont par pelotons ou bouquets, dont les fleurons assez semblables à des étoiles, ont de petites feuilles d’un blanc sale ou jaunâtre, dont le milieu renferme neuf étamines ; six de ces étamines sont penchées de divers côtés, & les trois autres qui sont toutes droites, accolent des boutons jaunes, dont la queue est courte, & qui sont l’origine du fruit. Cette fleur a une odeur agréable, & qui se répand assez loin. Nouv. Voyag. du P. Labat.

Avocat. s. m. Fruit qui vient à l’arbre du même nom dont je viens de parler, & que les Espagnols appellent Pera d’Avocato, & les François absolument Avocat. Il est assez semblable, pour la forme & la grosseur, à une poire de Bon-Chrétien : mais sa chair se fond d’elle-même dans la bouche ; elle n’a aucune consistance : de sorte qu’on la peut manger dans une cueillier, comme si c’étoit de la gelée ou de la marmelade. Elle est d’un vert pâle, & son goût approche assez de celui d’une tourte de moelle de bœuf. Ce fruit a l’écorce mince, quoique fort liante ; elle est fort unie & d’un beau vert, qui ne jaunit que lorsqu’il est en maturité ; on le mange quelquefois sur l’assiette avec du sucre & un peu d’eau-rose, & de fleur d’orange ; on le mange aussi par tranches, avant qu’il soit mûr, avec du poivre & du sel, comme de petits artichaux, dont il a assez le goût. Il y a dans son milieu un noyau presque rond & raboteux ; ce noyau ne contient point d’amande, & n’a pas plus de dureté qu’un marron dépouillé de la peau. Il faut le planter à la sortie du fruit ; car une heure après il se sépare en deux ou trois morceaux : ce qui rompt ou évente son germe, & le rend incapable de produire.

AVOCATOIRE. adj. Terme de Jurisprudence. On appelle Lettres Avocatoires, des Lettres d’un Prince, par lesquelles il prétend revendiquer quelques-uns de les sujets qui sont passés dans d’autres États. C’est un très-grand abus, que de s’imaginer que le Souverain a droit de faire revenir dans son État par des Lettres avocatoires, ceux qui s’en seroient retirés, n’y pouvant vivre selon les règles de leur conscience. Le Clerc.

☞ AVOCETA. Voyez Avoseta.

☞ AVOGASIE. Province d’Asie, que quelques-uns confondent avec l’Abascie. L’Auteur du grand Dictionnaire Géographique n’auroit pas de peine à croire qu’Avogasie est un mot corrompu d’Abgassie, pays des Abcasses, peuple entre la mer noire, la Circassie & la Mingrelie, dans laquelle ce pays est compris.

AVOINE, (quelques-uns disent AVEINE.) f. f. Avena. Plante fromentacée, dont les racines sont chevelues & ramassées à leur collet, d’où s’éleve un chalumeau noueux par intervalles, revêtu de feuilles longues, étroites, dont une partie forme une gaine, ou chalumeau, qui est terminé par une panicule ou amas de plusieurs brins opposés le plus souvent, & qui portent des paquets de balles longues, pointues, & pendantes par leur propre poids, lesquelles servent d’enveloppe aux étamines de la fleur, & à la semence. L’enveloppe propre de la semence d’avoine sauvage est terminée d’une arrête roulée en tirre-bourre, & coudée par le haut. C’est de cette arrête qu’on fait des hygromètres.

Ce mot avoine vient du latin avena, & l’on croit qu’avena vient du verbe latin aveo, je souhaite, je désire, à cause que les animaux appètent beaucoup cet aliment.

On distingue l’avoine par la couleur de ses semences. Celle qui les a blanches est la plus estimée ; & celle qui les a noires est la plus commune. On estime encore que la plus pesante est la meilleure. L’avoine est rafraîchissante. On ordonne la crème d’avoine aux malades sujets aux coliques néphrétiques, & même aux poitrines foibles. On fait de la bière avec l’avoine. On dit, Du gruau d’avoine, de la paille d’avoine, qui n’est composée que des balles de la panicule d’avoine. Dans la disette on fait du pain avec de l’avoine ; il y a même bien des pays où le paysan ne mange assez communément que du pain d’avoine.

L’Avoine, fait partie des petits blés qu’on appelle les Mars : elle sert à nourrir les chevaux. Un bon Cavalier doit voir manger l’avoine à son cheval. Les chevaux vont plus vite le soir, quand ils sentent l’avoine. On appelle les gros chevaux, des coffres à avoine. Par l’Ordonnance du mois d’Octobre 1669, il est ordonné que l’avoine sera à l’avenir distribuée dans les mesures à blés, dont le septier est réglé à vingt-quatre boisseaux, qui n’étoit ci-devant que de vingt-deux, quoiqu’on donnât sept minots à blé, dont le dernier étoit comble, pour faire le septier d’avoine ; car il faut le double de la mesure d’avoine pour faire le même poids de blé.

On appelle folle-avoine, celle qui est stérile. Il y a aussi une avoine sauvage, qui croit parmi les blés. Elle est semblable à la Coquiole & à l’autre avoine, excepté que ses grains sont plus grands & plus noirs.

Avoine, est aussi un grain qui croît dans une terre de l’Amérique septentrionale, vers le Canada, & dans les petites rivières, dont le fond est de vase, au bout de la tige, d’une herbe qui s’élève de deux pieds au-dessus de l’eau. Ce grain se recueille en Juin, & est gros comme le nôtre ; mais il est une fois plus long, & il rend plus de farine. Il est aussi bon que le ris.

On dit proverbialement & figurément d’un homme qu’on a bien fait travailler tout le jour, qu’il a bien gagné son avoine ; pour dire, qu’il a bien gagné son souper. D’un homme avare, qui ne fait point part aux autres de ce qu’il a, qu’il mange son avoine dans son sac.

AVOINES. Au pluriel, se dit des plantes de l’avoine, quand elles sont encore sur pied. Avena. Les avoines sont belles cette année. Acad. Fr. Jamais on ne vit tant d’avoines. Voit. Faucher les avoines.

☞ AVOIR. v. a. Habere. Être le sujet à qui une chose appartient. Il n’est pas nécessaire de pouvoir disposer d’une chose, ni qu’elle soit actuellement entre nos mains pour l’avoir ; il suffit qu’elle nous appartienne. On n’est pas toujours le maître de ce qu’ont a ; on l’est de ce qu’on posséde. Un avare peut avoir des richesses dans ses coffres, mais il n’en est pas le maître ; ce sont elles qui possédent son cœur, & son esprit. M. l’Abbé Girard. Syn. Sa conjugaiso, est fort irrégulière. Il faut consulter la Grammaire. On mettra pourtant ici quelques uns de ses temps : J’ai, tu as, il a. Nous avons, vous avez, ils ont. J’avois, j’ai eu ne faisant qu’une seule syllabe, & non pas deux. J’Avois eu. J’aurai. Au subjonctif, que j’aie, que tu aies, qu’il ait, & non pas qu’il aie, ni en vers, ni en prose, J’aurois, ou que j’eusse pour l’imparfait. Que j’eusse eu, ou j’aurois eu pour le plusque parfait. J’aurai eu pour le futur. Ayant est toujours au gérondif ; il ne prend point un s au