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AVI — AUL

Aviser. C’est aussi prendre une résolution après quelques délibération. Statuere, decernere. Les Etats assemblés pour la réformation du royaume, aviserent qu’il falloit que, &c. Après avoir bien consulté, bien raisonné, on avisa que, &c. Il fut avisé que, &c.

Aviser, signifie aussi croire, juger. La Cour a renvoyé les parties pour se pourvoir comme elles aviseront bon être ; pour dire, comme elle le jugeront à propos. Style de Palais.

Aviser. Terme que les Chasseurs ont adopté, pour signifier appercevoir : ils disent, javise le gibier. J’avise un lièvre au gite.

Aviser, quand on y ajoute le pronom personnel, signifie faire attention, s’appercevoir. Occurrere, venire in mentem. Je ne m’en suis pas avisé. Personne presque ne s’avise de lui-même du mérite d’un autre. La Bruy.

☞ Il signifie aussi s’imaginer quelque chose, trouver ou s’appliquer à trouver quelque chose. Il s’avisa d’un bon expédient pour réussir. Il n’a sottise dont il ne s’avise. Adinvenire, excogitare. S’aviser d’une ruse, d’un stratagème. Les hommes ne pouvant éviter la mort, se sont avisés de n’y point penser, afin de se rendre moins malheureux. Pasc. Fabius ayant trouvé l’armée rebutée de combattre sans succès, s’avisa de consumer Annibal par la lenteur. S. Evr. On dit aussi, c’est bien avisé à vous ; pour dire, vous avez raison. Expression familière.

Ce mot vient de la préposition ad, & du mot des langues septentrionnales Wisan, en vieux saxon, visan, visa, dans la langue des Cimbres. Ce mot dans toutes ces langues qui ont une même origine, signifie {{lang|la|monstrare, docere, instruere ; Montrer, enseigner, instruire. Icquez.

AVISÉ, ÉE. part & adj. Il a la signification de son verbe, en latin comme en françois. Il se dit d’un homme sage, prudent, circonspect, éclairé dans la conduite de ses affaires, & qui ne fait rien sans bien considérer toutes choses. Prudens, cautus, consideratus. On n’est jamais si avisé en son propre fait qu’en celui d’autrui. Vaug. Plusieurs personnes très-judicieuses & très-avisées, on préféré l’exil aux douceurs de la patrie. Balz. On peut lui confier cette négociation, il est fort avisé. Il a fait cette faute comme un imprudent, & un mal-avisé.

Ménage dérive ces mots de advisavre, qui se trouve pour deliberare dans les Auteurs de la basse latinité.

AVIT. Voyez Avy

AVITAILLEMENT. s. m. Voyez Avictuaillement.

AVITAILLER. v. a. Voyez Avictuailler.

AVITAILLÉ, ÉE, part. & adj. Voyez Avictuaillé.

☞ AVITAILLEUR. s. m. Voyez Avictuailleur. L’Acad. dit avitaillement, avitailler, & avitailleur qui sont plus en usage.

AVITH. Ville de l’Idumée. Avith. Elle fut le chef-lieu d’un Royaume, & le siége du Roi Arad, qui regna en Edem, c’est-à-dire, dans l’Idumée, au midi de la Terre-Sainte.

AVITIN. adj. m. Qui vient des ancêtres, qu’on a hérité de ses aïeux. Avitus, a, um. Des biens avitins, un héritage avitin.

Ce mot qui se trouve dans quelques anciens livres de Palais, est maintenant suranné. Il vient du latin avitus, qui signifie la même chose, & est dérivé d’avus, aïeul. Il est encore en usage dans le Béarn.

AVIVAGE. s. m. Terme de Miroitier. C’est la première façon que l’on donne à la feuille d’étain pour recevoir le vif-argent.

AVIVER. v. a. Rendre plus vif. Excitare suscitare. Un Maréchal avive sa forge, en jetant des gouttes d’eau sur le feu. Ce mot n’est point en usage en ce sens.

Aviver. Terme de Sculpteur. Il signifie, nettoyer, gratter & polir des figures de métal pour les rendre plus propre à être dorées, soudées, &c. Polire, expolire.

Aviver l’étain. C’est le frotter légérement de vif-argent, avant que de l’en charger tout-à-fait.

Aviver l’or. Terme de Doreur sur métal. C’est l’étendre avec l’avivoir, après qu’il a été amalgamé avec le vif-argent.

Aviver une couleur. Terme de Teinturier. C’est la rendre plus vive, plus éclatante, plus brillante, en la passant lorsqu’elle est teinte & bien lavée, sur de l’eau tiède, mêlée de quelques ingrédiens.

Aviver. Termes de Charpentier qui se dit du bois de charpente, quand on le coupe à vive arète.

AVIVES. s. f. pl. Enflure qui se fait quelquefois en de certaines glandes qui sont à côté de la gorge du cheval, qui l’empêchent de respirer, & le font mourir, si on n’y met ordre promptement. Vivulæ. Il faut promener un cheval qui a les avives. Quand on fait boire un cheval échauffé, cela lui donne les avives.

Scaliger dérive ce mot ab aquis vivis, comme qui diroit eaux vives, parce que les eaux vives, comme étant plus fraîches, donnent plutôt les avives.

On dit proverbialement & figurément d’un homme qu’on fait bien courir & promener pour faire quelque affaire, qu’il n’aura pas les avives.

AVIVOIR. s. m. Les Doreurs sur métal nomment ainsi un instrument de cuivre, en forme de lame de couteau, arrondi par un bout, & emmanché de bois par l’autre, avec lequel, au lieu de gratte-boîte, ils étendent l’or amalgamé sur leur ouvrage.

AUK

☞ AUKLAND. Ville d’Angleterre, dans la province de Durham, sur la Ware.

AUL

AULAF, ou AULOF, à la risée. C’est un commandement de mer que l’on fait au timonier de gouverner vers le vent, quand il vient des risées.

AULAIRE. s. f. Nom de femme. Eulaliæ. Sainte Eulalie, appelée communément sainte Ouille, sainte Olave, sainte Aulaire, & sainte Aulaye, étoit de Barcelone, & fut martirisée sous Dioclétien.

AULAYE, Voyez Aulaire.

AULERCE, ou AULERQUE. s. m. & f. Anciens peuples des Gaules. Aulercus, a. Ils habitoient le Mans, le Perche, & la partie de la Normandie qui fait aujourd’hui le diocèse d’Evreux. De-là vient qu’on les distinguoit en trois parties. Aulerci Cenomani, Aulerci Diablentes, Aulerci Iburovicenses.

AULIDE. s. f. Aulis, au gén. Aulidis & Aulis, Voyez Virgile, Enéide, Liv. IV, v. 426, & Lucain, Liv. V, v. 235. On ne convient point de ce que c’étoit autrefois que l’Aulide, ce lieu si fameux par l’embarquement des Grecs pour la guerre de Troie, & le sacrifice vrai ou prétendu d’Iphigénie. Quelques-uns disent que c’étoit une ville de Béotie en Grèce. Servius assure que c’étoit une Île qui avoit une ville de même nom, avec un port capable de tenir cinquante vaisseaux. Eschyle dans Agamemnon, Sophocle dans Electre, & après eux Lucrèce, Horace, & beaucoup d’autres, veulent qu’on ait en effet répandu le sang d’Iphigénie, & qu’elle soit morte en Aulide. Racin. Homère, le pere des poëtes, a si peu prétendu qu’Iphigénie eût été sacrifiée en Aulide, ou transportée en Scythie, que dans le neuvième Liv. de l’Iliade, Agamemnon fait offrir en mariage à Achille sa fille Iphigénie, qu’il a, dit-il, laissée à Micène dans sa maison.

Quoiqu’il en soit, il est probable qu’Aulide est le nom propre d’une ville de Béotie, en Grèce, & d’un pays dont elle étoit capitale. Aulis. Le rendez-vous des Grecs pour s’embarquer pour le siége de Troye, fut l’Aulide. L’Iphigénie en Aulide est une Tragédie d’Euripide, dont le sujet est le sacrifice qu’Agamemnon eut ordre de faire d’Iphigénie sa fille, pour obtenir des vents propres à passer en Asie, & dont Racine a bien profité.

Tu te souviens du jour qu’en Aulide assemblés
Nos vaisseaux par les vents sembloient être appelés.

Racine.

L’usage de dire en notre langue en Aulide, & non par à Aulide, montre que nos Auteurs ont pris l’Aulide pour une contrée, & non pas pour une ville ou pour un bourg.

Du Loir, dans son voyage du Levant, p. 302, dit Aulis, & non pas Aulide, & ne dit point en Aulis,