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AVE

naires des compagnies formées pour l’établissement des colonies.

☞ AVENTURIÈRE. s. f. Aventurière & femme qui vit d’intrigues, sont termes synonymes.

AVENTURINE. s. f. Pierre précieuse, jaunâtre, parsemée de plusieurs points d’or qui lui donnent un brillant admirable. Il y en a aussi de couleur d’olive. On en trouve de fort grands morceaux dans la Bohème & dans la Silésie.

Aventurine artificielle. C’est une sorte de verre mêlé avec de la limaille de cuivre, qui y éclate comme de petits grains d’or. Ce nom lui a été donné, parce que le secret en a été trouvé par aventure. ☞ Le hasard ayant fait tomber quelque limaille de cuivre dans le fourneau d’un verrier qui tenoit du verre en fusion, il y remarqua, quand la vitrification fut refroidie, des paillettes brillantes, dorées, qui donnoient à la masse un coup d’œil fort agréable. Les émailleurs s’en servent pour leurs ouvrages.

AVENUE. s. f. Passage pour aborder en quelque maison, en quelque ville. Aditus, introïtus. Les Archers ont occupé toutes les avenues de la maison pour prendre ce criminel. La cavalerie se saisit de toutes les avenues d’une place pour la bloquer ; elle occupe, elle bouche tous les passages. Le Général s’est emparé de toutes les avenues, & les a fait fermer par des retranchemens.

Avenue, est aussi une allée d’arbres plantés en étroite ligne, qui conduit à une maison de plaisance. Aditus ductis arboribus ad lineam consitus. Les avenues de Versailles, de Vincennes, &c. Voilà de belles avenues d’ormes.

Avenue, se dit figurément en choses morales, de l’entrée dans le monde, dans les charges, les emplois, de la route qui y donne entrée. Aditus. On crut devoir commencer à faire entrer Bernard dans le monde, toutes les avenues s’en ouvroient pour lui. Villef. Mauvaise locution.

AVEO. Voyez Abydos. C’est le nom qu’on lui donne aujourd’hui.

AVER. adj. Vieux mot. Avare.

Fols sont les avers & les chiches.

On dit aussi au féminin avère.

De leur avère hypocrisie.

AVERAT. s. m. Espèce de poire, autrement nommée robine. Voyez ce mot.

AVÉRER. v. a. Vérifier, prouver la vérité d’un fait. Explorare, probare, testari, evincere, demonstrare. On a tant fait de recherches, qu’on a avéré le crime dont il étoit accusé. C’est un fait qu’on ne peut avérer.

C’est un point délicat, & de pareils forfaits
Sans les bien avérer, ne s’imputent jamais.

AVÉRÉ, ÉE. part. Quand une partie ne veut pas prêter l’interrogatoire sur des faits à elle signifiés, l’Ordonnance veut que les faits soient tenus pour confessés & avérés. Exploratus, perspectus, compertus. Ce mot vien du latin verus véritable.

AVERNE. s. m. Terme poëtique, qui signifie l’enfer. Avernus.

Mais laissons aux Royaumes sombres
Errer la cohorte des ombres ;
Ne parlons point de Phlégéton,
Ni d’Averne, ni de Pluton. M. le Duc de Nevers,

dans les Divertissemens de Seaux,

Ce mot est tiré d’un lac d’Italie proche de Bayes, & d’un golfe que Strabon appelle Lucrinus lacus : il vient du grec ἄορνος, qui signifie avibus carens. Les Géographes Italiens l’appellent Lagidi Tripergola. Les Anciens croyoient que les vapeurs qui s’élevoient de ce lac, étoient si malignes, qu’elles étoient mortelles aux oiseaux qui passoient dessus ; ce qui, joint à sa profondeur, a donné lieu de croire que c’étoit une entrée de l’enfer. Vibius Sequester dit qu’il étoit d’une profondeur immense, qu’on n’y trouvoit point le fond, immensæ altitudinis, cujus ima pars apprehendi non potest. Lucain, Liv. II. v. 668, fait entendre la même chose, quand il dit qu’une haute montagne y seroit engloutie. ☞ C’est une exagération, puisqu’on a trouvé le fond avec une corde de quarante toises de longueur.

AVERRUNCUS. s. m. Averruncus. Dii Averrunci. C’étoit un ordre des Dieux chez les anciens Romains, ainsi appelés, parce que leur office étoit de détourner (avercuncare) les maux. Les Grecs appeloient ces sortes de Dieux, Ἀλεξίκακοι, ou bien Ἀποπομπαῖοι, & leur fête Ἀποπομπή ; ou enfin Ἀποτρόπαιοι. Voyez ci-dessus Apotropéen. Les Egyptiens avoient aussi leurs Dieux Averrunques, ou Averrunci, & ils les représentoient avec un visage & un geste menaçant, ou bien avec des fouets, ou des crocs à la main, &c. Isis étoit une Divinité de cette espèce, comme le P. Kirker le montre. Il y a des statues qui les représentent debout, d’autres à genoux, quelques-uns avec des têtes d’animaux, ou monstrueuses, d’autres avec des têtes humaines. Voyez le P. Kirker, Œd. Ægypt. Tom. III. pag. 487. & suiv.

AVERS. Averia. Terme de Coutume. C’est ainsi qu’on appelle en Normandie les animaux domestiques, & en Dauphiné les bêtes à laine. Voyez Basnage sur la Coutume de Normandie.

Cowel croit que ce mot pourroit bien venir du mot François avoir.

AVERS. Vieux mot. En comparaison. Les Anciens appeloient aussi Les Avares Avers. Gloss. des Poes. du Roi de Nav.

AVERSE. Voyez Adverse.

AVERSE. s. f. Ville du royaume de Naples. Aversa. Elle est dans la terre de Labour, entre Capoue & Naples. Ce nom signifie contraire, opposée, ennemie, & il lui fut donné, parceque Robert Guichard, Duc de la Pouille & de Calabre, la fit bâtir dans le douzième siècle, pour l’opposer à Naples.

A-VERSE. façon de parler adverbiale, qui ne se dit qu’en cette phrase, il pleut à verse ; pour dire, il pleut abondamment.

En termes de Jardinage & dans le discours familier, on en fait aussi un substantif féminin. Averse d’eau se dit d’une grande quantité d’eay de pluie survenue tout d’un coup par quelque orage. Pluvia vehementior. Il survint de si grandes & de si fréquentes averses d’eau, que tout paroissoit être devenu un étang. La Quint. ☞ Le mot d’eau est de trop. On dit simplement une averse. Ordinairement on dit, de si grandes agastes d’eau. Voyez Avalaison, Avalasse.

AVERSION. s. f. ☞ Haine conçue contre les personnes, ou contre les choses, & qui a sa source dans le tempérament ou dans le goût naturel. Aversatio, alienus animus, aversus. Témoigner une aversion étrange contre quelqu’un. Rochef. Prendre quelqu’un en aversion. Arn. Je ne saurois souffrir cet homme-là ; j’ai trop d’aversion pour lui, il m’a trop offensé. Le crime trouve moins d’aversion quand il est conduit avec adresse. S. Evr. Ceux que la passion d’être aimés rend si sensibles à l’aversion, l’attirent d’ordinaire par cette délicatesse incommode. Nicol. Il ne faut par proposer la vérité d’une manière chagrine, qui attire sur elle la haine & l’aversion des hommes. Port-R. Il n’y a point d’animaux plus farouches, que ceux qui font profession de mépris & d’aversion pour tout le genre humain. S. Evr.

Aversion, signifie aussi antipathie. Naturalis repugnantia. Il y a des gens qui ont une aversion naturelle pour les roses. On pardonne l’aversion qu’on a pour les serpens, pour les choses nuisibles. ☞ Antipathie conviendroit mieux dans ces phrases.

☞ L’aversion & l’antipathie, dit M. l’Abbé Girard, sont moins dépendantes de la liberté que la haine, & paroissent avoir leur source dans le tempérament & dans le goût naturel ; mais avec cette différence que l’’aversion a des causes plus connues.

☞ Les défauts que nous avons en horreur, & les façons d’agir opposées aux nôtres, nous donnent