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AVE

aimoit Alexandre avec une tendresse extrême. Vaug. Il ne faut point qu’un Noble s’allie avec des roturiers. On ne peut voir prospérer les méchans qu’avec douleur. Avec tout cela il ne vaut rien. Nous verrons cela avec le temps. Il est allé avec cet Ambassadeur, c’est-à-dire, à sa suite. Avec tout son bien il ne laisse pas d’être malheureux. Je ferai cela avec l’aide de Dieu. La paix soit avec vous. Avec tout le respect que je vous dois.

Avec, signifie quelquefois la manière, ou les manières. Que me veut cet homme avec sa mine austère ? Que veut, que prétend, que dit cet hypocrite, avec son air modeste ? Quel fou avec son chapeau sur l’oreille, & ses airs de petit-maître ! Parler avec justesse. Se conduire avec prudence.

Il marque aussi l’instrument avec lequel on fait quelque chose. Il s’est voulu battre seul à seul avec l’épée, plutôt qu’avec le pistolet. On peint avec un pinceau ; on écrit avec une plume, ou avec un crayon. Ce convalescent ne peut encore marcher qu’avec un bâton.

Il désigne encore la matière dont une chose est faite. On dessine avec du crayon, ou avec de l’encre de la Chine. On bâtit avec du bois & avec des pierres. On ne doit bâtir qu’avec des matériaux solides. On fait des étoffes avec de la soie, & s’autres avec de la laine.

Observez que c’est une négligence vicieuse, de mettre deux avec qui se suivent de près, & qui ont des rapports différens, dont l’un regarde la personne, & l’autre la chose. Mais quand ils se rapportent tous deux ou à la chose, ou à la personne, c’est quelquefois une beauté. Tu sauras disputer avec les Sophistes, mais tu ne sauras pas vivre avec les hommes, disoit Socrate à Euclide, qui se plaisoit trop aux chicanes de la dispute. Ils ne choquent pas même, quelque multipliés qu’ils soient : pour avoir un véritable repos, il faut être bien avec Dieu, avec soi-même, & avec les autres. Vaug. Bouh.

Il est quelquefois absolu & sans complément. Il m’a pris mont manteau, & s’en est allé avec. Alors il se dit par redondance, & n’est que du style familier.

Cette préposition conjonctive s’emploie aussi dans le sens de Contre. Il s’est battu avec un tel. La France étoit en guerre avec l’Empereur. Acad. Fr.

On dit proverbialement la peste soit du fat, & du fat encore avec. La peste soit du coquin, & du coquin encore avec, &c.

☞ AVECQUE. Cum. Cette préposition est la même qu’avec. M. de voltaire, dans son Commentaire sur Corn. dit que c’est avec raison que nous avons rejeté avecque de la langue ; ce que étoit inutile & rude.

AVEIN, AVEINE, AVENNE. Bourg des Pays-bas Catholiques. Aveinum. Il est dans le duché de Luxembourg, entre les villes de S. Hubert, & de Marche en Famine. ☞ C’est là que l’armée de France commandée par les Maréchaux de Châtillon & de Brezé défit celle d’Espagne commandée par le Prince Thomas de Savoie, en 1635.

AVEINDRE. v. a. J’aveins. J’ai aveint. J’aveignis. J’aviendrai. Que j’aveigne. Que j’aveignisse. Tirer quelque chose d’un lieu où on l’avoit serrée. Promere, depromere, proferre. Les Marchands n’aveignent jamais leurs plus belles étoffes d’abord, ils font plusieurs montres. Aveindre du linge d’un coffre.

Ce mot vient du latin aveo, parce qu’on ne songe à aveindre que les choses qu’on désire avoir. Quoique ce soit un assez mauvais mot, il y a encore des personnes qui s’en servent, dans le sens qu’on vient de donner. Mais il ne faut pas lui donner la signification d’atteindre, ou d’attraper. Cela est si haut, que je n’y saurois aveindre, est mal dit. Il falloit dire, atteindre. Ce mot devroit être relegué dans le peuple. Cail. Aveignez-moi mon ouvrage… Je vous dis d’aveindre mon ouvrage de cette armoire. Ce mot d’aveindre me paroît du dernier bourgeois… Il falloit dire : tirer mon ouvrage de cette armoire… Les mots par où Montagne, Liv. III, de ses Essais, commence le ch. 7, intitulé de l’Incommodité de la Grandeur, sont ceux-ci : puisque nous ne la pouvons aveindre, vengeons-nous à en médire. M. Ménage, dans ses Origines Françoises au mot aveindre, après avoir rapporté ce passage de Montagne, remarque qu’au lieu d’aveindre, il y a dans l’édition de Paris de Christophe Journel, atteindre ; ce qui, à mon sens, est une corruption, plutôt qu’une correction. De la Monnoye.

AVEINT, EINTE. part.

AVEINE. Voyez Avoine.

AVEÏRO. Ville de Portugal. Elle est dans la province de Beïra, sur la rivière de Vouga, à une lieue de la mer, entre Porto & Conimbre. Aveïro est fortifiée, & l’on y fait quantité de fort bon sel. Elle a été réunie à la Couronne par l’Arrêt qui a condamné à mort le Duc d’Aveïro.

AVEÏROU. Rivière de Rouergue, en France. Avario, Averio, Averionius. Elle passe à Rhodès & à Ville-Franche ; & après avoir grossi ses eaux de plusieurs petites rivières, elle va les porter au Tarn, à quelques lieues au-dessous de Mantauban.

AVELANÉDE OU VALANÉDE. s. f. C’est la cosse du gland ; c’est-à-dire, ce petit vase, ou coque, auquel tient la queue du fruit, & qui est ornée d’une espèce de cizelure naturelle. On s’en sert pou passer les cuirs. Glandis putamen.

AVELETS. s. pl. Ce mot se trouve dans les Ordonnances de Metz, & veut dire les enfans des enfans. Nepotes.

AVELINE. s. f. Fruit rond, espèce de grosse noisette. Voyez ce mot. Avellana nux. On a dit aussi avellaine ; mais aveline est seul usité aujourd’hui.

Ménage dérive ce mot de avellana, que Servius dit avoir été fait de Avella, village de Campagnie, autour duquel il en croissoit beaucoup. Il y en avoit aussi beaucoup aux environs d’un autre lieu appelé Abellinum & c’est pour cela que Pline dit, qu’on les appela d’abord abelline, & ensuite avellane, d’où s’est fait le nom d’avelines.

AVELINIER, ou comme disent tous nos Auteurs un peu anciens, AVELAINIER. s. m. Avellana arbor. C’est l’arbres qui porte les avelines. On le nomme plus communément Coudrier. Voyez ce mot, & Noisettier.

AVELLA. Ville & Marquisat de la terre de Labour, au royaume de Naples. Abella, Avella. Elle se trouve vers les confins de la principauté ultérieure, dans l’Apennin, sur le Clanio, au-dessu de Nole.

AVELLANE. Voyez Font-avellane.

AVELLINO. Abellinum. ville de la Principauté ultérieure, au royaume de Naples, avec un Evêché suffragant de Bénévent. Elle est fort près de la rivière de Sabato, entre Salerne & Bénévent.

☞ AVEN. Rivière de l’Ecosse méridionale, dans la province de Lothian. Elle se rend dans le golfe de Firth. Elle est fort petite.

AVENAGE. s. m. Redevance en avoine qu’on doit à un Seigneur censier. Obligatio ad clientelaria avenarum vectigalia. Cette rerre a plusieurs droits de champages & d’avenages.

AVENANT, ANTE. adj. Qui a bonne grâce & bon air. Aptus, concinnus. C’est un homme fort avenant, qui est bien reçu par-tout. Cette femme est extrêmement avenante. Il n’est que du style familier.

Avenant. s. m. Vieux mot. Mérite, prix, valeur. Poës. du Roi de Nav.

Avenant, ou A l’avenant. adj. formé d’un gérondif du verbe avenir. Si accidat, si contingat. Le cas avenant de la vacance, de la mort. Style de contrats & d’actes publics.

Il signifie aussi, rapport, convenance. Il dépense beaucoup, mais il gagne à l’avenant, à proportion. Æquâ proportione. Style de conversation bourgeoise.

Avenant, en termes de Coutume, est la légitime & contingente portion du patrimoine auquel une fille peut succéder ab intestat. Legitima patrimonii portio quæ ad puellam pertinet. Le plus que l’avenant est la quatrième partie de ladite portion que les père & mère nobles, avant le mariage de leur fils aîné, peuvent donner en faveur de mariage, ou autre don de noces, à leur fille aînée, ou autre premièrement mariée. Ragueau. On appelle en Normandie, mariage avenant, la portion, & la légitime d’une fille, qui montre d’ordinaire au tiers de la succession paternelle & maternelle pour toutes