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ment, puisqu’il deviendra bois quand il aura acquis avec le temps une plus grande dureté.

D’ailleurs, ajoute M. Duhamel, comme il ne se fait aucune production nouvelle entre le bois & l’aubier, il faut nécessairement conclure de ce que le bois parfait augmente en grosseur, qu’il ne peut acquérir cette augmentation que la conversion de l’aubier en bois.

L’aubier de chêne a un pouce, ou un pouce & demi d’épaisseur autour de l’arbre. Il est défendu par les statuts des Menuisiers & Charpentiers, d’employer du bois où il y ait de l’aubier, parce qu’il se pourrit trop tôt. Quand on équarrit le bois à vive arète, il en faut retrancher l’aubier.

Ce mot vient de alburnum, qui se trouve dans Pline, dont on a fait aubour, & de albarium, & albinum, dont on a fait aubier & aubin en la même signification, & cela fondé sur la couleur blanche de l’aubier. Ménag.

AUBIÉRE. Village d’Auvergne, province de France. Auberium. Il est au midi assez près de Clermont. Selon quelques Auteurs, c’est l’ancien Avitacum ; qui selon d’autres, est Chambon, village situé sur un lac auquel il donne son nom, au pied du mont d’Or, à quelques lieues au couchant de Clermont.

AUBIERGE. s. f. Nom de femme. Edelberga, edilburgis. Sainte Edilburge, que le peuple en France connoît mieux sous le nom de sainte Aubierge, étoit fille naturelle d’Anne, Roi des Anglois Orientaux, & fut troisième Abbesse de Farmoutier au VIIe & VIIIe siècle. Baill.

AUBIFOIN. s. m. Cyanus. Plante qui croît parmi les blés, qui porte des fleurs bleues, & qu’on appelle à cause de cela Bluet. Voyez Bluet ou Barbeau}}. Il y a le petit & le grand aubifoin. Le petit est celui qui vient dans les blés. Le grand se plaît sur les montagnes : ses fleurs sont quelquefois blanches. L’un & l’autre sont froids & secs, souverains pour les inflammations des yeux. Le grand aubifoin a les feuilles plus larges que le petit, plus velues, toutes entières, semblables à celle de la lycinis coronaria. Ses tiges sont plus grosses, plus velues & plus longues : ses fleurs sont bleues, beaucoup plus longues & plus larges ; pour le reste, il est comme le petit. Il fleurit depuis Mai jusqu’en Août. Chomel.

Il y a un autre aubifoin de levant qui croît en abondance dans les blés de Syrie, qui a une fleur jaune à cornets, presque semblable à un œillet. On en voit la description dans les Mémoires de Dodard.

AUBIGNAC. Village de la Marche, en France. {lang|la|Albiniacum}}. Il est entre Argenton & S. Benoît du Sault, aux confins du Berri.

AUBIGNI. Ville de Berri, en France. Albiniacum. Elle est sur la rivière de Nerre. La tour d’Aubigni est à 19°, 56’, 43” de longitude, & 47°, 29’, 13” de latitude. Cassini.

Il y a une petite ville de ce nom, en Champagne, élection de Reims, entre Mezière & Charleville.

Et en Artois un bourg considérable, chef lieu d’une des douze contrées de l’Artois.

AUBIN. s. m. Le blanc de l’œuf. Ovi album, Albumen. Il y a cent occasions où on se sert des aubins d’œufs.

Aubin, en termes de Manége, est l’allure d’un cheval qui tient de l’amble & du galop. Un cheval qui va l’aubin, est estimé.

AUBINET. En termes de Marine, on appelle saint Aubinet, un pont de cordes supporté par des bouts de mâts posés en travers sur le plat-bord à l’avant des vaisseaux-marchands, pour couvrir la cuisine & la marchandise.

☞ AUBONNE. Rivière de Suisse, au canton de Berne. Elle a sa source dans le Mont Jura, & se perd dans le lac de Genève, après avoir arrosé la ville d’Aubonne.

Aubonne, ou Aulbonne. Jolie petite ville de Suisse, au canton de Berne, au Bailliage d’Aubonne, sur la rivière de même nom, à trois quarts de lieu du lac.

AUBOUR. Voyez Aubier.

AUBOURS. s. m. C’est un arbre de médiocre hauteur, qui ressemble à l’anagyris, mais qui n’est point puant comme lui ; son tronc n’est pas bien gros ; son bois est dur ; ses rameaux sont étendus, couverts d’une écorce verte ; ses feuilles sont disposées trois à trois, grandes, pointues, vertes en dessus, sans poil, d’un vert pâle en dessous, & velues, attachées par une queue menue, ronde, velue ; ses fleurs sont rangées par un nerf long de plus d’un pied, menu, rond, velu, blanchâtre. Après que ces fleurs sont tombées, il paroît des gousses semblables à celles des pois, lesquelles contiennent des semences grosses comme des lentilles. Cet arbre croît aux lieux chauds, secs & montagneux. Ses feuilles sont digestives, résolutives, propres pour l’asthme, & pour exciter les mois aux femmes. ☞ Cet arbre est plus connu sous le nom d’Ebenée, ou de faux Ebenier. Voyez Ébénier.

AUBRAC. Alberacum. Ce lieu est situé sur les confins de trois provinces de France, la Guienne, le Languedoc & l’Auvergne, dans le diocèse de Rhodez, sur une rude & haute montagne, le plus souvent inaccessible, à cause des neiges & des brouillards épais dont elle est couverte pendant huit mois de l’année. Elle est à sept lieues de Rhodez, & à trois de tout autre bourg & village, entourée de forêts & de marécages, & dans une affreuse solitude. Il n’y a point d’autre maison en ce lieu, qu’un hôpital, dont nous allons parler, & un méchant cabaret à la porte de cet hôpital, aujourd’hui Dommerie.

Hospitaliers de l’hôpital d’Aubrac. C’est le nom des Religieux de l’hôpital, établi sur la montagne d’Aubrac. Cet hôpital fut fondé par Alard ou Adelard, Vicomte de Flandre, qui à son retour d’un pélerinage qu’il avoit fait à S. Jacques en Galice, étant tombé sur cette montagne dans une embuscade de voleurs, & se voyant en danger de perdre la vie, fit vœu de fonder en ce lieu un hôpital, & de le purger de voleurs, s’il échappoit de ce danger. Il en échappa, & accomplit son vœu en 1220. Cinq sortes de personnes composerent d’abord la Communauté de cet hôpital : des Prêtres pour le service de l’Eglise & pour administrer les sacremens aux pauvres ; des Chevaliers pour escorter les Pélerins, donner la chasse aux voleurs, & défendre l’hôpital ; des Frere clercs & laïques pour le service de l’hôpital, & des pauvres ; des Donnés qui avoient soin du temporel de l’hôpital & des femmes qui en dépendaient ; enfin des femmes de qualité, qui avoient sous elles plusieurs servantes pour le service des pauvres & des pélerins. Alard se consacra lui-même à Dieu dans cette maison, & en fut le premier supérieur. Pierre II, Evêque de Rhodez, à la prière de ces hospitaliers, leur donna en 1162, une règle tirée de celle de S. Augustin. Le P. Martène a donné cette règle dans sa dernière collection. Cette règle a été approuvée par sept Papes, Alexandre III, en 1164. Lucius III en 1181. Innocent III en 1216. Honorius III en 1226. Innoccent IV en 1246. Clément IV en 1267 ; & Nicolas V en 1289. Les Chevaliers de S. Jean de Jérusalem, sous Boniface VIII, & sous Jean XXII ; & les Templiers sous Clément V, ont tenté de faire unir le Monastère d’Aubrac à leur Ordre. Les uns & les autres ont échoué. Il y a eu d’autres hôpitaux dépendans d’Aubrac, comme il paroît par un règlement de l’an 1419. Le Supérieur s’appelle le Dom, ce qui a fait donner à ce bénéfice qui est en commende, le nom singulier de Dommerie. Voyez le P. Hélyot, T. III. Cette Domerie vaut 40000 livres de rente.

AUBRIER. s. m. Oiseau de proie, qui est la même chose que Hobereau. Pygargus. Il est ainsi nommé, parce qu’il est de pennage aubère. Voyez Hobereau.

AUBRINX. s. m. Nom d’homme. Albricus, ou peut-être Adelbricus. On conserve les ossemens de S. Aubrinx à Montbrison en Forêt, où on l’honore de temps immémorial comme Pontife. Le P. Chifflet a cru que c’est Adelricus, Evêque d’Autun, marqué dans les listes immédiatement devant Modoue. Mais on n’en fait nulle mémoire à Autun, en toute l’année. Chast. Aubrinx est la même chose qu’Aubry & Auvry. Id.