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AUB

de plus d’un pouce ; le calice qui soutient la fleur, devient un fruit gros comme un pois, rouge, charnu, douceâtre, un peu gluant au goût, & renferme un ou deux osselets ou noyaux, qui contiennent une petite amande. Ce fruit mûrit en Septembre & Octobre. Son écorce, son bois é ses feuilles sont astringentes ; ses fleurs sont laxatives. On greffe sur l’aubépine la plupart des fruits à noyaux, tels que la pêche, l’amande, l’abricot & la prune. On dit, l’aubépine est en fleur, pour signifier, qu’in est entré dans le printemps. Il se trouve quelquefois des pieds d’aubépine à fleur double.

Les Botanistes l’appellent Pyracantah, Oxyacantha Dioscoridis, ou Spina acuta ; & autrement en françois, buisson ardent ; parce que les Rabbins disent que le buisson dans lequel Dieu parut à Moyse étoit d’aubépine.

AUBER, plus communément AUBÈRE. adj. Qui ne se dit que d’un cheval qui a le poil couleur de pêcher, entre le blanc & le bai. Un cheval aubère est sujet à perdre la vûe, & peu estimé dans les Manéges.

AUBEREAU. Voyez Hoberau, & Auberier. Ce mot vient, selon quelques-uns, de l’italien Albergo.

☞ AUBERGE. s. f. Diversorium. Ce n’est pas, comme le disent les Vocabulistes, une maison où l’on est nourri & logé en payant. Cela conviendroit mieux à ce qu’on appelle pension. L’auberge est une maison où l’on donne à manger à tant par repas, & où on loge en chambre garnie. Un tel tient Auberge. Dîner à l’Auberge.

Ménage dérive ce mot de heriberga ou heribergium, qui se trouve dans les Capitulaires, pour signifier Hôtellerie : ce qui vient de l’allemand herbegen, qui signifie loger.

On appelle Auberge à Malte, les lieux où les Chevaliers qui y résident, sont nourris en commun, chacun selon sa langue, ou sa nation. Contubernium patrium Melitense. L’Auberge de Provence, de France, &c. L’hôtel de chaque langue est appelé Auberge, à cause que les Chevaliers de chaque langue y vont manger, & s’y assemblent d’ordinaire. Les Ordonnances du Chapitre général tenu sous le Grand-Maître Antoine de Paulo, Toulousain, portent que les Piliers, c’est-à-dire, les Chefs des langues, donnerons tous les jour à chaque Chevalier un rotolo, c’est-à-dire, environ trente-six onces de bœuf, mouton & veau, qui doit être fourni par le trésor commun, & lorsque l’on donne du porc frais ou salé, le tiers du rotolo ; les jours maigres du poisson, & au défaut de poisson, quatre œufs pour pitance. Chaque jour six petits pains & un quatuccio de vin sans eau, c’est-à-dire, la valeur de trois chopines. Il est défendu aux Chevaliers de mener des chiens à l’Auberge. Ils ne peuvent emporter de l’Auberge ni pain, ni vin, ni autre chose à manger. Trois fois seulement la semaine, pour de justes raisons, les Piliers doivent fournir la pitance aux Chevaliers hors de l’auberge, lorsqu’il la demandent ; mais ceux qui l’envoient chercher, ne doivent pas avoir déjeûner ce jour-là à l’auberge. Voyez le P. Héliot, T. III, p. 98. Enfin tous les règlemens faits pour les auberges, & sur la manière dont les Chevaliers doivent se comporter dans les auberges, font connoître combien est grande l’observance régulière qui se pratique à Malte.

Auberge, s. f. Espèce de pêche. En latin Auberia.

AUBERGISTE. s. m. Celui qui tient auberge. Caupo, stabularius. Il se dit particulièrement de ceux qui tiennent les petites auberges, où l’on vit à juste prix. Les Aubergistes sont obligés d’avertir tous les jours les Commissaires des gens qui arrivent chez eux, & de leur représenter tous les mois leurs registres pour être visés. De la Mar.

AUBERIVE. Village avec une abbaye de l’ordre de Cîteaux, à la source de l’Aube, aux confins de la Bourgogne & de la Champagne. Albaripa. ☞ Son nom lui vient de sa situation sur le bord de l’Aube.

AUBERON. s. m. Terme de Serrurerie. C’est un petit morceau de fer rivé au moraillon qui entre dans une serrure, à travers duquel passe le pène pour la fermer.

AUBERONNIERE. s. m. Terme de serrurerie. Moraillon, ou bande de fer, sur lequel un ou plusieurs auberons sont rivés.

AUBERT. s. m. Nom d’homme. Adebertus, Autpertas. S. Aubert fut mis sur le siége de Cambrai après la mort de l’Evêque Ablebert, l’an 633. Baill. Aubert, se dit aussi en quelques occasions pour Albert, Albertus, comme S. Aubert Moine de Landevenech ; & à Paris il y a une place qu’on appelle la Place Maubert, ce que l’on prétend être la même chose que la Place de Maître Albert. Platea Magistri Alberti. Mais hors ces noms, sur-tout quand on parle des personnes, il faut dire Albert, comme Albert le Grand, Maître de S. Thomas, l’Archiduc Albert, &c.

AUBERVILLIER. s. f. Espèce de laitue. Albertivilleriana. L’Aubervilliers se plante au mois d’Avril, & ne monte pas si aisément en graines que certaines autres. Chom. La laitue Aubervilliers devient extraordinairement dure, n’est guère bonne pour les salades, elle est meilleure pour le potage : elle a cependant une grande disposition à être amère. Id.

☞ AUBESSIN. s. f. Arbrisseau, autrement nommé épine blanche, qui sert à faire des haies vives.

☞ AUBETERRE. Ville de France, dans l’Angoumois, & non dans la Saintonge, comme le dit Baudrand, aux confins du Périgord, au bord occidental de la Dronne, au-dessous de Riberac, & au-dessus de Saint Aulaye. Albaterra.

☞ AUBETTE. (l’) Petite rivière de France, en Normandie, qui a sa source à S. Aubin, & se rend dans la Seine après avoir traversé une partie de la ville de Rouen. On a remarqué que cette petite rivière ne gèle jamais.

AUBIER, ou AUBOUR. s. m. Arbrisseau dont les rameaux ressemblent à ceux du sureau. Opulus. Ses feuilles sont larges, anguleuses, presque semblables à celles de la vigne. Ses fleurs sont de deux sortes, disposées en parasol : celles de la circonférence sont plus grandes que les autres, de belle couleur blanche, ressemblantes à des roues à cinq quartiers : elles ne laissent aucune graine après qu’elles sont passées. Les fleurs qui occupent le milieu, sont plus petites, & ressemblent à des godets coupés en cinq quartiers. Il succède à celles-ci une baie un peu plus grosse que celle du sureau, molle, rougissante à mesure qu’elle mûrit, dans laquelle est renfermée une semence dure, fort aplatie, échancrée en cœur. C. Bauhin l’appelle sambacus aquatica, flore simplici, & M. Tournefort opulus Ruelli. Il y a une autre espèce d’aubier dont les fleurs sont ramassées en rond ou en globe épais. M. Tournefort l’appelle opulus flore globoso. L’aubier sert à faire des bocages dans des maisons de plaisance.

Aubier, ou Aubour. Terme d’Histoire naturelle. Alburnum. On dit plus communément aubier. On entend par-là les couches de bois imparfait qui se trouvent entre le bois formé & l’écorce, ou la partie blanche & molle, qui est entre le vif de l’arbre & l’écorce.

Ces couches ligneuses commencent par être molles & herbacées, avant que d’avoir acquis la solidité du bois. elles ne passent pas subitement de l’état de molesse qu’elles ont d’abord à la dureté du bois parfait. Elles n’acquièrent toute la dureté dont elles sont capables, qu’après bien des années. Dans un jeune arbre les couches ligneuses (très-apparentes qui indiquent la crue de chaque année) sont de force, de dureté & de densité inégale, celles du centre étant les plus dures, & celles de la circonférence les plus tendres.

L’endurcissement des couches se fait donc par degrés, & de la couche la plus tendre à la plus dure ; on peut remarquer une nuance qui passe par des gradations insensibles. On y remarque seulement à la première un restant dont on est frappé, & c’est ce restant, cette différence de densité si aisée à appercevoir, qui distingue l’aubier du bois.

Comme la nature ne fait rien que progressivement, il n’est pas surprenant que le bois n’acquière sa dureté que peu-à-peu.

L’aubier est organisé ainsi que le bois. Il est formé de vaisseaux lymphatiques, de tissu cellulaire, de vaisseaux propres & de trachées, disposés par couches, comme dans le bois, dont il ne différe point essentielle-