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AVA

manuictus. C’est l’opposé d’arrière-main. Un coup d’avant-main.

Avant-main. Terme de Manége. C’est le devant du cheval. La tête, le cou, le poitrail & les épaules. Partes equi anteriores. Ce cheval a un très-bel avant-main. J’ai connu plus de chevaux légers à la main, ayant la tête, le cou, & les épaules épaisses, que de ceux qui étoient bien faits, & avoient l’avant-main délié & mince. Newc. Dans les sauts, croupades, balotades & caprioles, parce qu’il a l’avant-main serré & la croupe en liberté. Au terre-à-terre, il faut aider de la rêne de dedans de la bride, parce qu’alors la croupe est serrée, & l’avant-main au large. Id.

AVANT-MUR. s. m. Terme de Blason, se dit d’un pan de muraille joint à une tour. Murus turri præstructus.

Avant-mur. Terme de fortifications. C’est autour d’une ville qui a plus d’une enceinte de murailles, celle qui est la plus éloignée du corps de la place, ou la plus avancée dans la campagne.

AVANT-NEF. s. f. Partie des anciennes églises dans l’église grecque : elle se trouvoit à l’entrée, avant que d’entrer dans la nef. Pronaon. On l’appeloit autrement premier portique. Prior porticus. Les Energumènes & les Pénitiens qui étoient au premier degré de la pénitence publique, se tenoient dans l’avant-nef.

☞ AVANT-PARLIER. s. m. Vieux mot qui s’est dit autrefois pour avocat, ainsi que parlier & amparlier.

AVANT-PART. s. f. Terme de Coutume. Préciput, portion que quelques Coutumes accordent par privilége à l’aîné. Pars prior.

AVANT-PÊCHE. s. m. Malum persicum præcox. Espèce de pêche qui vient des premières, un mois avant les bonnes pêches : elle est petite, rondelette, avec une petite tête au bout ; elle est tellement blanche qu’aucun soleil ne la sauroit colorer : elle a la chair assez fine ; mais sujette à être pâteuse. On en fait cas, parce qu’elle est la première qui paroisse. On ne s’en sert guère qu’à faire des compotes. Sa fleur est grande, & tellement blafarde, qu’elle en paroît presque blanche : ce pêcher pousse peu de bois, & ne fait pas un bel arbre.

AVANT-PIED. s. m. En termes de Médecine, & d’Anatomie, c’est le métatarse, ou la seconde partie du pied. Pars pedis posterior.

☞ En termes de Bottier, c’est le dessus du soulier, que les Cordonniers appellent empeigne.

AVANT-PIEU. s. m. Terme d’Architecture. Bout de poutrelle qu’on met sur la couronne d’un pieu pour le tenir a-plomb quand on le bat à la sonnette.

On nomme aussi avant-pieu une espèce de pince de fer pointue, qui sert à faire des trous pour planter des jalons, des piquets, & des échalas de treillage.

AVANT-POIGNET. s. m. Est la paume de la main, qu’on appelle aussi métacarpe. Palma.

AVANT-PORTAIL. s. m. On dit que le portail des Libraires à la Cathédrale de Rouen, a été enrichi d’un avant-portail en 1481. Descript. Geogr. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, pag. 24.

AVANT-PROPOS. s. m. Préface d’un livre, ou discours ☞ qui se met au-devant de quelque ouvrage pour en faciliter l’intelligence, pour annoncer ce qu’il contient & quel a été le dessein de l’Auteur. præfatio. Il y a un long avant-propos à la tête de ce livre. Cette pièce est une espèce de préface, ou d’avant-propos. Ablanc. Pasquier dit que ce mot est nouveau, & que le premier qui s’en est servi, a été le nommé louis Charron, en ses Dialogues, dont on se moquoit alors.

Il se dit aussi dans la conversation, de ce qu’on dit avant que de venir au fait, quand on entreprend de raconter quelque chose. Il a fait un avant-propos bien inutile. Acad. Fr.

AVANT-QUART. s. m. Terme d’Horlogerie. Prodromus. Coup que certaines horloges sonnent avant le quart, la demie, les trois quarts, & l’heure. Ce petit coup s’appelle avant-quart, parce qu’il frappe avant les quarts. Ainsi on dit l’avant-quart du quart, ou pour le quart, l’avant-quart de la demie, ou pour la demie, & de même pour les trois quarts, pour l’heure. Le P. le Comte s’est aussi servi de ce mot, pour exprimer une division des cadrans solaires. Les Chinois sur les cadrans solaires (car ils en ont de très-anciens) marquoient de quatre en quatre diminutions une espèce d’avant-quart, qui tous ensemble faisoient 24 petites parties, dont la somme étoit égale à quatre divisions générales, afin que tout le cercle fût partagé en cent parties égales. P. le Comte.

AVANT-SCÈNE. s. m. Proscenium. C’étoit chez les Anciens la partie du théâtre, sur laquelle les Acteurs paroissoient. D’autres disent que c’étoit l’endroit où ils se préparoient, & d’où ils s’avançoient sur celle qu’on appeloit pulpitum, d’où ils parloient. Pour le lieu de la Scène, il ne faut que lire le Rudens de Plaute, avec son Curculio, les Grenouilles d’Aristophane, l’Ajax de Sophocle, toutes les autres, où, par une infinité d’adresses, les singularités du lieu représenté par l’avant-scène sont clairement désignées. D’Aubignac.

AVANT-TOIT. s. m. Toit avancé. Compluvium.

AVANT-TRAIN. s. m. Terme d’Artillerie. Nom qu’on donne aux deux roues qu’on ajoute avec celles de derrière à l’affût d’un canon, pour le faire marcher en campagne. Rotæ priores.

Avant-train, chez les Charrons, signifie la partie antérieure d’un carrosse ; le train qui comprend les deux roues de devant & le timon. Partes anteriores.

AVANT-VEILLE. s. f. Mot qui signifie la même chose que surveille ; jour qui précède immédiatement la veille de celui dont on parle. Il se trouva l’avant-veille de la Pentecôte à la vue de Constantinople. Mém. de Trév. Juin 1722.

AVANTURE. Voyez Aventure.

L’Île de Bonne AVANTURE. Voyez l’Île de Bonne Aventure.

AVANTURÉ, ÉE. Voyez Aventuré.

AVANTUREUX, EUSE. Voyez Aventureux.

AVANTURIER. Voyez Aventurier.

AVANTURINE. Voyez Aventurine.

☞ AVARE. adj. m. & f. Avarus}}. Un homme qui aime la possession, & ne fait aucun usage de ce qu’il a, qui se prive de tout ce qui coûte. Ce mot convient lorsqu’il s’agit de l’habitude & de la passion de l’avarice. M. l’Abbé Girard. Syn. Voyez Avaricieux, Intéressé. ce mot se prend quelquefois comme substantif, par exemple, c’est un grand avare.

L’avare ne se repaît que de l’espérance de jouir de ses richesses, c’est-à-dire de sentir le plaisir qu’il y a à les posséder. Il est vrai qu’il n’en use point ; mais c’est que son plaisir est de les resserrer, c’est pour lui le sentiment de leur possession. Abad.

L’avare est toujours pauvre au milieu de l’abondance : toujours agité, toujours alarmé, toujours consumé de frayeur & de crainte, désirant toujours, ne jouissant jamais, toujours emprisonné dans sa turpitude, comme dans un cachot noir, où il se refuse l’aumône à lui-même.

Henri Estienne, pour faire valoir l’abondance de la langue, a fait une liste des mots françois qui signifient avare. Il en compte jusqu’à onze ou douze, qui sont avaricieux, échars, taquin, tenant, trop-tenant, chiche, chiche-vilain, pince-maille, racle-denare, serre-denier, pleure-pain, serre-miette. Plusieurs de ces mots ne sont plus en usage. Un avare ne possède point ses richesses, il en est possédé ; elles le tyrannisent. Claud. Un avare est toujours gueux ; il a également besoin de ce qu’il a, & de ce qu’il n’a pas. Voit. Un avare n’a rien laissé à faire à la mauvaise fortune, elle ne lui pouvoit faire pis. Voit. Il n’est pas croyable combien les Auteurs de l’Anthologie ont rafiné sur les avares. Selon eux, un avare se pendit pour avoir songé la nuit qu’il faisoit de la dépense ; & un autre avare ne se pendit pas, parce qu’on vouloit lui vendre trop cher la corde qu’il marchandoit. Bouh. Horace parle d’un avare qui ne put se résoudre à prendre une tisane faite avec du ris, laquelle coûtoit trois sous. Idem