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AVA

☞ AVALER. v. a. Faire descendre le boire & le manger par le gosier dans l’estomac.Voyez Déglutition. Sorbere , haurire. Alexandre prit d’une main la lettre & de l’autre le breuvage qu’il avala. Vaug. Avaler les morceaux sans mâcher. Avaler un os, une arrête.

J’avalois par hasard
Quelque aile de poulet dont j’arrachais le lard.

Boil.

Avaler, signifioit autrefois, vider. Avaler un étang, faire écouler les eaux.

Avaler, sur les rivières, v. n. Aller suivant le courant de l’eau. Ce bateau avale, va en avalant. Voyez Aval.

Ce mot vient de avallare, qui a été fait de ad, & de vallis, comme qui diroit, mettre aval. Ménag.

Avaler une oreille, avaler un bras à quelqu’un, signifie, les couper avec une arme tranchante, & les faire choir à terre. Abscindere, amputare. Ce mot est populaire. L’Abbé Talleman s’en est cependant servi dans sa Traduction de Plutarque. Il lui avala l’épaule d’un coup d’épée. Tail. vie de César. Il n’en vaut pas mieux.

Avaler, en termes de Jardinage, c’est couper une branche près du tronc. Rescindere. On dit mieux, ravaler, ou abaisser, dans le même sens.

Avaler, signifie aussi, descendre quelque chose. Demittere. Avalez la lampe. Avalez le crochet à la viande. On dit d’un Tonnelier, qu’il avale le vin dans la cave, lorsqu’il le descend. Il est populaire.

Avaler la ficelle. Terme de Chapelier. C’est la faire descendre depuis le haut de la forme du chapeau, jusqu’au bas, qu’on appelle le lien. L’instrument avec lequel se donne cette façon, le nomme une avaloire.

Avaler, s’emploie quelquefois au figuré, dans des phrases proverbiales. Sa valeur est alors déterminée par les mots auxquels il est joint. Avaler le calice, c’est se soumettre à quelquechose de fâcheux, malgré la répugnance qu’on peut avoir. On dit dans le même sens, avaler le morceau. Dorer la pilule pour la faire avaler. Avaler des couleuvres, recevoir des mortifications qu’on est obligé de dissimuler, sans oser s’en plaindre.

Avaler, en termes de Banque, c’est répondre d’un billet, ou d’une lettre de change qu’on négocie, & qu’on certifie bon & exigible. Cautionem, vadem dare. Donner son aval, sa souscription. Avaler un billet, une lettre de change.

Avaler, se dit aussi souvent avec le prénom personnel, & signifie descendre dans l’estomac. Sorberi, hauriri, &c. Morceau qui s’avale. Cela s’avale à merveille. Sorbilis.

s’Avaler, se dit aussi pour pendre trop bas, descendre trop bas. Pendere. Le ventre de ce cheval s’avale. Populaire.

Avaler, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu’un homme ne fait que tordre & avaler, qu’il avaleroit la mer & les poissons ; pour dire, qu’il mange goulûment, que rien ne peut le rassasier. Avaler sans corde & sans poulain, c’est faire volontiers & facilement une chose. On dit en ce sens, avaler un verre de vin sans corde & sans poulain. Quand on a avalé le bœuf, il ne faut pas s’arrêter à la queue. De Roch. C’est-à-dire, que dans une entreprise, quand on a fait la plus difficile, ou la plus grande partie, il ne faut pas se rebuter, ni être arrêté par ce qui reste à faire.

AVALÉ, EE. part. pass. Sorptus, haustus.

AVALESSON. s. f. Voyez Avalaison.

AVALEUR. s. m. Qui avale quelque aliment, solide ou liquide. C’est un avaleur de tisane. On dit d’un glouton, d’un gourmand, que c’est un avaleur de poids gris. On dit d’un capitan, d’un fanfaron, que c’est un mangeur, un avaleur de charrettes ferrées. Mais tout cela ne se dit que dans le style comique & burlesque.

AVALIES. s. f. pl. Terme de Négoce. Ce sont des laines qui proviennent des peaux de moutons, de l’abattis des Bouchers, lorsqu’ils les vendent aux Mégissiers. Il faut faire les trames des étoffes d’avalies, car les laines de toison ne sont propres que pour faire les chaînes.

AVALOIRE. s. f. Gosier. Guttur, sauces. Terme de plaisanterie & familier, qui se dit d’un goulu, à qui on reproche qu’il a une belle avaloire, un grand gosier. On dit d’un homme qui a la bouche grande ou qui mange beaucoup, que son père étoit bâtier, qu’il lui a fait une belle avaloire.

Baraton a donné ce nom burlesque à un valet dans cette épigramme.

Albert à bien trinquer mettoit toute sa gloire,
Et disoit, en buvant sans cesse de grands coups ;
Je veux noyer mon corps de ce nectar si doux,
Et mourir à force de boire.

Mon cher Maître, lui dit son valet l’Avaloire,
Si vous mourez ainsi, que je meure avec vous.

Avaloire, chez les Bourreliers, est une pièce d’un harnois de cheval de trait, qui est sur le derrière, sur les cuisses & la troupe, & qui sert à l’arrêter, & à faire reculer la voiture ; comme qui diroit marcher en avalant.

C’est aussi chez les Chapeliers un outil dont ils se servent pour faire couler la ficelle du chapeau au bas de la forme.

AVALON. Ville du duché de Bourgogne, en France. Aballo. Elle est dans l’Auxois, sur la rivière de Cousin, à sept lieues d’Auxerre. Avallonois, oise. Qui est d’Avalon. Aballonensis, e.

☞ AVALLON. Province de l’Amérique septentrionale, dans la partie méridionale de l’île de Terre-Neuve.

☞ AVALLOS. Province de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, & dans la nouvelle Galice.

AVALURE. s. f. Terme de Manège. C’est la défectuosité d’une nouvelle corne molle & raboteuse, qui croît au pied d’un cheval quand il fait quartier neuf.

Avalure, terme d’Oiselier, est une maladie qui vient aux serins, & que l’on connoît, lorsqu’ils deviennent fort maigres, & que leur ventre est clair, très-gros & fort dur, tout plein de petites veines rouges.

AVANAZE. s. m. C’est le nom d’un des meilleurs fruits du Brésil. Il vient à un arbrisseau, aux branches duquel il est attaché. Ce sont comme des noix, ou noisettes très-douces. On les met en morceaux en un certain temps, & non-seulement elles ont un excellent goût, mais elles sentent encore très-bon, & elles se conservent long-temps, si on les confit dans du sucre. Thomas Tamago de Vargas Restauration de la Ciudad del Salvador.

☞ AVANCE. s. f. Ce terme a plusieurs acceptions. Il se prend pour l’espace de chemin qu’on a devant quelqu’un. Antecessio. Quoiqu’il ait deux journées d’avance sur moi, je l’aurai bientôt rattrapé.

Avance, se dit aussi de ce qui se trouve déjà de fait, de préparé dans une affaire, dans un ouvrage. C’est une grande avance dans un procès, que d’avoir tous ses titres en main.

Avance, dans le commerce. Anticipation de temps. Payer un billet d’avance, c’est en compter la valeur avant le temps de son échéance. Pecuniæ, representatio. Payer les ouvriers d’avance.

Avance, signifie aussi argent prêté, ou marchandises fournies à crédit. Je suis en avance avec lui. Je lui ai prêté une somme considérable, ou fourni beaucoup de marchandises.

On dit, en termes de lettres de change, avance pour le tireur, lorsque d’une lettre négociée, celui qui la négocie, en reçoit plus que le pair, c’est-à-dire, plus que la somme portée par la lettre. On appelle au contraire, avance pour le donneur, & perte pour le tireur, lorsque par la négociation, celui à qui appartient la lettre, n’en reçoit pas l’entière valeur.

Le Cap d’Avance est le Cap de l’Amérique méridionale le plus avancé dans le détroit de Magellan, ce qui lui a donné son nom. Promontorium prominens.

Avance, se dit encore de l’anticipation de temps, lorsqu’on fait une chose en prévenant le temps ou l’on a accoutumé de la faire. Se réjouir par avance, s’affli-