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contient une semence avec deux cellules vides. Myagrum, ou Armeria. L’huile qu’on tire de cette plante par expression, est fort bonne pour rendre la peau douce & unie. Hist. des plant. attribuée à Boerhaave.

Attrape-mouches. s. m. Petit oiseau. Voyez Moucherolle, c’est le même.

☞ ATTRAPER. v. a. Prendre à une trape, à un piége, ou à quelque chose de semblable. Attraper un loup, un renard, dans une traînée, dans un piége. Un renard qui est échappé d’un piége n’y est plus attrapé. Voyez Piége.

Attraper, signifie aussi figurément tromper quelqu’un, le surprendre artificieusement, le faire tomber dans quelque piége ou embûche. Fallere, decipere. Ce Provincial a été vilainement attrapé au jeu. Quand on vous a vendu cette terre, on vous a bien attrapé ; on vous l’a vendue trop cher. Il n’y a que les dupes qui se laissent attraper par des filous. J’appréhende le distingo, & j’y ai déjà été attrapé. Pasc. Il ne faut pas se laisser attraper à ce que disent les amans dans leur colère. Voit. Je n’ai garde de me laisser attraper à vos regards trompeurs, & vos souris ambigus. S. Evr.

Attraper, se dit aussi de toutes les choses où on est trompé innocemment, & où on a lieu d’être surpris & étonné. Je croyois aller au sermon, mais j’ai été bien attrapé ; il n’y en avoit point. Vous seriez bien attrapé, si on alloit croire sur votre parole que vous n’avez point d’esprit. M. Scud.

Attraper, signifie aussi dans le même sens figuré, gagner par son travail, obtenir par son industrie. Assequi, consequi. Il a si bien fait sa cour, qu’il a attrapé un Gouvernement, un bon bénéfice, une pension.

Attraper, signifie aussi, atteindre quelqu’un qui est parti devant. On a envoyé un courier pour attraper le messager. Allez toujours ; je vous attraperai au gîte. Les femmes fuient devant nous, quand même elles ont dessein de le laisser attraper ; c’est leur rôle. Mont. On dit aussi, qu’un malade ne pourra pas attraper le printemps ; pour dire, parvenir jusque-là. Il faut deux jours & demi à la lune, après avoir fait son tour, pour attraper le soleil.

☞ On le dit dans le même sens pour atteindre celui après lequel on court. La maréchaussée a attrapé les voleurs. Les chiens ont attrapé le cerf.

☞ On l’emploie quelquefois comme synonyme de frapper. Il l’a attrapé à la tête d’un coup de pierre.

Attraper, signifie encore, rencontrer, trouver quelqu’un en quelque lieu, l’y surprendre. Deprehendere. On a attrapé ce jeune homme sur le fait. Vous disiez que vous n’alliez point à la comédie, je vous y attrape. Je n’ai pu encore vous attraper chez vous : j’y irai si matin, que je vous attraperai au lit.

☞ Ce mot a différentes acceptations dans le sens figuré. Attraper la pensée d’un Auteur, le sens d’un passage, c’est le découvrir, le pénétrer. Percipere, intelligere, comprehendere.

☞ En parlant des Orateurs, des Poëtes, des Peintres, on dit attraper le caractère, attraper les manières. Corneille a bien attrapé le caractère des anciens Romains. Molière a bien attrapé le caractère du Misantrope, du Tartuffe. Ce Peintre attrape bien le caractère des passions. Cet autre attrape bien la manière de Raphaël.

☞ On dit aussi qu’un Peintre attrape bien la ressemblance, pour dire, qu’il fait des portraits bien ressemblans. Ce Peintre a bien attrapé votre air, l’air du visage.

On dit aussi, qu’on a attrapé les doigts de quelqu’un dans une porte ; pour dire, qu’ils y sont demeurés engagés. Inserere. On dit encore, on lui a attrapé son manteau ; pour dire, qu’on le lui a pris. Auferre.

On dit dans le style familier, attraper un rhume, une fièvre, attraper un coup de mousquet ; pour dire, prendre un rhume, gagner la fièvre, recevoir un coup de mousquet. Acad. Fr.

Attraper, se dit proverbialement en ces phrases. On dit que les chevaux courent les bénéfices, & que les ânes les attrapent ; ☞ pour dire, que les grâces ne sont pas toujours accordées au mérite. On dit d’une fraude bien subtile, que les plus fins y sont attrapés. Les boiteux attrapent souvent ceux qui courent le mieux ; pour dire, que les plus fins sont quelquefois trompés par les simples.

ATTRAPÉ, ÉE. part. pass. Deceptus, falsus, illusus.

ATTRAPEUR, EUSE. s. m. & f. Qui attrape, qui trompe, trompeur, trompeuse. Deceptor, deceptrix.

Car la plus seure a bien crainte & grand’peur.
De se trouver devant tel attrapeur. Marot.

La plupart des Marchands sont des attrapeurs : c’est aux personnes qui achètent à y prendre garde. Il y a des attrapeurs de succession, qui s’insinuent adroitement dans les maisons de ceux qui n’ont que des héritiers collatéraux, & qui après s’être emparés de l’esprit du maître, disposent de ses biens, & s’en font donner la meilleure partie, quelquefois même la totalité. Il n’est que du style familier.

ATTRAPOIRE. s. f. Terme populaire, qui se dit d’un piège, d’une chose préparée pour attraper, comme une souricière, une trape où l’on attrape des souris, des fouines, des loutres, &c. Decipula.

☞ On le dit au figuré, mais seulement dans le style très-familier des tours de finesse qu’on met en usage pour tromper & pour surprendre. Les Charlatans & les filoux imaginent tous les jours de nouvelles attrapoires. Et en parlant d’un tour mal imaginé, ou aisé à découvrir, on dit ironiquement, voilà une belle attrapoire, une plaisante attrapoire.

ATTRAYANT, ANTE. adj. Qui attire avec douceur, agréablement. Blandus, illecebrosus. Les Sirènes avoient des chants fort attrayans. Les beautés douces & flatteuses sont les plus attrayantes.

L’amour n’a rien de beau, d’attrayant, ni de doux,
Qu’il n’emprunte de vous. Voit.

ATTREMPANCE. s. f. Vieux mot & hors d’usage, qui signifioit autrefois, une certaine modération du feu des passions qui vient avec l’âge. Moderatio, temperatio.

En termes de science hermétique, on appelle attrempance d’Alphidius, le mercure philosophal, parce qu’il contient en soi les quatre élémens tempérés, ou près de le devenir.

Ce mot vient du latin attemperatio, ou attemperantia.

ATTREMPER. v. a. qui signifie, chez les artisans, donner de la trempe au fer. ☞ Dans les Verreries, attremper un pot, c’est le recuire ou lui donner peu-à-peu le degré de chaleur nécessaire, afin qu’il puisse passer dans l’intérieur du four sans risquer de se casser. Encyc. Tremper est le véritable mot. Voyez Tremper.

On dit en Fauconnerie, qu’un bon oiseau doit être attrempé, c’est à-dire, ni gras ni maigre.

☞ ATTRIBUER. v. a. Attacher, annexer un privilége, une prérogative. Tribuere, attribuere. On a attribué plusieurs gages & priviléges aux charges de Secrétaire du Roi.

Attribuer, se dit aussi pour rapporter une chose à celui qui en est l’auteur, la cause ou l’instrument. Adscribere, tribuere. On attribue aux généraux tout l’honneur du gain d’une bataille. Les Historiens attribuent souvent aux événemens d’autres causes que les véritables. Quoiqu’un enfant soit né d’un adultère, la loi l’attribue au mari. attribuer un livre à quelqu’un.

Attribuer, se dit encore pour affirmer qu’une chose a une certaine qualité, une certaine vertu. Attribuer une qualité à un remède, une propriété à une plante, des vices ou des vertus à quelqu’un. Vous lui attribuez des vertus qu’il n’a pas. Les Astrologues attribuent une puissance bienfaisante à la planète de Jupiter.

On le dit aussi avec le pronom personnel. Sibi arrogare, vindicare, sumere. Vous vous attribuez des droits, des honneurs qui ne vous sont point dûs. S’attribuer une gloire qu’on ne mérite pas. Ablanc.

ATTRIBUÉ, ÉE. part. pass. Adscriptus.

ATTRIBUT. s. m. Terme de Philosophie. C’est une propriété qui convient à une personne, ou à une chose ; une qualité qui la détermine à être d’une certaine