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devoirs, & vigilant sur ses intérêts. Une femme coquette n’est attentive qu’à son miroir, exacte qu’à sa toilette, & vigilante que sur sa parure.

☞ ATTENTION. s. f. Application de l’ame à un objet dont elle est tellement occupée que rien ne lui échappe. Attentio. Avoir attention à ce qu’on dit, à ce qu’on fait. Prêter une attention favorable. Attirer, réveiller l’attention. L’Orateur doit réveiller, ne doit jamais faire languir l’attention des spectateurs. Les Savans uniquement occupés des siècles passés, ne font nulle attention aux mœurs de ceux qui les environnent, & avec qui ils sont obligés de vivre. La Bruy. Rien n’est plus digne d’occuper toute l’attention de l’esprit, que la recherche de la religion. Nic.

Attention, signifie aussi soin officieux, Officiosa sedulitas, qui fait qu’on se conduit dans le commerce du monde d’une manière propre à contribuer à la satisfaction des autres, & qu’on ne manque à rien de ce que la politesse ou la bienséance exige. Un tel m’a donné mille preuves de son attention pendant ma maladie. On a eu pour lui des attentions infinies, toutes les attentions possibles.

Attention, exactitude, vigilance. Synonymes. L’attention fait que rien n’échappe. L’exactitude empêche qu’on n’omette la moindre chose. La vigilance fait qu’on ne néglige rien. Syn. Fr. Un sage Ministre a de l’attention à ne former ou à n’adopter que des projets avantageux à l’état ; de l’exactitude pour en prévenir tous les inconvéniens ; & de la vigilance pour en procurer le succès. Il est du devoir des Pasteurs d’avoir de l’attention à procurer l’avantage spirituel de leur troupeau ; de l’exactitude à les instruire des vérités salutaires de l’évangile ; & de la vigilance pour les préserver du crime & de l’erreur. Nous devons avoir de l’attention à ce qu’on nous dit ; de l’exactitude dans ce que nous promettons ; & de la vigilance sur ce qui nous est confié.

Attention, en Philosophie. Considération d’un objet. Application de l’ame qui continue à considérer un objet pour en avoir une connoissance exacte. Objecti consideratio. Perception, attention, examen. La perception ou la vue & la connoissance des choses, se forment, pour l’ordinaire, du concours de deux actions ; l’une de la part de l’objet, & qui n’est autre chose que l’impression que cet objet fait sur nous ; l’autre de la part de l’esprit, & qui est proprement un regard de l’ame sur l’objet qu’elle veut connoitre. Voyez Perception. Mais comme un premier regard ne suffit pas toujours, il est nécessaire pour acquérir une connoissance exacte des choses, & pour s’en faire de justes idées, que l’esprit s’applique quelque temps à considérer son objet. Cette application avec laquelle l’ame continue à regarder un objet pour le bien connoître, s’appelle attention : & si elle se tourne de divers côtés, pour envisager l’objet par toutes ses faces, cela s’appelle examen.

ATTENTIVEMENT. adv. D’une manière attentive. Attentè, intentè, attento animo. Ecouter, lire attentivement.

ATTÉNUANT, ou ATTÉNUATIF, IVE. adj. Terme de Médecine. Qui a la force d’atténuer, d’affoiblir, de diminuer, de rendre tenu. Il se dit généralement des remèdes qui procurent la fluidité aux humeurs. Attenuandivim habens. On se sert pour l’ordinaire des remèdes absorbans, après avoir employé les émolliens, & les atténuatifs.

ATTÉNUATION. s. f. Affoiblistement, ☞ diminution de forces. Attenuatio, extenuatio. On ne le dit guère au propre qu’en parlant de l’état d’un malade extrêmement affoibli. On dit alors qu’il est tombé dans une grande atténuation.

Atténuation, en Physique, est l’action d’atténuer un fluide, de le rendre plus liquide, moins épais qu’il n’étoit,

☞ En termes de pratique, il signifie diminution des charges contre un accusé. On dit au Palais, que l’appointement à ouïr droit en matière criminelle, ordonne que le complaignant donnera ses conclusions civiles, & l’accusé ses défenses par atténuation, qui tendent à excuser, à amoindrir, à pallier son crime. Criminis diminutio, elevatio. Cette forme de procéder en matière criminelle, en donnant des défenses par atténuation, a été abrogée par l’Ordonnance de 1670, tit. 21, art. 1. Les parties peuvent seulement ☞ présenter leurs requêtes respectives. Celle de l’accusé s’appelle requête d’atténuation.

ATTÉNUER. v. a. Affoiblir, diminuer les forces. Les jeûnes, les veilles, les macérations atténuent le corps, & le débilitent. Attenuare, extenuare, tenuare. Un corps est atténué par l’âge, par les fatigues, par les maladies. Il est atténué par les austérités. Maucroix. ☞ S’atténuer, devenir foible. Ce malade s’atténue.

On dit en termes de Médecine, atténuer les humeurs pour dire, les rendre moins grossières & plus fluides.

On dit aussi au Palais, qu’un accusé tâche d’atténuer son crime, de l’excuser, ou de le diminuer.

Atténuer, en termes de science hermétique, c’est mettre en poudre, réduire en poudre. Attenuare, in pulverem redigere.

Atténuer, se dit proprement des fluides condensés. Il faut fondre & dissoudre, pour atténuer. Broyer & pulvériser se disent des solides. Broyer, marque l’action de les réduire en molécules plus petites. Pulvériser, en marque l’effet. Il faut broyer pour pulvériser.

ATTÉNUÉ, ÉE. part. Attenuatus, extenuatus, tenuatus. Il a les significations de son verbe. Dans la science hermétique on dit, substance ou matière atténuée, c’est-à-dire, réduire en poudre subtile, ou dégagée de toute terrestréité, ou subtilisée de quelque autre manière.

☞ ATTÉNY, selon quelques-uns, ATTONI. Petite ville des Indes, au royaume de Décan, dans la presqu’île au-deçà du Gange, environ à vingt lieues de Visapour.

ATTÉREAU. s. m. Terme de Traiteur. V. Hatéreau.

ATTERRAGE. s. m. Terme de Marine. C’est l’endroit l’on vient reconnoître la terre en revenant de voyage,

ATTERRER. v. a. Renverser un homme par terre. Dejicere, sternere, prosternere. Le grand effort des lutteurs consistoit à atterrer leur homme, à le jeter par terre à force de bras. ☞ Il n’est guère d’usage au propre. On dit terrasser.

Atterrer, se dit figurément, pour dire, perdre quelqu’un, détruire sa fortune, le ruiner entièrement. Perdere, evertere. ☞ Les Goths achevèrent d’atterrer la puissance des Romains. Scipion atterra Carthage. Il signifie aussi affliger excessivement, accabler quelqu’un. Affligere. Il a été atterré par les menaces & par la colère du Roi. S. Evr. Il avoit soutenu ses malheurs avec assez de contenance ; mais ce dernier coup l’a atterré. Ce chicaneur a tant fait de procès à ce Gentilhomme, qu’il l’a enfin atterré.

Atterrer. Briser, rompre, dans l’Économie animale, se dit de l’action que les parties grossières des humeurs & des alimens agitées d’un mouvement intestin, excitent les unes sur les autres. Les particules salines & terreuses s’atterrent les unes les autres. Il est presque, en Physiologie, synonyme à briser. Encyc.

ATTERRÉ, ÉE. part. Dejectus, prostratus.

ATTERRIR, ou ATTÉRIR. v. n. Terme de Marine. C’est prendre terre. Ad terram appellere. ☞ Nous avons atterri près de tel endroit.

ATTERRISSEMENT. s. m. ☞ Amas de terre qui se forme par la vase & par le sable que la mer ou les rivières apportent le long des rivages par succession de temps. Limi, arenarum alienum in locum deportatio. La mer a fait de grands atterrissemens à Aigues-mortes, qui étoit un port où S. Louis s’embarqua, & qui est maintenant assez loin de la mer. Les atterissemens dans les rivières publiques & navigables appartiennent au Roi. ☞ C’est la même chose qu’alluvion, terme plus particulièrement consacré au droit Romain. Voyez Alluvion.

ATTESTATION. s. f. Témoignage que l’on donne, particulièrement par écrit, de la vérité de quelque chose. Testimonium, testificatio. On donne une permission à un malade de manger de la chair en Carême sur l’attestation du Médecin. Les attestations des personnes publiques, comme des Magistrats, Notaires & Cu-