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ATT
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atteinte à quelqu’un. Recevoir une atteinte légère. Petitio.

Je cueille avec plaisir cent & cent fleurs nouvelles,
Qui braveront du temps les atteintes cruelles.

Des Houl.

Atteinte, se dit figurément de ce qui ôte de la force d’un contrat, ou d’une loi, ou qui porte préjudice à quelque chose. Vim infringere. Il n’a pas voulu passer cet acte, de peur de donner atteinte à sa donation. On a donné atteinte à un tel édit par la déclaration qu’on a obtenue ensuite. Tout ce qu’il peut dire ne sauroit donner atteinte à mes droits. Patr. ☞ Donner atteinte à la réputation de quelqu’un. Lædere.

On le dit aussi dans un sens tout semblable, en parlant des résolutions que l’on forme, des desseins que l’on prend. Il faut demeurer ferme dans ses résolutions, & ne rien écouter de qui peut leur donner la moindre atteinte. Ab. de la Tr.

Atteinte, signifie aussi au figuré, attaque de certaines maladies. Tentatio levis. Il a tous les hivers quelques atteintes de goutte. Il a eu quelques atteintes de gravelle. Un amant dit aussi, qu’il a reçu de mortelles atteintes de sa maîtresse. J’ai reçu de vos yeux une atteinte fatale. Gomb. ☞ Ces mots d’atteinte mortelle, désignent une impression vive & douloureuse, que cause un événement dont on est sensiblement touché. Dolor acer, pungens.

Atteinte, en termes de Manège, se dit dans les courses de bague, quand on l’a seulement touchée avec la lance, au lieu d’avoir mis dedans pour l’emporter. Il a gagné le prix de cette course de bague, il a eu deux dedans & une atteinte. On dit aussi en Maréchallerie, qu’un cheval se donne des atteintes, quand d’un de ses pieds il blesse l’autre, soit par-devant, soit à côté. On le dit aussi quand il reçoit un coup aux pieds de derrière, d’un autre cheval qui marche trop près de lui.

Atteinte encornée, est celle qui pénètre jusque dessous la corne.

Atteinte sourde, est celle qui ne forme qu’une contusion, sans blessure apparente. Ce cheval se donne des atteintes en atteignant les pieds de devant avec ceux de derrière. Mon cheval a reçu une atteinte du vôtre.

ATTELABE-ARACHNOÏDE. s. m. Insecte aquatique qui tient de l’araignée & de la sauterelle : la tête ressemble à celle de la sauterelle : ses yeux sont élevés, les autres parties sont semblables à celles de l’araignée, mais il n’a que six pattes; il nage dans l’eau, ou il rampe sur la terre. Sa couleur est cendrée. Il est estimé résolutif, appliqué extérieurement. C’est une espèce de sauterelle. Dict. de James.

ATTELAGE. s. m. Assemblage, ou assortiment d’animaux attachés pour trainer, ou tirer une charrue, ou un carrosse, &c. Jumentorum & currus instrumentum. On ne sauroit trouver un attelage de chevaux bien pareils. On dit qu’un laboureur a deux attelages de bœufs, ou de chevaux ; quand il en a un nombre suffisant pour labourer à deux charrues en même temps.

Quand on dit absolument un attelage, cela s’entend de six ou huit chevaux propres à être attelés ensemble à un carrosse. Attelage bien assorti. Cet Ambassadeur avoit à son entrée six beaux attelages.

Il y a une fort jolie pièce de feu M. l’Abbé Régnier, intitulée l’Attelage, où il prend ce mot figurément pour les vertus & les qualités qu’il faut avoir pour vivre heureux, & qui finit par ces mots :

Je n’aurai rien à désirer
Ni du sort, ni de la nature,
Si l’attelage peut durer
Aussi long-temps que la voiture.

On dit de deux hommes grossiers, & qui sont de même taille, ce seroit là un bel attelage.

ATTELER. v. a. Attacher des chevaux, ou autres bêtes de voiture à quelque machine roulante sur des roues, pour la tirer. Equos ad rhedam, ad currum jungere. L’art d’atteler les chevaux a été introduit dans la Grèce, vers le temps de Bellerophon, qui, suivant le calcul du P. Petau, vivoit 13 ou 14 cens ans avant Jésus-Christ. Selon l’opinion la plus commune, Erichthenius, ou Erechthée, Roi d’Athènes, en fut l’inventeur. On ne les atteloit point à la queue les uns des autres, mais de front. Journ. des Sav. Fév. 1734. Atteler des chevaux à une charrue, à un chariot. Les Poëtes feignent que le chariot de Junon étoit attelé de deux paons ; celui de Vénus de deux pigeons. Les Heures attélent les chevaux du Soleil. Ablanc. ☞ Par la loi de Moyse, il étoit défendu d’atteler le bœuf avec l’âne. On peut dire, atteler les chevaux au carrosse ; mais l’usage le plus ordinaire est pour mettre les chevaux au carrosse.

☞ On dit aussi, atteler un carrosse, un chariot ; les chariots étoient attelés de quatre chevaux de front. Vaug.

Il attèle son char, & montant fièrement,
Lui fait fendre les flots de l’humide élément. Boil.

Ménage dérive ce mot de attelare.

Atteler, se dit aussi figurément des Porteurs de chaise, qui sont comme attachés à la chaise qu’ils portent : au moins un très habile Académicien s’en est-il servi dans ce sens. On n’avoit pas encore imaginé d’atteler des hommes à une litière. La Bruy.

M. l’Abbé Regnier l’a dit aussi en choses morales, dans la pièce qu’il a intitulée l’Attelage.

La route de la vie humaine
De mauvais pas est toute pleine.
Pour m’en tirer facilement,
Voici ce que je fais : j’attèle
A cette voiture mortelle
Que je conduis au monument,
La justice premièrement,
Qui marche toujours rondement,
Et la charité sans laquelle
Elle iroit moins légèrement, &c.

ATTELÉ, ÉE. part. Ad rhedam, currum, junctus. ☞ Chevaux attelés. Carrosse attelé de quatre, de six chevaux, bien, mal attelé.

ATTELLES. s. f. Terme de Chirurgie, qui se dit de ce qui sert avec les bandages à lier les os fracturés. Ferulæ, arum. Les attelles sont des morceaux de bois mince, ou d’écorce d’arbre, de carton, de lames de fer blanc, ou d’autre matière semblable, légère, ferme, mais un peu flexible, qu’on applique avec les bandes & les compresses sur les parties fracturées ou luxées, pour maintenir les os dans leur situation naturelle, après qu’ils ont été réduits. On les attache avec des rubans. Les Anciens les faisoient avec de l’écorce de férule, d’où vient leur nom latin. Il y a aussi des attelles qu’on appelle Fanons. Voyez Fanons.

Attelle. Terme de Potier. C’est un morceau de bois qu’on se met au doigt pour lever la poterie qu’on fait sur la roue.

☞ On donne encore ce nom à une petite plaque de fer mince, percée par le milieu d’un trou, pour pouvoir être tenue ferme, & tranchante par une de ses faces, servant au potier à diminuer d’épaisseur son ouvrage.

Attelles. Terme de Vitrier. Morceaux de bois creux, dont les Plombiers & les Vitriers enveloppent la poignée de fer à souder, pour ne se point brûler. Ils les appellent quelquefois des moufflettes.

Attelles, se dit aussi des planches de bois qu’on met au-devant d’un collier de chevaux de coche, de charrue, ou de charrette. Equini helcii alatæ ferulæ. Du Cange dérive ce mot de astula, à tollendo nuncupata ; quasi abstlula, car c’est une espèce de petit copeau. Il croit aussi que le mot éclat vient de la même origine.

☞ ATTELIER. Voyez Atelier.

ATTELOIRE. s. f. Terme de Charretier. Cheville qu’on