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fut, selon lui, l’inventeur de la science des Cieux & des Astres.

Guido Bentivoglio avoit pour devise un Atlas portant le ciel, avec ce mot, Majus opus, pour marquer que ce qu’il entreprenoit, étoit quelque chose de plus important que l’emploi d’Atlas.

Atlas en Géographie. Montagne. Le mont Atlas est une haute montagne de l’Afrique, Pomponius Mela Liv. III, ch. 10. Pline, Liv. V, Hist. Nat. ch. 1. Lucain, Liv. IX, Phars. v. 654, le mettent sur la côte occidentale d’Afrique. Les mêmes Auteurs disent qu’il est si haut, que les nuées empêchent qu’on ne voie sa cime, qui s’élève plus haut que la région où elles se forment ; & à voir la manière dont ils la décrivent, le mont Atlas n’étoit chez les Anciens, qu’une seule montagne qui s’élevoit en cône jusqu’au-dessus des nuées. C’est l’idée que Mela nous en donne à l’endroit que j’ai cité. En dépit de tous ces Auteurs, Rudbecks, médecin Suédois, qui fit imprimer, les origines ou les antiquités de Suède, sous le titre d’Atlantica, prétend qu’il faut chercher en Suède le mont Atlas. Il se fonde sur un passage d’Apollodore, qui dans son second livre dit que les pommes des Hespérides n’étoient pas en Lybie, comme quelques-uns le croyoient, mais sur l’Atlas qui est dans les Hyperboréens : paroles qui montrent qu’Apollodore s’éloigne du sentiment commun, sans en apporter la moindre raison. Il se fonde en second lieu sur ce que Virgile met l’essieu du ciel sur les épaules d’Atlas, comme si l’essieu du ciel, en langage de Poëte, étoit autre chose que le ciel. 3°. Il confirme la conjecture par cette raison, que les montagnes d’Afrique sont couvertes d’orangers, de citronniers, d’amandiers, de figuiers, & de raisins ; au lieu que les Poëtes ne donnent que des pins, des neiges, des glaçons au mont Atlas ; ce qui s’accorde merveilleusement avec une situation septentrionale. Tout ce raisonnement est d’un homme qui vit dans le Septentrion, qui ne connoît guère les pays du midi : les Pyrénées, les Alpes, l’Apennin, sont souvent couverts de neiges en plein été ; & tandis que leur pied est tout couvert d’orangers, de citronniers, de figuiers, &c. on ne voit que des pins sur leur sommet. Le Liban, qui est entre le "3 & le 34e degré de latitude septentrionale, c’est-à-dire, à la même hauteur que l’Atlas d’Afrique ; le Liban, dis-je, est toujours couvert de neiges, & ne porte au sommet que des cèdres & d’autres semblables arbres, tandis qu’il croît à mi-côte de fort bon vin. Enfin, dans le Pérou, qui est tout dans la zone torride, & dont une partie même est sous la ligne, il y a cependant des montagnes sur lesquelles il neige & il grêle, comme dans les pays septentrionaux. Ainsi ce n’est pas merveille que sur l’Atlas & vers le tropique, il y eût des pins, des neiges, & des glaçons. Mais ce qui est plus positif, c’est que tous nos Voyageurs d’Afrique & nos Géographes confirment ce que disent de l’Atlas les anciens Poëtes, que ces montagnes sont couvertes de neiges, & que l’hiver y est très-rude & très-long, comme nous allons le dire.

Aujourd’hui le mont Atlas n’est pas un seul sommet, mais de grandes & longues chaînes de montagnes ; & l’on distingue le grand & le petit Atlas. Le grand Atlas, Atlas major, est une grande chaîne de montagnes, qui s’étend du levant au couchant, entre la Barbarie & le Bildulgérid, depuis le cap de Ger, au royaume de Maroc, jusques aux confins du royaume de Tripoli. Là déclinant vers le midi, elles traversent Bildulgérid, & vont côtoyer le Zaara jusqu’au désert de Barca où elles se terminent. Les hautes croupes de l’Atlas sont si élevées, qu’elles sont toujours environnées des nues ; aussi sont-elles extrêmement froides & désertes. Il n’y a dans ces montagnes que deux saisons de six mois chacune, l’hiver & l’été. Cela n’est pas particulier au mont Atlas ; toutes les grandes montagnes situées dans les climats chauds ont la même température d’air. Les neiges & les glaces y entretiennent long-temps le froid ; mais quand le soleil s’en est approché, & a fondu tout cela, les chaleurs y sont grandes à leur tour, & y durent assez long-temps. Maty. Tout ceci confirme ce que nous avons dit ci-dessus contre l’Atlas de Rudbecks.

Le petit Atlas, Atlas minor, est une branche du grand Atlas, qui s’étend d’Orient en Occident, entre le royaume de Fez, & celui de Maroc : si cependant le petit Atlas est l’errif, il doit s’avancer vers la méditerranée car c’est là qu’on place le mont Errif. Voyez Marmol, Liv. I, ch. 4, 5, 7 ; & Diego de Torrez, Histoire des Cherifs, ch. 79.

Atlas, est aussi, selon Hérodote, un nom de fleuve qui sort du mont Æmus, & se jette dans le Danube.

Atlas. s. m. Terme de Médecine, est un nom que quelques-uns donnent à la première vertèbre du cou, qui supporte la tête, par allusion à cette montagne d’Afrique qui est si haute, qu’on croit qu’elle porte le Ciel, & à la fable qui a voulu faire croire qu’Atlas, Roi de ce pays-là, portoit le Ciel sur ses épaules, pour figurer que c’étoit un grand Astronome. Atlas. L’Atlas n’a point d’apophyse épineuse, parce que les mouvemens de la tête ne se font point sur cette vertèbre, mais sur la seconde ; & étant obligée de se tourner autant de fois que la tête se meut circulairement, si elle eût eu une apophyse épineuse, elle eût incommodé le mouvement des muscles dans l’extension de la tête. Elle est d’une substance plus déliée & plus dure que les autres vertèbres. Elle en différe encore, en ce que les autres vertèbres reçoivent d’une part, & sont reçues de l’autre : au contraire, celle-ci reçoit par ses deux extrémités ; car ces deux éminences de l’occiput entrent dans ses deux cavités supérieures, qui font son articulation avec la tête ; & en même temps deux autres éminences de la seconde vertèbre entrent dans les deux cavités inférieures qui les articulent ensemble. Dionis.

On appelle aussi Atlas, un livre de Géographie Universelle qui contient toutes les cartes du monde, comme si on les voyoit du haut de cette montagne, que les Anciens ont cru être la plus haute de la terre ou plutôt, parce que ce livre porte en quelque sorte tout le monde comme Atlas. C’est pour cela qu’à la tête du grand Atlas on a mis un Atlas qui porte le monde sur ses épaules. Ce grand Atlas est un livre imprimé par Blaew en plusieurs grands volumes in-fol. qui contient non-seulement toutes les cartes du monde, mais encore des explications de ces cartes, & une Géographie entière. ☞ Outre ces Atlas généraux de toutes les parties connues de la terre, il y a des Atlas des parties prises séparément, tel est l’Atlas de mer, l’Atlas de la France, &c.

On appelle aussi Atlas, en latin Atlas, ces figures ou demi-figures d’hommes, qui au lieu d’une colonne ou d’un pilastre, soutiennent quelque membre d’architecture, ou un balcon, ou quelqu’autre morceau & qu’on nomme autrement Telamons, Telamones.

Atlas. L’Atlas des temps est un ouvrage de Chronologie, composé par le P. Louis d’Amiens, Capucin, où se trouve la Période Louisianne.

Atlas. s. m. Terme de Commerce. Satin de foie fabriqué aux Indes, dont voici les principales espèces par leurs noms. Les Atlas cotonis, sont ainsi nommés, parce que le fond est de coton, & le reste de soie. Les cancanias, sont des satins rayés à chaînettes. On appelle quembas, ceux de cancanias qui paroissent plus soyeux. Les calquiers, sont des satins à la Turque ou point d’Hongrie. Les bouilles cotonis & bouilles charmai, sont des étoffes de soie en façon de gros de Tours, couleur d’œil de perdrix. La fabrique de toutes ces sortes d’Atlas est admirable & singulière.

ATLE. s. m. Arbre qui ressemble au tamarin & à la bruyère, & qui croît en divers lieux de l’Europe. C’est une plante aussi haute que les Oliviers, & qui dans le Sahid croît à la hauteur d’un chêne. On fait du charbon du bois de cet arbre, & on s’en sert dans toute l’Egypte & dans l’Arabie. Ses feuilles font épanouir la rate, & le suc est bon pour les maux vénériens.

☞ ATLISCA. Vallée considérable de l’Amérique septentrionale, au Mexique, dans la Province de Tlascala. Elle est très-fertile.