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sines de cette ville, dont elles prennent le nom, & qui sont une partie de celles que les Anciens appeloient Idubeda.

ATINA. Monte di Atina. C’est l’Hymettus des Anciens. Himetto. Parce qu’il est près d’Athènes, on l’appelle Mont d’Athènes.

ATINO. Atino en Grèce, Atinium, Ætinium, Athenæum, est un bourg situé aux confins de la Thessalie & de la Macédoine. Atino au royaume de Naples, Atina, est une ville autrefois épiscopale, au nord d’Aquin, dans la terre de Labour.

ATINTER. v. a. Vieux mot qui signifie, parer, orner ; & il se disoit particulièrement des épousées. Ornare, adornare. Cette femme est toujours atintée comme une épousée. ☞ Il se dit encore dans le discours familier, d’une femme parée avec trop d’affectation.

ATINTÉ, ÉE. part.

ATITLAN. Voyez Amittan.

ATITRER. Voyez Attitrer.

ATL.

ATLANTES. s. m. Nom que les Grecs donnoient aux figures qui portoient des fardeaux dans l’architecture. On le trouve aussi dans la basse latinité pour colonnes. Voyez Act. Sanct. Bened. sæc. III, p. 185. Voyez Atlas.

ATLANTIDE. Atlantis. Quelques Anciens ont parlé de ce pays, & en ont dit même plusieurs particularités, sans qu’il nous soit plus connu pour cela. Platon est celui qui l’a décrit plus distinctement & plus en détail dans son Timée & dans son Critias. Voici en peu de mots ce qu’il en dit. L’Atlantide étoit une très-grande île de l’Océan occidental, située devant ou vis-à-vis le détroit d’Hercule, que nous appelons aujourd’hui Détroit de Gibraltar. De cette île on passoit aisément dans d’autres, qui étoient vis-à-vis un grand continent, beaucoup plus étendu que n’est l’Europe & l’Asie. Neptune s’étoit établi dans cette ile ; il la partagea entre ses dix enfans. Le dernier eut en partage l’extrémité de l’île nommée Gadir, qui dans la langue naturelle de ces peuples signifie Ἔυμηλος, fertile, ou abondant en brebis. Les descendans de Neptune y regnerent de père en fils pendant plusieurs siècles, l’aîné succédant toujours à son père. Ils occupèrent une grande quantité d’autres iles, & passant en Europe & en Afrique, ils subjuguerent toute la Lybie, jusqu’à l’Egypte, & toute l’Europe, jusqu’à l’Asie mineure. Enfin cette île fut submergée, & long-temps après la mer étoit encore toute boueuse en cet endroit-là, c’est-à-dire, pleine de vase & de bancs.

Rudbecks, Professeur en l’Université d’Upsal, dans un livre intitulé Atlantica, five Manheim, & imprimé en 1684, prétend que l’Atlantide de Platon est la Suède, & attribue à son pays tout ce que les Anciens ont dit de l’Atlantide, ou île Atlantique. Quand on lira le précis que je viens de faire, de ce qu’en dit Platon, on sera surpris que l’on ait pu prendre la Suède pour l’Atlantide. Aussi Rudbecks, quelque plein d’érudition que soit son livre, a-t-il passé dans le Nord même pour un visionnaire en ce point. D’autres ont cru que l’Atlantide étoit l’Amérique ; mais ce que Platon dit de cette île n’y peut convenir. L’Amérique est bien plutôt ce grand & vaste continent qui étoit au-delà de l’Atlantide, & des autres îles dont parle Platon. Becman, dans son Hist. des îles, ch. 5, a pensé bien plus sensément que Rudbecks, quand il dit que l’Atlantide étoit une grande île qui s’étendoit des Canaries aux Açores, & que ces iles en sont les restes que la mer n’a pas engloutis.

Quelques-uns disent Atlantique, atlantica, au lieu de Atlantide, qui paroît meilleur. On dit aussi l’île Atlantique, Atlantica insula. Elle prit ce nom d’Atlas, fils aîné de Neptune, qui y régna après son père. Voyez Platon aux endroits que j’ai cités.

Les Arabes parlent d’une ile sèche, ou plutôt d’une île continent, qu’ils nomment Gezirat Kheschk. Cette île sèche, qui peut passer pour continent, est située, selon les Musulmans, au-delà du mçnt Caf, & est, pour ainsi dire, un monde séparé du nôtre, qu’ils appellent aussi Agiaib al makhloucat, les merveilles de la nature. On ne peut douter, dit M. d’Herbelot, que cette île ne soit l’ile Atlantique, ou Atlantide de Platon, au-delà du mont Atlas, qui est appelé par les Orientaux Caf. On est aussi persuadé, continue-t-il, que cette île Atlantique est l’Amérique, à laquelle le titre d’Agiaib al makhloucat, ou merveilles du monde, convient fort bien. Ainsi l’on voit que ce nouveau monde n’a pas été entièrement inconnu aux Anciens. Le même Auteur dit ailleurs, que les Géographes Orientaux, qui parlent de cet autre monde, qu’ils appelent la Merveille des créatures, n’en parlent qu’avec beaucoup d’obscurité, & de la même manière que Platon a parlé de l’île Atlantique.

ATLANTIDES. s.f. Terme de Mythologie. Atlantides. C’est le nom que les Poëtes donnent à la constellation qu’on appelle autrement Vergilies, Vergiliæ, composée de plusieurs étoilles, dont cinq sont appelées Hyades, & les autres Pléiades. On les nomme Atlantides, parce que les Poëtes les font filles d’Atlas, & de Pleïone, fille de l’Océan & de Téthys.

ATLANTIQUE. adj. m. & f. Atlanticus. L’île Atlantique, insula Atlantica, est l’Atlantide dont nous venons de parler. La mer ou plutôt l’Océan Atlantique, Oceanus Atlanticus, est, selon les Anciens, la vaste mer qui entoure tout le continent d’Europe, d’Asie & d’Afrique. Voyez Platon dans le Critias, Cicéon dans le songe de Scipion, & Macrobe sur cet ouvrage de Cicéron, Liv. II, ch. 9. Mela, Liv. I, ch. 3 & 5, & Liv.III, ch. 10, n’appelle Océan Atlantique, que la partie de cet Océan qui est à l’Occident de notre continent, c’est à dire, de l’Europe & de l’Afrique. Pline ne semble pas lui donner plus d’étendue, Liv. VI, ch. 31. Voyez encore Solin, ch. 56, & les notes de Saumaise. Aujourd’hui les Géographes ne donnent pas toujours la même étendue à l’Océan Atlantique. Quelquefois ils n’y renferment que la mer d’Espagne, celle des Canaries & du Cap vert, depuis le Cap de Finisterre jusqu’à celui de Sierra Liona. D’autrefois ils y renferment tout l’Océan, qui est entre l’Europe & l’Afrique d’un côté, & de l’autre l’Amérique, & entre le cercle du pôle arctique & la ligne équinoctiale. L’Océan Atlantique, si l’on en croit Platon dans son Critias, a pris nom aussi bien que l’Atlantide, d’Atlas, fils aîné de Neptune, qui régna dans l’Atlantide, comme nous l’avons dit. Pline, Liv. V, ch. 1, dit que c’est du mont Atlas.

ATLAS. s. m. Atlas. Terme de Mythologie. Atlas, fils de Jupiter & de Climene, & frère de Prométhée, fut roi de Mauritanie, selon la fable. Hésiode, Theog. v. 509, dit qu’il étoit fils, non pas de Jupiter, mais de Japhet & de Climene. L’Oracle l’ayant averti qu’il se donnât de garde d’un fils de Jupiter, il ne recevoir aucun étranger chez lui. Persée, indigné de cela, lui présenta la tête de Méduse, & le changea en montagne. Ovide, Métam. Liv. IV, v. 656. On dit qu’Atlas portoit le ciel sur les épaules, ou parce qu’Atlas étoit un grand Astronome, qui trouva le premier l’usage & l’invention de la sphère ; ou parce que la montagne dans laquelle on dit qu’il fut changé, est très haute, & semble toucher le ciel de sa cime. S. Aug. de Civ. Dei Lib. XVIII, cap. 8, & Diodore de Sicile, Liv. III, chap. 6. Pline, Liv. II, ch. 8. Diodore le fait fils du Ciel, frère de Saturne, & grand-pere de Mercure ; & il dit qu’il montoit souvent sur la montagne qui porte son nom, pour observer les astres, & que c’est là ce qui a donné occasion à la fable. D’autres disent qu’Atlas ne fut point l’inventeur de la sphère, comme Pline le prétend, puisque ce fut Archimède qui la trouva ; mais qu’il découvrit le premier que le monde étoit une sphère. Servius, sur le VIIIe Livre de l’Enéide, distingue trois Atlas, l’un de Mauritanie qui est le plus célèbre ; un autre d’Italie père d’Electre ; & un troisième roi d’Arcadie, pere de Maïa qui fut mere de Mercure. Apollodore donne aussi lieu de distinguer ces trois Atlas. Aléxander Polyhistor a cru que cet Atlas étoit Enoch, qui