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ATH

l’Athénée entendre les Rhéteurs & les Poëtes grecs & latins. Gordien s’étoit exercé dans la jeunesse à déclamer dans l’Athénée. Les deux plus fameux Athénées ont été celui de Rome, & celui de Lyon. Aurélius Victor nous apprend que c’est Hadrien qui fit construire l’Athénée de Rome. Caligula fit construire celui de Lyon célèbre par les grands hommes qui y enseignerent, On se sert encore de ce mot latin, pour signifier les Académies des Savans, les lieux où ils s’assemblent ; mais en françois on le dit peu, ou point du tout.

Ce mot est grec, & vient du nom d’Athènes, ville savante, & où se tenoient beaucoup de ces sortes d’assemblées, ou du nom grec de Pallas, Ἀθήνη, Athénée, Déesse des Sciences, comme si Athénée signifioit un lieu consacré à Pallas, ou destiné aux exercices auxquels elle préside.

ATHÉNÉES. s pl. on adj. pris substantivement. Terme de mythologie. C’est le nom d’une fête des Grecs à l’honneur de Minerve, qui s’appelle en grec Ἀθήνη, Athéné. On appela ensuite cette fête Panathénées. Voyez Meursius de Fer. Græc. p. 7, & dans son Livre des Panathénées.

ATHÈNES. Ville de Grèce, dans l’Attique. Ce nom a la forme plurielle, s’écrivant avec un s à la fin, parce qu’il vient du grec Ἀθῆναι, & du latin Athenæ qui sont pluriels. Cependant nous le faisons singulier, & nous ne disons point, les savantes, les doctes Athènes, mais la savante, la docte Athènes.

Du Loir, dans son voyage du Levant, pag. 310, & suiv. nous a donné la description d’Athènes, telle qu’il la trouva. Plusieurs ruisseaux de fontaine coulent dans les rues, que je m’imaginai, dit-il, venir de celle que les anciens habitans du lieu appeloient autrefois ἐννεάκρουνος. La misère & la pauvreté sont extrêmes en cette ville. Il y a pourtant des gens qui tiennent encore le rang de Nobles dans Athènes. Leur habit est différent du commun : ils portent des cheveux, mais courts, & ; au lieu de tulbens ou de bonnets fourrés, ils ont des toques, comme en avaient autrefois les pensionnaires des collèges de Paris. Leurs vestes sons courtes ; & celle qui sert de manteau, est faite comme celle de Messieurs de la Chambre des Comptes.

La situation d’Athènes est autour de la colline où est bâti le château sur un roc, qui, du côté du midi, est de très difficile accès. Les Turcs sont retirés dans l’enceinte de ce château, & ils ne font pas 60 familles, entre trois ou quatre mille habitans qui peuvent être dans Athènes. Ce château est bâti fort irrégulièrement, & n’a, pour toute façon de forteresse, que de grosses murailles, qui sont si vieilles, qu’on pourroit croire que ce sont encore celles que fit faire Cimon, fils de Miltiades, pour ceindre ce rocher. Ils en sont néanmoins si jaloux, qu’ils n’en permettent guère l’entrée aux habitans, & qu’ils la défendent absolument aux étrangers.

On y voit un temple de marbre blanc, élevé beaucoup au-dessus des murs, qu’on assure être celui de Minerve. Il peut avoir 120 pieds de long, & 50 de large, avec une couverture plate, comme un plancher de maison. Le long des murs il y a de chaque côté dix-sept colonnes canelées, hautes environ de quinze pieds, & larges de six. L’entrée de ce temple est vers l’occident, & au-dessus de la porte il y a des figures en basse taille, qu’on dit représenter un combat de cavaliers, mais qu’on ne peut pas bien discerner de loin. On assûre que dans ce temple, dont les Turcs ont fait une mosquée, se lit encore au dessus de la porte d’une petite chapelle, l’inscription, ΑΓΝΩΣΤΩ ΘΕΩ, qui servit de sujet à saint Paul pour prêcher devant les Aréopagites. Mais je doute fort que ce soit la véritable. Pausanias assurément en auroit fait mention, & il n’est pas croyable qu’elle y puisse être à présent, puisqu’elle n’y étoit pas du temps d’un Auteur qui n’a rien oublié des choses remarquables.

Du côté du midi il y a une petite colline détachée du château, où sont les ruines d’un bâtiment, qu’on voulut nous faire passer pour celles de l’Aréopage : mais on n’y voit aucun reste de colonnes, ni du monument d’Œdipus, qui en étoit proche. Je croirois plutôt que ce fut le lieu d’exercice qu’ils appeloient Γυμνάσιον Πτολεμαῖον.

Vers l’occident, le temple de Thésée se voit encore, comme dit Pausanias, sur une petite éminence qui en est proche, bâti de la même façon, & de pareille matière que celui qui est dans le château, mais un peu plus petit. Il n’a sur chaque côté sur 100 pieds de longueur, que quatorze colonnes, qui sont de 7 pièces, hautes de deux pieds, & sur 40 de largeur il n’en a que quatre, & deux à l’entrée. Entre les chapiteaux & la corniche qui règne tout autour, il y a une belle frise de basse taille, où sont représentés les exploits de Thésée, & particulièrement le combat des Centaures & des Lapithes, & celui des Athéniens avec les Amazones.

Les ports de Phalère & de Pirée, qu’on remarque de là, sont comblés maintenant. Les murs de la ville qui y conduisoient, pouvoient bien être appelés longs, puisqu’ils avoient trois milles. On n’en voit aujourd’hui des vestiges qu’en quelques endroits, non plus que des murs de l’enceinte de la ville, qu’on nous dit avoir été de six à sept milles de circuit.

Vers le midi on voit l’Ecole de Zénon, assez près du château, & au-dessous de ses murs. Il y a deux grandes colonnes de marbre blanc, qui sont l’entrée d’une grotte prise dans le roc. Ceux du pays tiennent qu’elle étoit dédiée au Dieu Pan, & leur opinion n’est pas tout à fait fausse. Pausanias remarque qu’il y en avoit une au même endroit dans le temple d’Apollon & de Pan.

Nous vîmes au milieu de la ville un petit temple octogone, fait de marbre, & qui est encore tout entier, dont Pausanias ne fait point mention. Il a environ 15 pieds de diamètre, & sa voûte n’est que de 24 tables de marbre. A chaque côté des angles par dehors, il y a une figure humaine, avec des caractères grecs qui marquent les noms de huit vents.

On nous montra près de ce temple un petit bâtiment fait comme un fanal, avec six colonnes canelées, hautes de huit pieds, qui soutiennent un cercle épais, gros d’un pied, & haut d’un & demi, autour duquel font des bas-reliefs d’une riche sculpture, qui représentent des jeux marins, & une inscription grecque, si effacée, qu’on ne la peut lire. Ce cercle est couvert d’une seule pierre faite en coquille, qui se tourne aisément, & qui a un chapiteau de feuillages merveilleusement bien travaillés, de la hauteur de deux pieds. On nous a voulu faire passer ce fanal pour l’étude de Démosthène : mais j’ai grand’peine à croire qu’il ait jamais servi à cet usage.

Il y a près de là une longue muraille de marbre blanc, avec huit colonnes de pareille matière, qui sont hautes de 24 pieds, & une grande & très-belle porte avancée, qui est soutenue de quatre colonnes. On nous dit que c’étoit la façade du temple de Thémistocle ; mais, à ce qu’on en peut juger, c’est plutôt un reste de ce superbe temple de Jupiter, que l’Empereur Adrien avoir fait bâtir si grand & si magnifique, que les statues alloient de pair avec les colosses Romains & les Rhodiens, & dans l’enceinte duquel étoit ce trou que les Anciens croyoient avoir servi d’égoût aux eaux du déluge de Deucalion, où les Athéniens jetoient tous les ans une galette faite de miel & de farine de froment. Ce qui me confirme encore dans cette opinion, est qu’on passe de-là par une grande porte pour aller au lieu où est un tarif en lettres grecques, sur une table de marbre blanc, que le même Adrien avoit fait faire pour toutes les denrées qui se vendoient dans Athènes.

Je ne fais si ce superbe bâtiment de marbre Phrygien, dont on voit encore une partie hors la ville, étoit autrefois compris dedans. Son plan a plus de 80 toises, & 120 colonnes cannelées, hautes de 28 pieds, & faites de plusieurs pièces qui le soutiennent. Chaque côté en avoit 15 à double rang : il en reste encore 16, avec quelques architraves dessus : la plus grande parties des bases sont encore en la place des autres : Pausanias ne parle point de l’usage de ce bâtiment. Ils croient dans le pays, que ce fut le lieu de l’assemblée du peuple, & un gentilhomme nous dit qu’on l’appelle aujourd’hui Διδασκάλιον. On y entroit par une seule porte faite en arcade, qui regarde l’occident, & qui est encore en son entier, ornée de festons travaillés avec une merveilleuse délicatesse. C’est au-dessus de cette porte que