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temps ses Astrologues en crédit, c’est qu’on oublioit aisément leurs bévues, & leurs fausses prophéties, & qu’on faisoit beaucoup valoir leurs oracles quand par hasard ils avoient dit vrai. On rapporte de Cardan, qu’ayant fixé sa mort à un certain jour, il se laissa mourir de Faim, pour confirmer la prédiction, & ne pas décrier le métier d’Astrologue. Pic de la Mirandole, Sextus ab Heminga, Alexander ab Angelis, le P. Mersenne, &c. ont fortement écrit contre les Astrologues. Ptolomée, Cardan, Jonctin, Jean de Montroyal, Argolus, Regiomontanus, ont été de grands Astrologues. Sous Tibère on fit des Edits pour chasser les Astrologues d’Italie. Tillem.

Ce mot vient du Grec ἄστρον, & λόγος.

On appele aussi Astrologues, tous les faiseurs d’Almanachs. Devins, & Charlatans qui se mêlent de prédire par le moyen des astres.

On dit proverbialement, qu’un homme n’est pas Astrologue ; pour dire, qu’il est ignorant en quelque profession que ce soit ; & ironiquement, c’est un grand Astrologue, il devine les Fêtes quand elles font venues.

☞ ASTROMÈTRE. s. m. Voyez Héliomètre.

ASTRONOME. s. m. Celui qui observe les astres, qui connoît leur mouvement, & qui explique tous les phénomèmes du ciel. Astronomus. Eudoxe, Bérose, Thalès, Hipparque, Pherecydes, Ptolomée, Copernic, Tychobrahé, Kepler, ☞ Clavius, Descartes, Mersenne, Neper, Riccioli, Grimaldi, Hevelins, Cassini, Huygens, Newton, Roemer, Halley, de Chale, Wolfius, de la Hire, &c. ont été de grands Astronomes. (pendant leur vie disent les Vocabulistes.)

Ce mot vient du Grec ἄστρον, & νόμος.

ASTRONOMIE. s. f. Science qui enseigne à observer & à connoître le mouvement & la disposition des astres, leurs grandeurs, leurs distances, & leurs éclipses. Astronomia. L’Astronomie est une science certaine & sublime, & c’est le plus haut effort de l’esprit humain. L’Astronomie fut premièrement enseignée aux Grecs par Thalès, & selon Diogène Laërce, ils la tenoient des Egyptiens, & ceux-ci des Chaldéens. Eudoxe, qui l’enseignoit vers la 103e Olympiade, l’avoit aussi apprise des Egyptiens. Vitruve, Liv. IX, ch. 1, dit qu’un certain Bérose, Babylonien, apporta cette science de la Babylonie même en Grèce, & qu’il ouvrit même une Ecole d’Astronomie dans l’ile de Cos. Pline ajoute Liv. VII, ch. 37, qu’en considération de ses prédictions admirables, les Athéniens lui érigèrent dans la place publique, appelée Gymnase, une statue dont la langue étoit dorée. Si ce Bérose est le même que l’Auteur des Babyloniques, il florissoit vers le temps d’Alexandre. On ne remonte pas plus haut que les Chaldéens, & même parmi les Anciens le mot de Chaldéen se prend pour Astrologue. Vail. Quelques Auteurs ont cependant attribué l’invention de l’Astronomie aux premiers Hébreux, & quelques-uns même aux premiers hommes, fondés sur l’autorité de Josephe, & sur ce qu’il rapporte des deux colonnes de Seth : les Musulmans l’attribuent à Hénoch, qu’ils appellent Edris. D’autres "Orientaux l’attribuent à Caïnan fils d’Arphaxad. Mais il ne paroît pas à d’autres que ces sentimens soient vraisemblables, parce que dans la langue de ces premiers hommes, c’est-à-dire, la langue hébraïque, ils ne trouvent point de termes d’Astronomie, qui se trouvent au contraire tres-souvent dans le chaldéen. Cependant il y en a dans quelques endroits de l’Ecriture, & sur-tout dans Job & dans les livres de Salomon.

Rudbeck, dans son Atlantide, a soutenu que les Suédois sont les inventeurs de l’Astronomie. Il en allègue pour raison, que la grande variété de leurs jours leur fit soupçonner de la rondeur de la terre, & qu’ils étoient à l’une des extrémités du globe. Ceux qui sont situés vers le milieu, n’appercoivent presque point les divers changemens que produit l’ombre, & la figure convexe de la terre. Mais les Suédois qui en faisoient la triste expérience, s’appliquèrent à en rechercher la cause ; & guidés & instruits par l’extrême opposition des saisons, ils découvrirent aisément que le soleil borne & renferme son cours dans certains espaces du ciel, & qu’il roule invariablement sur certains cercles par une vicissitude perpétuelle. Mais on ne prouve point des faits historiques par de semblables raisonnemens, qui prouvent tout au plus que cela a pu être, mais non pas que cela ait été.

L’Astronomie fut cultivée en France du temps de Charlemagne ; & l’an 807 on fit à Aix-la-Chapelle des observations d’éclipses & du cours des Planètes. P. Daniel. Longomontanus a fait un livre intitulé Astronomia Danica ; Jean-Baptiste Morin un autre, de Astronomia Gallica.

Il est probable que l’Astronomie a été en usage parmi les Indiens. Les Brames ont les tables des anciens Astronomes pour calculer les éclipses & ils savent même s’en servir. Leurs prédictions sont assez justes aux minutes près, qu’ils semblent ignorer, & dont il n’est point parlé dans leurs livres, qui traitent des éclipses du soleil & de la lune. Eux-mêmes, quand ils en parlent, ils ne font aucune mention des minutes, mais seulement de gari, de demi-gari, & d’un quart & demi-quart de gari ; le gari est de 29 minutes. Et par conséquent le demi-quart de gari est 1 minutes 3 second. 45 troisièmes.

Astronomie, Astrologie, dans une signification synonyme. L’Astronome, dit M. l’Abbé Girard, connoît le cours & le mouvement des astres. L’Astrologue raisonne sur leur influence. Le premier observe l’état des cieux, marque l’ordre des temps, les éclipses & les révolutions qui naissent des lois établies par le premier mobile de la nature dans le nombre immense des globes que contient l’univers ; il n’erre guerre dans ses calculs. Le second prédit les événemens, tire des horoscopes, annonce la pluie, le froid, le chaud, & toutes les variations des météores ; il se trompe souvent dans ses prédictions. L’un explique ce qu’il fait, & mérite l’estime des Savans. L’autre débite ce qu’il imagine, & cherche l’estime du peuple. Le désir de savoir fait qu’on s’applique à l’Astronomie. L’inquiétude de l’avenir fait donner dans l’Astrologie.

☞ La plupart des gens regardent l’Astronomie comme une science inutile & de pure curiosité ; parce qu’apparemment ils ne font pas réflexion qu’ayant pour objet l’arrangement des saisons, la distribution du temps, la diversité de la route des mouvemens célestes, elle aide à l’agriculture, met de l’ordre dans toutes les choses de la vie civile & politique, & devient un fondement nécessaire à la Géographie & à l’art de la navigation. Mais si, avec toutes ces réflexions, ils n’ignorent pas encore que sans cette science l’histoire & la chronologie ne seroient que confusion, perpétuellement contraires à elles-mêmes, à cause des différentes manières dont les nations différentes ont réglé leurs jours & leurs années ; alors ils rendront à l’Astronomie & à ceux qui la cultivent, l’estime dûe à leur mérite.

☞ L’Astrologie est à présent moins à la mode qu’autrefois, soit parce que le commun des hommes est plus déniaisé, soit parce que l’amour du vrai est plus du goût des habiles gens, que l’envie d’éblouir & de duper le monde ; soit enfin parce que le brillant de la réputation ne dépend pas aujourd’hui du nombre des sots, mais du discernement des sages.

ASTRONOMIN. adj. masc. Chapelle a donné le nom de Troupe du Parnasse astronomin à une assemblée d’Astronomes. C’est la rime qui lui a fait inventer ce mot, sans quoi il se seroit servi de celui d’astronomique. Voyez Luneter.

ASTRONOMIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l’Astronomie. Astronomicus. On dit, des observations, des Tables Astronomiques ; le lever & le coucher astronomique du soleil ; l’anneau astronomique, & autres instrumens avec lesquels on observe les astres. Les Astronomiques. Astronomica, est le titre que Manilius a donné à son Poëme.

ASTRONOMIQUEMENT. adv. D’une manière astronomique & exacte. Astronomicè. Il faut parler des comètes astronomiquement, & non pas populairement.

ASTROPOLE. s. m. Terme de Fleuriste. Espèce d’œillet. C’est un vjolet brun admirable, sur un blanc de lait

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