Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/605

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
581
AST

pousse des feuilles semblables à celle de la sanicle, attachées à de longues queues, & un peu rudes au toucher. Il s’en éleve deux ou trois tiges chargées de quelques feuilles, & portant à leurs sommités des bouquets en ombelles de fleurs blanches, tirant sur le purpurin, soutenues par des couronnes de feuilles. Chacune de ces fleurs est composée ordinairement de cinq feuilles disposées en rose, rabattues & repliées souvent vers le centre, & attachées à un calice qui devient un fruit composé de deux bourses, remplies chacune d’une graine oblongue. Elle croît dans les bois, & la petite espèce dans les lieux montagneux, comme les Alpes & les Pyrénées. Leurs racines purgent, comme celles de l’ellébore noir. On l’appelle en latin Astrantia, d’aster, parce que les sommités sont disposées en étoile.

ASTRE. s. m. ☞ Qui s’applique généralement à tous les corps célestes, qui ont une lumière propre, ou refléchie, & se dit du soleil, des étoiles, des planètes, des comètes. Cependant on le dit plus ordinairement des corps lumineux par eux-mêmes, comme les étoiles fixes & le soleil. Astrum. Le mouvement des astres, le cours des astres. Observer les astres. Calculer le mouvement des astres. Les lunettes ont fait découvrir plusieurs nouveaux astres dans le ciel. Le peuple croit que les comètes font des astres de mauvais préiage. Les habitans de la lune prennent la terre pour un astre, & je vous garantis que nous leur paroissons faire assez régulièrement nos fonctions d’astre. Fonten. Les Poëtes appellent le soleil, l’astre du jour ; & la lune l’astre de la nuit.

Le tombeau du Calvinisme, Sonnet du P. Commire, commence ainsi,

J’eus pour père l’orgueil, & pour mère l’erreur ;
L’Astre sanglant de Mars éclaira ma naissance ;
Avec l’impiété, la révolte sa sœur
Prit le soin d’élever en secret mon enfance.

Ce mot vient du Grec ἄστρον.

Astre, se dit figurément d’une personne extraordinaire en mérite, en beauté. Quand ce Prince naquit, ce fut un nouvel astre qui parut sur l’horizon. Cette beauté est un astre qui brille dans son quartier. La métamorphose des yeux de Philus en astres est un Poëme de l’Abbé de Cerisy.

☞ On a cru pendant long-temps que les astres influoient sur les corps sublunaires. Peut-être même n’est-on pas encore bien revenu de cette erreur. Par rapport au pouvoir que les Astrologues attribuent aux astres sur les corps terrestres, on distingue des astres bénins, heureux, favorables, malins, malheureux, &c. des astres qui président à la naissance, &c. En supposant l’influence des astres. Racine a dit Poétiquement :

Sous quel astre ennemi faut-il que je sois née ?
Et que craindre en ce siècle, où toujours les beaux arts
D’un astre favorable éprouvent les regards ?

Astre, chez les chimistes, signifie la plus haute vertu & la plus grande efficacité que les choses acquièrent au moyen de leur préparation : ainsi l’astre de soufre, c’est lorsqu’on l’allume pour le changer en une huile très excellente ; l’astre de sel, c’est ce minéral dissous dans de l’eau ou de l’huile, pour augmenter sa force. L’astre du mercure, c’est la sublimation, par le moyen de laquelle il acquiert plus de force & de subtilité qu’il n’en avoit naturellement. On l’appelle encore Alcohol, quintessence, extrait, sperme, &c. Ruland. Johns.

C’est encore un nom que l’on donne à certains médicamens, tels que les trochiques, ou ceux qui ont la figure d’un petit gâteau marqué d’un astérisque. Nous trouvons dans Galien, L. VIII, de C.M.S.L.C., 3 & dans plusieurs autres endroits, le nom d’aster invincible, somnifère anodyn. Quelques Chimistes donnent ce nom à un remède, non point tant à cause de l’empreinte, qu’à cause qu’il est extraordinaire. Ainsi je puis, dire, par exemple, des vertus astrales, astre des serpens. Dict. de James.

Astre du monde. Terme de Fleuriste. C’est un œillet piqueté, extrêmement moucheté sur l’extrémité de ses feuilles. Sa fleur n’est pas fort large, mais elle est fort ronde, & bien prise dans ce qu’elle contient. Sa plante n’est pas fort robuste. Elle est susceptible de blanc &c de pourriture. Cet œillet se trouve à Lille, à d’Amiens, &c.

Astre du monde violet. Terme de Fleuriste. Espèce d’œillet. C’est un violet pourpre clair, extrêmement rond, qui tourne bien les feuilles ; son blanc est assez fin, & son panache régulier, mais il est marqué de quelques mouchetures, qui ne le rendent pourtant point brouillé. Sa plante est robuste & vigoureuse, mais les marcottes ont peine à prendre racines. Sa fleur est assez large.

Astre triomphant. Terme de Fleuriste. Espèce d’œillet piqueté. Il est large & fort piqueté, sa plante médiocrement forte. Il est à Lille.

ASTRÉE. s. f. Terme de Mythologie. La Déesse de la Justice. Astrea. Hésiode dit qu’elle étoit fille du Titan Astréus & de Thémis ; mais d’autres Mythologistes, en suivant Ovide, la font fille de Jupiter & de Thémis. Pendant le siècle d’or elle descendit sur la terre pour habiter avec les mortels ; mais elle eut tant d’horreur de leurs crimes, qu’elle les abandonna pour remonter au Ciel : elle y occupe une place dans le Zodiaque, où on la représente tous le nom de la Vierge. Depuis ce temps-là tous les Poëtes ont célébré la candeur d’Astrée, & ont regreté le temps où elle vivoit.

ASTREINDRE. v. a. J’astreins. J’ai astreint. J’astreignis. J’astreindrai. Que j’astreigne. Contraindre quelqu’un à faire quelque chose. Astringere, obstringere, obligare. ☞ Astreindre quelqu’un à l’étude, au travail. L’astreindre à des conditions injustes. Avec le pronom personnel, s’obliger à faire quelque chose, s’assujettir. Le dégoût qu’on a des sciences, vient de ce qu’on est obligé de s’astreindre à certains principes fatigans.

ASTREINT, EINTE. part. Astrictus.

ASTRÉUS. s. m. Terme de Mythologie. L’un des Titans de la Fable. Il étoit fils de Crius & d’Euribée, fille de Pluton. Il eut d’Aurore les Astres & les vents ; il arma ceux-ci pour exercer leur furie contre les Dieux, afin, de favoriser ses frères qui alloient déclarer la guerre à Jupiter. Hésiode le fait aussi père d’Astrée.

ASTRICTION. s. f. Terme de Médecine. Qualité d’une chose astringente. Tous les astringens ont par conséquent de l’astriction. Il faut observer d’abord que la plante nommée Scordium, est de faveur acre & amère, mêlée d’un peu d’astriction. Journ. des S. La saveur de cette eau a quelque chose de salé & de sulfureux, mais presque sans aucune astriction.

ASTRINGENT, ENTE. adj. Qui a la propriété de resserrer, & de rendre les pores plus petits. Astringens, stypticus, adstrictoriam vim habens. Les Teinturiers appellent matériaux astringens, l’écorce d’aune, de grenade, de chêne en sève, de pommier sauvage, la sciure de chêne, les coques de noix, la racine de noyer, les galles & le sumac. On a inventé une poudre styptique ou astringence, composée avec le vitriol commun, calciné à rougeur, & l’alun calciné en blancheur. Quelques-uns mettent ces poudres dans l’eau de plantin, & de roses, & urine, & en composent l’eau styptique.

Astringent, se dit des remèdes qui ont la propriété de resserrer, c’est-à-dire, de corriger la trop grande fluidité des déjections d’un malade, & de leur donner la consistance convenable, qui annonce la bonne disposition des organes de la digestion. Remède, médicament astringent.

Astringent, se prend aussi substantivement en médecine. Ayant arrêté l’hémorragie, tantôt par de petits morceaux de vitriol que nous mettions avec du coton, & par les autres astringens… Tantôt, &c. Degori. Faire usage des astringens, Prescrire les astringens à un malade.

ASTROC. Terme de Marine. Grosse corde que l’on