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l’on est véritablement de la nation dont on porte le pavillon.

Assurance, se dit aussi des choses qu’on donne pour certaines, & dont on répond. Explorata rei cognitio, notatio. Vous pouvez dire cette nouvelle en assurance, je la tiens de bon lieu. Croyez cela en assurance, & sur ma parole. Mangez cela en assurance, je vous dis qu’il est bon.

Assurance, se dit aussi pour sureté, lieu où l’on est hors de danger. Securitas. Si les légions d’Afrique viennent nous vous mettrons en assurance de ce côté-là. Il les obligea de se retirer dans un lieu d’assurance. Les mieux montés allèrent assez vite pour atteindre la basterne, qu’ils invertirent, mais il n’y trouvèrent plus Clotilde, & ils apprirent qu’elle étoit déjà en lieu d’assurance. P. Dan.

Assurance, signifie aussi, hardiesse, fermeté. Fidentia, fiducia. Un orateur doit parler avec assurance. L’intrépidité d’un chef donne de l’assurance à ses troupes. Personne n’avoit l’assurance de l’approcher. Vaug.

Assurance, signifie encore, confiance. Il faut mettre toute son assurance en Dieu, Toutes les sectes du christianisme vivent avec une assurance si parfaite, qu’il est nécessaire d’en examiner les fondemens, afin de distinguer l’assurance solide que la vérité produit, de la confiance téméraire qui naît de l’erreur. Nicol. Bien des gens s’inscrivent eux-mêmes sur le livre de vie, & se reposent tranquillement sur cette fausse assurance.

Assurance, est aussi un terme de Vannier, qui veut dire l’osier qui est sous l’osier tort qui fait l’anse du panier. Firmamentum.

Assurance, se dit aussi en termes de Chasse, dans cette phrase, aller d’assurance ; pour dire, que la bête va au pas & sans crainte. Fidenter.

Assurance, se dit en Fauconnerie d’un oiseau bien assuré qui est hors de filière, c’est-à-dire, qui n’est plus attaché par le pied. Il y a deux sortes d’assurance ; savoir, à la chambre & au jardin ; le jardin est dit pour les champs.

Assurance, est aussi un terme d’Astronomie. On appelle l’alhidade de l’astrolabe, la ligne d’assurance.

Assurance, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu’un homme a l’assurance d’un meurtrier, quand il soutient impudemment une chose fausse. On dit aussi, qu’on a mis quelqu’un en lieu d’assurance, quand on l’a mis en prison.

ASSURE. s. f. Terme de fabrique de tapisserie de haute-lisse. C’est le fil d’or, d’argent, de soie, ou de laine, dont on couvre la chaîne de la tapisserie. C’est ce qu’on appelle Trame dans les manufactures d’étoffes & de toiles. Les Flamands les nomment Instuch.

ASSURÉ. s. m. C’est le propriétaire du vaisseau, ou du chargement qui est assuré par l’assureur. Vadatus. Si l’assuré, sans le consentement des assureurs fait changer de route au vaisseau, les assureurs sont déchargés des risques. Ordonnance de 1681.

ASSURÉMENT. adv. Sans doute, d’une manière sure & certaine. Certò. Cela est assurément comme je vous le dis. Oui assurément.

ASSUREMENT, ou ASSEUREMENT. s. m. Assurance. Fides. Donner assûrement, fidem dare. Voyez Asseurement. C’est un vieux mot qui se disoit pour assurance. S’il y arrivoit quelque démêlé entre le gentil’homme & le roturier, celui-ci requéroit assurement, qu’on ne pouvoit lui refuser, & alors la chose se vidoit par les voies ordinaires de la justice. P. Dan. dans Louis IX, T. II, p. 160. Il y avoit une troisième manière de finir la guerre, qui étoit par l’assurement, ce qui se faisoit de la sorte:une des parties qui se sentoit, par exemple, trop foible pour soutenir la guerre, s’adressoit à son Seigneur, ou à sa Justice, & requéroit que celui avec qui il étoit en guerre, eût à lui donner assurement, c’est-à-dire, assurance, qu’il ne l’attaqueroit ni en sa personne, ni en ses biens, ni en ses proches, se remettant pour le sujet de la guerre, à ce que la Justice de son Seigneur en décideroit. Le Seigneur étoit obligé de déférer à sa requête, & d’ordonner à la partie de donner assurement. L’assurement se demandoit au plus proche parent du mort, s’il y avoit eu meurtre. S’il n’y avoit que quelque blessure, ou des coups donnés, on le demandoit à celui-même qui avoit été blessé ou frappé. Que s’il s’absentoit exprès pour ne le pas donner, le Seigneur le faisoit citer à quinzaine, & cependant donnoit des gardes pour empêcher qu’on ne fit du mal au requérant. Que si après quelques citations & quelques délais de quinzaine, celui à qui on demandoit l’assurement ne vouloit pas comparoître à la cour de son Seigneur, il étoit condamné au bannissement, & alors on s’adressoit au plus proche parent ; que si celui-ci refusoit encore, le Seigneur faisoit défense aux uns & aux autres de se faire injure, à peine de confiscation de corps & de biens. L’assurement étoit une dépendance de la haute-Justice, & le bas-Justicier n’avoit pas le droit de l’exiger. Après l’assurement donné, s’il arrivoit quelque nouveau sujet de querelle entre les parties, il ne leur étoit pas permis d’entrer en guerre pour cela même; mais ils étoient obligés de se pourvoir par voie de justice. Id. au même endroit, p. 162 & 163.

ASSURER. v. a. Rendre ferme, appuyer, étayer. Firmare, stabilire. On assure cette voûte par de bons arc-boutans. Il faut bien assurer ce vase, le poser de manière qu’il ne puisse tomber.

Assurer, se dit aussi en Morale. Faire qu’une chose ne périclite point. Securum facere, securitatem præstare. On demande des contrats, des hypothèques, des cautions, des gages, pour assurer une dette ; des places de sureté pour assurer une paix. Un bon capitaine fait bien assurer sa marche, sa retraite. S’assurer la couronne. Vaug. C’est un débiteur ruiné qui ne cherche qu’à s’assurer du pain. L’Amiral s’assura les vaisseaux, ayant gagné un port, une sûre rade. On dit aussi, qu’un capitaine a assuré un pays au Roi, quand il en a chassé les ennemis ; une ville rebelle, quand il en a chassé les mutins. On dit, qu’on a assuré les chemins ; pour dire, qu’on les a rendus sûrs en écartant les voleurs, & tout ce qui empêchoit de voyager en assurance.

Assurer, signifie aussi se servir d’un ton de voix ou d’une certaine manière de dire les choses, propre à les faire croire. Affirmare. Asserere. Asseverare.

☞ On emploie le serment pour affirmer, & on a recours à une nouvelle preuve ou au témoignage d’autrui pour confirmer ce qu’on dit.

☞ Les demi-Savans, les pédans & les petits-maîtres assurent tout ; ils ne parlent que par décision ; les menteurs se font une habitude de tout affirmer, les sermens ne leur coûtent rien ; les gens impolis veulent quelquefois confirmer par leur témoignage, ce que des personnes fort au dessus d’eux disent en leur présence. M. l’Abbé Girard. Syn.

☞ On dit s’assurer d’une chose, pour s’en rendre sûr, en être certain. Tutum feac securum præstare. La nature a tant d’adresse pour se dérober à nous, qu’il ne faut pas s’assûrer avec trop de précipitation d’avoir bien deviné sa manière d’agir. Font. Quelquefois le mot de s’assurer n’emporte pas une pleine certitude, mais seulement une forte conjecture que la chose est comme on l’a dit, & cela dépend de la place où on le met. Suspicari. C’est, je m’assure, un tel qui vient à nous, je le soupçonne. Cette façon de parler est tout-au-plus du style familier.

On dit aussi, s’assurer de quelqu’un, pour s’en rendre aussi sûr que si l’on en étoit le maître. Securum se præstare. Assurez-vous d’un homme pour vous conduire. Je suis assuré de lui comme je le puis être de moi même. On dit encore s’assurer d’une maison, d’un cheval, d’une voiture, d’un habit ; pour dire, l’arrêter, le retenir, le louer, & donner des gages ou le denier-à-Dieu. Conducere. Assurons-nous en premier lieu de cet avantage, d’avoir pour nous les paroles de l’Ecriture à la lettre, que les Calvinistes n’ont pas. Pelisson. S’assurer des passages ; pour dire, s’en rendre le maître. Occupare actitus. ☞ On dit aussi s’assurer de la personne de quelqu’un. C’est-à-dire la mettre en lieu de sureté, la mettre en prison. Comprehendere aliquem. Dare aliquem in custodiam.

Assurer, est aussi, en termes de Marine, un contrat

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