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têtes de lions, des dragons, &c. Les Anciens qui en ont parlé, sont S. Irénée, Liv. i. Ch. 24. de la dernière édition. Tertullien, de Præscript. Ch. 46. S. Epiphane, hær. 24, num. 7 & 8. S. Jérôme à l’endroit que j’ai cité, Théodoret, hær. & fabul. Liv i. Ch. 4. S. Augustin, hæres. 4. S. Jean Damascène, hær. 24. Tous ces Peres n’attribuent la fable du Dieu Ἀβρατὰϛ qu’à Basilides, & aux Basilidiens. Parmi les Modernes, Macarius & Chifflet ont fait des traités sur cet Ἀβρασὰξ. Baronius, Gassendi, du Gange, le Pere Hardouin dans une Dissertation particulière ; le P. Montfaucon, Palæogr. L. II. Ch. 8. Feuardent, & le P. Massuet dans leurs Notes sur S. Irénée, en font aussi mention.

Le mot qu’on écrit ici, Abracax, doit être écrit en caractère Grecs, ΑΒΡΑΚΑΞ ; parce qu’outre que ceux qui l’ont autrefois inventé, parloient la Langue Grecque, on n’y trouvera pas le nombre de 365 si on l’écrit en Latin : cette faute, qui est dans la plûpart des livres, vient de ce que la lettre grecque Sigma, a la figure d’un C latin dans les anciennes inscriptions. Si donc on veut l’exprimer en Latin, il faut écrire Abrasax, & en lettres grecques courantes, ou ordinaires, ἀβρασαξ. Au reste, Baronius a eu raison de soutenir dans l’Appendix de son second tome des Annales Ecclésiastiques, qu’il falloit lire ΑΒΡΑΣΑΞ, & non pas ΑΒΡΑΞΑΣ. Car dans tous les Peres Grecs qui en parlent, c’est-à-dire, S. Epiphane, Théodoret, S. Jean Damascène, on lit Ἀβρασὰξ. Il n’y a que dans les Latins qu’on trouve Abraxas, & Abraxan, à l’accusatif. Il est vrai que dans S. Irénée on lit Ἀβραξὰς ; mais nous n’avons qu’en Latin le chapitre où il en parle, & si Ἀβραξὰς y est écrit en Grec, c’est aux Copistes Latins, ou aux Editeurs qu’il faut l’attribuer. Or il est très-facile qu’on ait transporté le Ξ & le Σ. Il paroît même, sur-tout par S. Jérôme, que c’est l’usage qui avoit fait la transposition. Pour les pierres, je n’en ai point vu qui eussent Ἀβραξὰς. S’il en est, comme on le dit, je ne doute point que ce ne soit ou un mauvais usage que l’ignorance avoit introduit, ou une faute de Graveur. C’est ainsi que l’on trouve Μϑραξ au lieu de Μϑραϰ.

ABRACALAN. C’est un terme Cabalistique, auquel les Juifs attribuent la même vertu qu’à Abracadabra. Selden nous apprend, en parlant de Diis Syriis, que ces deux mots sont des noms d’une Déesse Syrienne. Ainsi le charme suppose apparemment une invocation de cette ancienne divinité. Dict. de James.

ABRACONIS. Ville de la grande Arménie. Abraconium. Elle se trouve sur la rivière d’Alingeac.

ABRAHAM. s. m. Abraham, Abrahamus. Nom propre d’un saint Patriarche fils de Tharé, ou comme l’on prononce en Hébreu, Tharahh, & pere d’Isaac, aïeul de Jacob, & par lui pere de tous les Hébreux, qui sont souvent appelés les enfans, c’est-à-dire, les descendans d’Abraham. Dieu tira Abraham de la Chaldée, & le conduisit dans la terre de Chanaan, où il entra à l’âge de 75 ans. Ce Patriarche s’appeloit d’abord Abram, qui signifie Pater excelsus. Après les promesses que Dieu lui fit d’une postérité nombreuse, il lui changea son nom en ajoutant un ה , au milieu, le nommant Abraham. Les Rabbins trouvent de grands mystères dans ce , ה, ajouté. Nos Interprètes expliquent ce mot en plusieurs manières. Les uns disent que אברהם, Abraham, est la même chose que אב המון, Pere de multitude ; c’est-à-dire d’une nation grande & nombreuse. D’autres disent que c’est אביר המון, Multitude forte, puissante. D’autres croient qu’il est composé de trois mots אב רב & אמון, ce qui signifie Pere d’une grande multitude. D’autres enfin, que c’est une contraction du premier nom de ce Patriarche אברם, Abram, & המון, amon, d’où l’on a dit אברהם c’est-à-dire, Pater excelsus multitudinis ; Pere Haut, c’est-à-dire, glorieux d’une multitude, ou d’une nation nombreuse. La foi d’Abraham est célébre dans l’Ecriture. Dans le même style un enfant d’Abraham est quelquefois un homme fidèle, plein de foi, qui imite la foi d’Abraham. Les Arabes disent Ebrahim, & les Turcs Ibrahim.

☞ ABRAHAM. (Rivière d’) Petite rivière de sourie, qui a sa source dans le mont-Liban, & va se décharger dans la mer méditerranée, en coulant d’Orient en Occident.

ABRAHAMIEN, ENNE, ou ABRAHAMITE. s. m. & f. Abrahamianus, Abrahamita. Nom de Secte. Les Abrahamites nommés par les Arabes Ibrahimiah, du nom de leur Auteur Ibrahim ou Abraham, parurent sur la fin du second siècle de l’hégire, & au commencement du neuvième de Jésus-Christ, sous l’Empire de Nicéphore en Orient, & de Charlemagne en Occident : ce fut dans Antioche, sa patrie, qu’Ibrahim renouvella la Secte des Paulianistes. Cyriaque, alors Patriarche d’Antioche, lui résista puissamment. D’Herb.

ABRAHAMITES, sont aussi des Moines Catholiques du IXe siècle, qui souffrirent le martyre pour le culte des images sous Théophile, ainsi qu’on le peut voir dans le Continuateur de Constantin Porphyrogénéte, L. iii. C. ii. & dans Cedrenus.

☞ ABRAMBŒ ou ABRAMBOU. Royaume, ou plutôt petit état d’Afrique, au dedans du pays des Négres, faisant partie de la côte d’or. La plûpart des habitans s’appliquent à l’Agriculture.

ABRAME. s. m. Nom d’homme. Abramius. Sozom. L. II C. 16. M. Chappel. 4. Fév.

ABRAMEZ. s. m. Nom d’homme. Abraames. Chapp. 14. Fév.

ABRAN. Ville ancienne de la Tribu d’Aser, dans la Galilée supérieure, aux confins de la Tribu de Nephtali. Jos. XIX. 28. C’est la même qu’Helba ; on l’appelle aussi Acran & Achran. Samson la confond sans raison avec Elmélech.

ABRANTES. Ville de Portugal. Abrantus. Elle est dans l’Estramadure de Portugal, sur le Tage, entre Portalègre & Leiria.

ABRASION. s. f. Terme de Médecine. Abrasio. Castelli rend ce mot par Ulcération superficielle des parties membraneuses, avec déperdition de substance par petits fragmens. Ainsi l’on dit, qu’il y a abrasion dans les intestins, lorsque la membrane interne est exulcérée, & qu’il s’en détache de petites parcelles qui sont expulsées avec les excrémens. Dict. de James.

ABRAXAS. s. m. Pierres précieuses, sur lesquelles on gravoit des caractères hiéroglyphiques, & qu’on portoit en façon d’amulètes et de charmes. Certains Chrétiens hérétiques, & natifs d’Egypte, qui avoient mêlé un grand nombre de superstitions païennes avec le Christianisme, sont les premiers qui aient fait universellement connoître ces sortes de pierres. Aux Abraxas ont succédé, dans les derniers temps, les Talismans, espèce de charmes, auxquels on attribue la même efficace, & qui sont aujourd’hui en grand credit dans les pays Mahométans, à cause qu’on y a mêlé, comme aux Abraxas, les rêveries de l’Astrologie judiciaire. Essai sur les Hiéroglyph.

Abraxas. Divinité qui fut imaginée par des Sectaires au commencement du second siècle de l’Eglise : c’étoit, selon eux, un Dieu souverain, duquel dépendoient plusieurs autres Dieux, qui présidoient aux cieux, & auxquels ils attribuoient 365 vertus, une pour chaque jour de l’année. On le représentoit quelquefois sous la figure d’Anubis ou d’un lion. On croit que cet Abraxas est le Mithra des Perses.

Les lettres du nom de ce Dieu, prises arithmétiquement, égalent le nombre des jours qui composent l’année. De-là vient que saint Jérôme croyoit qu’Abraxas étoit le même que le Mithra des Perses ; c’est-à-dire, le soleil. Voici les lettres de ce mot rangées en forme d’Addition. Voyez S. Irénée, L. I. C. 23.

α. 1.
β. 2.
ρ. 100.
υ. 1.
ξ. 60.
α. 1.
ϟ. 200.


365.

☞ ABRÉGÉ. s. m. Quelques-uns écrivent assez mal ce