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ASS

lir de mille terreurs paniques. Les Saints dans le désert ont été assaillis de plusieurs violentes tentations. Les douleurs & les infirmités viennent de tous côtés assaillir les vieillards. Tous les créanciers de ce pauvre homme le sont venus assaillir en même-temps, & l’ont ruiné.

☞ Il est à propos d’éviter de se servir de ce verbe, dont la conjugaison n’est peut-être pas bien décidée dans tous ses temps, & dont l’oreille est presque toujours choquée excepté à l’infinitif, & au participe.

ASSAILLI, IE. part. Oppugnatus, appetitus. Au figuré, mais si Dieu dans l’orage dont nous sommes assaillis, s’éloigne de nous, tout rebute, &c. Bourdaloue, Exh. I, p. 394.

ASSAISONNEMENT. s. m. Manière de préparer les viandes pour les rendre agréables au goût. Conditio, condimentum, conditura. La bonté d’un jambon, d’une fricassée, dépend de l’assaisonnement.

Assaisonnement, se dit aussi des ingrédiens qui servent à assaisonner les mets pour les rendre plus agréables au goût. Le sel, le poivre, les champignons, sont les assaisonnemens ordinaires. Il faut de l’art pour bien ménager les assaisonnemens.

Assaisonnement, se dit figurément de la manière agréable qui accompagne ce qu’on dit, ou ce qu’on fait. L’assaisonnement du discours. Ablanc. La louange demande un certain assaisonnement qui empêche qu’elle ne passe pour une pure flatterie. L’affection d’un ami est un assaisonnement de la prospérité, qui la rend plus piquante, & plus sensible. On est si avide de louanges, qu’on les reçoit sans tous les assaisonnemens qu’elles devroient avoir. Fonten. Le mystère est l’assaisonnement des plaisirs de l’amour. Vill. La médisance a été de tout temps, & encore plus que jamais l’assaisonnement des conversations ; tout languit sans elle, & rien ne pique. Bourdal. Exh. II, p.31.

Dans ses mœurs quelle politesse ?
Quels tours, quelle délicatesse,
N’éclatoient point dans ses discours ?
Ce sel tant vanté de la Grèce
En faisoit l’assaisonnement ;
Et malgré la froide vieillesse,
Son esprit léger & charmant
Eut de la brillante jeunesse
Tout l’éclat & tout l’enjouement.


ASSAISONNER, v. a. ☞ Donner aux viandes, aux mets une certaine préparation par le mélange des ingrédiens, pour les rendre plus agréables au goût. Condire. Ce Cuisinier sait fort bien assaisonner les viandes. L’appétit assaisonne mieux les mets, que le plus habile cuisinier. S. Evr.

Assaisonner, se dit figurément des manières agréables, honnêtes, douces, &c. dont on accompagne ce qu’on dit ou ce qu’onfait. Ce Prince sait assaisonner ses discours, ses dons, ses bienfaits d’une telle grâce, qu’il gagne les cœurs de tout le monde. Savoir assaisonner les refus de tant de modestie, que, &c. La plupart de ceux qui donnent des louanges, les assaisonnent si mal qu’elles devroient rebuter les personnes tant soit peu raisonnables. Bell. Les Anciens se piquoient d’assaisonner leurs ouvrages de ce sel attique, qui étoit d’un goût exquis. S. Evr. Aristophane savoit rendre les leçons agréables, en les assaisonnant de plaisanteries. Le Févre. Un bon conseil donné à un ami, doit être assaisonné de toute la circonspection qui le peut faire recevoir sans dégoût. M. Scud. Les bienfaits mêmes veulent être assaisonnés par des manières obligeantes. Il faut assaisonner un refus, & le faire goûter peu à peu. Amel. Il assaisonnoit les réprimandes de termes doux & honnêtes. Bouh.

La satyre, en leçons, en nouveautés, fertile,

Sait seule assaisonner le plaisant & l’utile.
Boil.

L’esprit fait grand plaisir, je n’en disconviens pas,
Et si dans nos discours nous cherchons des appas,
Il faut que l’esprit en ordonne ;
Mais j’en fais toujours peu de cas,
Si le bon sens ne l’assaisonne. Des Houl.

Molière dit en style de précieuse, je veux que l’esprit assaisonne la bravoure.

ASSAISONNÉ, ÉE. part. & adj. Conditus. Il a les significations de son verbe dans le propre & dans le figuré.

ASSAKI. s. f. Terme de Relation. C’est le titre que prend la Sultane favorite, ou première maêtresse du Sultan.

☞ ASSANCALÉE. Ville d’Arménie, sur le bord de l’Araxe, à une petite journée d’Erzeron, où sont des bains chauds fort fréquentés.

☞ ASSANCHIUF. Vovez Assenchiuf.

ASSAPANICK. s. m. Petit animal de la Virginie. On dit qu’il vole en étendant ses jambes & sa peau, comme pour en former des ailes. Les Anglois l’appellent Ecureuil volant.

ASSARA BACCARA, ou ASSAROUN. Nom d’une plante que Pline & Dioscoride appellent Nard sauvage. Nous la connoissons sous le nom d’Asarum. Avicenne, au second livre de son canon, dit qu’on apporte cette plante de la Chine ; que sa racine ressemble à celle du gramen, ou chiendent ; mais qu’elle a de l’odeur, & pique la langue quand on la goûte ; que les fleurs qu’elle porte au pied de sa tige, sont de couleur de pourpre, & semblables à celles du bunge, ou jusquiame. On appelle communément cette plante dans les boutiques, Assara Baccara, à cause de quelque ressemblance qu’elle a avec celle qui porte le nom de Baccharis. D’Herb.

ASSARDRE. v.a. Vieux mot. Assaillir. On trouve assarroient, pour assailliroient, & assals, pour assauts.

ASSARON. s. m. Mesure creuse des Hébreux, dans la, quelle ils cueilloient la manne. On l’appelle autrement Gemor, & c’est la dixième partie de l’Epha ; c’est ce qui est même exprimé par le mot Assaron, qui signifie dixième. Dieu avoit fixé à chacun des Israélites un assaron de manne par tête. Exod. XVI, 16.

ASSAS-BASSI. s. m. Terme de Relation. C’est l’un des Capitaines des Baillis des Janissaires, qui marchent à côté du cheval du Grand-Seigneur, lorsqu’il va à quelque cérémonie publique. A. D. S. M.

ASSASINIEN, ENNE. s. m. & f. Assasinius. C’est ainsi qu’on appelle souvent ce peuple dont nous allons parler au mot Assassin. Les Assassiniens possédoient dix ou douze villes autour de Tyr. Ils élisoient leur Roi, qu’ils appeloient le Vieux, ou l’Ancien de la Montagne. L’an 1213 ils assassinèrent Louis de Bavière. Ils étoient Mahométans, & ils payoient quelque tribut aux Templiers. Les fauteurs des Assassiniens furent condamnés au concile de Lyon ; & sous Innocent IV, en 1274, les Tartares les vainquirent, & firent mourir le Vieux de la Montagne en 1257, & depuis, cette faction s’est si fort dissipée, qu’il n’en reste plus de trace. Maty, Hoffman. Voyez Guillaume de Tyr, Liv. XX, Hist. Orient. chap. 31 & 32. Spond à l’an de Jésus-Christ, 1231 & 1257. Quelques-uns croient que ce mot est une corruption de celui d’Arsacides, d’autres que c’est un mot originairement Arabe, comme nous le disons au mot Assassin.

ASSASSIN. s. m. Homme qui tue un autre avec avantage, soit par le nombre de gens qui l’accompagnent, soit par l’inégalité des armes, soit par la situation du lieu, ou en trahison. Meurtrier de guet-à-pens, de dessein formé, & en trahison. Sicarius, percussor. Les assassins sont indignes de jouir de l’asile des églises. Pasc.

Vengeons-nous, j’y consens, mais par d’autres chemins ;
Soyons ses ennemis, & non ses assassins. Rac.

Le nom seul d’assassin m’épouvante & m’arrête. Id.

☞ M. Corneille a employé ce mot au féminin dans la Tragédie de Nicomède. Je ne sais si le mot assassin pris comme substantif féminin, se peut dire ; il est