Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/577

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
553
ASI — ASM

sont Antioche, proche de Daphné, Antioche sur l’Hyppus montagne de la Cœlesyrie, Aradus, Arethuse, Byblis, Cæsarée de Philippe, ou la Panéade, la Capitoliade, Damas, Dor, Ephèse, Laodicée, Lappa ville de Crète, Moca en Arabie, Nicopolis, Perge, Ptolémaïde, Samosate, Séleucie, Sidon, Tyr, & dans Goltzius Gabale, & Thaplaque, &c. Cette qualité d’asile leur avoit été donnée, dit M. Spanheim, à cause des temples qu’elles avoient, & en faveur des Dieux qui y étoient honorés, dont on ne vouloit pas que la religion fut violée. Ce titre étoit une sauvegarde, & empêchoit que ces villes ne fussent pillées, vexées, qu’on n’y fit aucune exaction, &c. Il a été aussi donné à des Divinités. La Diane d’Ephèse est appelée Ἄσυλος. Le camp que formèrent Romulus & Remus, & qui dans la suite devint une ville, fut d’abord appelé asile, & ils y bâtirent un temple au Dieu Asylée, Θεὸς Ἄσυλος.

Asile, se dit aussi de tous les lieux où on est en sureté. Cette forêt, cette caverne lui a servi d’asile. Ils firent emmener leurs femmes & leurs enfans à Carthage, comme dans un asile assuré. Vaug. Il prétendoit trouver un asile contre la persécution de ses ennemis. Ablanc. La solitude est un asile contre les passions. M. Scud.

Asile, se dit figurément de tout ce qui donne secours, ou protection. Tous les pauvres venoient chez lui comme à leur asile, pour implorer son assistance. Les peuples vivent sous l’asile des lois & de la Justice. Il n’y a point d’asile contre la colère de Dieu pour les méchans, Faut-il que les cloîtres les plus reculés ne soient pas des asiles contre vos calomnies ? Pasc. Le Seigneur est mon asile. Port-Royal. La mort est l’asile de la vieillesse. Le savoir sert d’ornement dans la bonne fortune, & d’asile dans la mauvaise. Ablanc.

☞ ASILLE. s. m. asilus, insecte approchant du taon qui tourmente beaucoup & pique vivement les bœufs. C’est pourquoi on appelle ces infectes muscæ boariæ ou buculariæ.

ASIMA. s. m. Asima. Nom d’un Dieu des Samaritains. On ne sait guère quel Dieu c’étoit ; on sait seulement que c’étoit le Dieu des habitans d’Emath. La plupart des Rabbins veulent que ce fût un bouc, & le P. Kirker suit ce sentiment dans Ædip. Ægypt. T. I. Synt. IV. c. 20. C’est-a-dire, qu’on le représentoit sous la figure d’un bouc. R. Elias Levita est d’un autre sentiment ; il veut que ce fût un singe. Voyez le P. Kirker cité, & Selden, de Diis Syr. Synt. II. c. 9. Abenezra, dans sa préface sur Ezra, dit que les Samaritains avoient corrompu le commencement de la Genèse, & qu’ils avoient mis le nom d’Asima au lieu de אלהים Dieu : au commencement Asima créa. C’est une calomnie, comme Drusius, Seldenus, & d’autres l’ont remarqué.

ASINAIRE. Asinarius. Fleuve de Sicile qu’on appelle aujourd’hui Falconara.

ASINAIRES. s. m. pl. ou adj. pris substantivement. Asinaria, orum. Fêtes des Syracusiens, instituées en mémoire de la victoire qu’ils remportèrent sur Nicias & Démosthène, généraux des Athéniens, proche du fleuve Asinaire, d’où cette fête prit son nom.

ASINARIA. Île qu’on nomme par corruption Zanara. Asinari. Major Herculis insula. Elle est sur la côte occidentale de l’île de Sardaigne, entre Castel Arragonèse & Sassari.

ASINE. adj. f. qui ne se dit qu’en cette phrase, bête asine, pour signifier un âne ou une ânesse. On se sert de ce mot au Palais, & dans toutes les procédures de Justice, pour éviter le mot d’âne, qui a quelque chose qui excite la risée quand on le prononce en public.

ASJOGAM. s. m. Arbre d’une grosseur médiocre, de quinze pieds de haut, qui croit dans le royaume de Malabar, aux Indes Orientales. Le jus de ses feuilles mclé avec de la graine de cumin pulvérisée, est, à ce qu’on prétend, un bon remède pour la colique ; & ces mêmes feuilles pulvérisées & prises avec du sucre & du sandal jaune, purifient le sang. Ray, cité par James.

ASIONGABER. Lieu de l’Idumée. Asiongaber. Ce fut, un des campemens des Israélites. Ce lieu étoit sur le bord de la mer-Rouge, sur la côte du golfe Elanique, & près du bourg d’Elana. Soit qu’il fût déjà construit du temps de Moyse, soit qu’on le construisit dans la suite, ce fut un port considérable. Un des Ptolcmées lui donna le nom de Bérénice, qu’il portoit encore du temps de Josephe. Au siècle de S. Jérôme il se nommoit Essia, peut-être par corruption de son premier nom.

ASK

☞ ASKEATON ou ASCHERNE. Petite ville d’Irlande, dans la province de Munster, au comté de Limervick, près du Shannon.

ASKÉPE. s. m. On appeloit à la cour des Empereurs Grecs Asképes, ceux que nous appelerions aujourd’hui Pages de la chambre. Les Asképes étoient de jeunes enfans, qui se tenoient toujours tête nue au palais. Cet usage fut aboli sous Andronique Paléologue le jeune, qui l’avoit établi. Voyez Nicéphore Grégoras, Liv. II.

Asképe, est un mot grec, qui vient de l’α privatif, & de σκέπω, tego, velo.

☞ ASKER-MOKREM. Ville d’Asie, dans la Perse, au pays d’Ahouaz, dans la Chaldée.

☞ ASKERSUND. Petire ville de Suède, dans la province de Néricie, sur le lac Veter.

ASL

ASLANI. s. m. qu’on nomme aussi, mais un peu improprement, Asselani. C’est le daller ou piastre de Hollande, qui a grand cours dans toutes les échelles du Levant. Les Turcs qui nomment un lion Aslani, lui ont donné ce nom à cause ☞ que cette pièce porte pour empreinte la figure d’un lion de chaque côté.

ASLARD. Nom propre d’homme. Voyez Alard.

ASM

ASMÈRE. Ville du Mogolistan, en Asie. Asmera. Elle est dans la province de Bando, près de la source du Padder, & au midi de Bando. Asmère est célèbre par le tombeau d’un Mahométan nommé Hoghe Moudée, que les Mahométans de l’Inde visitent fort.

ASMODÉE, ou ASMEDÉE. s. m. Asmodæus, Afmedæus. Nom que les Juifs donnent au Prince des Démons, ou au Roi des Démons, comme parle la paraphrase chaldaïque sur le ch. A. de l’Ecclésiaste. Rabi Elias Levita, dans son Thisbi, dit que les Rabbins enseignent qu’Asmodée étoit fils de Naama, sœur de Tubalcain, & femme de Sehimron, & qu’elle fut encore mere de plusieurs autres Démons. Il croit aussi qu’Asmodée est le même que Samaël.

Quelques-uns, & entre autres Buxtorf le pere, rapportent ce nom à אשם, ce qui signifie pécher, être ou devenir coupable. Il paroît plus naturel de le tirer de שמד, samad, qui signifie, perdre, ravager, détruire, ד, daleth, à la fin du mot n’est point lettre servile, même en chaldéen, & א l’est au commencement & à la fin. S’il vient d’אשם, Ascham, il faut dire qu’il est composé de ce verbe, & de די, satis, assatim, pour marquer un grand pécheur.

☞ ASMODÉE, est le principal personnage de l’ingénieux roman intitulé le Diable Boiteux.

ASMOÉEN, ÉENNE. s. m. & f. Assamoneus, Asmonæus. C’est un nom que Josephe donne aux Machabées. Ce nom est originairement hébreu, & vient de חשמן, hhschman, qui signifie un Grand, un Prince, un Seigneur. La mere de sept enfans dont le martyre est rapporté au II Livre des Machabées, ch. 7. selon la tradition des Orientaux rapportée par Abulfarage, se nommoit Aschmuna, ou Schamunah. Mais comme je ne sais sur quoi cette tradition est fondée, je m’en tiens à l’étymologie que j’ai rapportée ; ajoutez à cela que ce sont les Princes qui gouvernoient, enfans de Mathathias, & non pas les fils de cette généreuse mère, que Joséphe appelle Asmonéens. Jonathas Machabée, le premier Grand-Pontife de la race des As-