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ARI
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donné, & devroit signifier proprement la production, la génération de l’argent, & non pas la cause de cette génération, ou le sel argentifique. Mais l’Auteur de la droite & vraie manière de produire la Pierre Philosophique, ou le sel argentifique & aurifique, nous dit que telle est sa signification & son usage parmi les Philosophes hermétiques. Il faut l’en croire, comme maître en cet art. La cause efficiente principale de l’argent & de l’or, est l’Argyrogonie, & la Chrysogonie ; & le feu extérieur est la cause qui aide. Id. Chercher l’Argyrogonie. Id.

ARGYROPÉE. s. f. Terme de Philosophie hermétique. L’art de faire de l’argent. Argyropæa. Le but & la fin de l’Argyropée & de la Chrysopée, c’est-à-dire, de l’art de l’argent & de l’or, est de produire l’argent & l’or. Traité Philos. de la triple préparation de l’or & de l’argent.

Ce mot vient d’ἄργυρος, argent, & de ποιέω, je fais.

ARH.

☞ ARHENK. Ville d’Asie, dans le Tocarestan, sur le Gehon, à 102d. de long. & à 37 de lat.

ARHUS, ou ARHUSEN. Ville du Jutland septentrional. Arhusa. Elle est sur la mer Baltique, où elle a un port. La province ou le diocèse d’Arhus est une partie du Jutland septentrional. Arhusiensis diœcesis. Elle a le diocèse d’Alborg au nord, celui de Wiborg au couchant, celui de Rypen du même côté & au midi & le Catégat, ou le Schager-Rack au levant. Arhus en est la capitale.

ARI.

☞ ARIA. alni effigie, folio laniato major. Cette plante croit dans les bois, sur les montagnes, entre les rochers. Elle fleurit en Avril. On lui attribue la propriété d’apaiser la toux, & de faciliter l’expectoration.

ARIADNE, ou ARIANE. Terme de Mythologie. Elle étoit la fille de Minos, Roi de Crète, & de Pasiphaé. Elle donna à Thésée le secret de se tirer du labyrinthe, & le suivit jusqu’à l’île de Naxos, où Thésée l’abandonna. Bacchus l’épousa ensuite, & lui donna une couronne de sept étoiles, qui depuis fut mise dans le ciel ; & c’est la constellation de la Couronne. Elle fut tuée par Diane pour n’avoir point gardé sa virginité. Hésiode dit que Jupiter la rendit immortelle.

ARIADNÉES. s. f. pl. Ἀριαδνέια. Double fête célébrée dans l’Île de Naxos en l’honneur des deux femmes, toutes deux nommées Ariadne. L’une passoit pour être gaie & enjouée d’où vient que dans les solennités dont elle étoit l’objet, on mettoit en usage la musique, & tout ce qui peut inspirer la joie. L’autre au contraire passoit pour triste & chagrine : c’étoit la fille de Minos, Roi de Crète, que le perfide Thésée avoit abandonnée sur le rivage dans l’île de Naxos, où Bacchus l’épousa. L’appareil de cette seconde fête n’inspiroit que la tristeste & le deuil. Pour conserver la mémoire de la douleur qu’avoit ressentie Ariadne prête d’accoucher, lorsque Thésée se sépara d’elle, un jeune homme couché imitoit les cris d’une femme en travail, & feignoit d’en éprouver les douleurs. On dit que ce fut Thésée qui institua cette ridicule coutume, comme une satisfaction due à sa maîtresse après son infidélité. Plutarque, in Thes.

ARIANE. s. f. Ariana. Divinité des anciens Romains, dont il est parlé dans la vie de S. Potit, qui fut martyrisé sous Antonin Pie. Nous ne savons que le nom de cette divinité. Un exemplaire de cette vie, qui avoit été envoyé de Sicile au P. Rosweid, porte Arianus, au lieu d’Ariana qui est dans celui que l’on a imprimé. Bollandus conjecture qu’il faut peut-être lire Adrianus Empereur, prédécesseur d’Antonin, & qui avoit été mis au nombre des Dieux, comme le rapportent Eutrope & les autres Historiens. Voyez Act. SS. Tom. I, pag. 754 & suiv.

ARIANISME. s. m. Arianismus. La plus pernicieuse hérésie qui ait été dans l’Eglise. Arius, qui en a été l’Auteur, vivoit au commencement du quatrième siècle. Il nioit que le verbe fût Dieu & consubstantiel au pere. Il avouoit que ce Verbe étoit la parole de Dieu ; mais cette parole, selon lui, n’étoit pas éternelle, & elle avoit été seulement créée avant toutes les autres créatures. Cette hérésie fut condamnée dans le premier Concile de Nicée, l’an 325 ; mais elle ne fut pas pour cela éteinte. Elle ne devint point, comme on l’a dit dans les précédentes éditions de ce Dictionnaire, la religion dominante, principalement dans l’Orient, où elle s’étendit beaucoup plus que dans l’Occident. Tous nos Controversistes ont démontré que même sous Constantius & Valens, le plus grand nombre des Evêques & des fidèles, tenoient constamment pour la consubstantialité du Fils. Voyez en particulier M. Languet, Evêque de Soissons, & ensuite Archevêque de Sens, dans son second Avertissement. Les Ariens, au temps de S. Grégoire de Nazianze, étoient les maîtres de la ville capitale de l’Empire. Ils reprochoient fièrement aux Orthodoxes le petit nombre de leurs sectateurs. C’est ce que nous apprenons de ce saint Evêque, qui commence sa vingt-cinquième Oraison contre les Ariens par ces paroles : Où sont ceux qui nous reprochent notre pauvreté, & qui sont insolens de leurs richesses, qui définissent l’Eglise par la multitude du peuple, & qui méprisent le petit troupeau, qui mesurent de plus La Divinité, & mesurent le peuple à la balance ? Il est à propos de remarquer que S. Grégoire ne dit point ces paroles comme son sentiment. Ce sont les paroles des Ariens qu’il rapporte, & qu’il leur reproche, aussi-bien que leurs autres excès, dont il fait un long détail.

Les Ariens le répandirent aussi en Afrique sous les Vandales, & en Europe sous les Goths. L’Italie, les Gaules, l’Espagne, furent infectées de cette hérésie pendant quelque temps. Mais enfin après avoir dominé avec beaucoup d’éclat environ 300 ans, elle tomba tout-à-coup. Erasme, qui la regardait comme une hérésie éteinte entièrement, sembloit vouloir la faire revivre au commencement du seizième siècle, dans ses notes sur le nouveau Testament. Aussi ses adversaires lui ont-ils reproché qu’il avoit appuyé de toute sa force les erreurs impies des Ariens. Il se justifia assez mal, en leur répondant, qu’il n’y avoit point d’hérésie qui fût plus éteinte que celle des Ariens : Nulla hæresis magis extincta quàm Arianorum. Servet & Socin n’avoient point encore paru dans le monde, quand il parloit de la sorte.

Michel Servet, Espagnol de nation, que Calvin fit brûler à Genève, publia en 1531, un petit livre contre le mystère de la Trinité, qui a donné occasion au renouvellement de cette hérésie dans l’Occident. Il est cependant plutôt Photinien qu’Arien ; mais il se sert des mêmes passages de l’Ecriture, & des mêmes raisons que les Ariens, pour combattre la divinité du Fils. Il ne reconnoit pour véritable Dieu que le Pere. Servet n’a eu à la vérité aucuns disciples : mais il se trouva un parti de nouveaux réformés dans Genève, qui établit un système d’Arianisme beaucoup plus subtil que le sien, & qui embarrassa fort Calvin, qui étoit alors le patriarche de Genève. Ces nouveaux Ariens allèrent s’établir en Pologne, où ils firent quelques progrès. M. Stoupp, parlant de ces nouveaux Ariens, dans sa troisième lettre, les distingue des Sociniens. Il y en a, dit-il, plusieurs en ce pays-ci, c’est-à-dire, en Hollande, où il étoit alors, & plusieurs des Sociniens embrassent leurs opinions. Christophorus Sandius, gentilhomme Polonois, fils d’un conseiller de l’Electeur de Brandebourg, a rétabli la secte des Ariens en ce pays. Il demeure à Amsterdam depuis peu d’années. Il a fait entr’autres deux livres, dont l’un a pour titre, les Interprétations paradoxes des quatre Evangélistes ; l’autre est une Histoire Ecclésiastique, dans laquelle il prétend prouver, que tous les Docteurs qu’on appelle Peres de l’Eglise, qui ont vécu depuis les Apôtres jusqu’à Arius, ont eu les mêmes sentimens que lui touchant le mystère de la Trinité.

M. Stoupp, qui écrivoit cette lettre d’Utrecht en 1673, connoissoit plusieurs de ces nouveaux Ariens, qui avoient abandonné les sentimens de Socin, comme