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ARC

Arcs doubleaux. Terme d’Architecture. Transvoluti arcus. Dira-t-il que ces arcs doubleaux, peut-être de 40, 50 ou 60 pieds de diamètre, qui étoient déjà en voûte, pussent, en suivant la rondeur de la tour qu’ils portoient, & en se détournant ainsi de l’aplomb, soutenir un si prodigieux fardeau ? Cordem. L’arc doubleau est une arcade en saillie sur la doële d’une voûte, qu’elle traverse à angle droit, desorte qu’elle lui fait en cet endroit une espèce de doublière, soit pour la renforcer, soit pour cacher quelque arrête de rencontre, comme aux voûtes gothiques, ou pour faire une liaison d’un pilastre, ou d’une perche à son opposée. Frézier. Voyez encore Ogive, ou Augive.

Un arc droit en Architecture, est celui dont la corde est perpendiculaire au joint du lit d’une voûte, lorsque ce joint est droit, ou à sa tangente au point de rencontre, lorsqu’il est courbe ; c’est ainsi que l’entend le P. Deran, qui confond l’arc droit avec le biveau. Mais, pour mieux expliquer ce mot, l’arc droit proprement dit, est la section d’une voûte, perpendiculairement à son axe & à ses côtés, ou aux tangentes à ses côtés. D’où il suit, 1.o Qu’il n’y a point d’arc droit proprement dit aux voûtes coniques, parce qu’un plan ne peut être perpendiculaire à leurs axes & à leurs côtés qui sont convergens : 2.o Qu’il y a des arcs droits aux voûtes sphériques, parce que leurs tangentes sont parallèles à leurs diamètres : 3.o Qu’il y a aussi des arcs droits dans les annulaires & dans les vis, où les tangentes sont perpendiculaires à leur diamètre, parce que la tangente du côté est parallèle à celle de leur axe courbe dans la section perpendiculaire à cette tangente. Frézier.

Arc-en-ciel. Iris, arcus cœlestis. C’est un tissu de plusieurs couleurs disposées en arc, bande, ou écharpe, qui paroît dans une nuée pluvieuse : ce qui arrive lorsque le soleil n’est pas beaucoup élevé sur l’horizon, dans la partie du ciel qui lui est opposée. On l’appelle autrement Iris. Il a au pluriel arc-en-ciels. Les Américains adoroient l’arc-en ciel, au rapport d’Acosta. L’arc-en-ciel ne paroît qu’avant ou après la pluie. On voit quelquefois un double ou triple arc-en-ciel ; mais les deux derniers sont plus imparfaits, moins vivement colorés, & de moindre étendue. ☞ Les couleurs sont renversées dans les deux arcs. Celles de l’arc principal, c’est-à-dire, celui qui est intérieur, en prenant du dedans en dehors, sont dans l’ordre suivant ; violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge. Elles sont arrangées au contraire dans l’arc extérieur, ou second arc, rouge orangé ; & ont la même apparence dans les jets d’eau des fontaines, dans les bouteilles pleines d’eau, & dans les verres prismatiques ou triangulaires, qui s’appellent aussi Iris. On prétend que l’arc-en-ciel n’est qu’un effet de la réfraction des rayons du soleil, laquelle se fait au travers des gouttes sphériques d’eau dont l’air est rempli, & qui sont tout-à-fait transparentes. Roh. Tous les Philosophes conviennent que le soleil éclairant d’un côté, & de l’autre la nue composée de gouttes d’eau en forme de rosée, est la cause de l’arc-en-ciel. Ceux qui tiennent pour les atômes, disent que les rayons du soleil frappant les angles de toutes les particules dont la nue est composée, ils sont réfléchis & renvoyés de tous côtés à l’œil. Mais à l’égard du nombre de ces angles, & de la manière dont les rayons sont réfléchis, ils répondent que telle est la nature des rayons du soleil, & des corpuscules aqueux répandus dans l’air, qu’une telle variété de couleurs soit produite par une telle situation. Bern. Les raisons en sont fort bien expliquées par M. Descartes. La lune forme aussi quelquefois un arc-en-ciel. Il est blanc, ou du moins ses couleurs sont si foibles qu’elles paroissent blanches. Aristote dit, qu’on ne l’avoit point remarqué avant lui, & qu’on ne l’apperçoit qu’à la pleine lune. Le Docteur Salomon Braun a observé un arc-en-ciel lunaire, le quatrième jour après la pleine lune d’Octobre en 1671. Dans les nouvelles de la république des lettres, il est parlé d’un arc-en-ciel qui parut à Mastricht en 1684, qui consistoit en des nuages droits & perpendiculaires comme de longues colonnes qui étaient transparentes, & avoient une disposition de couleurs toute contraire aux ordres de ce météore. Mentzélius dit, qu’il a vu des arc-en-ciels tout blancs en plein jour. M. Mariote, dans son quatrième essai de Physique, dit, que ces arc-en ciels sans couleurs se forment dans les brouillards, comme les autres se forment dans la pluie, & il assure en avoir vu par diverses fois, tant le matin après le lever du soleil, que la nuit à la lune. Enfin, il attribue ce défaut de couleurs à la petitesse des vapeurs imperceptibles qui composent les brouillards. Voyez Aristote, Descartes, Gassendi, Regis, Rohault, de la Chambre, &c. dans leurs Traités des météores.

M. de la Chambre écrit toujours arcanciel, pour arc-en-ciel, comme si ce mot n’étoit pas composé de ces trois-ci, arc en ciel ; c’est-à-dire, arc qui est, ou qui paroît dans le ciel.

Catherine de Médicis avoit pour devise un arc-en-ciel, avec cet hémistiche grec ΦΩΣ ΦΕΡΕΙ ΗΔΕ ΓΑΛΗΝΗΝ, elle apporte la lumière & la sérénité.

Arc-en-ciel, au figuré, est en termes de l’Ecriture, un signe d’alliance entre Dieu & les hommes, par lequel il leur a promis de ne leur plus envoyer le déluge. Arcus fæderis.

Arc. L’arc, ou Lar. Petite rivière de Provence. Arcus Luris, Larius. Elle a sa source près de Fourrières, passe à Aix, & se décharge dans la mer de Martigue, à Berre.

Arc, est aussi le nom d’une rivière de Savoie. Arcus. Elle sort du Mont Cénis au septentrion, vers les confins du duché d’Aouste. Elle traverse le Comté de Morienne & la Chambre, & se jette dans l’Isère, à quelque lieues au-dessous de Montmélian. Elle forme par son cours un arc, qui probablement lui a donné son nom.

Arc-en-Barois. Petite ville de France, en Bourgogne, sur la petite rivière d’Anjou, à quatorze lieues de Dijon, & à cinq lieues & demie de Langres.

Arc (Jeanne d’). Voyez Pucelle d’Orléans. Vaucouleurs, Dom-Remi.

ARCACHON. Golfe de la mer de Gascogne. Sinus Arcassonius. Il est entre l’embouchure de la Garonne & celle de l’Adour, au couchant de Bordeaux. C’est dans les villages qui sont autour de ce bassin, que se fait le plus grand négoce du bray, qui se tire des landes de Bordeaux.

Le Cap d’Arcachon. Promontorium Arcassonium. Il est près du golfe de même nom.

ARCADE. s. f. Voûte courbée en arc. Fornix. ☞ On le dit généralement de toutes les couvertures en arc. Les arcades d’un bâtiment. Les arcades de la place royale. Les arcades d’un berceau.

Une arcade feinte, est un enfoncement cintré de certaine profondeur, qui se fait dans un mur, ou pour répondre à une arcade percée, qui lui est opposée, ou parallèle, ou seulement pour la décoration d’un mur orbe.

Arcade en jardinage, se dit d’une palissade formant une grande ouverture cintrée par le haut, qui peut être percée jusqu’en bas, ou être arrêtée sur une banquette de charmille.

Arcade, en serrurerie, est dans les balcons ou rampes d’escalier, la partie qui forme un fer à cheval, & qui leur fait donner le nom de rampes en arcade, ou de balcons en arcade.

Arcade. Terme de Talonnier. C’est le dessous d’un talon de bois coupé en arc. Arcade de talon bien faite.

Arcade. Terme de Lunettier. C’est la partie de la châsse de la lunette où l’on met le nez. Cette arcade me serre trop le nez, elle est trop petite.

Arcade en Anatomie. Ce mot s’applique de même aux parties figurées en arc. Arcade sourcillière. C’est le contour formé par l’orbite.

Arcade. s. m. Nom d’homme. Arcadius. Arcade, fils aîné de Théodose le Grand, naquit en Espagne, vers