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à se former lorsque la séve est peu abondante, & souvent quand la saison est encore froide, a vers son origine ses nœuds plus près les uns des autres, que ceux qui se forment dans le temps que la séve est très-abondante. Quand les feuilles sont parvenues à leur grandeur, & quand la séve diminue, alors les nœuds deviennent plus serrés à l’extrémité des sarmens. Cette observation de M. Hales sur les nœuds de la vigne, a son application aux feuilles & aux boutons des autres arbres. Ainsi tout ce qui peut rallentir l’endurcissement, est favorable à l’extension des bourgeons. De-là vient que les branches gourmandes, qui tirent une grande quantité de séve, sont beaucoup plus longues que les autres, que les arbres plantés dans des terrains humides font de plus grandes pousses, que ceux qui sont placés dans des terrains secs. Les années pluvieuses sont, par la même raison, favorables à l’extension des bourgeons.

Arbres de délit, abougris, broutés, avortés, recepés, encroués, arbres chablis, bailliveaux, arbres d’entrée, en étant, gisant.

Ces mots qui sont usités dans le commerce des bois, sont expliqués à leur ordre, au mot Bois.

Arbre de brin, parmi les Charpentiers, est un arbre de belle venue, & dont la tige est haute & droite, tels que sont ceux dont on fait les poutres, les sablières, les mâts, &c. Arbor recta, proceraque. Parmi les mêmes on dit un arbre d’un beau brin ; pour dire, un arbre droit, de belle venue, & assez gros dans son espèce.

Arbre conifére, c’est celui dont le fruit est de figure conique, comme le pepin, le sapin, le picéa, la mélèse. Arbor conifera, ou resinifera ; c’est-à-dire, portant de la résine. On leur donne aussi ce nom, parce que les arbres coniféres sont presque tous couverts d’une écorce remplie de résine.

Arbres de lisière, en termes des Eaux & Forêts, sont des arbres qu’on laisse dans les ventes & coupes de bois entre deux pieds corniers, pour servir de parois & de bornes à la coupe qui est permise. Arbores limitanes. ☞ On a étendu ce terme, car on dit faire des réserves en lisières, pour dire, qu’on réserve une étendue de bois qui a beaucoup de longueur & peu de largeur.

Arbres a laïe, ou Arbres de repeuplée. Ce sont des jeunes plants qu’on laisse pour repeupler les taillis, lorsqu’on en fait coupe. Arbor proletaria, subsidiaria.

Arbre retenu, en termes d’Eaux & Forêts. Arbre marqué du marteau du Roi & de celui du Grand-Maître, pour être conservé dans les ventes, lors de leur exploitation par les marchands adjudicataires.

Arbre en état, est un arbre qui est encore sur pied. Voyez Bois.

Ovide Montalban a écrit trois volumes des arbres, qu’il nomme Dendrologie, qu’il a mis à la suite de l’histoire naturelle d’Ulysse Aldrovandus, dont les six premiers volumes contiennent celle des oiseaux, des animaux terrestres, des poissons, des insectes, & des métaux. Jonston a fait aussi une Dendrologie. Ces ouvrages sont des compilations de tout ce qu’ils ont trouvé dans les Auteurs qui les avoient précédés. La rareté de ces livres fait une partie de leur mérite. Pour les arbres des Indes occidentales, Voyez le P. d’Acosta, Liv. IV de l’Hist. des Indes, ch. 16, & suiv. jusqu’au 32. Et pour ceux des Antilles, l’Histoire naturelle des Antilles de Lonvillers de Poincy, imprimée à Amsterdam in-4o. en 1658, & celle du P. du Tertre, & les plantes de l’Amérique du P. Plumier, Minime.

Il y a des arbres si gros en la province de Nicaragua, qu’à peine quinze hommes les peuvent embrasser. Le P. d’Acosta Jésuite, Liv. IV de l’Histoire des Indes, ch. 3, rapporte qu’à Tlacocharaye, à trois lieues de Gauxa, dans la nouvelle Espagne, il y en a un qui est creux, & qui en dedans a neuf brasses de tour proche de la terre, & en dehors proche de la racine seize brasses, & douze plus haut, & qu’il peut contenir mille personnes sous son ombre ; & que c’est sous cet arbre que les Barbares s’assembloient pour leurs superstitions, & qu’ils faisoient leurs mitotes ou danses autour de leurs idoles. Herrera parle d’un autre, que seize hommes ne purent embrasser en se tenant par les mains. Le P. Kirker, dans son Latium, p. 50, dit qu’il a vu proche de Gonzano un arbre si gros, qu’une famille entière de ving-cinq personnes pouvoit tenir dans sa cavité. Le peuple dit que c’est Auguste qui l’a planté. Rai, dans son Hist. des plantes, p. 43, fait mention de plusieurs arbres d’une grosseur extraordinaire.

Il y a aux Indes de fort grandes forêts qui sont composées d’un seul arbre, dont les branches tombent jusqu’à terre, y prennent racine, & repoussent de nouveaux arbres. Le figuier admirable & le palétuvier sont de cette espèce. Il y a des arbres au Pérou, dont une partie des branches produit des fruits pendant la moitié de l’année, & l’autre partie pendant l’autre moitié. Il y a aux Antilles des arbres de mer, qui naissent dans les bancs des rochers, & qui sont glacés de salpetre, qui les rend tout blancs. Quelques uns les prennent pour une espèce de corail. Lonvillers. De tous les arbres qui croissent dans la Chine, celui qui porte le suif est, à mon sens, le plus admirable. P. Le Comte. Voyez Suif.

Les arbres ont servi autrefois à l’idolâtrie. On plaçoit les Idoles sous des arbres, qui leur faisoient une espèce de temple ; & si les Anciens, dit Pline, ont adoré des arbres, ce n’est que parce qu’ils les regardoient comme les temples de quelque Divinité. Cette idée est très-ancienne, & a été très-commune. Voyez Osée IV, 13. Ezech VI, 13, & Deut. XVI, 21, où Dieu, à cause des abus de l’idolâtrie, défend de planter des arbres proche des autels, ou d’ériger des autels sous des arbres : Loi que les Hébreux violerent si souvent. Encore aujourd’hui dans l’Indes les Brames placent ordinairement leur idole sous des arbres, & dans de petits bouquets de bois toufus. Voyez de la Crequinière, Voyage des Indes, Art. V. p. 51. Chez les Anciens, les Dieux avoient chacun un ou plusieurs arbres qui leur étoient consacrés ; Jupiter, le chêne ; Venus, le myrte ; Apollon, le Laurier ; Cybèle, le pin ; Hercule, le peuplier ; Minerve, l’olivier ; Bacchus, la vigne & le lierre, &c.

Un arbre a servi de corps à bien des devises. Un arbre renversé, avec ce mot, Uno decidit ictu, il est tombé au premier coup, marque la petitesse d’esprit & de courage dans un homme que le moindre revers abat. Au contraire, avec celui-ci, Non uno decidit ictu, il marque la fermeté de courage. Augustin Barbarigo, Doge de Venise, pour marquer que les charges dont il étoit revêtu, abrégeoient sa vie, prit pour devise un arbre chargé de fruits, avec ce mot, Copia me perdit. D’autres ont mis un arbre renversé sous le poids des fruits dont il étoit chargé, avec ces mots, Sternit ubertas ; ou bien celui-ci de Martial, Pondere victa suo. Pour marquer que la chûte des grands hommes en perd beaucoup d’autres, un grand arbre, qui en tombant abat tout ce qu’il trouve autour de lui, avec ce mot de Catule, Cominùs omnia frangit. Pour une ancienne famille, un vieux arbre, Durando sæcula vincit, Virgile, Georg. 2. Un Académicien de Boulogne, appelé l’Inculto, prenoit pour devise un arbrisseau inculte, avec ce mot de Virgile, Sponte suâ, pour donner à entendre que ses ouvrages étoient tout de lui, sans le secours ni le conseil d’aucun autre. Pour un jeune homme dont les belles qualités donnent de l’espérance, des caractères ou figures écrites sur l’écorce d’un arbre, Crescent dum crescet, elles croîtront avec lui. Un arbre coupé par le pied, avec ces mots italiens, A piû bell’ opre, pour de plus beaux ouvrages, est la devise d’un Académicien des Errans de Bresse. Pour un homme de fortune, qui n’oublie point sa première bassesse, un grand arbre, & ce mot, Virga fui.

On dit l’arbre de la Croix, où Jésus-Christ a été attaché. Arbor crucis. L’arbre de vie. Arbor vitæ.

Arbre planté au milieu du Paradis, dont le fruit auroit eu la vertu de conserver la vie à Adam, s’il avoir obéi aux ordres de Dieu.

Arbre de la science, du bien & du mal. Arbor scientiæ boni & mali. Arbre que Dieu avoit planté au milieu