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souveraine à d’autres qu’à ceux que le Roi a choisis pour juger à sa place. Voyez Rebuffe sur les Ordonnances, Tit. de Arbit. & les Ordonnances de 1667, 1673, &c.

Justinien a généralement défendu de prendre une femme pour Arbitre, parce que ces sortes d’emplois ne conviennent pas à son sexe. Le Droit Canon a excepté les femmes d’une qualité éminente, ou qui ont quelque autorité sur les personnes qui ont compromis sur elles. Le Pape Alexandre III, confirma une sentence arbitrale, rendue par une Reine de France, même dans un cas où il s’agissoit du temporel de l’Eglise. Les arbitres sont obligés de rendre leur jugement dans le temps qui leur est limité, & de ne point excéder les bornes du pouvoir qui leur est prescrit par le compromis. De Launay. Les arbitres compromissaires sont tenus de juger à la rigueur, quand cela est stipulé par le compromis : mais si les parties les ont autorisés à prononcer selon la bonne foi, & selon l’équité naturelle, sans les astreindre à la rigueur de la loi, alors ils ont la liberté de retrancher quelque chose du bon droit de l’une des parties, pour l’accorder à l’autre, & de prendre un milieu équitable entre la bonne foi, & l’extrême rigueur. Id.

Arbitre, se dit figurément de celui qui est maître absolu. Summus Arbiter. Le Roi est l’arbitre de toute l’Europe, il est l’arbitre de la paix & de la guerre. Un amant dit que sa maîtresse est l’arbitre de son sort. Dieu est l’arbitre du genre humain. Il est devenu l’arbitre de la mort des citoyens. Vaug. Etre libre, c’est être seul arbitre de ce que l’on fera, ou de ce que l’on ne fera pas. La Bruy. Le Père du Cerceau dit en s’adressant aux Parques.

Arbitres du destin, Divinités terribles,
Accordez à nos vœux des jours doux & paisibles.

ARBITRER. v. Terme de Palais. Liquider, estimer une chose en gros, & sans entrer dans un détail particulier. ☞ Summatim estimare. On a arbitré le dommage à tant, c’est-à-dire, évalué en gros.

☞ C’est aussi estimer, décider, régler en qualité d’arbitre ou de Juge. Æstimare, arbitrari, arbitrare. Dans certains cas, c’est au juge à arbitrer l’amende. Les juges ont arbitré les dépens, dommages & intérêts, à telle somme. Les Experts ont arbitré les réparations ou dégradations de cette maison à tant. Il falloit arbitrer les pensions des Religieux, qui ne pouvoient prendre la réforme. Patru.

ARBITRÉ, ÉE. part. Æstimatus.

Si l’on en croit Guichard, de רוב, Rub. litigare, disceptare, contendere, & ריב, rib, contentio, disceptatio, &c. ραϐεύω en grec a été dérivé, comme de βραϐεύω, redoublant cette radicale ב ou bien la préposant comme on fait de ρόδον, βρόδον, rose βραϐεύω, signifiant, dijudico, constituto, arbitror, βραϐευτὴς, arbiter ; & il lui semble même que préposant a à ces radicales, de רוב, rub, quasi arub, arbiter ait été dérivé en latin.

ARBO, ARBOGEN. Ville de Westmanie en Suède. Arboga, Arbogia. Elle est aux confins de la Néricie & de la Sudermanie, sur la petite rivière d’Arbon, un peu au-dessus de son embouchure dans le lac Méler.

ARBOIS. Petite ville de la Franche-Comté en France. Arborosa. Elle est sur la rivière de Laustine, entre Salins & Poligny. ☞ Les vins blancs d’Arbois sont connus.

La Bulle d’Arbois est une fameuse Charte donnée par l’Empereur Frédéric à l’église de Lyon. Cet acte fut dressé à Arbois le 18 Novembre 1157. Il se garde dans les archives de l’église de Lyon. Quoiqu’il n’y ait pas un terme que les différens intérêts des personnes qui l’ont interprété, n’ait fait expliquer fort différemment, on y voit toujours que Frédéric y dit avoir donné pleinement à Héraclius, Archevêque de Lyon, l’investiture de tout le corps de la communauté de l’église de Lyon, & de toutes les régales établies au-dedans & au-dehors dans l’étendue de l’archevêché, selon que l’église de Lyon sembloit en avoir joui anciennement, & s’y être maintenue jusqu’au temps présent, & il la donne non-seulement à Héraclius, mais à tous ses successeurs à perpétuité ; & le fait Exarque de la cour du royaume de Bourgogne, le chef suprême de son conseil, & le premier dans toutes ses affaires & expéditions. P. F. H. D. l’E. G. L. XXVI.

ARBOLADE. s. f. Terme de Cuisine. C’est un ragoût qui se fait avec un peu de beurre, de la crème, des jaunes d’œufs, du jus de poires, du sucre, & fort peu de sel. Cuis. Franç.

ARBON. Petite ville du Turgaw, en Suisse. Arbona. Arbor felix. Elle est sur le lac de Constance, au septentrion de la ville de S. Gal.

Arbon, est aussi le nom d’une rivière de la Morée, Arbona, anciennement Asopes. Elle arrose la Sacanie, & se décharge dans la mer, vers le fond du golfe de Lépante, entre les villes de Lastrocari & de Vasilica.

☞ ARBORER. v. a. Planter quelque chose haut & droit à la manière des arbres. Figere, defigere. Arborer les enseignes. Arborer la croix. Arborer les drapeaux sur la brèche. Il a arboré l’étendard de la Croix dans les pays infidèles. Ils arborèrent l’étendard de France, & implorèrent le secours du Roi. Hist. de Louis XIV.

Pasquier dit que c’est l’Amiral de Châtillon qui a le premier introduit cette façon de parler, lorsqu’il exerçoit la charge de Colonel de l’infanterie. ☞ Corneille dans le Cid, a dit arborer des Lauriers. Ce n’est pas, dit M. de Voltaire, les mettre en terre pour les faire croître, les planter : mais comme on coupoit des branches de laurier, en l’honneur des vainqueurs, c’étoit les arborer, que de les porter en triomphe, les montrer de loin, comme si c’étoient des arbres véritables. Ces figures ne sont-elles pas permises dans la poësie ? Corneille avoit été repris par Scudery & par MM. de l’Académie, avec raison, dit Ménage : car on ne dit point arborer un arbre : le mot d’arborer ne se prenant que pour les choses que l’on plante figurément en façon d’arbres, comme arborer un étendard.

On dit aussi en termes de Marine, arborer le pavillon ; pour dire, montrer & déployer le pavillon, ensorte qu’il puisse voltiger au gré du vent. Arborer le pavillon de France.

Arborer, signifie aussi, dresser, élever un mât. Malum erigere. Et au contraire, désarborer, c’est l’abattre & le couper. Le mât de hune est arboré sur le grand mât.

Arborer, se dit aussi au figuré, pour se déclarer ouvertement pour quelque parti. Il a arboré le Quiétisme. Il a arboré l’impiété. Profiteri.

ARBORÉ, ÉE. parr. Fixus, defixus, erectus. Ces mots viennent du latin arbor.

ARBORIBONZE. s. m. Les Arboribonzes sont une espèce de Prêtres du Japon, toujours errans & vagabonds, & ne vivant que des aumônes qu’on leur fait. Ils se retirent dans des cavernes. Leurs bonnets sont d’un tissu d’écorce d’arbres, dont la figure est en pointe, d’où sort une espèce d’aigrette fait de crin, ou de poil de chèvre. Leur ceinture qui fait deux tours, est d’une étoffe fort grossière. Leur robe de dessus est fort courte avec des demi manches, & n’est d’ordinaire que de coton ; celle de dessous est de peau de bouc, & de quatre ou cinq doigts plus longue. Ils ont une corde à la ceinture, où pend un gobelet, qu’ils tiennent d’une main en marchant, & de l’autre un bâton d’un arbre sauvage, nommé Soutan, dont le fruit ressemble à nos nèfles. Ils ont pour chaussures des sandales attachées aux pieds avec des courroies, & garnies de quatre fers, qui ne font guère moins de bruit que ceux des chevaux. Leurs barbes & leurs cheveux sont si sales, & si mal peignés, qu’on ne les peut voir sans horreur. Les Arboribonzes se mêlent de conjurer le Démon, mais ne commencent à le faire qu’à trente ans. Ambass. au Japon, P. 1, p. 89 & 90.

ARBORIQUE. s. m. Arboricus. Nom de Nation. Entre les peuples qui habitoient entre Tournai & le Vahal, les plus considérables étoient les Arboriques. Ils étoient