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des flèches des Sauvages de l’Amérique étoient faits autrefois d’un gros os d’orignac, qu’ils appointissoient avec des roches. Les François leur en ont porté de fer. Denys, Descript de L’Amer. Sept. P. I. c. 2.

APPOLTRONNER. v. a. Rendre poltron. Daubigné, T. III, Liv. 3, ch. 23, parlant des satyres que les Ligueurs répandoient contre Henri IV, dit qu’on ne pouvoit lui reprocher aucune imperfection que nature n’avouât. Ce qui étoit tacitement reprocher à ses ennemis, que plusieurs d’entre eux étoient adonnés à certains vices que nature abhorre & qui appoltronnent. M. le Duchat à la marge de la p. 184 de la Sat. Mén. in-8o. S’appoltronner, s’accagnarder, devenir poltron, est dans Cotgrave. Nicot range sous le mot poltron le verbe poltroniser, que Cotgrave a mis aussi dans son Dictionnaire, & que Monet explique dans le sien par faire le poltron : se comporter en poltron. Ignaviter agere.

☞ APPONDURE. s. f. Terme de Rivière, dont on se sert dans la composition d’un train. C’est une portion de perche employée pour fortifier le chantier quand il est trop foible. Encyc.

APPORT. s. m. Lieu public, espèce de marché où s’assemblent les Marchands de denrées, & portent des marchandises pour vendre. Locus mercatoribus frequens celeber. A Paris il y a deux Apports ; l’Apport Baudoyer vers saint Gervais, & l’Apport de Paris au Grand Châtelet. Le peuple par corruption les appelle porte Baudets, & porte de Paris. A la campagne on appelle Apport, le concours du peuple ou des marchands qui viennent des lieux d’alentour à la fête d’un Patron de village, ou d’une petite ville.

Apport, en termes de Palais, est un acte que l’on donne à celui qui dépose un écrit. Scheda depositi, ou Commissi instrumenti testis. Par exemple, un particulier a un écrit sous seing privé, auquel il veut donner une date certaine. Il le porte chez un Notaire ; cet acte contient que le particulier N. demeurant… est comparu tel jour, a déposé & mis ès mains de N. l’un des Notaires soussignés l’original de… pour le garder & mettre au rang de ses minutes, & en délivrer des expéditions à qui il appartiendra, dont acte. La partie signe la minute de l’acte, étant ensuite de l’original, qui demeure au Notaire.

Apport de sac, ou des pièces. C’est la remise faite au Greffe d’une Cour supérieure, en conséquence de son ordonnance, des pièces d’un procès instruit par des Juges inférieurs dont la juridiction ressortit à cette Cour. L’acte que délivre le Greffier, s’appelle Acte d’Apport.

Apport, dans la coutume de Rheims, signifie tous les biens, meubles & immeubles ; que la femme contractant mariage apporte à son mari : plus tous les biens qui lui sont avenus par succession depuis le mariage contracté : enfin les dons de nôces que le futur époux ou les parens donnent à la future épouse avant la célébration & solennité des épousailles. Ragueau. En Auvergne, apports sont des rentes, des revenus. Apport est relatif à la chose qui produit des fruits, & peut-être aussi à celui qui doit ; au lieu que le revenu est relatif à celui qui retire du profit d’une chose, ou à celui à qui il est . Id.

APPORTAGE. s. m. Peine & salaire de celui qui apporte quelque fardeau. Avectionis, convectionis pretium, merces. ☞ Il vous en coûtera l’apportage de vos fagots. Terme usité sur les ports.

APPORTER. v. a. Prendre une chose dans un lieu pour la mettre dans un autre. ☞ Porter une chose d’un lieu plus ou moins éloigné, au lieu où est la personne qui parle, ou dont on parle. Afferre, apportare. Apportez ici ce paquet. Apportez-moi cette bouteille.

☞ Porter, dit, M. l’Abbé Girard, n’a précisément rapport qu’au fardeau. Apporter renferme l’idée du fardeau & celle du lieu où l’on le porte. Transporter a non-seulement rapport au fardeau & au lieu où l’on doit le porter ; mais encore à l’endroit d’où on le prend. Emporter, enchérit par-dessus toutes ces idées, en y ajoutant une attribution de propriété à l’égard de la chose dont on se charge.

☞ Nous faisons porter ce que, par foiblesse ou par bienséance, nous ne pouvons porter nous mêmes. Nous ordonnons qu’on nous apporte ce que nous souhaitons avoir. Nous faisons transporter ce que nous voulons changer de place. Nous permettons d’emporter ce que nous laissons, ou donnons aux autres.

☞ Les Crocheteurs portent les fardeaux dont on les charge. Les domestiques apportent ce que leurs Maîtres les envoyent chercher. Les Voituriers transportent les marchandises que les Commerçans envoyent d’une Ville dans une autre. Les voleurs emportent ce qu’ils ont pris.

Apporter, se dit aussi des choses que l’on amène, que l’on conduit. Ce vaisseau a apporté des Indes plusieurs marchandises. Les Courtiers apportent des lettres. Les torrens apportent beaucoup de sable & de fange dans les vallées.

Apporter, se dit figurément en choses morales, & signifie, 1.o Venir dire : on nous apporta hier les nouvelles de la perte de la bataille. 2.o Alléguer : apportera-t-il son âge pour excuse ? Apporter de mauvaises raisons pour se défendre. Ablanc. Cet Avocat a apporté plusieurs lois & autorités pour la défense de sa cause. Il signifie, 3.o être la cause de quelque chose : cette prise apportera de la honte aux vainqueurs. Id. Les dissentions publiques apportent de grands malheurs. Il faut tâcher de regagner dans la vieillesse, par un mérite solide, ce que l’on perd par le dégoût que l’âge apporte. S. Evr.

☞ Il signifie aussi employer. Apporter beaucoup de précaution, des facilités, des tempérances dans une affaire. Adhibere.

On dit proverbialement, bien venu celui qui apporte, on sous-entend des présens.

On dit d’une femme, qu’elle a apporté beaucoup de bien en mariage, pour dire, qu’elle a eu beaucoup de bien en mariage. Acad. Fr.

APPORTÉ, ÉE. part.

APPOSER. v. a. Terme de pratique. Appliquer une chose sur une autre. Apponere. Une adjudication seroit nulle, si on n’avoit apposé des affiches aux lieux nécessaires. On appose des sauvesgardes sur les portes des maisons. Apposer le sceau, le scellé. Obsignare. Un Commissaire n’est point paresseux, quand il faut apposer un scellé en quelque lieu. Dans les provinces, ce sont les Juges qui apposent eux même le scellé. Le Procureur du Roi peut faire apposer le scellé sur les biens d’une personne morte, pour la conservation des droits des héritiers mineurs, ou absens. Les créanciers d’un débiteur absent, ou d’un banqueroutier, peuvent faire apposer le scellé chez lui. Pour faire une saisie réelle, il faut apposer des brandons & panonceaux.

On dit apposer une condition à un contrat, à un traité, apposer une clause extraordinaire à un contrat, pour dire y mettre, y insérer une condition. Acad. Franç.

APPOSÉ, ÉE. part. Appositus.

APPOSITION. s. f. Action d’apposer une chose sur une autre. Appositio. Le scellé se fait par apposition d’un sceau public sur les coffres & serrures d’une maison. Consignatio. On ferme les lettres par l’apposition d’un cachet. On dit aussi l’Apposition des affiches & des écriteaux, &c.

Apposition, se dit aussi en Physique des corps qui prennent leur accroissement par la jonction des parties de même espèce que celles dont ils sont composés. On croit que la plûpart des minéraux se forment par apposition des parties qui se joignent & s’attachent ensemble.

Apposition. Terme de Grammaire. C’est une figure qui consiste à mettre deux ou plusieurs substantifs de suite au même cas, sans conjonction. Par exemple, Flandre, théâtre sanglant où se passent tant de scènes tragiques, triste & fatale contrée, trop étroite pour contenir tant d’armées qui te dévorent. Flech. En latin on met souvent le nom commun & le nom propre au même cas ; ce qu’on appelle Apposition ; Urbs Roma, Fluvius Sequana. Au lieu qu’en français, l’ordinaire dans ces rencontres est de mettre le nom propre au gé-