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paroissent plus sombres & plus confus ; parce que accoutumés à ne voir que confusément les objets éloignés, nous jugeons éloignés ceux qui nous paroissent sombres & confus.

☞ Plus les objets sont éloignés, moins leurs couleurs paroissent vives : parce que la vivacité des couleurs dépend principalement de l’intensité de la lumière, laquelle par la divergence de ses rayons, & par l’interposition de l’air grossier compris entre l’œil & l’objet, décroît lorsque l’objet est éloigné.

☞ Les objets paroissent d’autant plus éloignés, que l’on voit un plus grand nombre de corps, & une plus grande étendue de terrain entre l’œil & ces objets ; parce que cette grande quantité de corps de terrain intermédiaire donne l’idée d’une grande distance.

☞ Lorsqu’on voyage de nuit les objets peu éloignés, paroissent plus loin qu’ils ne le sont réellement. Pendant la nuit les feux clairs paroissent plus près qu’ils ne le sont.

☞ Un astre à l’horison doit nous paroître plus loin qu’au méridien.

☞ Nous devons juger que le soleil est beaucoup plus éloigné de nous que la lune. Tout cela suit de ce que nous avons dit ci-dessus.

☞ La lune doit paroître plus grosse à l’horison qu’au méridien, parce qu’il se trouve toujours à l’horison une grande quantité de vapeurs, que l’on peut regarder comme autant de verres convexes qui grossissent les objets. Ainsi la lune vue à travers ces vapeurs doit paroître très-grosse à l’horison, c’est-à-dire, lorsqu’elle se lève ou qu’elle se couche. Au lieu que, lorsqu’elle est au méridien, les vapeurs sont alors fort rares, & lorsqu’il y en a de semblables entre la lune & l’observateur, cet astre au méridien paroît aussi gros qu’à l’horison. Il en est de même du soleil, & des autres astres plus gros à l’horison qu’au méridien.

☞ La lumière d’un flambeau paroît plus grande de loin que de près : parce que de près, je vois distinctement le diamètre du flambeau allumé : de loin, je vois le diamètre d’un tout composé d’un corps lumineux & de l’air éclairé qui l’environne. Donc de loin le diamètre du corps éclairé que je vois, doit me paroître plus grand que de près. Donc la lumière du flambeau doit paroître plus grande à 200 pas, par exemple qu’a 50.

☞ Distance apparente d’un objet. C’est la distance à laquelle paroît un objet, souvent fort différente de la distance réelle.

☞ Lieu apparent, c’est celui où l’on voit l’objet ; & comme la distance apparente d’un objet est souvent fort différente de la distance réelle, le lieu apparent est souvent fort différent du lieu vrai.

☞ Le lieu apparent se dit principalement du lieu où l’on voit un objet en l’observant avec un ou plusieurs verres, ou par le moyen d’un ou de plusieurs miroirs.

APPARENTÉ, ÉE. adj. Qui a des parens. Cognatione conjunctus. Ce mot ne s’emploie jamais qu’avec quelque adverbe, qui marque les qualités bonnes ou mauvaises de la famille à laquelle on tient. Il est bien apparenté ; pour dire, il est d’une bonne famille, il a des parens riches, nobles, puissans, ou honnêtes gens ; il est mal apparenté, pour dire le contraire. Thomas Corneille est un des plus illustres Poëtes du siècle dernier, & il est d’ailleurs si bien apparenté, qu’Appollon ne pourra jamais le méconnoître. Mém. de Trévoux.

☞ APPARENTER. v. a. Mettre quelqu’un dans une famille, l’y faire entrer. On a mal apparenté cette jeune personne. Les Grands Vocabulistes nous présentent ce mot comme étant de l’usage ordinaire, du moins il n’est accompagné d’aucune note. Il n’est guère employé que parmi le peuple.

s’Apparenter, v. récip. Entrer dans une famille, s’allier à quelqu’un. Il s’est bien apparenté. Acad. Fr. Il ne peut passer que dans le style familier.

APPARESSER. v. a. C’est appesantir l’esprit, le rendre paresseux. La facilité qu’il y a de dire des grossièretés malhonnêtes, apparesse l’esprit. M. de la Chet.

☞ Ce mot, quoique peu usité, est assez commode.

Apparesser, avec le pronom personnel. Devenir paresseux. Il est avec un seul p dans le Richelet de 1728. On trouve aussi s’apparesser, devenir paresseux, dans Cotgrave ; & l’on rapporte, p. 31 & 32. de l’esprit de Guy Patin, huit vers que l’on attribue à Marot, dont voici les trois premiers.

Nous voyons aujourd’hui trois sortes de Noblesse ;
L’une aux armes s’adonne, & l’autre s’apparesse
Cagnarde en sa Maison, l’autre hante la Cour.

Cependant ils ne sont pas dans l’édit. de Marot, de la Haye 1700, deux vol. in-12.

☞ Ce verbe n’est pas moderne. On le trouve dans Montaigne, édit. de Rouen, 1641, p. 310.

APPARIEMENT. s. m. Action d’apparier, de joindre, & d’assortir les choses ensemble. Copulatio. Ce mot se trouve dans Pomey.

☞ L’Académie nous le donne sans aucune note. Je ne sais pourtant si l’on parleroit bien, en disant, avec les Grands Vocabulistes : j’ai réussi dans l’appariement de ces tableaux. Prononcez appariment.

☞ APPARIER. v. a. Assortir, joindre des choses qui doivent naturellement aller ensemble, qui sont semblables, égales, ou qui se conviennent. Pares paribus adjungere. J’ai perdu un cheval, je cherche à apparier l’autre. Ces amans sont bien appariés : ils sont du même âge, de même condition, de même humeur. Apparier des combattans. Ablanc.

☞ On le dit aussi de ce qui est purement de l’art. Voilà un regard de tableaux qui ne sont pas bien appariés : ils sont de manières bien différentes. Il faut apparier ces gants, ces bas, ces manchettes. Voyez Appareiller.

☞ APPARIER se dit aussi de certains oiseaux, pour accoupler, mettre le mâle avec la femelle. Copulare. On dit aussi apparier des pigeons. Apparier des tourterelles. On ne le dit que de certains oiseaux.

☞ On dit aussi de certains oiseaux qu’ils s’apparient, pour dire qu’ils s’accouplent. Voici la saison où les perdrix s’apparient. On dit que la tourterelle qui a perdu son pair, ne s’apparie plus.

APPARIÉ, ÉE. part. Conjunctus, copulatus.

APPARITEUR. s. m. Bedeau. Apparitor. Il ne se dit que dans l’Université, de ces bedeaux qui portent des masses devant le Recteur & les quatre Facultés. On appelle aussi Appariteurs ecclésiastiques des sergens de La justice ecclésiastique. Il n’est pas besoin qu’ils le soient en titre d’office. Tous Clercs sont tenus d’exécuter les mandemens de leur official.

Chez les Romains, les appariteurs étaient ce que sont en France les sergens & les huissiers ; ou plutôt c’étoit un mot générique, qui signifioit, ainsi que Servius nous l’apprend sur l’Enéïde, Liv. XII, v. 850, les Ministres des Juges, qui étoient toujours auprès d’eux, prêts à recevoir & à exécuter leurs ordres ; & c’est de-là, ajoute-t-il, que leur nom leur étoit venu, c’est-à-dire, d’apparare, être présent, être en faction, suivant ce mot de Virgile.

Hæ Jovis ad folium, sævique in limine Regis.
Apparent, acuuntque metum mortalibus ægris.

On comprenoit sous le nom d’Appariteur, ceux qu’on nommoit Scribæ, Accensi, Interpretes, Præcones, Viatores, Lictores, Servi publici, & même les Bourreaux, Carnifices. On les prenoit des affranchis des magistrats & de leurs enfans. L’on faisoit un si grand mépris de leur condition, que pour marque d’ignominie, le Sénat ordonna qu’une certaine ville dont les habitans s’étoient révoltés, seroit obligée de fournir des Appariteurs aux magistrats. Voyez Loiseau, des Ordres, ch. II, Nomb, 87. Il y avoit des Appariteurs de cohortes, qu’on nommoit Cohortales, ou Conditionales, parce qu’ils étaient attachés à une