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ANT

une mauvaise nouvelle. Expression du style familier.

ANTIÉPILEPTIQUES. s. m. pl. Remèdes contre l’épilepsie. Tels sont le gui de chêne, celui de coudrier, la racine de la grande valériane sauvage, le pied d’élan, le crâne humain, le cinnabre naturel, artificiel, celui d’antimoine, &c. Col de Villars.

☞ Ce mot est aussi adjectif. Remède, médicament antiépileptique ; dont on se sert contre l’épilepsie.

ANTIFÉBRILES. s. m. pl. Epithète des remèdes propres contre la fièvre. Il est aussi adjectif. Remède, médicament antifébrile.

ANTIFELLO. Petite ville de l’Anatolie, ou Asie mineure. Antiphellus. Elle est entre les villes de Patera & de Goranto, sur la côte.

ANTIFFE. s. f. Terme d’Argot, qui est un langage particulier que se font les gueux ou les voleurs. Et sur le grand trimard aller battre l’antiffe : c’est-à-dire, battre l’estrade sur le grand chemin. Poëme de Cartouche.

ANTIGÉOMÈTRE. s. m. On donne ce nom à ceux qui ont mal parlé des Mathématiques en général, & de la Géométrie en particulier, ou qui ont soutenu qu’elles avoient des défauts, & que leurs principes pouvoient être attaqués. MM. Huet, Agrippa, La Mothe le Vayer, & en dernier lieu M. Cartaut passent pour Antigéomètres.

ANTIGOA. Île de la mer du nord, dans l’Amérique. Antigoa. C’est une des Antilles, située entre la Barbade, la Guadaloupe & la Désirée.

ANTIGOCA. Ville de la Turquie d’Europe. Antigonia. Elle est en Macédoine, au nord-ouest de Salonique. Pinet prétend qu’on la nomme aujourd’hui Céjogna.

ANTIGONIE. s. f. C’est le nom de plusieurs villes, l’une en Epire, l’autre en Macédoine, une troisième en Arcadie, une quatrième en Bithynie, & une cinquième en Syrie, proche d’Antioche.

ANTIGONIES. s. f. pl. Est le nom d’une fête instituée à l’honneur d’Antigonus ; Plutarque, qui nous l’apprend, ne nous dit point en l’honneur duquel des Antigonus elle se célébroit.

ANTIGORIUM. s. m. On appelle ainsi l’azur, ou gros émail, dont se servent les Faïanciers pour peindre leur faïance.

☞ ANTIHECTIQUE. adj. Terme de Médecine. Remède ou médicament qu’on emploie contre la fièvre hectique. Il est aussi substantif. Faire usage des antihectiques, tels que la pulmonaire, le cétérach, le rossolis, les fleurs de Tussilage, le ris, les jujubes, les dattes, les figues, les raisins de Corinthe, la gelée de corne de cerf, &c.

ANTI-HECTIQUE de la Poterie. C’est une préparation chimique qui se fait ainsi : on prend de l’antimoine deux parties, de la limaille de fer une partie, du nitre, du tartre blanc, chacun une partie & demie ; on rougit la limaille de fer dans un creuset qui soit seulement plein du quart, & cela à feu violent, puis on met l’antimoine, & on fond le tout ; lorsqu’il est clair, on jette dedans une cuillerée du mélange de nitre & de tartre ; on couvre le creuset, & les fumées étant cessées, on en met encore autant, faisant comme la première fois, & continuant ainsi jusqu’à ce qu’on ait mis tout le mélange. Puis on donne grand feu : étant en bon flux, on jette dans le cornet selon l’art ; si le régule n’est pas étoilé, on refond, & on le purifie avec du nitre & du tartre. On le rend étoilé du premier coup, si au lieu du nitre & du tartre, on se sert de cendres gravelées. Ensuite on prend deux onces de ce régule, quatre onces d’étain d’Angleterre, & on les fond ; étant fondus on les jette dans le cornet, puis on les met en poudre : on y ajoute trois fois autant de nitre très-pur ; qu’on fulmine par cueillerées selon l’art, laissant passer les fumées à chaque projection, & lorsqu’il sera fondu, on le laisse trois heures en fonte sur un feu modéré, de crainte que la matière ne retourne en régule. Après ces trois heures on la jette dans un mortier de marbre, puis on la pulvérise, & on l’édulcore avec de l’eau chaude ; on filtre, & on sèche la poudre ; on y joint son double poids de nitre : on fulmine comme ci-dessus ; ce qui se réitère encore une fois ; puis on édulcore, & on sèche. La dose est depuis un demi scrupule jusqu’à un. Si l’on ne met que trois onces d’étain, & un gros d’or, le remède sera beaucoup plus efficace.

Ce remède a été nommé Anti-hectique, parce que si l’on en prend seize grains, un scrupule de sel ammoniac ; qu’on les mêle & qu’on les donne dans du sirop de lierre terrestre, c’est un puissant remède contre la fièvre hectique. On partage cette dose en deux, on en prend une le matin, & l’autre le soit, & l’on continue.

ANTIHYDROPIQUES. s. m. pl. & adj. Remèdes contre l’hydropisie. Tels sont le jalap & sa résine, le méchoacan, le gomme gutte, le suc d’iris, le vin d’alkekenge, l’élatérium, les cloportes, l’esprit de sel, &c. Col. De Villars. ☞ Il est aussi adjectif. Remède, médicament antihydropique.

ANTIHYPOCHONDRIAQUES. s. m. pl. On dit aussi anthypochondriaques. Remèdes contre la maladie hypochondriaque. Tels sont l’élébore noir, la scolopendre, l’hépatique, les capillaires, le safran de Mars apéritif, le tartre vitriolé, l’extrait panchimagogue, les fleurs de sel ammoniac chalybées, le sel sédatif, &c. Col. de Villars. D’ἀντὶ, contre, & ὑποχόνδρια, les hypochondres. ☞ Il est aussi adjectif. Remède, médicament antihypochondriaque ; c’est-à-dire, dont on se sert contre la mélancolie hypochondriaque.

ANTIHYSTÉRIQUES. s. m. pl. Remèdes contre la passion hystérique & contre les vapeurs. On les appelle aussi Hystériques, sans y joindre la préposition ἀντὶ. Tels sont le castoreum, le camphre, l’assa fœtida, l’huile de succin, &c. On dit aussi anthystériques. D’ἀντὶ, contre, & ὑστερα, utérus. Il est aussi adjectif. Remède antihystériques.

ANTIJOACHIMITES. L’Archevêque d’Aqueruse étoit le chef des Antijoachimites, & il poursuivoit impitoyablement les Joachimites. Vie de l’Abbé Joachim. Les Antijoachimites avoient beau décrier la mémoire du célèbre Abbé, elle se soutenoit toujours avec honneur.

ANTILEPSE. s. f. Voyez Prolepse. C’est la même chose.

ANTILIBAN. s. m. Antilibanus. Montagne de Syrie, ou de Phénicie, ainsi appelée de la particule grecque ἀντὶ, contre, & du nom du Liban, montagne fameuse de Syrie, parce qu’elle est à l’opposite du Liban. L’Antiliban est au midi, & le Liban au septentrion. Entre deux s’étend une grande plaine, qu’on nomme Abellinas, à ce que dit Postel, autrefois Siria Cœle. Ces montagnes commencent à la mer méditerranée, & s’étendent en long vers l’orient. L’Antiliban est fort étendu, & il a plusieurs vallées très-fertiles. Il est habité presque tout par les Druses. Pline, Liv. V. ch. 20, le fait égal au Liban. Dans l’Ecriture on appelle l’un & l’autre Liban ; mais quand on les distingue, le Liban retient son nom, & l’Antiliban s’appelle Hermon.

ANTILLES. C’est un nom qu’on donne aux petites îles de l’Archipel de l’Amérique, à cause qu’elles sont au-devant de Cuba, Jamaïca, & autres grandes îles voisines. Antillæ. Ainsi elles sont dans la mer du Nord, placées entre les deux Amériques, méridionale & septentrionale. On les appelle aussi, les îles Caraïbes, ou Caribes, & Caribanes, ou Cannibales, du nom de leurs anciens habitans : quelques-uns même les nomment Camercanes. On les distingue en deux parties. Celles qui regardent le levant, & qui s’étendent du septentrion au midi, s’appellent Îles de Barlovento, ou Îles du vent. Et celles qui regardent l’Amérique méridionale, & s’étendent du levant au couchant, Îles de Sottovento, Îles qui sont sous le vent. Christophe Colomb les découvrit en 1493. Les Européens n’ont commencé à s’y établir qu’en 1625. Le P. du Tertre, Jacobin, a fait une fort belle Histoire des Antilles en trois volumes in-4o. Il en parut une à Rotterdam en 1658, accompagnée d’un vocabulaire Caraïbe par Lonvillers de Poincy. Voyez encore Acosta, Hist. des Ind.