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D’autres prétendent que ce n’étoit point une fête particulière, mais que toutes les fêtes de Bacchus s’appeloient Anthestéries. C’est le sentiment d’Apollodore cité par le Scholiaste d’Aristophane. Quelques-uns prononcent & écrivent Anthistéries : c’est une faute. Il est plus naturel de dériver le mot d’Anthestéries d’ἄνθος, flor, fleur, parce que l’on portoit alors des couronnes de fleurs à Bacchus. Les Anthestéries duroient trois jours, l’onzième, le douzième & le treizième du mois ; chacun de ces jours avoit un nom, qui avoit rapport à ce qu’on faisoit ce jour-là. Le premier jour de la fête, ou l’onzième du mois, s’appeloit πιθοιγία ; c’est-à-dire, ouverture de tonneaux : ce jour-là on ouvroit les tonneaux, & on goûtoit le vin. Le second jour de la fête, & le douzième du mois, s’appeloit χόες, congii, le congius ; c’étoit une mesure qui contenoit le poids de dix livres, nous dirions les bouteilles ; ce jour-là on buvoit le vin qu’on avoit préparé la veille. Le troisième jour de la fête, ou le treizième du mois, s’appeloit χύτροι, les marmites ; ce jour-là on faisoit cuire dans des marmites toutes sortes de légumes, auxquels on ne touchoit point, parce qu’ils étoient offerts à Mercure. Voyez Meursius, dans son Livre intitulé, Græcia feriata.

ANTHESTÉRION. s. m. Mois de l’année grecque, qui revenoit à la fin de Février, & au commencement de Mars, selon Néapolis, commentateur des Fastes d’Ovide, pag. 86. C’étoit un mois creux, ou de 29 jours, le sixième de l’année. Oppien explique Mars par Anthestérion. Il est difficile de décider auquel de nos mois il avoit rapport. Pottérus dit qu’il répondoit à la fin de notre mois de Novembre & au commencement de Décembre.

ANTHIA. s. f. Ἀνθία, Espèce de poisson, suivant Appien, Aristote, Rondelet, & Aldrovandi, qui en donnent tous une description différente. Kiramides recommande le fiel de ce poisson, qu’Aldrovandi prétend être bon contre les exanthèmes & efflorescences de la peau, & sa graisse contre les tumeurs & les abscès. Rondelet en distingue quatre espèces, le barbier, le capelan, & l’anthia ou l’anthias ; la quatrième est celle qu’Oppian appelle εὐωπός, parce qu’il a bonne vûe.

ANTHILL. Bourg du comté de Bedfort, en Angleterre. Antilia. Il est au midi de la ville de Bedfort.

ANTHIOS, ANTINOÉ. Ville ancienne de la Thébaïde. Antinopolis, Antinous, Hadrianopolis. La situation de cette ville est inconnue. Etienne de Bysance, Aurelius Victor, Ammien Marcellin, saint Jérôme, Liv. II, contre Jovinien, Origène contre Celse, & Photius, en parlent : ils disent qu’elle étoit dans la Thébaïde ; mais ils ne nous apprennent point en quelle partie de la Thébaïde elle étoit située. Ptolomée, Liv. IV, ch. 5, la met dans le Nome Antinoïte, Ptolémée dit qu’elle en étoit la métropole, & lui donne 62°, 6’ de longitude, & 28°, 10’ de latitude. Bertius dit que c’est l’Anthios d’aujourd’hui, & la place sur le bord oriental du Nil. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle s’appeloit d’abord Basa, ou Bésa, du nom d’un Dieu des Egyptiens, qui y étoit honoré. Dans la suite, l’Empereur Adrien l’orna, l’embellit, & lui donna le nom d’Antinoüs son favori. Les Egyptiens lui conserverent cependant long-temps encore après son ancien nom de Bésa, & quelques-uns joignant ces deux noms, l’appelerent Bésantinoüs, comme l’écrit Photius ; on la nomma aussi Hadrianopolis, du nom d’Adrien, qui l’avoit fait construire & embellir.

☞ ANTHOCEROS. Plante à fleur monopétale ressemblante à une corne qui s’entrouvre jusqu’au centre en deux parties. Il y a au milieu une étamine chargée de poussière. Cette fleur est stérile. Les fruits sont des capsules qu’on trouve tantôt sur des espèces qui ont des fleurs, tantôt sur d’autres qui n’en ont point. Chacune de ces capsules contient une, deux, trois ou quatre semences. Encyc.

ANTHOLOGE. s. m. C’est le nom d’un livre ecclésiastique qui est en usage chez les Grecs. Ils le nomment en leur langue ἀνθολόγιον, Anthologion ; & c’est ce que nous appelons en latin florilegium, & par un semblable mot nous disons en notre langue Fleurs des Saints. En effet, c’est un recueil des principaux offices qui sont en usage dans l’Eglise grecque. Il contient les offices de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge & des plus célébres Saints. On y trouve de plus certains offices communs des Prophètes, des Apôtres, des Martyrs, des Pontifes, des Confesseurs. Leo Allatius, qui a parlé de ce livre dans sa première dissertation sur les livres ecclésiastiques des Grecs, dit qu’il n’a été composé que par un motif de gain, Liber lucri causâ excogitatus. La raison qu’il en apporte, c’est qu’à la réserve de quelques nouveautés qu’on a ajoutées, il ne contient rien qui ne se trouve dans les Menées & dans les autres livres ecclésiastiques des Grecs. Quoique cet ouvrage fût peu de chose dans les commencemens, c’est aujourd’hui un assez gros livre, qui s’est augmenté peu à peu selon la fantaisie de ceux qui ont pris soin de le publier. Il est présentement intitulé : Anthologe de toute l’année, qui contient quelques autres offices nécessaires, & des explications qui n’étoient point dans les Anthologes précédens.

Outre cet Anthologe, qui est à l’usage des Eglises grecques, Antoine Arcudius en a publié un nouveau sous le titre de Nouvel Anthologe, ou Florilége, qui a été imprimé à Rome in-4° en 1598. Le dessein d’Arcudius étoit de mettre en abrégé l’ancien Anthologe que les prêtres & les moines Grecs qui devoient réciter le bréviaire ne pouvoient porter dans leurs voyages, parce qu’il est trop gros. Il entreprit cet ouvrage par l’ordre du Cardinal Sanctorius, protecteur des Grecs, afin que ceux qui ne peuvent pas réciter l’office dans le chœur, pussent par ce moyen satisfaire à leur devoir. Mais si on excepte quelques moines Grecs d’Italie qui s’en servent, parce qu’ils n’en ont point de meilleur ni de plus commode, il a été rejeté généralement comme un ouvrage inutile. Allatius condamne Arcudius, qu’il accuse d’avoir changé ce qui étoit ancien, & d’avoir ajouté plusieurs choses nouvelles ; d’avoir fait plusieurs mélanges ridicules, & qui ne pouvoient être du goût des Grecs, sur-tout de ceux qui ont quelque littérature.

ANTHOLOGIE. s. f. Anthologia. On a donné ce nom à un Recueil d’épigrammes de divers Poëtes Grecs.

Ce mot vient du Grec ἄνθος, fleur, & λέγω, je recueille.

Le fameux vers grec de l’Anthologie à la louange d’Homère étoit au bas d’une statue d’Apollon. M. Despréaux, épigr. 39, l’a traduit, ou pour mieux dire, paraphrasé dans un dizain. Mais cette traduction, au sentiment des connoisseurs, est négligée & languissante. En voici une Par M. le Président Bouhier, qui est bien noble & bien plus concise. Il suppose, comme il y a beaucoup d’apparence, qu’Apollon, dans sa statue, avoit la main sur l’Iliade & l’Odyssée.

Mortels, apprenez ce mystère :
Ces deux poëmes si vantés,
Sont vraiment de la main d’Homère,
Mais c’est moi qui les ai dictés.

☞ ANTHON. Castrum Anthonis. Petit lieu sur une hauteur, au midi du Rhône, dans le Viennois, en Dauphiné, à cinq lieues de Lyon, sur les frontières de la Bresse. Corneille a tort d’en faire une ville qu’il place dans la principauté de Dombes.

ANTHORA. Terme de Botanique. Aconitum salutiferum, ou Anthora. Espèce d’aconit à fleurs jaunes. Ses feuilles sont finement découpées, & ses racines sont de petits navets bruns, fort âcres & employés dans les orviétans, & les autres compositions aléxipharmaques. On a cru faussement que cette plante étoit le contrepoison de la plante appelée Thora. Anthora quasi anti Thora. Il est faux que ces deux plantes croissent toujours l’une auprès de l’autre. Les Cathaïens l’appellent Maberdin. Les Arabes & les Persans lui ont donné le nom de Geduar & Zeduar, d’où s’est formé celui des boutiques Zedoaria. Mais il faut remarquer que notre zedoaria n’est pas véritable, ni celle dont nous parlons ; mais une plante différente que les Arabes appellent zurumbad. d’Herb.