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jus, a. Les Anacujes sont dans le Brésil, dans l’Amérique méridionale, près le gouvernement de Sérégipe.

☞ ANADIPLOSE. s. f. Anadiplosis. Terme de grammaire. Figure qui se fait lorsqu’une proposition commence par le même mot par lequel la proposition précédente finit. Comme dans Virgile, sit Tytirus Orpheus, Orpheus in sylvis, &c. Addit se sociam, timidisque supervenit Ægle, Ægle Naiadum pulcherima.

☞ Ce mot est composé des mots grecs ἀνὰ, retro, & διπλόω, duplicio. Redoublement du même mot.

ANADROME. s. m. De δρεμω, ancien verbe grec, qui signifie, couler. Ce mot, dans le sens d’Hippocrate, signifie le transport des matières morbifiques qui causent les douleurs, des parties inférieures du corps humains, aux supérieures. Cet accident est toujours regardé comme un mauvais présage, parce que les humeurs âcres ne sauroient faire autant de mal lorsqu’elles se jettent sur les extrémités, que sur les viscères.

☞ ANADYOMÈNE. Nom d’un tableau de Venus sortant des eaux, peint par Apelle, & qu’Auguste fit placer dans le temple de César son pere adoptif. Ce mot est grec ἀναδυομένη, qui se leve, ou qui sort en se levant.

ANÆMASE. s. f. Terme de Médecine. Défaut de sang, maladie qui vient d’un manque de sang. Anæmasis. Quelques-uns ont dit Anæmie, mais mal. Voyez ce mot.

ANÆMIE. s. f. Terme de Médecine. Manquement de sang. Anæmasis. Cette maladie, qu’on appelle Anæmie, est une des plus négligées par les Médecins, & celle cependant qui demande le plus d’attention. Journal des S. 1722. p. 13. Il faut lire sur cela l’Introductio in Medicinam praticam de M. Michel Albert, Médecin de Hal. On y trouvera tous les remèdes qu’il convient d’employer pour réparer le sang qui manque.

Ce mot vient du grec αἷμα, sang, avec l’alpha privatif. Soit que ce soit M. Albert, ou le Journaliste qui a tiré ce mot du grec, on y a fait deux fautes : la première est d’écrire anémie, au lieu d’anæmie qu’il faut, comme il paroît par l’étymologie. La seconde est d’avoir dit anæmie. Il falloit dire anæmase ; car on n’a jamais dit en grec, & l’on ne peut nullement dire, selon l’analogie, ἀναιμια, pour signifier, défaut de sang. les Grecs ont appelé cette maladie ἀναίμασις ; & les François doivent faire anænase d’ἀναίμασις, comme protase de προτασις & base, de βάσις, emphase, de ἔμφασις, &c.

ANÆTIS. s. f. Anætis. Terme de Mythologie. Déesse honorée dans l’Orient. Selon Strabon, Liv. V. les Lydiens l’adoroient. Hérodote & Pausanias disent la même chose : mais Strabon dit qu’elle étoit sur tout honorée par les Arméniens. Les gens les plus distingués de la nation consacroient leurs filles à son service, & les prostituoient publiquement à son honneur. Après quoi ils les marioient ; & c’étoit à qui les auroit pour femmes. Dans la fête & les sacrifices qu’ils lui faisoient, ils s’enivroient tous, hommes & femmes, jusqu’à perdre tout sentiment ; parce que Cyrus, disoient-ils, ayant fait semblant de fuir & d’abandonner son camp où il laissoit beaucoup de vin, ceux qui célébroient les fêtes d’Anætis, qu’on appeloit Sacræ, y étant entrés s’enivrèrent, & furent tous tués par Cyrus. Voyez Strabon, Liv. XI. & XII. Plin. Liv. XXXIII. ch. 4, & Hermolaüs sur cet endroit de Pline. La première statue d’or solide qui ait jamais été faite, avant même qu’on en fît de bronze qui fussent solides, est celle du temple d’Anætis, au rapport de Pline à l’endroit que j’ai cité. On écrit aussi Anaitis & Anetis.

☞ ANASE. Voyez Ante.

ANAGALLIS. s. f. Plante qu’on appelle aussi Mouron. Anagallis. Voyez Mouron.

☞ ANAGARSKOY. Ville de la Tartarie Moscovite, dans la Province de Dauria, presque au midi de la partie orientale du lac Baykal. Baudrand & Corneille après Maty, écrivent Anagarskaye, mais mal, selon la Martinière.

☞ ANAGITIS. Voyez Bois-puant.

☞ ANAGLYPHE, ou ANAGLYPTE. s. m. Les Anciens nommoient Anaglypha ou Anaglypta, des ouvrages ciselés, taillés ou relevés en bosse, qui ont des figures de relief.

ANAGNIE. Ville de l’Etat de l’Eglise, en Italie. Anagnia. Elle est sur une montagne dans la Campagne de Rome. Nous disons en françois Anagnie, & non pas Anagni.

ANAGNOSTE. s. m. Lecteur. C’est le nom que les Romains donnoient à celui de leurs esclaves qui faisoit la lecture pendant leurs repas. Anagnostes. L’Empereur Claude mit les Anagnostes fort en crédit. Il en avoit toujours qui lisoient quelques livres sérieux. Les Seigneurs, à son exemple, vouloient avoir des Anagnostes ; les particuliers même en eurent aussi. Ce mot vient d’ἀναγνώστης, qui signifie Lecteur, celui à qui appartient la fonction de lire. Moréri parle des Anagnostes.

ANAGOGIE. s. f. Anagoge. Elévation de l’esprit aux choses célestes & éternelles ; pensée, explication par laquelle on éleve l’esprit à la considération de ces choses. Il y a des Commentaires de l’Ecriture, des discours entiers, qui sont des anagogies perpétuelles. Ce n’est point là le sens naturel de ce passage de l’Ecriture, c’est une anagogie. L’anagogie doit être fondée sur le sens littéral.

ANAGOGIES. s. f. pl. Fête qui se célébroit par les habitans d’Eryx, aujourd’hui Trapano, en Sicile, à l’honneur de Vénus, comme si elle fût partie pour aller en Libye, & dans laquelle on la prioit de retourner. Ἀναγωγὴ, signifie retour en grec.

ANAGOGIQUE. adj. m. & f. Mystérieux, qui élève l’esprit aux choses célestes & divines de la vie future & éternelle, dont jouissent les Saints dans le ciel ; car le terme anagogique n’emporte pas seulement une élévation à la connoissance des choses célestes & divines, mais des choses célestes & divines de la vie future, de celles qui se passent & se passeront dans l’éternité entre Dieu & les Saints. Ce mot ne se dit guère que par rapport aux sens différens de l’Ecriture. Le sens littéral est le sens naturel, & le premier. Le sens mystérieux est fondé sur le sens naturel, & se tire du sens naturel par analogie ou comparaison, par similitude, ou ressemblance d’une chose à l’autre, & se divise en plusieurs espèces. Car si les choses mystérieuses ou cachées que l’on tire par analogie & par ressemblance du sens littéral, regardent l’Eglise & les mystères de notre religion, c’est le sens allégorique : quand elles ont rapport aux mœurs, c’est le sens tropologique ; & quand elles regardent la vie future ou l’éternité, c’est le sens anagogique. Anagogicus. Voyez au mot Sens. Les interprètes de la Bible y trouvent des sens mystiques, anagogiques, tropologiques, & autres. Ce mot vient du grec, ἀναγωγὴ, qui signifie enlèvement, soulèvement ; & qui est formé de la préposition ἀνὰ, qui dans la composition signifie souvent sursùm, au-dessus, en-haut, & de ἀγωγή, ductio, conduite, qui vient de ἄγω, duco, je conduis. Ce sens conduit, élève l’ame à la connoissance des choses supérieures & célestes.

ANAGRAMMATISER. v. a. Faire l’anagramme d’un nom. Anagramma scribere, fingere. Le Poëte Daurat passoit pour un si grand devin en matière d’anagrammes, que des personnes illustres lui donnerent leur nom à anagrammatiser. Bail. On dit que Rabelais, pour se venger de Calvin qui avoit anagrammatisé son nom, trouva Jan Cul dans le nom de Calvin. S. Evr. Une des plus heureuses anagrammes, est celle qui fut faite sur le nom du meurtrier de Henri III. Roi de France. Il s’appeloit Frere Jacques Clément. L’anagramme, sans rien changer est, c’est l’enfer qui m’a créé. En voici encore d’autres fort heureuses pour le sens, & pour le rapport des lettres, Louis de Boucherat. L’anagramme est, est la bouche du Roi. M. de Boucherat étoit Chancelier de France, lorsque l’anagramme fut faite. Ces paroles, est vir qui adest, sont l’anagramme de celles-ci, que Pilate dit à Jesus-Christ, quid est véritas ? Cette anagramme est peut-être la plus belle qui ait jamais été faite, parce que les mots, qui sont comme la matière de l’anagramme sont une