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AMI
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bin, & blanc d’entrée. Amiral de Vesnes, rouge triste, rose & chamois blanchissant.

☞ AMIRAL & VICE-AMIRAL. Terme de Conchyliologie. M. D’Argenville donne ce nom à deux coquillages de la classe des univalves.

AMIRALE. s. f. Galère que monte l’Amiral des Galères. Triremis prætoria. Ils lui firent présent de l’Amirale qu’ils avoient remontée par la rivière. Ablanc.

AMIRALE. s. f. L’épouse de l’Amiral. Madame l’Amirale.

AMIRANTE. s. m. C’est le nom d’un grand Officier en Espagne. L’Amirante est en Espagne ce que l’Amiral est en France. On peut apprendre ce que c’est que l’Amirante en Espagne, par ces paroles d’Alfonse IX, Roi de Castille. Almirante es dicho, el que es cabdillo de todos los que van en los navios para fazer guerra sobre mar.

AMIRAUTÉ. s. f. Charge d’Amiral. Maris præfectura. L’Amirauté a été possédée par MM. de Châtillon, de Montmorenci, & de Brezé, &c.

Amirauté, est aussi une justice qui s’exerce à la Table de Marbre sous le nom & l’autorité de l’Amiral, & qui connoît des différens qui arrivent sur les mers qui touchent le pays, les terres & les seigneuries de la couronne de France ; en un mot, qui juge en première instance de tout ce qui regarde les marchandises, la pêche, & les divers ports du royaume. Rei maritimæ tribunal. Voyez la-dessus les ordonnances & les mémoires de Pierre Miraumont. Il y en a une à Paris, & en la plûpart des grands ports de mer du royaume. Les Officiers de L’Amirauté ont des provisions du Roi. Mais ils sont à la nomination de l’Amiral. Le premier livre de la nouvelle Ordonnance de la Marine régle les droits de l’Amiral, & ceux des Officiers de l’Amirauté.

Il y a régulièrement trois degrés de juridiction dans l’Amirauté : d’abord on procede pardevant les Lieutenans particuliers ; ensuite par appel aux Lieutenans généraux, & enfin des Lieutenans généraux aux Parlemens. Il y a des Siéges particuliers dans tous les ports & havres du royaume ; & il y a trois Siéges généraux, savoir, un à la Table de Marbre du Palais à Paris, pour le ressort du Parlement de Paris ; un à Rouen pour le ressort du Parlement de Normandie, & un en Bretagne.

Chez les Hollandois les cinq Amirautés sont composées des Députés de la Noblesse, des provinces & des villes. Elles ont soin de faire les équipages de mer, & de fournir ce qui est nécessaire à leur entretien.

AMIRE-ROUX. s. m. Autrement Gros-Oignonet, & Roi d’été. Voyez Oignonet.

AMISSIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est amissible, c’est-à-dire, de ce qui peut être perdu. Amissibilitas. Ce terme se dit en Théologie de l’amissibilité de la grâce & de la justice. L’amissibllité de la justice reçue dans la Confession d’Ausbourg. Bossuet. Les Calvinistes se sont éloignés des véritables idées de la justification, en disant que la justice une fois reçue ne se perd pas ; mais comme les Luthériens virent commencer ces erreurs, ils les proscrivirent par les articles de la Confession d’Ausbourg. Id. Voyez l’art. 6 & l’art. 11. Les Calvinistes de France, même ceux qu’on détenoit en prison pour leur religion, professoient contre leur croyance la nécessité du baptême, l’amissibilité de la justice, l’incertitude de la prédestination… Et voilà de quelle manière les Martyrs de la nouvelle Réforme détruisoient par leurs équivoques, ou par un exprès desaveu, la foi pour laquelle ils mouroient. Bossuet.

AMISSIBLE. adj. Qui se peut perdre. Quod amitti potest. Il n’est en usage que parmi les Théologiens, qui soutiennent contre les Calvinistes que la grâce est amissible, amissibilis, & non inamissible, comme Calvin l’a enseigné ; c’est-à-dire, qu’on peut perdre la grâce après l’avoir reçue, & qu’effectivement on la perd souvent ; qu’il y a bien des damnés, qui après avoir été véritablement justifiés, ont perdu la grâce, & sont morts dans la haine de Dieu.

☞ AMISTIÉ. Vieux mot. Voyez Amitié.

AMITERNO. Ancienne ville d’Italie. Amiternum. Il n’en reste que les ruines, parmi lesquelles sont un temple, un théâtre & une tour : elles sont sur le penchant d’une montagne près d’Aquila, dans l’Abruzze ultérieure.

☞ AMITIÉ. s. f. Affection qu’une personne a pour une autre. Affection qui naît de notre propre choix, qui ne prend point sa source dans les attraits d’un sexe ou d’un autre, & qui n’est point dépendante des liens du sang. Un commerce où le cœur s’intéresse par l’agrément qu’il en tire, est amitié. Amicitia, necessitudo, familia ritas, benevolentia. L’amitié est une convention tacite de s’aimer & de s’estimer mutuellement. S. Evr. C’est l’amitié qui adoucit toutes les douleurs, qui redouble tous les plaisirs, & qui fait que dans les plus grandes infortunes on trouve de la consolation. M. Scud. Ce que les hommes ont nommé amitié, n’est qu’un commerce d’intérêt, où l’amour propre se propose toujours quelque chose à gagner. Rochef. Rien n’est si beau que ce qu’on dit de l’amitié ; il seroit seulement à souhaiter que cela fût véritable. M. Esp. Les passions violentes des jeunes gens rompent toutes les mesures de l’amitié. S. Evr. Cette communication & cet échange si libre & si sincère de sentimens qui se fait dans l’amitié, est le plus doux plaisir de l’esprit. M. Esp. Ces violentes amitiés d’Oreste & de Pylade sont un peu chimériques, & la belle union de ces héros de l’amitié passeroit aujourd’hui pour un attachement outré, qui n’est bon qu’à faire le sujet d’une tragédie. S. Evr. L’amitié consiste dans cette conformité universelle de sentimens qui fait aimer & haïr les mêmes choses. M. de Bussi Rabutin emploie ce mot amitié, en parlant de lui-même a l’égard du Roi. L’amitié que j’avois pour le Roi.

L’innocente Amitié de la terre exilée,
Retourna dans le Ciel, où Dieu l’a rappelée :
Son nom seul est resté : l’espoir, l’ambition,
Le plaisir, l’intérêt emprunterent son nom.

☞ C’est l’insuffisance de notre être qui fait naître l’amitié.

☞ L’intérêt peut tout sur les ames. On se cherche dans l’objet de tous ses attachemens : & comme il y a diverses sortes d’intérêts, on peut distinguer aussi diverses sortes d’affections que l’intérêt fait naître entre les hommes. Un intérêt de volupté fait naître les amitiés galantes. Un intérêt d’ambition fait naître les amitiés politiques. Un intérêt d’orgueil fait naître les amitiés illustres. Un intérêt d’avarice fait naître les amitiés utiles. Généralement parlant, nous n’aimons les gens qu’autant qu’ils nous sont agréables ou utiles. S’il arrive que tous ces intérêts s’unissent pour former les sentimens que nous avons pour une personne, rien n’est comparable à l’attachement que nous avons pour elle. Abad.

☞ Le vulgaire qui déclame ordinairement contre l’amitié intéressée, ne sait ce qu’il dit. Il se trompe en ce qu’il ne connoît qu’une sorte d’amitié intéressée, qui est celle de l’avarice, au lieu qu’il y a autant de sortes d’amitiés intéressées, qu’il y a d’objets de cupidité.

☞ D’ailleurs, il trouve à redire qu’on aime les hommes par intérêt, & qu’on les aime plus fortement par ce principe, que par tout autre ; ne comprenant pas qu’aimer par intérêt, c’est s’aimer directement soi-même, au lieu que les aimer par d’autres principes, c’est s’aimer par détour & par réflexion. Il ne s’apperçoit pas que nous condamnons l’amitié intéressée, quand elle est dans le cœur des autres, mais non pas quand elle est dans notre cœur. Enfin il s’imagine que c’est être criminel que d’être intéressé ; ne considérant pas que c’est le désintéressement & non pas l’intérêt qui nous perd. Si les hommes nous offroient d’assez grands biens pour satisfaire notre ame, nous ferions bien de les aimer d’un amour d’intérêt, & personne ne devroit trouver mauvais que nous préférassions les motifs de cet intérêt à ceux de la proximité & de toute autre chose.

☞ Devoirs de l’amitié, plaisirs de l’amitié, termes synonymes pour les bons cœurs. Le devoir assujettit ; le