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rique. Joseth. Acosta, Hist. nat. 7, moral. de las Indias, & de natura novi orbis. Petr. Martyr. Anglerius, de Orbe Novo Decades VIII. Joan. de Laët, Novus orbis, seu descriptio Indiæ Occid. Liv. XVIII, qui ont été traduits en François, & imprimés à la Haie en 1633, fol. Cons. Ferd. de Oviédo, Histor. de las Indias. Corn. Witfliet, Descriptionis Ptolemaïcæ augmentum. Cadamastro, Les Navigations d’Améric Vespuce. Calvéton, Nova Novi orbis Histor. Gaspao Eus, Hist. Ind. Occid. Franc. Lopez, La Historia general. de las Indias, à Anvers 1554, & traduite en François par Martin Fumée, à Paris 1584, Guill. Copier, Hist. du Voyage des Ind. Occident. Joan. Bisselius, Argonauticorum, Liv. VIII, à Dantzic 1698. Il y a des remarques de Laët sur la Dissert. de Grotius, De Orig. Gent. American. & un Traité du Jurisconsulte Jean de Solorzano, De Indiarum Jure.

AMÉRIQUE. s. f. America. Nom de la quatrième partie du monde, découverte en 1492, par Christophe Colomb, Génois, & puis en 1497, par Améric Vespuce, de qui on lui a donné le nom d’Amérique. On l’appelle en général les Indes Occidentales. Indiæ Occidentales, par opposition aux vraies Indes, qui sont à l’orient de l’Europe. On l’appelle encore le Nouveau Monde, Novus orbis. Quelques Auteurs ôtent à Colomb, ou Colonne, la gloire de la première découverte du nouveau Monde. Ils disent qu’un pilote Espagnol, nommé Alfonse Sanchez de Huelva, ou Aldrete, ou Gracias Vega, en trafiquant sur les côtes d’Afrique, fut jeté par la tempête sur ces terres inconnues ; qu’ayant retrouvé sa route, il toucha à Madère, & logea chez Colomb qui y demeuroit ; qu’il lui raconta son aventure, & qu’étant mort quelque temps après, il lui laissa en mourant les mémoires qu’il avoit dressés sur cela, dont Colomb, habile d’ailleurs en Géographie & en Astronomie, profita, & sur lesquels il entreprit d’aller chercher ces terres jusqu’alors inconnues.

Jean III, Roi de Portugal, & Ferdinand le Catholique, eurent un grand différent sur la découverte de l’Amérique. Le Pape Alexandre VI le termina par une bulle que Bzovius rapporte dans ses Annales à l’an de Jésus-Christ 1493, par laquelle le Pape supposant une ligne tirée du septentrion au midi, qui partage le nouveau Monde en deux, il assigne la partie orientale à Jean, & la partie occidentale à Ferdinand.

L’Amérique consiste en deux grandes presqu’îles qui se joignent à Panama par une isthme, qui n’a que 17 lieues de large, & s’étendent du Cercle Arctique jusqu’au Cercle Antarctique. Il n’est pas sûr néanmoins que l’Amérique du côté du nord ne soit point jointe aux terres boréales ; on n’en a jamais fait le tour. Il n’est pas certain non plus, que l’Amérique n’ait point été connue des Anciens. Bien des gens prétendent que c’est l’Atlantique dont Platon parle dans son Timée. Crantor, premier interprète de Platon, Origène, Porphyre, Proclus, favorisent ce sentiment, & Marcile Ficin le soutient. On peut voir encore Diodore de Sicile, Liv. V. Pline, Liv. II, chap. 92. Arnob. Liv. I. Contr. Gent. Gorop. Bécan. Orig. Antuerp. Turneb. Adv. Liv. XX, ch. 11. Pamélius, sur les endroits de Tertullien que j’ai cités ; Vossius, de Scient. Mathem. ch. 42, la première des excercitations académiques de Wirsius, dans laquelle il entreprend de prouver, non-seulement que l’Amérique est l’Atlantique de Platon, & qu’elle a été très-connue des Grecs & des Romains ; mais même que quelqu’un, ou quelques-uns des Apôtres y ont prêché l’Evangile. Sa raison est, que non-seulement il étoit prédit que Jésus-Christ seroit annoncé à toutes les nations de la terre, mais que Jésus-Christ lui-même l’avoit ordonné à ses Apôtres ; qu’il étoit prédit de plus, que cela seroit accompli avant la destruction de Jérusalem ; que l’Amérique étoit dès-lors peuplée, & que les Américains n’étoient point exclus de la grâce du salut ; qu’ainsi cela a dû s’accomplir : qu’au reste les Apôtres ont pu passer en Amérique ; que les Grecs & les Romains y ont eu commerce ; que les Phéniciens ont eu l’usage de la boussole ; que quand ils ne l’auroient point eu, on a navigé sans cela ; que les Apôtres ont pu y passer par terre ; qu’enfin quoiqu’il en soit, s’ils n’ont pas trouvé de chemin, Dieu a bien su leur en faire ; & qu’au reste Hormius a remarqué que S. Thomas avoit prêché aux Brasiliens, ou du moins que ces peuples le connoissoient. Mais il est bon de remarquer que ce que Jésus-Christ dit à ses Apôtres, il le dit souvent dans leurs personnes à leurs successeurs. Ainsi tous les endroits où il leur ordonne d’aller prêcher l’Evangile à toutes les nations, à toute créature, jusqu’aux extrémités de la terre, &c. ne les regardent pas seuls, mais encore leurs successeurs. Et pour ce que dit Saint Marc, XIII, 10, qu’avant la destruction de Jérusalem l’Evangile doit être prêché à toutes les nations, c’est, ou du moins ce peut être une de ces expressions universelles de l’Ecriture, que les Interprètes conviennent qu’il ne faut pas prendre dans toute leur étendue. Quant à la remarque d’Hornius sur saint Thomas, voici le fait : Les Brasiliens disent qu’un saint homme est venu les enseigner, & ils l’appellent Meyr humane. Sur cela Hornius, dans son IIIe livre de l’origine des Américains, ch. 19, ne doute nullement que ce ne soit S. Thomas. Car en langue brasilienne Meyr signifie un Etranger, un homme venu d’ailleurs, & Human, dit-il, est manifestement le nom même de saint Thomas corrompu par ces Barbares, ou plutôt dont ils n’ont retranché que le T ; car pour la terminaison, chaque langue a la sienne : & comme les Grecs ont dit Ajas, les Latins Ajax, les Brasiliens ont pu dans leur langue changer la terminaison as du nom Thomas en ane. Mais quand cette conjecture seroit aussi évidente qu’elle est heureuse, les Brasiliens ont pu être des Indiens, ou, comme dit Hornius lui-même, des Tartares, qui sont venus habiter le Brésil, ou qui y ont été jetés, & y ont porté la connoissance de S. Thomas, qui avoit prêché chez eux, ou chez leurs peres. Ainsi le sentiment de Wirsius, qui a été aussi celui de Lirius & de Mœbius, dans son Traité De oraculorum origine, n’est pas si certain qu’il le prétend.

l’Amérique méridionale, America meridionalis, est celle des deux péninsules qui est au midi, & s’étend depuis Panama jusqu’au détroit de Magellan. L’autre qui est au nord, s’appelle l’Amérique septentrionale. America septentrionalis. On appelle aussi la première l’Amérique Péruviane, Peruana, du Pérou, qui en est une des plus considérables parties ; & la seconde est l’Amérique Mexicane, à cause du Méxique qu’elle renferme. America Mexicana.

AMERMÉ, ÉE. adj. Vieux mot, qui signifie empiré, diminué, amoindri. Voyez les Assises de Jérusalem. On disoit aussi amermer, diminuer.

AMERSFORD. Ville de la province d’Utrecht, l’une des Provinces-Unies. Amersfordia. Elle est sur la rivière d’Ems, peu loin du Zuyderzée. L’Amersforderberg, ou la montagne d’Amersford, sont des dunes ou un amas de sable, qui s’étend depuis Amersford jusqu’à une lieue d’Utrecht.

AMERSHAM. Bourg du comté de Buckingam, ou aux confins de celui de Hartford : Amershamum. On le nomme aussi Agmundesham, Agmundesanum.

AMERTUME. s. f. Espèce de saveur piquante & désagréable, comme celle du fiel & de l’absinthe. Amaritudo, Amarities, Amaror. On sucre la pilule, afin qu’on n’en sente point l’amertume. L’amertume est opposée à la douceur.

Amertume, se dit figurément en Morale, & signifie, douleur, déplaisir, chagrin. Animi dolor, acerbitas. Il y a toujours quelque amertume dans les plaisirs. Dans les fortunes les plus élevées, on trouve beaucoup d’amertume. Dieu la soutint également & dans les douceurs, & dans les amertumes de la vie. Flech. Dieu nous détache des trompeuses douceurs du monde, par les salutaires amertumes qu’il y mêle. Une Eglise autrefois si florissante, mais maintenant plongée dans l’amertume, & accablée sous l’oppression de ses ennemis. Bourdal. Exh. T. I. p. 191. Ce ne sera jamais qu’en buvant les salutaires amertumes dans le calice de votre passion,