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AMA

AMANSIRIFDIN, ou Zirifdin. Ville de l’Arabie heureuse. Amanzirifdinum. Elle est dans la principauté d’Oman, dont elle est capitale, & à la source du Prim.

AMAPAIA. Contrée de l’Amérique méridionale. Amapaia. Elle est dans la partie méridionale de l’Andalousie nouvelle, près de l’Orénoque ou fleuve de Paria.

AMARA, ou Amahara. Amahara. Il y a Amara, ville capitale du royaume d’Amara, située sur la montagne d’Amara. Le royaume d’Amara est dans l’Abissinie, en Afrique, au midi de ceux de Bagamédri & de Beleguanze ; c’est un pays fort montagneux. La montagne d’Amara est une montagne de ce royaume, extrêmement haute & de très-difficile accès. Au sommet de la montagne il y a une belle & grande plaine, dans laquelle est la ville d’Amara.

☞ AMARACINON. Onguent, ou plutôt baume précieux, préparé avec des huiles essentielles & des substances aromatiques, dont on faisoit autrefois usage. Amaracinum. (Sous entendu) oleum ou unguentum. Amaracum. Plante, Marjolaine.

AMARA-DULCIS. s. f. C’est une plante qui pousse des sarmens longs ordinairement de deux ou trois pieds, grêles, ligneux & fragiles, qui montent & embrassent les arbrisseaux voisins, ou rampent par terre, couverts d’une écorce verte pendant qu’ils sont encore jeunes, mais qui en vieillissant devient blanchâtre & rude par dehors, & d’un très-beau vert au-dedans. Son bois est fragile & moelleux. Ses feuilles sont rangées alternativement le long des branches, &c. Ses fleurs naissent en ombelles au sommet des branches ; elles sont petites & de mauvaise odeur, mais agréables à la vue, de couleur bleue tirant sur le purpurin, rarement blanches. Chacune de ces fleurs est une rosette découpée en cinq parties étroites & pointues, qui se recourbent en dehors, du milieu desquelles s’élevent des étamines jaunes. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succède des baies ovales, molles, pleines de suc, rouges comme du corail lorsqu’elles sont mûres, d’un goût désagréable, & remplies de petites semences plates & blanchâtres. Sa racine est fibreuse.

AMARAJAPUR. Ville autrefois célébre, à présent ruinée, dans l’île de Ceilan.

AMARAND. s. m. & nom d’homme. Amarandus, Amaranthus. S. Amarand, autrement appelé Amaranthe, est célébre parmi les Martyrs qui ont honoré l’Eglise des Gaules. Baill.

AMARANTE, ou Amaranthe. (L’Académie écrit Amaranthe.) s. f. Amarantus, ou Amaranthus. Plante annuelle qu’on nomme autrement Passe-velours, & Fleur d’amour, & que l’on cultive dans les jardins, à cause des belles variétés de ses fleurs, qui sont tantôt couleur de feu, tantôt cramoisi, tantôt pourpre, tantôt jaune doré ou jaune pâle, & quelquefois blanches ou argentées, disposées en épi dans la plupart des espèces, dans d’autres en panicule ou crête de Coq. Chaque fleur est composée de plusieurs pétales disposées en rond autour du pistil, qui devient une coque membraneuse, arondie, qui s’ouvre transversalement en deux, & qui renferme quelques semences menues, arondies, tantôt blanches, tantôt carnées, & le plus souvent noires ; ses feuilles sont oblongues, pointues, vertes, & quelquefois teintes d’un rouge brun. On nomme Amarante tricolor une espèce qui est remarquable par des taches rouges, jaunes & vertes, qui sont assez également répandues sur ses feuilles. Ses fleurs qui sont verdâtres, naissent par paquets dans les aisselles des feuilles.

En latin, amarantus, qui vient du Grec ἀμάραντος, qui est composé de l’α privatif, & de μαραίνω, qui signifie flétrir. C’est pourquoi Ménage & le P. Tachard ont raison de dire qu’il faut écrire amarante & amarantus sans h. Ce mot signifie une fleur qui ne se flétrit point : en effet les épis de la plupart de ces espèces ne perdent pas en se séchant toute la vivacité de leurs couleurs ; on diroit souvent que ce sont des morceaux de panne ou de velours ; & c’est aussi de-là que leur vient le nom de Passe-velours, que les Fleuristes leur ont donné. L’Amarante & l’immortelle sont deux genres de plantes bien différens ; & on ne doit point les confondre. On dit l’Amarante à crête de Coq.

Amarante. Couleur d’Amarante, ou Amarante ; car il est aussi adjectif en ce sens. Un tafetas amarante, comme un tafetas cramoisi. On le dit des étoffes de couleur d’amarante. L’Amarante est le symbole de l’immortalité chez les Poëtes.


Ta louange dans mes vers
D’Amarante couronnée,
N’aura sa fin terminée
Qu’en celle de l’Univers.


Les Amarantes veulent être semées & élevées sur une couche modérément chaude, avec les cloches de verre, au commencement d’Avril. Quand elles auront deux pouces de haut, & quatre ou cinq feuilles, il faut leur donner de l’air, en élevant les cloches sur des fourchettes. Lorsque les nuits seront chaudes, on ôtera entièrement les cloches, & on les mettra le matin sur les fourchettes. Tout cela se fait durant un mois ou six semaines. Quand les Amarantes sont fortes, & le temps doux, c’est-à-dire, environ la fin de Mai, ou le commencement de Juin, on les transplante où l’on veut avec leur motte, en temps de pluie, s’il se peut. C’est ainsi qu’il faut les gouverner, quand on veut les avoir de bonne heure, c’est-à-dire, au mois de Juillet. Si l’on ne veut les avoir qu’au mois d’Août, il faut les semer en pleine terre bien amendée, & composée d’un tiers de sable, mis dans des pots au commencement de Mai. Chom. Les Persans appellent l’Amarante, Rostanafruz, la lumière des jardins, à cause de sa couleur de pourpre. D’Herb.

AMARANTE. Espèce d’Ordre de Chevalerie institué en Suède par la Reine Christine, en 1653, après une fête qui se fait tous les ans en Suède, & qui s’appeloit Wirtschaft ; c’est-à-dire, divertissement de l’Hôtellerie, & qui consistoit en repas, en bals, en mascarades, & autres divertissemens semblables, qui duroient depuis le soir jusqu’au matin. La Reine, qui trouva ce nom trop bas, le changea en celui de Fête des Dieux, parce que chacun représentoit quelque Divinité, selon que le sort en décidoit. La Reine prit le nom d’Amarante ; c’est-à-dire, immortel, & se mêla parmi la jeune noblesse, qui, habillée en Nymphes & en Pasteurs, servoit les Dieux à table. A la fin de la fête, la Reine changea tout à coup d’habit, & ordonna que celui qu’elle quittoit, & qui étoit tout couvert de diamans, fut mis en pièces & donné aux masques ; & en mémoire d’une fête si galante, elle institua une espèce de Chevalerie nommée en Suédois Geselchafft. Tous ceux qui avoient été de cette fête, y furent admis ; c’est-à-dire, seize Seigneurs & autant de Dames, sans compter la Reine. Elle leur donna pour marque le Chifre d’Amarante, composé d’un double A, l’un droit & l’autre renversé, & entrelacé l’un dans l’autre, & enfermé dans une couronne de laurier, avec ces mots Italiens, dolce nella memoria, qui signifient, le souvenir en est agréable. Ashmole Anglois, dans son traité de l’Ordre de la jarretière, parle de celui de l’Amarante, mais peu exactement, & se trompe dans l’époque de son origine, qu’il place à l’an 1645, au lieu de 1653. Voyez Bernard Justiniani, dans son Histoire Italienne des Ordres Militaires, Ch. 85, 9.

AMARANTE. s. m. Nom propre. Voyez Amarand.

AMARANTE. s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe qui a un fond blanc, sur lequel s’étendent des panaches amarantes.

On appelle aussi Amarante, la teinture qui imite la couleur de cette fleur. Amaranti color.

Amarante, est aussi un nom que les Poëtes donnent à leurs maîtresses dans les vers qu’ils leur adressent.

AMARANTE. s. m. Peuple ancien de la Colchide qui habitoit une montagne de même nom. Amaranti. Le Mont Amarante. Mons Amarantius.

Amarante. Petite ville de Portugal. Amaranthus. Elle est dans l’Entre Douro & Minho, près de la province