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ABA

& deux plus petits proches l’un de l’autre. Ce noyau renferme une belle amande blanche qui est astringente, & bonne pour arrêter le cours de ventre.

☞ AB. s. m. Cinquième mois de l’année Ecclésiastique des Hébreux, & l’onzième de leur année civile, & qui répond à une partie de notre mois de Juillet, & au commencement du mois d’Août.

Ab, en Langue Syriaque, le dernier mois de l’Été. C’est le même nom & le même mois que celui dont il est parlé dans l’article précédent. Il ne faut pas confondre ce mois avec un autre nommé Abib, qui répond à notre mois de Mars. Celui-ci étoit un mois des anciens Hébreux, & se trouve dans l’Écriture, au lieu que Ab ne se trouve que dans le Thalmud & dans les Rabbins.

ABA. Aba ou Abæ, ville de la Phocide que les Abantes y bâtirent, & qu’ils nommerent du nom d’Abas leur Chef, sous la conduite duquel ils étoient sortis de Thrace. Quelques-uns disent que c’est cette Aba, & non pas Abée, qui fut ruinée par Xerxès. Je ne sai sur quoi fondé M. Corneille l’appelle Abée.

Étienne le Géographe met encore une autre Aba dans la Carie, & Ptolomée, une autre dans l’Arabie, au 86e degré 30 minutes de longitude, & au 30e de latitude.

Étienne place encore une ville de ce nom dans l’Italie. Ptolomée la nomme Ἤβα par un changement ordinaire dans le dialecte Ionien, qui met l’η à la place de l’a long.

C’est aussi le nom d’une montagne d’Arménie, d’où sortent l’Euphrate & l’Araxe, & qui fait partie du Mont Taurus. Les Géorgiens l’appellent Caicol.

ABA, ou Anba, Pere ; titre que les Églises Sytiaques, Cophtes & Éthiopiennes donnent à leurs Évêques. Au reste il faut dire Abba.

ABAB. s. m. Terme de Relation. Nom que l’on donne à de jeunes paysans forts & vigoureux, que les Turcs levent en quelques provinces de leur empire, quand ils manquent d’esclaves pour aller sur mer. Rusticus ad remigandum delectus. De vingt maisons on prend un Abab, & les dix-neuf autres lui donnent vingt mille âpres, qui font 500 francs de notre monnoie, pour faire son voyage. Voyez l’Interprête de la Porte.

☞ ABABA. Nom moderne du Penée, rivière de Grece dans la Thessalie.

ABABIL, ou ABABILO. s. m. Oiseau inconnu, ou plutôt fabuleux, dont parle Samuel Bochatt, Hieroz. Part. poster. l. 6. c. 14. Un Auteur Mahométan a écrit que l’année que naquit Mahomet, Dieu envoya ces oiseaux contre les Abissins qui alloient assiéger la Mecque.

AB ABRUPTO. Terme Latin, qui s’est francisé. Il signifie sur le champ, sans préparation. Il a parlé ab abrupto, ou ex abrupto, c’est-à-dire, sur le champ.

☞ ABACA. Île de l’Asie, une des Philippines : elle est à 145 degrés 13 minutes de longitude, & à 10 degrés 35 minutes de latitude.

ABACA. s. m. Espèce de lin ou de chanvre que l’on recueille dans quelques-unes des Îles Manilles. Il y en a de deux sortes, le blanc & le gris. Cette plante est une sorte de Platane des Indes.

ABACARE. s. m. & f. Abacar, is : ou Abacarus, a, um. Peuple de l’Amérique méridionale, qui habite le long de la rivière de Cayenne, au septentrion des sources du Paraguay, dans un pays qui n’est pas encore bien connu des Européens. Maty.

☞ ABACE, ABÉCE. Vieux mot, du Latin Abacus. Voyez Abaque.

☞ ABACH, ou ABBACH. Abacum ; petite ville d’Allemagne, dans la basse Bavière, est de la régence de Straubing & sur le Danube. Il y a des eaux minérales fort renommées. On croit que c’est l’ancien château d’Abaude, Abadiæcum, où naquit l’Empereur Henri II.

ABACHER. s. m. & nom d’homme. Abbacyrus. Ce nom est moitié Syriac & moitié Grec, composé d’Aba, Pere, Abbé, & du nom propre Grec, & signifie l’Abbé Cyrus. On n’en fait qu’un mot. Abbacyrus, dont les Cophtes ont fait S. Abacher, & les Italiens, S. Appassara. Chastel. 5. Janv.

ABACO. s. m. Abacus. Ce mot se trouve dans Rouillard, pour signifier l’Arithmétique. Les Italiens disent aussi Abaco, pour exprimer la même chose. C’étoit une petite table polie, sur laquelle les Anciens traçoient des figures, ou des nombres. Elle servoit à apprendre les principes de l’Arithmétique. Ils l’appelloient Table de Pythagore.

ABACOA. Île de l’Amérique méridionale. Abacoa. C’est une des Lucayes. Elle est dans la mer du nord au midi de la Lucayonnéque.

ABACOT. s. m. Ornement de tête que portoient anciennement les Rois d’Angleterre. Il avoit la forme de deux couronnes par en haut. Harris.

ABADA. s. m. Animal farouche du pays de Benguela, dans la basse Éthiopie. Il ressemble à un cheval par la tête & par le crin. Il est un peu moins grand. Il a la queue d’un bœuf, excepté qu’elle est moins longue. Ses pieds sont fendus comme ceux du cerf, & plus gros. Il a deux cornes, l’une sur le front, & l’autre sur la nuque. Les Négres tuent ces animaux à coups de flêche, pour en prendre la corne, qu’ils regardent comme un spécifique contre le poison. On prend cet animal pour le Rhinocéros.

☞ ABADAN ou ABBADAN. ville d’Asie dans l’Iraque Babylonienne, sur le Golfe Persique, à l’embouchure du Tigre, 84 degrés longitud. 29 degrés 20 minutes latitud. septentrion.

ABADDON. s. m. C’est dans l’Apocalypse, c. 9. v. 11. le nom du Roi des Sauterelles. S. Jean explique lui-même ce qu’il signifie. Elles avoient pour Roi l’Ange de l’Abyme, qui s’appelle en Hébreu Abbadon, en Grec Appollyon (ἀπολλύων) & en Latin Exterminans. Tous ces mots signifient la même chose, chacun dans sa langue ; & Abaddon vient de אבד, Abad, perdre, exterminer.

ABADIR, ou ABADDIR ; car Priscien, qui nous a conservé ce nom, dit l’un & l’autre, & même ABDIR, selon la remarque de Vossius, De Theol. Gent. L. VI. C. 39. terme de Mythologie. C’est le nom d’une pierre que Saturne dévora. Car, soit que son frere Titanus ne lui eût cédé l’empire du monde, qu’à condition qu’il n’éleveroit point d’enfant mâle, soit que les destinées portassent qu’il seroit un jour détrôné par un de ses enfans, il les faisoit tous périr dès qu’ils étoient nés. Enfin Cybele, ou Ops sa femme le trompa, & lui fit avaler cette pierre, au lieu de l’enfant dont elle étoit accouchée. Vossius prétend que ce mot vient de Βαιθὶλ, Béthel ; car il faut remarquer que les Grecs appellent Βαίσυλος la pierre que Saturne dévora, au lieu de l’enfant que Rhée avoit mis au monde. Or on sait d’où vient ce mot Béthel, & ce qu’en dit Moyse dans la Genèse, XXVIII. 10. & suiv. Jacob allant en Mésopotamie, s’arrêta un jour près de Luza, ville des Chananéens, pour y reposer & pour y passer la nuit. Pendant son sommeil, il vit en songe l’échelle mystérieuse, & le lendemain comprenant qu’il étoit dans un lieu saint, il prit la pierre qui lui avoit servi d’oreiller, & l’érigea en monument, en y répandant de l’huile, & appella la ville voisine Béthel, c’est-à-dire, Maison de Dieu. Vossius, après avoir dit que cette pierre avoit été en si grande vénération chez les Payens, que quelques-uns lui avoient rendu les honneurs divins : ce qui fit que ce lieu qui s’appelloit Béthel auparavant, fut nommé depuis Béthave, Maison de mensonge, par les vrais Israëlites, qui eurent ce culte idolâtrique en horreur : Vossius, dis-je, observe que la connoissance confuse que les Payens eurent de cette pierre & de l’histoire de Jacob, leur fit dire que c’étoit cette pierre, que Saturne avoit dévorée au lieu de Jupiter, & ils la nommerent Βαίτυλος, du mot Hébreu Béthel. Puis, ajoutant un A au commencement du mot, & changeant L en R, ils ont fait Abadir. Il falloit ajouter, & changeant encore le th en d.

Tout cela n’est pas fort évident, & paroît bien forcé : ce n’est rien cependant en comparaison de la seconde étymologie. Toute cette fable de Saturne renferme, dit-on, des mystères qui se découvrent par le moyen de la langue Phénicienne, qui étoit alors en usage. En Phénicien Aben, en mettant un Aleph devant ben, comme font les Arabes, signifie également