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AMA

☞ On donne encore le nom d’Amadis aux manchettes, dont les femmes en couche se couvrent les bras.

AMADONTE. Espèce de poire, qu’on nomme petit-oin. Voyez ce mot.

AMADOR. s. m. Ce mot, qui n’est plus d’usage, veut dire Amoureux.Amasius.

 
Ane mays no vie amador,
En sordel de vostre color. Peyre Guillem.

AMADOTE. s. m. Sorte de poirier qui porte des poires qu’on appelle Amadotes.

Amadote. Sorte de poire trouvée premièrement en Bourgogne, & appelée Amadote par abréviation & par corruption ; pour dire, de Dame Oudot, du nom d’une femme qui les aimoit, & qui en eut la première en ce pays-là. Ménage. L’Amadote a un assez grand parfum, mais il est renfermé dans une chair extrêmement dure, pierreuse, pleine de marc. La Quint.

AMADOU. s. m. Espèce de mèche noire qui vient d’Allemagne, & qui se fait avec cette sorte de grands champignons, ou d’excroissances fongeuses, que les vieux arbres produisent. Cette mèche est très-propre à recevoir & à entretenir le feu que l’on tire avec l’acier & le caillou frappés l’un contre l’autre. Le Traducteur du cours de Mathématiques de Wolf, écrit amadoue, & non amadou, & lui donne le genre féminin. T. III, p. 152, mais l’usage est pour amadou, subst. masc.

☞ AMADOUEMENT. s. m. Caresse, flatterie. Delinicio. Ch. Est. Dict. Ce mot n’est presque plus en usage.

AMADOUER. v. a. Flatter avec des paroles douces & attirantes. Blandiri, adulari, assentari. Il n’y a que les enfans & le peuple qui se laissent sottement amadouer. Ménage dérive ce mot de amatutare, inusité, qui a été fait de amatus ; d’autres de la phrase latine & flatteuse, amabo te.

Amadouer, signifie aussi quelquefois, adoucir, appaiser par de belles paroles. Lenire, delinire.

AMADOUE, ÉE. part. Lenitus, delinitus, ou Mollibus verbis captus, illectus. Regnier a dit, je devins aussi fier qu’un chat amadoué.

On dit quelquefois aussi, Amadoueur, de celui qui amadoue, qui flatte par des caresses. Delinitor. Mais ces trois mots ne peuvent passer que dans le discours familier.

AMADOURI. s. m. Sorte de coton qui vient d’Alexandrie par la voie de Marseille.

AMAG, AMAGER, AMACK. Amagria. Petite île de la mer Baltique. Elle est sur les côtes de celle de Zéelande, vis-a vis de Copenhague, dont elle n’est séparée que par un canal étroit qui se passe sur un petit pont levis. On appelle cette île, le jardin potager de Copenhague. Il y a un village hollandois, composé des descendans de ceux qui furent autrefois appelés pour faire du fromage pour la cour.

☞ AMAGOR. Ville d’Afrique, dans la province de Hea, au royaume de Maroc, sur une haute montagne.

AMAGUANA. s. f. Une des Lucayes, îles de l’Amérique septentrionale. Majaguana, Amaguana. Elle est dans la mer du Nord, au nord du détroit qui sépare l’île de Cuba, & celle de Saint Domingue. Les cartes de Delisle l’appellent Mayaguana.

AMAÏA. s. f. Ancienne ville des Cantabres, en Espagne. Amaja, Amagia. On n’en voit plus que les ruines dans la vieille Castille, vers les confins des Asturies, au nord de Diégo.

AMAIGRIR. v. a. Rendre maigre. Emaciare, Macie tenuare. Le vinaigre amaigrit ceux qui en boivent. Il est aussi neutre, & signifie, devenir maigre. Macescere, macrescere, emaciari. Ce malade amaigrit à vue d’œil, sa graisse diminue. Voyez Maigreur.

Amaigrir, ou Demaigrir. En termes de Maçonnerie & de Charpenterie, se dit de la coupe du bois, ou de la pierre qu’on fait en angle aigu. Imminuere, minuere. Et on dit au contraire, engraisser, quand cette coupe se fait en angle obtus.

Amaigrir. Terme d’Architecture. Voyez Demaigrir.

s’Amaigrir. Terme de Sculpteur. Imminui, contrahi. On dit d’une figure de terre, qu’elle s’amaigrit, lorsqu’étant nouvellement faite, elle vient à sécher ; parce qu’alors les parties se resserrent, deviennent moins grosses & moins nourries.

AMAIGRISSEMENT. s. m. Diminution d’embonpoint ; ou plutôt, état d’une personne qui passe de l’embonpoint a la maigreur. Macies, macror. Elle amaigrit tous les jours, & cet amaigrissement fait voir qu’elle se porte mal.

AMAITRE. Voyez Amatre.

AMALARIC. s. m. Amalaricus. Nom d’homme. Amalaric, Roi des Wisigoths, fils d’Alaric, tué par Clovis l’an 507, à la journée de Vouillé. Et par conséquent ce nom est goth, ou gothique ; & ce sont ces peuples qui l’ont apporté en France. Nous en avons fait Amalric, & puis Amauri.

AMALE. s. m. & f. Nom de la famille royale des Ostrogoths. Amalus, a. De même que les Lombards avoient parmi eux une famille appelée les Guningues, d’où ils tiroient leurs Commandans, les Bavarois, dans le même temps, avoient les Agilosingues ou Guelphes ; les Ostrogoths avoient les Amales. M. de S. Aubin. Voyez Jornandez, de rebus Getic. C. 5. Lazius dit que la famille des Amales, célébre parmi les Goths, avoit régné dans la Chersonèse Cimbrique avant J. C. De Migrat. Cent. L. IX. Id.

AMALEC. s. m. AMALÉCITE. s. m. & f. Nom de peuple dont il est parlé dans l’Ecriture. Amalec, Amalecites, Amalecita. Ce peuple habitoit au midi de la Terre promise, & s’étendoit depuis le désert de Pharan, jusque sur les bords de la mer rouge. Amalec se dit du peuple en général. I. des R. XV, 1, 2, 3. Dieu ordonna à Saül de détruire ce peuple. Amalécite se dit du peuple & des particuliers. Dieu réprouva Saül, pour n’avoir pas entièrement détruit les Amalécites. Une femme Amalécite. Le serviteur d’un homme Amalécite.

AMALES. f. plur. Amali. C’est le nom d’un des peuples qui composoient la Nation Gothique. M. Du Cange croit que du nom des Amales sont venus les noms d’Amalasunte, d’Amalafred, d’Amalaburge, d’Amalaric, &c. Jornandez parle des Amales comme d’un peuple considérable.

☞ AMALFI. Voyez Amalphi.

AMALGAMATION. s. f. Terme de Chimie. C’est la calcination de quelque métal, par le moyen du mercure. Action de dissoudre ou d’incorporer un métal avec le mercure. Elle se fait en mettant rougir dans un grand feu les lames de métal les plus déliées qu’on peut ; puis on verse dessus du vif-argent ; on remue la matière avec une petite verge de fer ; & quand on voit qu’il commence à s’élever une fumée, on jette le mélange dans un vaisseau plein d’eau, qui se coagule & devient maniable. Cette calcination est en usage parmi les Orfévres & les Doreurs, qui par ce moyen rendent l’or fluide & extensible sur les ouvrages qu’ils veulent dorer. Tous les métaux s’amalgament, excepté le fer & le cuivre. L’or retient environ trois fois son pesant de mercure. Les Chimistes dénotent cette opération avec une marque AAA. Boizard, dans son Traité des Monnoies, ne dit point Amalgamation, mais toujours Amalgame. Amalgame de l’or & de l’argent avec le mercure. Amalgame de l’or en chaux pour le vermeil doré ; ce qui fait croire qu’amalgame, au moins en termes de monnoie, est le seul, ou le plus en usage, ou que Boizard a tort. Voyez l’article suivant :

AMALGAME. s. m. Terme de Chimie. Matière calcinée par le moyen du mercure. Combinaison ou alliage du mercure avec quelqu’un des métaux. Hoffman dans ses notes sur Potier, se vante d’avoir le secret de dissoudre dans de l’eau commune un amalgame d’or & de mercure, par le moyen de la seule trituration, ensorte que tout l’amalgame se distribue dans les pores de la liqueur. Journal des S. Faites un amalgame de trois livres de mercure commun ressuscité du cinnabre. Homberg. Acad. des S. 1700. Mém. p. 191.