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ALU — ALY

du salpètre ; & la manière dont on l’employoit du temps de Matthiole, s’observe encore aujourd’hui. Cet alun se nomme alun de Rome, Alumen Romanum. Alun de roche, Alumem rupeum, parce qu’on le tire de la pierre. Il est de couleur de chair ou rougeâtre, à cause que l’eau dans laquelle les sels étoient en dissolution, s’est trouvée chargée d’une lie rouge qui venoit de la pierre calcinée, & qui s’est unie aux sels dans leur cristallisation. A la Solfarerra, près Pouzzol, dans le royaume de Naples, on ramasse en été une suie fine, qui se forme sur la surface de la terre au haut du Volcan. Cette suie dissoute, évaporée & cristallisée, donne un alun blanc & transparent. En Angleterre, dans la province d’Yorck & de Lancastre, on prépare l’alun avec une espèce de pyrites de couleur d’ardoise ; on le fait calciner aussi-tôt qu’on l’a tiré de sa minière, ensuite infuser & bouillir avec la lessive des cendres des plantes marines. La matière étant reposée, il se précipite une substance saline, sur laquelle on verse une bonne quantité d’urine qui acheve la précipitation des matières terreuses, & sulfureuses. La liqueur qui reste étant transvasée & en repos, donne des cristaux blancs & salins, qu’on lave dans l’eau, & qu’on fait refondre pour les réduire en grosses masses propres à remplir des tonneaux. Cet alun se nomme alun de roche, alun de glace. Alumen commune, alumen glaciale, à cause que ses fragmens ressemblent à des morceaux de cristal de roche. L’alun de Suède se fait avec un minéral, qui contient beaucoup de soufre & de vitriol, qu’on ne peut emporter que par la calcination, ou par des distillations. La matière qui reste dans les vaisseaux de fer dont on s’est servi pour tirer tout le soufre de ce minéral, se réduit, étant exposée à l’air pendant quelques années, en une cendre bleue, qu’on lessive & qu’on fait cristalliser. Ce que les Anciens appeloient alun liquide, ne paroît qu’un alun résous en liqueur : il y a des eaux minérales qui tiennent de l’alun. Si on ajoute du cuivre ou du fer à l’alun, on fera du vitriol. L’alun succharin, ou saccharin Alumen saccharinum, est une composition d’alun, d’eau-rose, & de blancs d’œufs. A l’égard des autres espèces d’alun dont les Anciens ont parlé, on ne les connoît plus, & peut-être n’ont elles que des variétés peu considérables. On ne doit point mettre au nombre des sortes d’alun, ce qu’on nomme alun catin, alumen catinum. Voyez Soude ; ni l’alun scaïole. Voyez Plâtre. Et l’on doit bien distinguer l’alun de plume d’avec l’amiante ou asbeste. Voyez Amiante.

☞ Tournefort dit que pour le distinguer de l’amiante avec lequel on le confond souvent, il n’y a qu’à le mettre sur la langue pour savoir s’il a le goût de l’alun : l’amiante au contraire est insipide.

Le mot alun vient du mot grec ἅλς, qui signifie sel ; il peut aussi venir de lumen ; à cause qu’il donne de l’éclat aux couleurs. On ne sauroit guère teindre ni enluminer sans alun ; car c’est le principal des sels minéraux dont on se sert dans la teinture ; & c’est comme un lien entre l’étoffe & la couleur ; de même que les huiles gluantes & les eaux gommées font un lien à l’égard de la peinture & de l’enluminure. L’alun dispose les étoffes à recevoir la couleur, & à leur donner la vivacité, comme on voit à la cochenille & à la graine d’écarlate, dans lesquelles on mêle aussi quelque acide & même de l’eau forte, pour donner de la vivacité à leur couleur rouge, & leur ôter le violet. L’alun fait ses effets par la stipticité, ou vertu astringente qui lie la matière délicate des couleurs, & empêche qu’elles ne s’évaporent. L’alun empêche que le papier qui en est trempé ne boive. Tout alun dissous dans l’eau qui vient à se coaguler, prend la figure pyramidale, ou le tétraèdre composé de quatre triangles fort égaux. Les anciens Médecins & les plus modernes conviennent assez sur la vertu & l’usage de l’alun, tel qu’on vient de le décrire. Il est astringent, bon pour arrêter les hémorragies & les pertes ; l’alun calciné est employé pour ronger les chairs baveuses des ulcères. Ramusio, dans son Recueil de navigations & de voyages, fol. 236. parle d’un alun appelé en Europe, Alun d’Alexandrie, & qui s’apporte de l’île d’Ormus, dans la mer Rouge.

ALUNER. v. a. Terme relatif à l’opération du Teinturier. Faire tremper dans l’alun, ou dans un bain d’alun. Alumini immergere. Toutes les étoffes qu’on veut teindre en cramoisi, doivent être fortement alunées. Aluner du papier pour l’empêcher de boire.

ALUNÉ, ÉE. part.

ALUS. Lieu du pays des Madianites. Alus. Il étoit dans le désert. Le dixième campement des Israélites, après leur sortie d’Egypte, fut à Alus.

ALUYNE. Voyez Aluine.

ALY.

☞ ALY. Petite ville de la Géorgie, située entre des montagnes, à neuf lieues de Gory.

ALYNE. Lac d’Irlande. Alineus lacus. Il est dans le Comté de Létrim, en Connacie, au nord de la ville de Létrim.

ALYPUM. s. m. La plante que nous connoissons aujourd’hui sous le nom d’Alypum, est fort différente de celle que Dioscoride a décrite sous le même nom, comme tous ceux qui ont écrit après lui en demeurent d’accord. Jean Bauhin lui a cependant conservé ce nom. Gaspard Bauhin, dans le Pinax, la nomme Thymelæa foliis acutis capitulo succisa, seu Alypum Monpelsensium. Clausius la décrit sous le nom d’Hypoglossum Valentinum, & M. Tournefort la place dans la VIe Section de les Institutions, au genre de Globularia, sous le nom de Globularia fruticosa, myrti folio tridendato : mais elle est d’un caractère tout-à-fait différent de celui de Thymelæa & de Globularia, comme on le pourra voir par la description suivante. Voyez Globulaire.

L’Alypum est un arbuste qui s’élève à la hauteur d’environ une coudée. Sa racine, qui est revêtue d’une écorce noirâtre, est longue d’environ quatre ou cinq pouces, & de près d’un pouce de diamètre à son collet. Elle pousse trois ou quatre grosses fibres. Ses branches qui sont couvertes d’une petite pellicule d’un rouge brun, sont déliées & cassantes. Ses feuilles qui sont rangées sans ordre, tantôt par petits bouquets, tantôt seules, ou accompagnées d’une autre petite dans leurs aisselles, sont de différentes figures ; les unes ressemblent assez aux feuilles de myrte ; les autres s’élargissent vers la sommité, & forment trois pointes en trident ; les autres n’en forment qu’une seule ; les plus grandes ont environ un pouce de longueur, sur trois ou quatre pouces de largeur ; elles sont épaisses & d’un vert fort éclatant. Chaque branche ne soutient ordinairement qu’une fleur ; il s’y en trouve quelquefois deux, mais rarement. Ses fleurs sont d’un très-beau violet, & ont environ un pouce de diamètre. Elles sont composées de deux fleurons, du fond desquels s’élèvent quatre petites étamines blanches, chargées d’un petit sommet noirâtre. Elles se terminent en trois pointes, & n’ont qu’environ trois lignes de long, sur une ligne de large. Chaque demi-fleuron porte sur un embryon, qui lorsque la fleur est passée, devient une semence garnie d’une espèce d’aigrette. Toute la fleur est soutenue par un calice composé de feuilles disposées en écailles, chacune desquelles n’a que deux ou trois lignes de long, sur une ligne de large.

Cette plante purge violemment. Des Empyriques & des Charlatans l’emploient contre les maladies vénériennes, & d’autres dans les purgations, à la place du séné ; mais il seroit à souhaiter que leur avarice ne les exposât pas aux fâcheuses suites que la violence de ce remède produit ordinairement, & que le nom de Frutex terribilis leur devroit faire appréhender.

Alypum, est un nom grec composé de l’α privatif, & de λύπη, douleur, comme si l’alypum ne causoit point de douleur. Est-ce par antiphrase qu’on lui a donné ce nom ?

ALYSSON. s. m. Nom que les anciens Botanistes avoient donné indifféremment à plusieurs plantes, qui sont cependant chacune d’un genre particulier. Les Modernes ont attaché ce mot à un seul genre de plantes, dont les fleurs sont en croix, & dont le pistil devient