Altérer, signifie aussi, causer de la soif en dessechant les humeurs qui fournissent la salive. Sitim accendere, gignere, efficere. La chasse altère les chiens & les veneurs. Ces mets trop salés m’ont bien altéré. Les médecines altèrent beaucoup.
On dit aussi, Altérer les monnoies ; pour dire, les falsifier par un faux alliage.
☞ Altérer, est aussi réciproque, & s’applique à toutes les choses physiques ou morales dans lesquelles il se fait quelque changement de bien en mal. Corrumpi, depravari, vitiari. Ce vin commence à s’altérer. Les bonnes coutumes s’altèrent avec le temps. Acad. Fr. Voyez, Altération.
ALTÉRÉ, ÉE. part. Il a toutes les significations de son verbe, en latin comme en françois.
On le dit sur-tout au figuré : Un grand Prince est toujours altéré de gloire. Cupidus gloriæ. Les Tyrans étoient altérés du sang des Martyrs ; c’est-à-dire, aimoient à répandre le sang. Sitiens sanguinis. On dit d’un homme âpre au gain, que c’est un altéré ; & alors il est pris substantivement. Expression populaire.
☞ En termes de jardinage, une terre est altérée, quand elle est fort séche. Un arbre est altéré quand ses feuilles se fânent.
ALTERES. s. f. plur. Inquiétudes d’esprit, passions véhémentes. Sollicitudo, anxietas, vehemens animi commotio, perturbatio. L’approche de l’ennemi a mis tout le royaume en de grandes altères. Ce mot a vieilli, & n’est plus en usage. Il a signifié aussi autrefois Enthousiasme, fureur prophétique. Ce mot vient par corruption, d’artères, parce que la grande émotion cause un violent battement des artères.
☞ ALTERNATIF, IVE. adj. qui souffre ou qui agit tour-à-tour, l’un après l’autre. Alternus, Alternans. Ce mot, dans sa propre signification, s’applique à deux choses qui agissent continuellement l’une après l’autre. C’est ainsi qu’on dit que le mouvement de dilatation & de contraction du cœur sont des mouvemens alternatifs. Voyez Diastole & Systole.
☞ Ce mot se dit aussi des offices qui sont exercés par deux titulaires qui entrent en exercice l’un après l’autre. Il y a plusieurs offices alternatifs & plusieurs charges alternatives.
☞ On dit de même de deux Officiers généraux qui commandent chacun leur jour, qu’ils ont un commandement alternatif.
☞ En Logique, on appelle Proposition alternative celle qui contient deux parties opposées, dont il faut nécessairement en admettre une. Il faut payer ou déguerpir. Il faut se soumettre au joug du Seigneur ou au joug du monde. Il est impossible de servir en même temps deux maîtres ; il faut opter.
☞ ALTERNATION. vieux s. f. Action de faire quelque chose tour-à-tour. Alternatio. Ch. est. Dict.
☞ On dit aussi Alternation, pour exprimer le changement d’ordre qu’on peut donner à plusieurs choses, en les plaçant successivement les unes auprès des autres, ou les unes après les autres. Ainsi trois lettres peuvent subir une alternation de six façons différentes.
☞ ALTERNATIVE. s. f. C’est le féminin de l’adjectif Alternatif pris substantivement. Option entre deux choses, entre deux propositions. Alterutrum. Prendre l’alternative de deux propositions. Cette alternative ne me plaît pas. On vous propose cette alternative, choisissez. On donne en Justice l’alternative sur l’acceptation des offres, sur la prestation d’un serment. Voyez Alternatif.
☞ En matière bénéficiale, dans les pays qu’on appelle d’obédience, comme la Bretagne, la Provence, &c. On appelle alternative, l’exercice du droit qu’ont le Pape & les Evêques de nommer tour-à-tour, chacun pendant un mois, aux bénéfices. Ainsi le Pape nomme aux bénéfices qui vaquent pendant le mois de Janvier, l’Ordinaire à ceux qui vaquent en Février, & ainsi de suite pendant les autres mois.
ALTERNATIVEMENT. adv. Tour-à-tour, l’un après l’autre. Alternâ vice, alternis, alternatim. Ces Officiers s’exercent alternativement ; chaque Officier a son année d’exercice. On dit aussi en Botanique, que les feuilles d’une plante sont placées alternativement lorsqu’elles sont placées l’une après l’autre, & tour-à-tour, des deux côtés d’une branche. Voy. Alterne.
ALTERNE. adj. Terme de Botanique. Alternus. On dit que les feuilles d’une plante sont alternes, lorsqu’elles sont placées alternativement ; ☞ c’est-à-dire, lorsque les feuilles, à l’égard des menues branches, sont placées l’une au-dessous de l’autre, de sorte qu’il ne se trouve qu’une feuille à la même hauteur. Ce mot, Alterne convient aux branches, aux boutons, aux fleurs, aux fruits.
Alterne. adj. m. se dit en Géométrie, des angles internes, que forme une ligne qui coupe deux lignes parallèles. Cette ligne fait huit angles : il y en a quatre internes, qui sont aussi alternes par leur situation, qui se répond en alternative. Il y en a deux externes qui sont alternativement opposés avec deux internes. En Trigonométrie la base alterne est différente de la véritable base. Car dans un triangle oblique la véritable base est toujours la somme des côtés, & alors la différence des côtés est appelée base alterne ; ou bien la véritable base est la différence des côtés, & alors la somme de ces mêmes côtés est appelée base alterne. Harr. ☞ Raison alterne. Dans une proposition l’antécédent d’une raison étant à son conséquent, comme l’antécédent d’une autre est à son conséquent, il y aura encore proportion, en disant que l’antécédent est à l’antécédent, comme le conséquent est au conséquent. Ainsi si b: c:: c: a, en alternant, c’est-à-dire, en comparant l’antécédent à l’antécédent, & le conséquent au conséquent, on aura b: c:: d: a.
ALTERNÉ, ÉE. adj. En termes de Blason, se dit de la situation des quartiers ou des figures, qui se répondent en alternative, comme dans l’écartelé, le premier & quatrième quartier sont alternés, & ils sont d’ordinaire de même nature, & pareillement le second & le troisième. On dit de même du Losangé, fuselé & échiqueté, de points équipollés, &c.
☞ ALTERNER. v. n. Faire quelque chose tour-à-tour. Alternare. Ch. est. Dict. Il se dit en parlant des Officiers, des Magistrats qui exercent un office, une charge tour-à-tour, alternativement.
☞ Il signifie aussi avoir la préséance alternativement dans les diètes de l’Empire. Les Evêques de Wirtzbourg & de Vorms alternent. Introd. à l’hist. de Puffend.
ALTESSE. s. f. Titre d’honneur qu’on donne à différens Princes, en parlant ou en écrivant. Celsitudo. Ce n’est qu’un peu avant l’année 1630, que les petits Princes d’Italie ont été traités d’Altesse. En ce temps-là il n’y avoit que le Duc d’Orléans à qui l’on donnoit ce titre. Ensuite (1631) il se fit donner celui d’Altesse Royale, pour se distinguer des autres Princes. Le Prince de Condé arbora l’Altesse Sérénissime, laissant l’Altesse simple aux Princes naturalisés. Ménage. Ce fut par l’ordre du Cardinal de Richelieu, que l’Ambassadeur Charnasse traita Frédéric-Henri, Prince d’Orange, d’Altesse, en 1637, au lieu du titre d’Excellence qu’on lui donnoit. Le Duc de Savoie, à cause de ses prétentions sur le royaume de Chypre, prend aussi le titre d’Altesse Royale. Les Electeurs prennent celui d’Altesse Electorale. Balzac appeloit Joseph Scaliger, son Altesse de Vérone, en le raillant sur sa prétention de Principauté. Avant Charles-Quint, & même quelque temps après on ne donnoit que le titre d’Altesse au Roi d’Espagne. Vicq. A l’égard du Grand-Seigneur, ou le Turc, on l’appelle Sa Hautesse. Les Ducs de Savoie n’ont pris le titre d’Altesse Royale, que pour se mettre au-dessus des Ducs de Florence, qui s’étoient fait appeler Grands-Ducs. Mais depuis le Grand-Duc a pris aussi la qualité d’Altesse Royale, afin de s’égaler au Duc de Savoie.
Altesse. s. f. terme de Fleuriste. Œillet d’un violet brun, sur un blanc, qui paroît d’abord carné, mais qui dans la suite devient un blanc de lait. Sa plante est délicate, & son vert pale. Il vient large, & porte de gros panaches fort détachés. Il a été élevé à Compiegne.
ALTH. Voyez ALUTA.