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ALP

trumens pour les Tisserans ; & mettant même leur fiente à profit, ils s’en servent à faire du feu.

ALPAM. s. m. Plante des Indes, dont le tronc qui se divise en deux ou trois tiges, est couvert d’une écorce de couleur verte & cendrée, sans odeur, & d’un goût astringent. Ses branches sont d’un bois blanchâtre ; elles sont partagées par des nœuds ; elles ont une moelle verte : sa racine est rouge, composée d’un grand nombre de fibres capillaires qui s’étendent en tout sens. Les feuilles sont de figure oblongue, étroites, & terminées en pointe très-aiguë, d’un vert foncé en-dessous, mais d’un vert pâle en-dessus : elles ont un grand nombre de côtes, & sont entrelacées d’un grand nombre de fibres & de veines, &c. Leur odeur n’est pas désagréable. Elles sont un peu âcres au goût. Les fleurs, qui sont d’une couleur de pourpre foncé & sans odeur, croissent sur des pédicules foibles & ronds, &c. & ont dans le milieu trois étamines rouges & oblongues qui se croisent l’une l’autre. Aux fleurs succedent des côtes pointues, rondes, & pleines d’une pulpe charnue, sans aucune semence, au moins qu’on puisse appercevoir.

☞ ALPANET. s. m. Voyez Alphanet.

ALPARGATES. s. m. pl. Mot Espagnol, qui signifie des Souliers de corde.

ALPEN, & ALPAGE. s. m. Qui signifie un lieu qui n’est point labouré, & qui ne sert que de pâturage. Chorier, Hist. de Dauphiné, C. i. p. 93. Si ce mot est en usage, ce n’est qu’en Dauphiné.

ALPES. s. f. pl. Hautes montagnes qui séparent l’Italie de la France, de la Suisse & de l’Allemagne, & qui commençant à la côte de la mer de Gènes, vont en demi-cercle finir à la mer Adriatique, ou golfe de Venise. Les Alpes ont eu différens surnoms en différens endroits. Les Alpes Maritimes, Alpes Maritimæ, ou Littoreæ, sont celles qui s’étendent depuis la côte de Gènes, jusqu’au mont Viso, ou à la source du Pô. Les Alpes Cottiennes, Alpes Cottianæ, ou Cottiæ, depuis le mont Viso jusqu’au mont Ceniz, ainsi nommées de Cottus, ou Cottius, qui régna dans ces montagnes. Les Alpes Grecques, Alpes Graiæ, depuis le mont Ceniz jusqu’au mont S. Bernard. Les Alpes Apenninnes, Alpes Apenninæ, Penninæ, Pænæ, ou Pœninæ, celles du Valais, entre le mont Saint Bernard & celui de Saint Gothard. Les Alpes hautes, Alpes summæ, celles du mont Saint Gothard, & aux environs des sources du Rhin & du Rhône dans la Suisse. Les Alpes Lepontiennes, Alpes Lepontinæ, au midi des hautes Alpes, entre la source du Rhin, & le lac Mayor. Les Alpes Rhétiques, Alpes Rhæticæ, Juga Rhætica, à l’orient des hautes Alpes, entre les Grisons & la Walteline. Les Alpes Tridentines, Alpes Tridentinæ, entre le Tirol & l’Evêché de Trente. Les Alpes Noriques, Alpes Noricæ, au levant des Tridentines, entre l’Evêché de Saltzbourg & l’Etat de Venise. Les Alpes Carniques, Alpes Carnicæ, à l’orient des Noriques, entre la Carinthie & le Frioul. Les Alpes Juliennes, Alpes Juliæ, grande partie des Alpes, & la plus orientale, qui s’étend depuis la rivière de Lisonzo jusqu’au golfe de Carnéro, ayant la Carniole au nord, & une grande partie du Frioul avec l’Istrie au midi. Ptolomée comprend aussi celles ci sous le nom de Carniques. Le nom de Juliennes leur vient du Forum Julium, Frioul qui en est près ; & le nom de Carniques, du nom des Carnes, peuples qui les habitoient ; & ainsi des autres noms qu’elles ont tiré la plupart des villes ou des peuples qui y étoient.

Alpes, est un nom celtique, composé de al, qui signifie haut, élevé ; & pen, qui dans cette langue veut dire le sommet d’une montagne. Il paroît que c’est la vraie étymologie de ce nom. Servius la confirme, en disant, sur le 13 vers du Xe livre de l’Enéide, que les Gaulois appelent Alpes toutes les hauteurs des montagnes. Hiérôme, Moine Camaldule, qui a fait la vie de S. Romuald, y prend souvent le nom d’Alpes pour un nom appellatif, qui signifie de hautes montagnes ; car en parlant des lieux où ce Saint établit des Monastères dans l’Etrurie & dans le mont Apennin, il dit, C. 2. Ornantur monasteriis innumeræ Alpes, & Ch. 10. Veniens itaque Pater sanctus in Romandiolam ascendit altissimum Apennini montem, lustrans Alpes per circuitum, &c. On trouve encore d’autres exemples, où le mot Alpes est pris en général pour montagnes ; & même Alpis au singulier, pour mons, une montagne. Voyez la vie de S. Landulphe, Act. Sanct. T. II. p. 44. B. Chorier remarque que Penne est un village dans le Diois, bâti sur une éminence ; & il veut que le nom de Puy tire aussi de-là son origine. Cependant Fostus prétend que ce nom a été donné à ces montagnes à cause des neiges dont elles sont toujours couvertes ; qu’alphor en grec signifie blanc, & que les Sabiens au lieu d’alphus disoient alpus, d’où s’est formé ce nom Alpes. Bochart a recours aux Phéniciens à son ordinaire ; il soutient, Chan. L. I. C. 42. que c’est eux qui ont donné le nom à ces montagnes ; qu’il vient de לבן, laban, blanc, d’où le mont Liban a aussi pris son nom אלבן, alban, dans la forme syriaque, signifie être blanc ; de-là s’est fait Alpes. M. d’Herbelot, qui croit aussi que les Alpes, comme le Liban, ont pris leur nom de la blancheur des neiges qui les couvrent, le tire du grec ἀλφός, blanc, & cite sur cela Fostus, & Procope, De bello Goth. L. I. Eustathius sur Denis le Géogr. fait entendre qu’Alpes, signifie un col dans des montagnes. On trouve aussi ce nom, pour signifier un pâturage dans des montagnes, d’où s’est formé Alpagium, qui signifie le droit d’y conduire ses bestiaux, ou le prix qu’on paie pour en avoir la permission. Mais tous ces sens dérivés sont postérieurs au nom & à la signifiation des Alpes.

Les Grecs les nomment d’Ἄλπιαι & Ἄλποιαι, & Phavorinus Ὀλπια. On trouve même Σαρποι dans Lycophron : Isacius son Commentateur l’entend des Alpes.

Cluvier a traité fort au long des Alpes, dans son Italie ancienne, liv. i. ch. 30. & Josias Simler en a fait un traité exprès, intitulé De Alpibus. Voyez aussi Gaudentius Merula De Antiq. Gallor. Cisalp. Liv. III.C. 5. & suiv.

ALPETTEN. Ville de Suisse. Alterprettum. Elle est sur le Rhin, dans le Rhintal, à quelques lieues d’Appensel.

ALPHA. s. m. C’est le nom de la première lettre des Grecs. Ce nom est originairement hébreu, & vient du verbe אלפ Alaph, qui signifie Apprendre, d’où s’est formé אלופ, qui signifie le chef, le premier d’une troupe, celui qui la conduit. C’est dans ce sens que les Hébreux ont appelé leur première lettre Aleph. Les autres peuples lui ont donné le même nom. Les Chaldéens la nomment Alpha ; les Syriens Olaph ; les Arabes Eliph, & les Grecs Alpha.

Parce que l’alpha est la première lettre, on a dit figurément alpha, pour dire premier. C’est ainsi que Jésus-Christ dit dans l’Apocalypse XXII. 13. Ego sum alpha & omega, primus & novissimus, principium & finis. Je suis l’alpha, & l’oméga, le premier & le dernier, le commencement & la fin. Bouh. C’est ainsi que sur des médailles de Constantius, de Magnentius, de Decentius, & de quelques autres Empereurs, nous trouvons le monogramme de Jésus-Christ, c’est à-dire, les deux premières lettres du nom Χρίστος, & à droit Α à gauche un Ω pour faire allusion aux paroles de S. Jean, que je viens de rapporter, en disant dans cette inscription Χρίστος, Α & Ω, Jésus-Christ l’alpha & l’oméga, le premier & le dernier, le principe & la fin de toutes choses : témoignages authentiques que telle étoit la foi des Chrétiens dans nos premiers siècles, qu’ils étoient persuadés que c’est à Jésus-Christ que doivent s’appliquer ces paroles de l’Apocalypse, & par conséquent qu’il est le Dieu souverain ; puisqu’il n’y a que le Dieu souverain de qui on le puisse dire sans blasphème. Ou trouve aussi sur les monnoies de nos premiers Rois l’Α & l’Ω aux côtés de la Croix. Le Blanc, p. 14. rapporte un tiers de sol d’or d’un des Clovis où cela se voit. C’est aussi dans le sens dont nous parlons, que Martial, Liv. II. Ep. 57. appelle en plaisantant un certain Codrus l’alpha des gens proprement vêtus. Alpha penulatorum. Les anciens Chrétiens faisoient graver un Α & un Ω sur leurs tombeaux.

Alpha. s. m. C’est au jeu de la Canette, qu’on appelle à Paris Gobille, le lieu d’où l’on commence à jouer.

Alpha. Nom de quelques rivières de Suisse & de Westphalie, qu’on appelle aussi Aa. Maty.