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venir, en se frottant tous les jours le corps d’huile, de graisse, ou de suif ; ces frictions humectant la peau, non-seulement leur conserve la santé, mais elle augmente encore la noirceur de leur teint, qui est chez eux le suprême degré de beauté. Comme ces Maures ont la vue foible pendant le jour, les Nègres leurs ennemis les attaquent en plein midi, & n’ont pas de peine à les mettre en fuite ; mais ces Albinos s’en vengent la nuit, & pillent alors les Nègres avec la même facilité.

☞ Les Portugais & les Hollandois disent qu’ils ont vu de ces Maures blancs non-seulement en Afrique, mais encore aux Indes, dans l’île Borneo & dans la nouvelle Guinée.

ALBION. Albion. Ancien nom de l’île de la Grande-Bretagne. On en rapporte plusieurs raisons. Les uns disent que ce nom vient d’ὀλϐιος, heureux. La plus commune opinion est, qu’elle fut ainsi nommée, à cause de ces rochers blancs, ou des falaises qui paroissent sur ses côtes. Si cela est, il ne faut pas dire pour cela que ce mot soit latin d’albus, blanc ; mais plutôt Celtique, venant de l’hébreu לבן, laban, qui signifie blanc ; & que l’a ajouté au commencement est l’article ח, a. D’autres le tirent d’Albion, fils de Neptune ; car si l’on en croit les Histoires fabuleuses d’Angleterre, Albion fut de la postérité de Cham, fils de ce Neptune, que Moyse, Gen. X. 13, appelle Naphtuhim. Il équipa une Flotte sur laquelle il parcourut l’Océan, & vint s’établir dans l’île de la Grande-Bretagne, qui s’appeloit alors Samothée, trois cens ans après que Samothès y eut mené les premières colonies, quelque temps après le déluge. Albion ne régna que sept ans dans cette île ; il fut défait dans une bataille, & tué avec son frere Bergion, par Hercule l’Egyptien leur cousin, qui vengea sur eux la mort d’Osiris leur aïeul commun, que ces barbares avoient massacré. La bataille se donna à l’embouchure du Rhône, où, dit-on, les deux Flottes se rencontrerent. M. Hume, qui est le dernier Historien Anglois, n’a point cru de pareilles fables.

La nouvelle Albion est une partie de l’Amérique septentrionale, découverte autrefois sous le règne d’Elisabeth par Drak en 1578. Elle est voisine du Mexique d’un côté, & de l’autre de la Floride. Les Anglois l’ont abandonnée, ce qui fait qu’elle est peu connue jusqu’ici.

ALBIQUE. s. f. Terme de Droguiste. C’est une espèce de craie, ou terre blanchâtre, grasse & visqueuse, qui ressemble en quelque sorte à la terre lemnienne ou sigillée. On a découvert depuis peu une terre auprès de Blois, ayant à peu-près la même qualité que celle qu’on apporte de Lemnos. Ce mot vient du latin, albus, blanc.

☞ ALBOGALERUS. s m. Terme d’Histoire ancienne. C’est le nom que Festus donne au bonnet des Flamines Diales ou des Flamines de Jupiter. Il étoit fait de la peau d’une victime blanche, avec une pointe faite d’une branche d’olivier : il ne leur étoit permis de le quitter que dans la maison.

ALBOGUES. s. m. pl. Ce sont deux instrumens de cuivre en manière de chandeliers, qu’on frappe l’un contre l’autre par le vide, pour en tirer un son qui ne déplaît pas, & qui s’accommode bien avec la cornemuse & le petit tambour. Ce nom-là est morisque. Hist. de Dom Quichotte, t. 4. ch. 67. p. 485.

☞ ALBORA. s. m. Espèce de gale ou de lèpre, qui est, dit Paracelse, une complication de dartres farineuses, du serpigo & de la lèpre.

ALBORNOZ. s. m. Quelques-uns disent Bornoze, mais mal ; il faut dire Albornoz, masculin. Mot Espagnol ; c’est une sorte de manteau à capuce qui est fait de poil de chèvre, & tout d’une pièce. Les Maures, les Turcs, & les Chevaliers de Malte, s’en servent, lorsqu’ils vont au camp pendant le mauvais temps. Pallium cucullatum.

ALBOUR, ou AULBOUR. s. m. Daléchamp, Histoire des Plantes, 88. I 'vol. Alburnum, ou Saburnum. Arbre qu’on a appelé Faux Ebénier, à cause que son bois acquiert en vieillissant & en se séchant une couleur noirâtre. Il croît communément dans les Alpes, & ressemble à l’Anagyris, ou bois puant. L’écorce de son bois est d’un vert cendré. Ses feuilles sont au nombre de trois attachées à une même queue ; elles ont chacune deux pouces de long sur un pouce de large ; elles paroissent argentées lorsqu’elles sont nouvelles, mais ensuite elles deviennent d’un vert de mer, & un peu pâles en dessous. Ses fleurs sont jaunes, légumineuses, ramassées en un assez gros épi, qui pend de la longueur d’un demi pied. A ces fleurs succedent des gousses composées de deux cosses, qui renferment des semences taillées en rein. On a nommé cet arbre Cytisus Alpinus, flore racemoso, pendulo. Inst. R. Herb. & on en a remarqué deux espèces qui varient par leurs feuilles, plus larges, ou plus étroites. Son écorce, ses feuilles, ses fleurs & ses fruits sont vomitifs & laxatifs, comme l’a remarqué Daléchamp.

☞ ALBRAN. s. m. Jeune canard sauvage. Anaticula fluviatilis. On l’appelle ainsi jusqu’en Octobre, auquel temps il devient canardeau, & un mois après on l’appelle canard ou oiseau de rivière. Ménage dit que ce mot vient du grec ἁλίϐρενθος, canne de mer. Quelques-uns écrivent allez mal Albrent, Alebran, Halbran & Halebran.

☞ ALBOURG ou ALBORG. Ville de Danemark, dans le nord Jutland, dans le diocèse de même nom. Cet Evêché est suffragant de l’Archevêché de Lunden.

ALBRENER. v. n. Terme de Fauconnerie. Chasser aux albrans. Anaticulas venari. Nous avons albrené pendant deux jours.

ALBRENÉ, ÉE. adj. Terme de Fauconnerie. Il se dit d’un oiseau de proie qui a perdu, entièrement ou en partie, son pennage, Illisus, fractus, diffractus.

On le dit en style de Rabelais, de ce qui est en mauvais état. Un homme albrené ; armée albrenée. Rabelais a dit dans l’Apologue de l’âne & du roussin : te voilà tout albrené.

ALBRENT. Voyez Albran.

ALBRESE. Village de France. Abrisellum. Il est en Bretagne, dans le diocèse de Rennes, & près de la Guierche. Ce village s’appeloit autrefois Arbrissel. Ce fut la patrie de Robert d’Arbrissel, fondateur de l’Ordre de Fontevrault, qui prit de-là son nom.

ALBRET. Leporetum, Lepretum, Albretum. Ville de Gascogne, capitale du pays dont on va parler.

Albret. Pagum Leporetanum, Loporetanus ager, ou tractus. Pays de Gascone, dans les landes de Bourdeaux, & dans le diocèse de Bazas. Le Pays d’Albret, possédé long-temps par des Seigneurs, auxquels il donnoit son nom, fut érigé en duché en 1556 par Henri II, pour Antoine de Bourbon, Roi de Navarre, & Jeanne d’Albret son épouse.

Ce mot vient du latin Leporetum, qu’on a donné apparemment à ce pays, à cause de la quantité de lièvres qui s’y trouvoient.

ALBS. s. m. Voyez Alba.

ALBUGINÉE. adj. f. Terme d’Anatomie, qui signifie Blanche. Albugineus, albuginea, um. Il se dit d’une tunique de l’œil. La tunique albuginée, est ce qu’on appelle communément le blanc de l’œil, & qui paroît sur toute la convexité antérieure du globe, depuis la cornée transparente jusqu’à la rencontre, pour ainsi dire, de cette convexité avec la convexité postérieure. Elle est principalement formée par l’extension tendineuse de quatre muscles. Cette extension est très-adhérente à la sclérotique, & la fait paroître là tout-à-fait blanche & luisante, au lieu qu’ailleurs elle n’est que blanchâtre & terne. Elle est très-mince vers le bord de la cornée, & elle se termine très-uniformément, & devient comme effacée par la cornée. Winslow.

ALBUGINEUX, EUSE. adj. Terme d’Anatomie, qu’on donne à la tunique qui couvre immédiatemment le testicule, & qu’on appelle ainsi, parce qu’elle est blanche. Albidus.

On donne aussi ce nom à une des humeurs de l’œil, qui s’appelle autrement, l’Humeur aqueuse.

ALBUGO. s. f. Terme d’Oculiste. Mot latin qui signifie blancheur, & dont les Oculistes se servent en notre langue. Albugo. Maladie des yeux. L’albugo est une espèce de tache qui vient à la cornée transparente, causée par un suc blanchâtre, qui s’arrête dans la substance de cette membrane. L’infiltration s’en fait peu à peu, & devient enfin quelquefois si considérable,