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ALA - ALB

bler & sans l’alarmer. Plusieurs le font venir du cri de guerre des Grecs, qui étoit ἀλαλή

On y joint le pronom personnel, s’alarmer, prendre l’épouvante. Trepidare, consternari. Un Général ne doit point s’alarmer sans de bons avis. Vous vous alarmez d’une nouvelle qui se trouvera peut-être fausse. A quoi bon cette délicatesse, qui s’alarme d’un mot nouveau, & qui ne peut souffrir la rencontre de deux voyelles ? Bouh.

ALARMÉ, ÉE. part. On est alarmé d’un danger qu’on craint.

ALARO. Rivière du royaume de Naples. Sagra. Elle est dans la Calabre ultérieure, sort du mont Apennin, & se décharge dans la mer Ionienne, au midi du bourg d’Arucito. C’est sur l’Alaro que les Locres remporterent une grande victoire sur les Crotoniates. 

ALASCHÉHIR. Ville d’Anatolie. Alascheira. Elle est dans le Germian. Quelques Auteurs la prennent pour l’ancienne Hyplus, ou Hypsopolis, ville de la grande Phrygie, & d’autres pour Philadelphie.

ALASTOR. s. m. Alastor. Nom d’un des quatre chevaux de Pluton, dans Claudien. De rapt. Pros. Liv. I. 

C’est aussi le nom propre de quelques hommes, & entre autres d’un des compagnons de Sarpedon, qui fut tué par Ulisse, & d’un des fils de Nestor. 

Ce nom est Grec, & signifie, incommode, qui fait du mal, nuisible. Il vient de l’α privatif, & du verbe λήθω, j’oublie, de sorte qu’Ἀλάστωρ est celui qui fait des maux si grands, qu’on ne les oublie jamais. 

Alastor, est encore quelquefois un nom appellatif de certains esprits malins, de démons qui ne cherchent qu’à nuire, qui causent des orages, des tempêtes, des pestes, &c. Plutarque les appelle Telchines Alasioras, que Thomas Morus traduit, malins esprits. Amyot a dit comme en grec Alastoras, & au singulier Alastor : les démons, que nous appelons Alastoras & Palamnaos ; c’est à-dire, poursuivans la punition & la vengeance de crimes si énormes, que la mémoire en dure à jamais. Amyot. Qu’est ce qu’Alastor ? Il ne faut pas croire que ce soit ce que quelques uns veulent dire, celui qui en temps de famine va épier ceux qui en leurs maisons meulent du blé, & qui le ravissent & emportent à force ; ains faut penser que Alastor soit celui qui a commis des maléfices ; alasta ; c’est-à-dire, non oubliables. Amyot, d’après Plutarque.

ALATERNE. s. m. Alaternus, ou Philyca. Arbrisseau ainsi appelé à cause que ses feuilles sont rangées alternativement le long de ses branches. Ses feuilles sont arrondies, quelquefois dentelées à leurs bords comme celles du chêne vert, d’un vert brun ; & elles ne tombent point pendant l’hiver. Ses fleurs sont vertes, d’une seule pièce, en entonnoir, dont le pavillon est découpé en cinq pointes. Le pistil qui s’élève du fond de ces fleurs devient, après qu’elles sont passées, une baie molle, remplie de trois semences arrondies sur le dos, & aplaties par les côtés. On connoît quatre espèces, ou variétés d’Alaterne ; l’une à feuille arrondie, entière & assez large ; l’autre à feuille plus petite & dentelée à ses bords ; la troisième, dont les feuilles sont panachées de blanc & de vert ; & la quatrième a ses feuilles jaunes & vertes. On le cultive pour le mettre en palissade, ou pour le tailler en boule. 

ALATERNOÏDE. s. m. Sorte d’alaterne, qui ne differe des autres, que parce que ses trois graines sont jointes ensemble, au lieu qu’on les voit séparées dans les autres, lorsque la membrane qui les enveloppe vient à s’ouvrir.

ALATOF, OLOTIF, ou ANAETOA. Alatofa. Grande chaîne de montagnes de Tartarie. Elle s’étend depuis la contrée de Pascaris, vers les sources du Jaïk, presque jusqu’à son embouchure, tout le long de sa rive orientale. Elle a divers noms en différens lieux. Dans le Pascaris on l’appelle Ocralsk, Oclotama, Ural, & Goberchte, c’est-à-dire, montagne de fer. Vis-à-vis du lac de Jaïk, on lui donne le nom de Saramana. Au midi de celle-ci on place la montagne propre d’Alatof, qui est la plus étendue : après en descendant toujours vers le midi, on met le Saut Bergen, c’est-à-dire, les montagnes de Sel, & enfin celle d’Urack. Voyez la carte de Vitsen, qui prend une partie de ces montagnes pour celles que les Anciens appeloient Rhamnici, ou Rhimnici montes.

ALATRI. Ville d’Italie. Alatrium, Aletrium, Alatrum. Elle est dans la Campagne de Rome, sur une petite colline environ à deux lieues au nord de Véroli. Alatri est fort ancien, & a un évêché suffragant du Pape.

ALAVA, ou ALABA. Petit pays d’Espagne. Alaba. Il a été de la Navarre, ensuite de la Biscaye : il est maintenant de la vieille Castille. Il s’étend le long de l’Ebre, & Victoria en est la capitale. 

Alava. Alaba. Ville des Anciens Celtibériens, qui aujourd’hui n’est qu’un village d’Arragon, situé sur la rivière de Xiloca, à cinq ou six lieues de la ville de Tervel.

☞ ALAUDA. Nom d’une Légion Romaine, que Jules César composa de Gaulois, qui avoit pour enseigne une alouette en casque, suivant l’usage des anciens Gaulois. Alaudarum Legio.

ALAUTA. Grande rivière de la Turquie, en Europe. Aluta. Elle a sa source dans les monts Krapacs, dans le nord de la Transsylvanie, près de la ville de Cziek ; elle entre dans la Moldavie, & se décharge dans le Danube, entre les villes de Widdin & de Nicopolis. 

Alauta. Ville de Moldavie, située sur la rivière Alauta. Aluta

ALB.

☞ ALB. Pays de montagnes, qui commence au nord du Danube, lorsqu’il sort de la vallée à laquelle il donne son nom. Il s’étend vers le nord est jusqu’à Albec. Mary s’est trompé d’après Baudrand, qu’il a copié, en disant que c’est une plaine ainsi nommée de l’ancienne ville Alba, Alp, ou Alb qui, dans la langue Celtique, signifie montagne.

☞ ALBA. Petite monnoie d’Allemagne, qui vaut à peu près seize deniers de France.

ALBADARA. s. m. C’est le nom que les Arabes donnent à l’os sésamoïde de la première phalange du gros orteil. Il est environ de la grosseur d’un pois. Voyez Dict. de James.

ALBAIN. s. m. Albanus. Habitant d’Albe-Longue. Les Albains soutinrent de grandes guerres, & furent enfin obligés de céder après le combat des trois Curiaces pour les Albains, & des trois Horaces pour les Romains.

ALBANIE. Albania. C’est le nom de plusieurs pays. Car 1o on a ainsi appelé une province d’Asie, située sur la mer Caspienne, qu’elle avoit à l’orient ; l’Ibérie à l’occident, & l’Atropatie au midi. On prétend qu’elle fut ainsi nommée à cause de la blancheur de ses habitans. L’auteur de l’Ambassade de Figueroa en Perse, prétend que la Géorgie orientale, ou Gurgistan, est l’ancienne Albania Asiatica. 2o. On appelle Albanie, la région de la Grèce, qu’on nommoit autrefois Epire, & qui étoit la partie occidentale de la Macédoine, & qui est aujourd’hui sous la domination du Turc. L’Albanie est fameuse par la valeur & l’adresse des gens de cheval qui en sortent. Les Albanois & les Turcs l’appellent Arnanth. 3o. On a donné quelquefois le nom d’Albanie à l’Ecosse, & encore à présent une province septentrionale de l’Ecosse s’appelle Albanie, & par les Ecossois, Briad Albain ; c’est-à-dire, la plus haute partie d’Ecosse, ou Drun Albain, le dos de l’Ecosse. C’est un pays rempli de montagnes fort blanches, d’où l’on prétend qu’il a pris ce nom. Albus en Latin signifie blanc. Les fils des Rois d’Ecosse ont souvent porté le nom de Ducs d’Albanie

Albanie. La mer d’Albanie. C’est la partie orientale du Golfe de Venise, sur les côtes de l’Albanie.

ALBANIN, ou BALBANIN. s. m. Nom d’une nation, qui prétend descendre des anciens Grecs, qui ont possédé l’Egypte depuis Alexandre, & qui n’a maintenant aucune demeure fixe, & subsiste seulement par les courses fréquentes qu’elle fait sur les Nubiens, & sur les Abissins. Les Albanins ont une langue tout-à-fait différente de celle des Arabes, des Cophtes & des Abissins. D’Herb.

ALBANO