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AFF

contemplation, ou de la vie d’action & de la vie de contemplation ; c’est-à-dire, d’étude.

AFFIER, est un vieux mot qui s’emploie ordinairement avec le pronom personnel, & qui signifie, faire fonds sur la fidélité d’une personne, compter sur sa bonne foi, Confidere alicui. En la place on dit, se fier, se confier.

AFFIER, est aussi un verbe actif, qui signifie, assurer. Asseverare, asserere.

Vous reprendrez je l’affie
Sur la vie,
Le tainct que vous a ôté
La Déesse de beauté
Par envie. Marot.

C’est-à-dire, je l’assure. Cette manière de parler étoit alors en usage, & s’est même conservée dans quelques provinces. On la voit même avant Clément Marot, dans une pièce assez agréable, intitulée : le débat de l’eau & du vin.

Rends-toi & me crie merci :
Je te batterai tant (je l’affi) &c.

Affier signifie aussi confier. Credere, committere.

Si qu’un simple estafier
Ne lui voudrait une épingle affier. R.

Affier. Terme d’Agriculture. Planter, provigner des arbres en sions, ou boutures. Serere, propagare. Ce mot est vieux, on dit à présent, planter de bouture, & non plus affier. Liger.

AFFILER. v. a. Terme de Coutelier. Donner le fil à un couteau, à une épée, à une faux, à une coignée, & à tous autres instrumens tranchans, en les passant sur la meule ou sur le grais, ou avec la pierre à aiguiser. Affiler un rasoir. Acuere.

Affiler, est aussi un terme de Tireur d’or. Il signifie, mettre le lingot d’or ou d’argent dans la filière. Affiler un lingot d’or, affiler une verge d’or ou d’argent. Aurum vel argentum in fila ducere.

Affiler est encore un terme de Jardinier. Il signifie, planter à la ligne. Affiler des arbres. Arbores ad lineam exigere, mais aligner vaut mieux. Voyez Aligner.

Affiler. Terme d’agriculture. Les Laboureurs disent, nos blés sont tous affilés. Les gelées du mois de Mars ont affilé tous nos blés, c’est-à-dire, ont rendu les fanes du blé tellement petites & pointues, qu’il semble que ce ne soit que des filets. Cet accident, qui n’arrive aux blés que par des froidures qui surviennent au mois de Mars, n’est autre chose qu’une altération causée aux fibres de la fane encore tendre, qui perdant par-là les dispositions nécessaires pour recevoir le suc nourricier, s’affile au lieu de prendre toute l’extension en longueur & largeur qui lui convient pour être belle. Liger.

AFFILÉ, ÉE, part. On dit figurément, un bec affilé, d’une personne qui est grande parleuse, & le plus souvent médisante. Loquax, garrulus. Elle a la langue bien affilée, le caquet bien affilé. Il est familier.

AFFILIATION. s f. Adoption. Chez les anciens Gaulois cette espèce d’adoption se pratiquoit entre les Rois & les grands Seigneurs. Elle se faisoit avec des cérémonies militaires. Le pere présentoit une hache à celui qu’il adoptoit pour son fils ; & cela signifioit, qu’il vouloit qu’en succédant à ses biens, il les conservât par le glaive.

☞ On le dit en parlant d’une compagnie ou d’une communauté, qui en a affilié d’autres.

Affiliation, est aussi un terme de Religieux, qui signifie la communication qu’un Ordre Religieux fait à quelque maison particulière, de tout ce que l’Ordre a de plus saint & de plus précieux. Communicatio.

AFFILIER. v. a. Vieux mot, qui veut dire, adopter, prendre pour fils. Adfiliare, in filium adoptare. Honoré Bonnor en l’arbre des batailles, part. 4. c. 106. dit, je traite la question, savoir, si la Reine Jeanne de Naples, a pu affilier le Roi Louis, &c.

☞ Les Grands Vocabulistes trouvent mauvais qu’on qualifie ce mot de vieux. l’Acad. Fr. disent-ils, contredit le Dictionnaire de Trévoux dans ce cas-ci, comme dans le cas d’affiliation. Il ne manque à cela que la vérité. Le mot affilier, pris dans le sens qu’il a dans l’exemple que nous citons, pour adopter, reconnoître pour fils, est vieux, très-vieux, & inusité. l’Acad. Fr. ne nous contredit point en cela, puisque dans son Dictionnaire il n’est point question du mot affilier, pris dans cette acception. Il est vrai qu’elle parle des mots affiliation & affilier, comme de mots en usage dans une autre signification ; mais nous en faisons autant ; & il est évident que la qualification de vieux ne tombe que sur le mot employé dans le sens que lui donne Honoré Bonnor. Est-ce par humeur, ou par un simple défaut d’attention que ces Messieurs critiquent si mal & citent faux ?

Affilier, adopter, synonyme d’unir, agréger. l’Acad. Fr. s’est affilié quelques Académies de Province. On le dit de même des Communautés Religieuses.

☞ On dit aussi en parlant d’une Communauté Religieuse, affilier quelqu’un, lui donner des lettres d’affiliation, c’est le rendre participant de tout ce qu’il y a de plus saint dans un ordre, en sorte qu’il ait part aux prières, aux bonnes œuvres, &c. de l’ordre.

AFFINAGE. s m. Action par laquelle on épure, on dégage de ses parties hétérogènes une matière quelconque, solide sur-tout, pour la rendre plus propre aux usages qu’on s’en promet. Purgatio. Il y a beaucoup de déchet dans l’affinage du sucre pour le rendre blanc. L’affinage des métaux se fait par le feu, le mercure, le plomb, l’eau forte, &c. Il y a pour l’argent l’affinage au plomb ; c’est lorsqu’on l’affine dans une grande coupelle que l’on met dans un fourneau couvert d’un chapiteau de carreaux de briques, pour déterminer la flamme à reverbérer sur les matières, ce qu’on appelle feu de réverbère. On chauffe ce fourneau par un grand feu de bois, & on met du plomb dans la coupelle, à proportion de la quantité & de la qualité des matières à affiner. Quand le plomb a bouilli quelque temps, on jette les matières dans la coupelle, ce qu’on appelle charger la coupelle ; & quand elles ont bouilli, on se sert d’un gros soufflet pour souffler la surface des matières, afin de les faire tourner & circuler, & qu’en circulant elles chassent l’impureté des métaux, qui vient en écume aux bords de la coupelle. Cette écume coule par un conduit que l’on fait au bord de la coupelle, en l’échancrant en un endroit. On continue le vent du soufflet jusqu’à ce que l’argent ait paru de couleur d’opale, qui fait connoître que toute l’impureté a été chassée, & que l’argent est pur, c’est-à-dire, à 11 deniers 19 à 20 grains. Affinage au salpêtre, c’est quand on se sert d’un fourneau à vent ; on y met un creuset ; on le charge d’environ 40 marcs de matière d’argent, puis on le recouvre, & on charge le fourneau de charbon. Quand la matière est en bain, on jette deux ou trois onces de plomb dans le creuset ; on brasse bien la matière en bain ; puis on retire le creuset du feu ; on verse ensuite cette matière par inclination dans un bacquet plein d’eau commune, pour la réduire en petits grains, qu’on appelle Grenaille, &c. Après lui avoir donné trois feux, on laisse refroidir le creuset sans y toucher, on le retire, ensuite on le casse, & on y trouve un culot dont le fond est d’argent fin, & le dessus de crasses de salpêtre, avec l’alliage de l’argent, &c. Voyez le Traité des Monnoies de Boizard, C. 20.

Pain ou plaque d’affinage. C’est lorsque dans l’affinage au plomb on ne retire point avec la canne l’argent en coquillons ; mais qu’on le laisse se fixer dans la coupelle en forme de pain plat, qu’on appelle pain ou plaque d’affinage. Boizard. Les affinages de matières d’or se font avec l’antimoine, ou avec le sublimé, ou avec l’eau forte. Cette dernière manière d’affiner est appellée Départ d’or. Il y a encore en termes de Monnoie, l’affinage de casses ou de coupelles, & des glettes ou litharges, qu’on est obligé d’affiner ; parce qu’il reste toujours quelque partie d’argent dans les casses qui ont servi aux affinages, & qu’il en reste aussi parmi les glettes ou impuretés qui ont coulé des casses, & qu’on ne peut retirer ces par-