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ÆT

ÆSCHIÉ. Vieux part. pass. Enveloppé. Poësies du Roi de Navarre.

ÆSCULAN. s. m. Æsculanus. C’étoit un Dieu qui, chez les Romains, présidoit à la monnoie avec le Dieu Argentin. Voyez S. Aug. de la Cité de Dieu, L.IV. C. 21, & Budée, de Ass. L.V. & ARGENTIN. On disoit que le Dieu Æsculan étoit pere du Dieu Argentin. C’est que la monnoie de cuivre est plus ancienne que celle d’argent. Ces Dieux avoient la puissance d’enrichir les hommes. On honoroit à Rome la monnoie sous le nom d’Æsculan.

ÆSIER. v. a. Vieux mot. Réjouir. Il vient d’aise, & aise vient d’agio. Italien, qui a été formé d’otium. Otio, atio, agio.

AESMER. v. n. Ce mot autrefois vouloit dire, trouver, juger, estimer, conjecturer. Et aesmerent qu’il y avoit 400 cavaliers. Villehard.

Aesmer, signifoit aussi quelquefois, comparer.

Ains le pooit-on aesmer
A chant de serene de mer.

ÆS USTUM. s. m. Terme de Chimie. Cuivre brûlé. C’est une drogue qu’on appelle autrement Crocus Veneris, ou safran de Vénus, qu’on a fait tremper dans une dissolution de sel, dans de fort vinaigre, & qu’on stratifie ensuite avec du soufre dans un fourneau. On le remet dans du vinaigre où il y a du sel ammoniac fondu, ce qu’on réitère jusqu’à ce que les lames soient toutes consumées. On en ôte le vinaigre par la distillation, & il reste une matière qu’on appelle Æs ustum, qui sert à divers usages en Médecine.

ÆT.

ÆTALIDÈS. s. m. Fils de Mercure, & par sa mere du sang des Æolides. On dit qu’il avoit obtenu de son pere deux grâces, l’une que vif ou mort, il seroit toujours informé de ce qui se faisoit dans le monde ; l’autre qu’il seroit la moitié du temps parmi les vivans, & l’autre moitié parmi les morts.

ÆTÈS. s. m. Roi de la Colchide, dont la fille nommée Calciope, fut mariée à Phryæus.

ÆTHER s. m. Matière liquide & très-subtile, qui occupe l’espace immense qui est au-dessus de l’air jusqu’aux astres les plus élevés, ou jusqu’aux extrémités du monde. Æther. On écrit ordinairement Ether ; & quoique nous ayons conservé le mot latin dans notre langue, cette ortographe paroît la plus suivie. On ne peut pas supposer, comme quelques Astronomes ont fait pour expliquer les réfractions, que l’atmosphère dans laquelle les rayons lumineux se détournent en venant de l’Æther, étoit d’une nature homogène, & que la réfraction ne se faisoit seulement que dans le passage de ces deux milieux. De la Hire. Acad. des Sciences 1702, Mem. p. 183. Les Grecs entendoient par ce mot les Cieux distingués des corps lumineux. Hésiode dit que l’Æther naquit avec le jour du mélange de l’Erébe & de la Nuit, enfans du Cahos, c’est-à-dire, que la nuit & le cahos ont précédé la création des cieux & de la lumière.

Ce mot est originairement grec αἰθήρ, & vient de αἴθω, je brûle, j’enflamme, je brille, j’éclaire. L’Æther est la matière de la lumière. Voyez Ether.

ÆTHÉRÉE. Voyez Éthérée.

ÆTHIOPIS. Voyez Éthiopienne. Plante.

ÆTHIOPS MINÉRAL. Terme de Chimie. C’est un mélange de quatre parties de vif-argent, avec trois de soufre broyées dans un mortier de verre, jusqu’à ce que tous les globules du mercure disparoissent, & que la masse soit réduite en une poudre brune très-subtile, qui noircit par succession de temps.

ÆTHNA, ou ÆTNA. s. m. Æthna, ou Ætna. Montagne de Sicile, la plus haute qui soit dans ce royaume. On l’appelle aujourd’hui dans le pays Monte Gibello, & en François le Mont Gibel. Son premier nom, si l’on en croit Volatéran, est Hiesius. L’Ætna est fameux par les feux, les cendres, & les cailloux calcinés qu’il vomit de temps en temps. Les Poëtes disent que c’est sous cette montagne, que Jupiter précipita les Géans vaincus. Justin explique plus physiquement la cause de cet incendie, L. IV. C. 1. Il dit que la Sicile est toute creuse, & par conséquent pleine d’air & de vents souterrains ; que le choc de ces vents produit du feu ; que ces cavernes sont pleines de soufre & de bitume, auxquels le feu s’attache, & que c’est la cause de ces feux que l’Ætna jette de temps en temps.

Ce mot Ætna, selon Bochart dans son Chanaan, C. 28, vient du mot hébreux אתונא, Attuna, qui signifie, fournaise, ou Æthuna, obscurité. Ceux qui ont le mieux décrit le mont Ætna, ou qui en ont le mieux parlé, sont Virgile, Enéide, L. III. v. 571. Lucrèce, L. VI. v. 680. Ovid. Met. L. XV. v. 340. Silius Italicus, L. XIV. v. 67. Claudien, L. I. de Rap. Pros. Justin à l’endroit que j’ai cité, Leandro Albetti dans sa Sicile, Cluvier, Bembo dans un Dialogue exprès, Natalis Comes, L. XVII & XXX. Ant. Philotheus de homodeis, Ætna. Topographia. Pour jeter des feux & des flammes, & quelquefois des fleuves de feu, le mont Ætna n’en est pas moins fertile. Il est couvert de bois & de vignes, & quelquefois de neiges & de glaces, ainsi que disent Silius Italicus & Claudien, Pindare Pyth. I.

On écrit communément Etna, comme on le voit par ces exemples. Une belle Ode à M. Fagon sur le Quinquina, dit, en parlant de la fièvre.

Dis-nous quel est ce monstre armé de feux cruels,
Caché dans notre sein, à nos yeux invisible ?
Quel Etna ! quel gouffre d’horreur !
Dis-nous où s’alluma sa torche meurtrière ?
A ce traître ennemi quels chemins sont ouverts ?
Descend-il du Ciel en colère,
Ou sort-il du fond des enfers ?

ÆTHON. s. m. C’est le nom d’un des quatre chevaux du soleil qui précipitèrent Phaéton, selon Ovide. Son nom signifie l’Ardent, de αἴθω, ardeo, je brûle. Claudien donne le même nom à un des chevaux du char de Pluton, sans doute qu’il donne à ce nom une autre origine : d’αἰθός, noir.

AËTIEN, ENNE. s. m. & f. Aëtianu. Les Aëtiens étoient une Secte d’Ariens disciples d’Aëtius d’Antioche, surnommé l’Impie, qui fut d’abord Forgeron, ou, comme dit Philastrius, Orfévre, puis Sophiste, & ensuite Médecin, ou plutôt Charlatan. Les Aëtiens eurent ensuite divers noms ; on les appela, Purs Ariens, Eunoméens, Anoméens, Etérousiens, Troglodytes, ou Troglittes, Exomontiens, & Exaconites. Nous expliquerons ces mots en leur place.

ÆTIOLOGIE. s. f. Terme dont se servent principalement les Médecins. Discours sur les causes, explication des causes d’une maladie, d’un effet physique, d’un phénomène. Ætiologia. Les loix de l’économie naturelle démentent-elles cette étiologie ? Traité de la Peste.

On voit que le Médecin de qui nous avons tiré cet exemple, écrit étiologie. Ce mot vient du Grec αἰτία, cause, & λόγος, discours. Ainsi l’étimologie demande qu’on écrive ætiologie, & l’on ne voit pas pourquoi ce Médecin qui écrit œconomie & non pas économie, n’écrit pas aussi ætiologie, & cela dans la même phrase : car tout est égal de part & d’autre.

AËTITES, autrement Pierre d’aigle. Voyez Aigle. Aëtites. Taurentius Bauschius a fait un Traité exprès de la pierre Aëtites, ou il assure qu’on ne la trouve point dans les nids d’aigles ; mais qu’on en rencontre sur des rivages, dans les champs, & sur des montagnes. Ce mot vient du grec ἄετος, qui signifie aigle. On ne sauroit creuser quelques pieds en terre à Trévoux, sans trouver des lits considérables de pierres d’aigle, dont les unes n’ont qu’un noyau, d’autres en contiennent jusqu’à trois ; il y en a de différente grosseur & de différente figure, & presque toutes sont composées de deux ou trois couches de terre semblable à de la terre cuite : la dernière sur-tout, c’est-à-dire, celle qui est la plus intérieure. Ces pierres sont dans leur origine