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ADO — ADR

donne cette première façon. Pour les finir, on les porte dans l’atelier du Poli.

Adoucir. Terme de Doreur en détrempe. Il signifie quelquefois, mettre le blanc en traînant le pinceau : & quelquefois il s’entend d’une façon qu’on donne au blanc après la dernière couche, en le mouillant légèrement, & le frottant ensuite avec la prêle, ou avec de grosse toile neuve pour enlever les inégalités. Voyez Dorure en Détrempe.

Adoucir. Terme de Teinturier. C’est mêler des couleurs moins vives avec d’autres qui le sont trop, pour réduire celles-ci à leur véritable teinte.

Adoucir. Terme d’Épingletier. Action d’ôter les traits de la grosse lime avec une plus fine pour pouvoir polir l’ouvrage plus aisément.

Adoucir, chez les Orfèvres. C’est l’action de rendre l’or plus facile à être mis en œuvre, en l’épurant des matières étrangères qui le rendent aigre & cassant.

Adoucir, chez les Diamantaires. C’est ôter les traits que la poudre a faits sur le Diamant, en le changeant de place & de sens sur la roue de fer.

Adoucir, chez les Fondeurs de plomb. C’est polir le plomb dans le moulin.

Adoucir. Terme d’Horlogerie. C’est rendre une pièce plus douce, soit en la limant avec une lime plus douce, soit en l’usant avec différens corps.

ADOUCI, IE. part. Temperatus, mitigatus, lenitus.

☞ La différence entre un corps poli & un corps adouci, c’est que le premier est brillant, au lieu que le second a un air mat, quoiqu’il ait souvent bien moins de traits que le premier.

ADOUCISSAGE. s. m. Terme de Teinturier. Manière de rendre une couleur moins vive, en y mêlant des drogues qui en puissent diminuer la force. Les instructions & les règlemens pour la teinture, portent, que les chapeaux qu’on teint en noir, quand ils ont un œil trop bleuâtre, peuvent recevoir l’adoucissage dans un petit bain de bois jaune, s’ils sont de laine grossière, ou dans un bain de gaude, si la laine est fine.

ADOUCISSANT. s. m. Terme de Médecine. Remède qui adoucit. Dulcorandi vim habens, mitigans. Plusieurs pestiférés ont été guéris par des humectans, des adoucissans, &c. Journ. de S. 1721, p. 420. ☞ Il est aussi adj. Remède adoucissant, tisane adoucissante.

ADOUCISSEMENT. s. m. L’action d’adoucir. ☞ Il signifie également la chose qui sert à adoucir, & l’état de la chose qui est adoucie. Temperatio, mitigatio. L’adoucissement de la bile, & des humeurs, des contours d’un tableau.

Adoucissement, signifie figurément, soulagement, diminution de peine & de douleur. Levamen, levamentum, mollimentum. Rien ne peut apporter d’adoucissement à mes déplaisirs. ☞ On le dit aussi en parlant du temps, lorsqu’il est moins froid, moins rude, moins fâcheux. Il y a quelque adoucissement dans le temps. Il signifie aussi, accommodement, tempéramment, correctif. Ne sauriez-vous trouver quelque adoucissement pour concilier les esprits ? Les adoucissemens de la confession attirent le monde. Pasc. Il faut chercher quelques adoucissemens, pour exprimer les choses sales & malhonnêtes. Cail. La Reine le priva de certains adoucissemens, que le privilège de son rang lui faisoit regarder comme permis, & que la flatterie lui avoir conseillés comme nécessaires. Flech. Les personnes polies n’expriment qu’avec bien des précautions & bien des adoucissemens, tout ce qui peut faire naître des idées obscènes. S. Evr. Tout l’adoucissement qu’il apporte dans la doctrine, est de lui avoir ôté le masque affreux dont les Ministres la couvrent. Bossuet.

Adoucissement. Terme de Peinture. Expolitio. On s’en sert pour exprimer que les couleurs sont bien noyées ; que les traits ne sont pas tranchés, & qu’il n’y a rien de rude. L’adoucissement des couleurs rend la peinture plus tendre & plus fine.

Adoucissement. Terme d’Architecture. C’est le racordement qui se fait d’un corps avec un autre par un chanfrein, ou par un cavet, comme le congé du fât, d’une colonne, ou lorsque la plinthe d’une base est jointe à la corniche de son piédestal par un cavet.

ADOUÉ, ÉE. adj. Terme de Chasse, qui se dit des perdrix qui sont appariées & accouplées. Copulatæ.

ADOULÉ, ÉE. adj. Vieux mot, qui vouloit dire autrefois Dolent, triste ; Mœrens, mœstus, dolens, & Adouler, affliger, chagriner.

ADOUR. s. m. Nom propre de trois rivières de Gascogne, en France. Aturus, Atturus. La première est le grand Adour, qui prend sa source dans les Pyrénées, à la montagne de Tourmalet, passe à Tarbe, à Aire, à Saint-Sever, à Dax & à Bayonne, au-dessous de laquelle il se jette dans la mer de Gascogne.

La seconde est l’Adour de Suébe, qui prend sa source dans la vallée de Campan, &, après un cours d’environ douze lieues, se joint au grand Adour.

La troisième est l’Adour de Baudéan, ainsi nommé, parce qu’il a sa source dans la vallée de Baudéan. Il se décharge, comme le précédent, dans le grand Adour, & n’a que la même étendue dans son cours.

ADOUX. adj. m. Terme de Teinturier. Il se dit du pastel, lorsqu’ayant été mis dans la cuve, il commence à jeter une fleur bleue.

AD PATRES. Expression latine, qui est devenue françoise dans le style familier. Il est allé ad patres, c’est-à-dire, il est allé rejoindre les pères en l’autre monde, il est mort.

J’ai, comme vous savez, un habile cousin,
Homme de conscience & savant Médecin,
Qui l’enverroit bientôt ad patres. Boursault.

ADR.

ADRA. Ville du Royaume de Grenade, en Espagne. Abdara. Elle est sur la mer, & elle a un port & un château. Adra est placée entre Alméria & Salobrena. Elle avoit autrefois un évêché qui a été transféré à Alméria.

ADRACHNE. s. m. Espèce d’arbre de grandeur médiocre, dont l’écorce est blanche & luisante ; son bois est fort dur ; sa fleur & son fruit sont semblables à ceux de l’arbousier ; il vient en Candie : sa feuille résiste au venin. Voyez Théophraste.

ADRAGANT. Quelques-uns écrivent ADRAGAN. s. m. Adragantum gummi. C’est le nom d’un suc gommeux qui se tire d’un arbre que les Grecs appellent Tragacantha, les Persans Kar Moghilan, & les Arabes Carad. D’Herb. On ne dit point Adragant tout seul, mais gomme d’Adragant. Quelquefois on écrit Adragante, & quelquefois Adraganth. Ce mot est écrit de la seconde manière dans le Dictionnaire de Commerce : d’Herbelot écrit Adragan.

ADRAME. s. m. Étoit un Dieu particulier à la Sicile, suivant Plutarque, & la ville d’Adrame lui étoit spécialement consacrée, quoique ce Dieu fût en grande vénération dans toute l’île.

ADRAMELECH. s. m. Faux Dieu des Sépharraïmites, Peuple envoyé dans la Terre-Sainte, par les Rois d’Assyrie, à la place des Israëlites, après que Salmanasar eut détruit le Royaume d’Israël. Les adorateurs d’Adramelech brûloient leurs enfans en son honneur, iv des Rois 17, 31, ce qui a persuadé Selden que c’étoit la même Divinité que Moloch. Quelques Auteurs Hébreux, cités par Munster, disent qu’on le représentoit sous la forme d’un mulet, & d’autres sous celle d’un paon.

Adramelech, est aussi le nom d’un des fils de Sennacherib. Ce nom signifie, puissance, grandeur, magnificence du Roi, ou Roi puissant, magnifique.

ADRASTE. s. m. Roi d’Argos & de Sicyone, fut un Prince renommé par sa valeur & par sa sagesse. Il s’acquit une grande réputation dans la première guerre de Thèbes, & fut le seul des sept Chefs qui en revint.

ADRASTÉE, ou plutôt ADRASTIE. s.f. Adrastia. Fausse Divinité, nommée autrement Némésis, fille de Jupiter & de la Nécessité, ou selon Hésiode, de la Nuit, & selon Pausanias, de l’Océan & de la Nuit. Son em-