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PRÉFACE.

tion & l’emploi de chaque terme, en ramenant tout à l’usage, arbitre respecté même des maîtres. On a puisé dans toutes les sources reconnues pour les plus pures du langage ; on a sur-tout profité des Observations que M. de Voltaire a semées dans ses Notes sur Corneille & ailleurs. Quand les Observations des grands Maîtres ont manqué, l’Editeur a cru pouvoir hasarder modestement les siennes, en les soumettant au jugement du Public.

A l’égard de certains termes propres aux Arts & aux Sciences, il nous a paru qu’il ne suffisoit pas d’en donner une simple définition, comme dans nos Vocabulaires, presque toujours inintelligible à ceux qui n’ont aucune idée des objets qu’elle indique. Des définitions ne sont pas des notions. S’agit-il, par exemple, d’une machine, ou d’un instrument quelconque, on en fait une courte description ; on détaille même les parties dont il est composé ; ce qui fait mieux connoître l’usage auquel il est propre.

Dans les matières de Physique, de Botanique & autres Sciences, après la définition du mot, on en donne une explication encore plus ou moins détaillée, suivant la nature & l’importance de l’objet. C’est ainsi que sur le mot son, après la définition de la chose, on entre dans un détail instructif : on considère d’abord avec les Physiciens, la nature du son dans les corps sonores, puis dans le milieu qui le transmet, & dans l’organe qui en reçoit l’impression ; on fait voir en quoi consiste le son dans le corps sonore ; comment il y est produit ; comment ensuite il est communiqué aux différentes parties du fluide qui vient frapper notre organe, d’où l’impression est portée au siège de l’âme, où se fait la perception du son. Après avoir expliqué la production du son, on en décrit la propagation, la réflexion, l’augmentation, la diminution ; & pour ne rien laisser à désirer sur une matière aussi curieuse, on expose sommairement les différens systêmes qui partagent les Physiciens.

On a suivi la même méthode dans tous les autres articles, parceque ces explications ont paru liées nécessairement aux notions qu’on doit trouver dans un Dictionnaire bien fait.

Qu’apprend-on en effet à celui qui, par exemple, veut avoir une idée précise de la lumière, quand on lui dit, lumière, clarté, splendeur, ce qui rend les objets visibles ? Connoît-il mieux ce qui nous éclaire, ce qui rend les objets visibles, la clarté, la splendeur, que la lumière même ? Ses idées n’en sont certainement pas plus nettes ; on lui en donne même de fausses, puisque ces trois mots, lumière, clarté, splendeur, ne sont nullement synonymes. Il faut donc le mener par dégrés à la connoissance de la lumière ; la lui faire envisager dans le corps lumineux, & dans le milieu où elle fait son impression sur l’organe : il faut encore lui donner une idée succinte des systêmes physiques, au moins les plus accrédités. C’est ce que l’on a fait ici.

Au mot bouton, terme de Botanique, on a eu soin de distinguer ce qu’on appelle communément boutons à fleurs, & boutons à bois. Les premiers contiennent les rudimens des fleurs ; les seconds, les rudimens des jeunes branches. On décrit exactement les parties dont les uns & les autres sont composés, & la manière dont ces parties se développent. Des premiers boutons on voit sortir les fleurs avec tous les organes qui les accompagnent, & les fruits succéder aux fleurs. Des boutons à bois, sortent les feuilles & les branches. Dans les articles particuliers relatifs aux Plantes, on détaille la nature de ces différentes productions ; de sorte qu’en réunissant tous les articles de ce genre dispersés dans le Dictionnaire, on trouve un systême complet de la végétation & du mécanisme par lequel elle s’opère.

Pour ce qui concerne la Géographie & la Mythologie, qui étoient fort imparfaites par la manière dont elles étoient traitées, on y a fait des changemens