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ADM

& f. Celui qui régit les biens de quelqu’un, qui est chargé du soin de les administrer. Administrator, Curator, procuratrix. Un pere est le légitime tuteur & Administrateur de ses enfans. On l’applique à ceux qui prennent soin du salut & de la conscience de ceux qui leur sont commis. Dieu a établi les Anges pour des esprits Administrateurs. Boss. On l’étend encore à ceux qui distribuent la Justice, & qui exercent la puissance publique.

Administrateur, se dit aussi de celui qui est un des Directeurs d’un Hôpital, ou de quelque maison religieuse ; qui a soin d’en recevoir les revenus, de les distribuer, & d’en ordonner. Il y a plusieurs Administrateurs de l’Hôtel-Dieu, de l’Hôpital général. Ces Administrateurs sont les tuteurs des pauvres. Les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu de Paris assistent aux Assemblées générales de police. De la Marre. Les Administrateurs des revenus publics doivent être vigilans, & désintéressés. Les Administrateurs des Léproseries jouissoient autrefois de leur revenu.

Administrateur, en parlant des États possédés par divers Princes d’Allemagne, se dit de celui qui pendant la minorité du Prince a le gouvernement de l’État. Le Prince Administrateur. L’Administrateur de Wirtemberg. Il se dit aussi de quelques Princes d’Allemagne qui tiennent des évêchés Luthériens, réunis à leur Souveraineté. L’Administrateur de Magdebourg. L’Évêque Administrateur.

ADMINISTRATION. s. f. Conduite, gouvernement des Affaires, exercice de la Justice distributive. Administratio. Les Rois fainéans se reposoient de l’Administration de leur État sur leurs Ministres. Les guerres civiles pendant les minorités ont d’ordinaire pour prétexte la mauvaise administration des affaires, ou les abus qui se commettent dans l’Administration de la Justice.

Administration, se dit aussi de la régie, du maniement, & de la direction des biens d’un mineur, d’un furieux, d’un interdit. Il faut qu’un tuteur rende compte de l’Administration qu’il a eue des biens de son pupille. On le dit aussi de la régie des Hôpitaux, tant pour le temporel, que pour le spirituel. L’administration de cet Hôpital est en bonne main.

☞ M. l’Abbé Girard expose ainsi la différence délicate des mots Régie, Direction, Administration, Conduite, Gouvernement, qui ne se ressemblent que par une idée commune. La Régie regarde uniquement des biens temporels, confiés aux soins de quelqu’un, pour les faire valoir au profit d’un autre à qui ils appartiennent, desquels on doit rendre compte de clerc à maître. La Direction est pour certaines affaires où il y a distribution, soit de finances, soit d’occupations, & auxquelles on est commis pour y maintenir l’ordre convenable. L’Administration a des objets d’une plus grande conséquence, tels que la justice ou les finances d’un État. Elle suppose une prééminence d’emploi qui donne du pouvoir, du crédit, & une sorte de liberté dans le département dont on est chargé. La Conduite désigne quelque sagesse & quelque habileté à l’égard des choses, & une subordination à l’égard des personnes. Le Gouvernement résulte de l’autorité & de la dépendance, il indique une supériorité de place sur des inférieurs, & a un rapport particulier à la politique.

Administration, se dit encore des fonctions ecclésiastiques. C’est un tel Prêtre qui est chargé de l’Administration des Sacremens dans une telle Paroisse. On interdit l’administration des sacremens à un Prêtre irrégulier ; c’est-à-dire, on lui défend de les conférer. En matière bénéficiale on distingue deux sortes d’administration : l’une au temporel, & l’autre au spirituel. L’administration au temporel consiste dans le droit d’administrer la Justice, de recevoir les redevances, de donner à ferme, &c. L’Administration au spirituel consiste dans le pouvoir d’excommunier, de corriger, de conférer les Sacremens, &c. Le mot d’administration se dit souvent du maniement & de la régie des deniers publics. On ne doit confier l’administration des deniers publics qu’à des gens dont la probité ne soit pas équivoque.

Administration, se dit aussi au Palais, des titres, preuves, ou témoins qu’on fournit à quelqu’un en Justice. Suppeditatio. Un dénonciateur doit faire l’administration des témoins au Procureur Général.

Administration. s. f. On donnoit autrefois ce nom à une maison Religieuse, où il n’y avoit qu’un très-petit nombre de Religieux ; c’est à peu près ce que nous nommons Hospice. Le vingt-septième Canon du Concile de Sens, de l’an 1528, porte, que dans les Administrations ou Prieurés où il n’y a qu’un Religieux, parce que le revenu n’est pas suffisant pour en entretenir plusieurs, l’Évêque unira les Administrations, ou Prieurés, au plus prochain Monastère. Dupin.

Administration. Les Espagnols du Pérou nomment ainsi le magasin d’entrepôt établi à Colao, petite ville située sur la mer du Sud, qui sert de port à Lima, capitale de cette partie de l’Amérique méridionale.

☞ ADMINISTRATRICE. s. f. Voyez Administrateur.

ADMINISTRER. v. a. Gouverner, régir. Administrare. Il est difficile d’administrer les affaires publiques au gré de tout le monde. Administrer les affaires, les revenus publics, les finances.

☞ On le dit de même de la conduite des affaires particulières. Un tuteur administre les biens de son pupille. Les Hôpitaux font bien ou mal administrés.

Administrer, relativement à l’exercice de la justice avec autorité publique. Les Parlemens administrent la justice. Ce Magistrat a fort bien administré la justice pendant qu’il a vécu.

Administrer, se dit aussi en matière ecclésiastique, pour conférer. Ce Curé a administré les Sacremens à cet agonisant.

Administrer, signifie aussi au Palais, Fournir des preuves, des titres & des témoignages. Suppeditare. Il a administré des témoins suffisans au Procureur général, pour vérifier la dénonciation. Un poursuivant criées somme tous les opposans de lui administrer & fournir titres & moyens, pour faire débouter un nouveau créancier de sa demande.

ADMINISTRÉ, ÉE. part. Adminitratus.

ADMINISTRERESSE. s. f. Dans le Parlement de Bordeaux les Avocats disent Administreresse, au lieu d’Administratrice, pour désigner une mère qui a l’administration des biens de ses enfans pupilles ou mineurs.

ADMIRABLE. adj. m. & f. Digne d’admiration, qui attire l’admiration. Admirabilis, mirandus, mirificus. Pétrone est admirable dans la pureté de son style, & la délicatesse de ses sentimens. S. Evr. Ce Peintre est admirable pour son coloris. Cet homme est admirable dans sa conduite. Jean Bacon a été nommé par excellence, le Docteur admirable.

Admirable, dans le discours familier, signifie charmant, excellent, beau. Ce vin est admirable. Ce ragoût est admirable. Faire une chère admirable. Voici une saison admirable.

On s’en sert dans le style familier, pour dire, qu’on est surpris, qu’on est scandalisé de ce qu’un homme dit ou fait. Vous êtes un homme admirable, de vous laisser persuader si aisément ces bagatelles ! Je vous trouve admirable d’oser me plaisanter ! Le détour est fort bon, & l’excuse admirable ! Mol.

Admirable. s. f. Espèce de Pêche. Malum Persicum dictum admirabile. La Pêche admirable a presque toutes les bonnes qualités qu’on peut souhaiter, & n’en a point de mauvaises. Elle est des plus grosses & des plus rondes ; elle a le coloris beau, la chair ferme, fine & bien fondante, l’eau douce et sucrée, le goût vineux & relevé ; elle a le noyau petit, & n’est point sujette à être pâteuse ; elle mûrit vers la mi-Septembre. Les Pêches admirables qui mûrissent les dernières sur l’arbre, sont d’ordinaire les meilleures. Ce ne sont pas des fruits à mûrir hors de l’arbre, quoique, après les en avoir détachées, on les puisse garder trois ou quatre jours sans se gâter. A moins que l’arbre ne soit très-vigoureux, cette Pêche est sujète à tomber demi-mûre, verdâtre & velue ; & pour lors ce qu’elle devroit avoir de goût vineux & relevé, se tourne en amertume & en âcreté : cette chair qui doit