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ADA

χοικὸς. D’autres veulent qu’il signifie rouge, du verbe Hébreu אדם, Adam, être rouge, parce que la couleur de l’homme & de sa chair est rougeâtre. D’autres joignent ces deux opinions, & disent qu’Adam signifie, celui qui est pris d’une terre rouge, & qui pour cela est appelé rouge, aussi bien que la terre dont il est formé. Ludolf. Hist. d’Etiop. L. i. C. 15, croit qu’il signifie beau, parfait ; parce qu’en Ethiopien il a cette signification. Un Protestant d’Allemagne, nommé Neuman, prétend que la véritable racine de ce nom est דם, dam, verbe primitif, qui signifie acquiescer, être content, &, répond aux mots Allemands, ruhen, geruen, behuren ; qu’ainsi אדם, Adam, nom dérivé de ce verbe, signifie une chose à laquelle on acquiesce, qui fait plaisir, qui donne du contentement, qui est agréable ; que c’est pour cela qu’on a appelé le rouge, Adam, en Hébreu, comme la couleur qui plaisoit le plus ; & qu’au contraire les Arabes appellent le blanc, Adam, parce que le blanc est la couleur qui leur plait davantage ; que c’est encore pour cela que dans l’Ethiopien, Adam signifie, beau, agréable. Ainsi אדם, Adam, selon cet Auteur, signifie repos, acquiescement ; & la terre a été appelée adama, parce qu’elle est en repos, & que dans la division des élémens elle est allée à l’endroit le plus bas, où elle persiste en repos : Utpotè quæ nihil aliud est nisi quiescens semper athmosphæræ hujus, totiusque universi sedimentum, quod in prima rerum divisione ima petiit, & cui hodie omnia modo debito confirmata acquiescunt. Pour le premier homme, il a été appelé Adam, c’est-à-dire, beau, agréable aux yeux de Dieu, conforme à Dieu, qui acquiesça à cet ouvrage de ses mains, & en fut content ; & parce qu’après l’avoir fait, Dieu se reposa. Mais tout cela n’est qu’une subtilité outrée. L’écriture marque le sens & l’étymologie de ce mot, comme je l’ai dit, Gen. III, 19 & encore II. 7, où elle dit que Dieu forma Adam d’argile, & de l’haadama, c’est-à-dire, de la terre. Car c’est ainsi mot à mot que l’Hébreu s’exprime ; & ce jeu de mots, cette allusion de adam & adama, semble n’être faite que pour nous marquer le sens du nom Adam, & la raison pour laquelle il fut donné au premier homme, Voyez encore S. Paul. Cor.

Les Grecs célèbrent le 4 de février, par une espèce de deuil, & de cérémonies tristes, le bannissement d’Adam & d’Eve du Paradis terrestre ; apparemment parce que c’est le premier jour auquel l’Eglise fasse souvenir les fidèles de la sentence portée contre Adam, en leur mettant de la cendre sur la tête, & leur disant : Souvenez-vous, ô homme ! que vous êtes poussière, & que vous retournerez en poussière. Car le 4e de Février est le jour des Cendres quand Pâque est le 22 Mars. Les mêmes Grecs célèbrent la mémoire d’Adam & d’Eve, & des autres Justes, le Dimanche qui précède la Nativité de N. S. Voyez leurs Ménologes, & Bollandus, Fév. T. i. p. 440.

Adam, dans l’Ecriture, est aussi le nom de l’espèce, & signifie en général ’Homme. Gen. V, 2. Dieu les créa mâle & femelle, & appela leur nom ’Homme. Genev. & Lovan. En Hébreu Adam. Créons l’homme à notre image. Sacy.

Le second Adam, ou le second homme, dans S. Paul, c’est Jésus-Christ. i. Cor. xv, 45. Adam le premier homme a été créé avec une ame vivante, & le second Adam a été rempli d’un esprit vivifiant, v.47. Le premier homme est le terrestre formé de la terre, & le second ’homme est le céleste descendu du Ciel. Port-R.

Quelques Grecs interprètent cabalistiquement le nom Adam, & disent que A, signifie ἀνατολὴ, l’orient ; D, δύσις, le couchant : A, ἄρϰτος, le septentrion : M. μεσημβρία, le midi ; parce qu’il étoit Roi des quatre parties du monde, où qu’il devoit les peupler, & les remplir, ou qu’il étoit un petit monde, μιϰρόκοσμος.

On dit d’un homme d’un naturel heureux, & d’une grande innocence de vie, que c’est un homme en qui Adam n’a point péché, ou qui n’a point péché en Adam, comme s’il n’avoit point participé au péché originel & à ses suites, & qu’il fut dans l’état d’innocence, où étoit Adam avant son péché, & où nous serions s’il ne l’avoir point commis.

On dit proverbialement, qu’un homme n’est pas de la côte d’Adam, pour marquer qu’il est d’une condition médiocre. On dit d’une personne que l’on ne connoit pas, qu’on ne la connoît ni d’Eve, ni d’Adam.

Adam. Le pied d’Adam. Montagne de l’Ile de Ceylan. Mons adami. Elle est dans le royaume de Cande. Les habitans qui prétendent que leur île est le Paradis terrestre, disent qu’il y a sur le haut de cette montagne le vestige du pied d’un homme ; & que c’est Adam qui l’y imprima en montant au Ciel. C’est de-là qu’on lui a donné son nom.

ADAMA. Adama. Les traducteurs de Genève, & les Desmarets prononcent Adma, gardant les voyelles & la prononciation hébraïques. C’est une ville de la Pentapole, proche de Sodome & de Gomorrhe, & qui fut consumée avec elles par le feu que Dieu fit pleuvoir sur ces villes infames. Les limites de Chanaan furent depuis le pays qui est en venant de Sidon à Gerara, jusqu’à Gaza, & jusqu’à ce qu’on entre dans Sodome, dans Gomorrhe, dans Adama, & de Séboin jusqu’à Lésa. Sacy.

ADAMANTÉE. s. f. Adamantæa. Nourrice de Jupiter, qui pendant qu’Ops, mere de ce Dieu, faisoit dévorer par Saturne une pierre en sa place, suspendit le berceau de ce petit enfant à un arbre, afin qu’il ne fût trouvé ni sur terre, ni sur mer ; & qui pour empêcher que les cris ne fussent entendus, rassembla sous l’arbre une troupe d’enfans, à qui elle donna de petits boucliers, sur lesquels elle les faisoit frapper avec de petites lances. Hygin. Fab. 139.

ADAMANTIS. s. f. Nom d’une plante qui croît, selon Pline, dans la Cappadoce & dans l’Arménie. Il lui donne la vertu de terrasser les lions, & de leur ôter leur férocité. Lib. XXIV, ch. 17.

ADAMI. Ancienne ville de la Terre Sainte. Adami. Elle étoit dans la partie orientale de la Tribu de Nephthali, à l’occident du Jourdain, peu éloignée du lac appelé les Eaux de Mérom.

ADAMIENS. s. m. pl. Voyez Adamites.

ADAMIQUE. adj. m. & f. Il se dit d’une espèce de terre. Voyez Terre Adamique. Adamicus, a, um.

ADAMITES. s. m. Ce sont d’anciens hérétiques, qui ont voulu imiter la nudité d’Adam, comme si l’homme avoit été rétabli dans l’état de l’innocence originelle. Adamitæ. Ils assistoient tout nus dans les temples, & se joignoient publiquement avec les femmes. S. Epiphane, S. Augustin & Isidore en font mention. Prodicus fut auteur de la secte des Adamites, au rapport de Théodoret. C’étoit une branche des Basilidiens & des Carpocratiens. Ils enseignoient les mêmes erreurs. Cette secte se renouvella vers le commencement du XV siècle. Leur chef s’appeloit Picard. Il passa de Flandre en Allemagne. Il prétendoit rétablir la loi de la nature, qui, selon lui, consistoit en deux points ; la communauté des femmes, & la nudité. Ces derniers marchoient nus dans les places publiques, au lieu que ceux dont parle S. Epiphane, & qui ne subsistoient plus de son temps, ne se dépouilloient de leurs habits que dans leurs assemblées. Il y a des Adamites, en Angleterre, qui font leurs assemblées de nuit, & qui ont pour devise ce vers latin :

Jura, perjura, secretum prodere noli.

Jure, parjure, & ne découvre point le secret. Jovet. Il y en a aussi en Allemagne qui vont nus, & refusent les habits qu’on leur présente, affectant l’innocence & la sainteté d’Adam. Ils vont errant dans les bois, rapportent le commencement de leur secte à Adam & à Eve, faisant gloire d’être appelés leurs enfans. Quelques-uns disent Adamiens ; Adamites est plus en usage.

☞ ADANE. s. m. En italien Adello, ou Adeno, en latin Attilus. Voyez Attilur.

ADANT, ANTE. adj. Vieux mot. Prosterné. C’est peut-être une corruption du mot Adorant. Il y en avoit plusieurs devant le corps de Notre Seigneur, qui étoit en la nef, tous adans & crians pardon à Dieu. Joinville.

☞ ADAOUS