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BOU

On dit au jeu de quilles, pied à boule, pour avertir celui qui joue de tenir le pied à l’endroit où sa boule s’est arrêtée : & figurément, qu’un homme tient pied à boule ; pour dire, qu’il ne quitte point son travail, son occupation ; & faire tenir pied à boule à quelqu’un, pour dire, l’obliger à une grande assiduité. On dit qu’une personne est ronde comme une boule, quand elle est grosse & courte.

Boule de mars. Remède efficace pour les plaies. Voyez Mars.

Boule de chamois. Voyez Chamois.

Boule de mercure. Amalgame de mercure & d’étain, dont on se sert pour purifier l’eau. On fait fondre l’étain ; on y ajoute le mercure, & on coule le tout dans un moule rond. (Les Vocabulistes ajoutent qu’il doit être creux.) On se sert de ces boules au besoin pour purifier l’eau, en mettant la boule dedans quand elle est bouillante.

BOULEAU. s. m. Betula. Arbre qui ressemble au peuplier noir, mais qui en diffère par son bois & ses fruits. Son écorce change de couleur suivant son âge, car elle est roussâtre dans les jeunes troncs, blanchatre dans les plus avancés, & gersée sur les vieux pied. Cette écorce se sépare en plusieurs lames plus fines que du papier, transparentes & blanches. L’extérieure est rousse, ou brune, lorsque l’arbre est encore jeune. Ensuite elle blanchit un peu, & on peut en séparer plusieurs peaux déliées : après elle devient plus blanche, & pleine de fentes : au-dessous de cette écorce il y en a une autre qui est fort mince, polie, & transparente. L’écorce des plus grosses branches est aussi blanche, mais celle des plus petites est d’un rouge éclatant. Ses branches sont composées de verges fort menues, longues, pendantes dans quelques individus. Elles sont garnies de feuilles alternes, semblables à celles du peuplier noir, plus petites cependant, d’un vert plus foncé, visqueuses lorsqu’elles sont jaunes, amères au goût, & un peu odorantes. Ses fleurs sont des chatons qui n’ont pas tout-à-fait deux pouces de long, ni plus d’une ligne & demie d’épaisseur ; ils sont à plusieurs écailles, entre lesquelles sont placées des étamines. Les fruits naissent sur le même pied dans des endroits séparés : ce sont d’abord de petits épis étroits qui n’ont pas un demi-pouce de longueur, & qui en grossissant deviennent longs de plus d’un pouce sur cinq lignes environ d’épaisseur. Ils sont verts, cylindriques & composés de plusieurs écailles coupées en trefle, & attachées à un pivot commun qui occupe le centre du fruit ; entre chaque écaille est placée une semence bordée de deux ailes ou feuillets membraneux. Le bouleau donne par incision au printemps une eau douce & agréable qu’on recommande pour les goutteux, les graveleux & les phthisiques, pour ôter les tâches au visage, pour rendre la peau belle, &c. Le champignon qui vient sur le bouleau est merveilleux pour les hémorroïdes. Cet arbre est très-commun en France. Il croit facilement partout.

On se sert des petites branches du bouleau, pour faire des verges & des balais. En plusieurs endroits on en fait des cercles pour relier des tonneaux, & des côtes pour faire des corbeilles. Comme l’écorce est fort résineuse, on en fait des torches pour brûler la nuit. Plusieurs croient qu’avant l’invention de faire du papier, on se servoit de petites écorces blanches de bouleau pour écrire, à quoi elles semblent fort propres.

Ce mot vient de butelellum, ou betula, qui sont deux vieux mots gaulois qui ont été latinisés, comme Pline le témoigne. Mais Matthiole dit qu’il a été appelé betula, à cause du bitume dont il est plein.

BOULÉE. s. f. Les paysans en Bourgogne donnent le nom de boulée à des raisins attachés en boule, dont ils font des présens pendant la vendange aux gens de leur connoissance qui n’ont point de vignes. On disoit aussi anciennement une boulée de clefs, parce qu’alors elles étoient attachées par un cordon à une boule de bois. Suppl. au Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Tor-Vises.

BOULENOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Boulogne en France, & du pays de Boulogne. Bononiensis. Les Boulenois sont tous aguerris & bons soldats. Les Boulenois ont plusieurs privilèges, qui leur ont été accordés ou confirmés par nos Rois, depuis que le Comté fut réuni à la Couronne sous Louis XI. Quelques-uns écrivent Boulonois.

Boulenois. s. m. Bononiensis ager, ou Comitatus. Pays de Picardie, aux environs de Boulogne, dont il a pris son nom, parce qu’elle en est la capitale. Quelques-uns écrivent aussi Boulonois, & M. Corneille n’écrit même point autrement. Cependant nos cartes de Géographie mettent communément Boulenois, & dans le discours on ne prononce point autrement. Le Boulenois est un Comté, & a eu ses Seigneurs particuliers. Le Boulenois est assez fertile, & a de très-bons haras. T. Corn.

BOULE-PONCHE, ou BONNE-PONCHE. s. f. Boisson angloise. On met un tiers d’eau-de-vie sur de l’eau pure avec de la muscade, & un peu de biscuit de mer grillé & pilé, & l’on bat le tout ensemble jusqu’à ce que les liqueurs soient bien mêlées. Le P. Labat dit, qu’on n’y met point de citron, & qu’à sa place on y met des jaunes d’œufs qui rendent cette liqueur épaisse comme du brouet, & il ajoute qu’au lieu d’eau on y met quelquefois du lait, & que c’est la plus estimée.

Ce mot vient de ces mots Anglois bowl of punch, qui veulent dire une tasse de ponche.

☞ BOULENE. Ville du Comté Venaissin, sur la rivière de Letz, à sept lieues d’Avignon.

BOULER. v. n. se dit de certains pigeons qui ont une grosse gorge, & signifie, enfler la gorge. Intumescere. Les jeunes pigeons de cette espèce commencent à bouler à trois ou quatre mois.

Bouler, en Agriculture est une maladie de plusieurs plantes. On dit que les grains boulent, quand, étant encore fort jeunes, il se forme comme un oignon à leurs racines. L’oignon ordinaire est aussi exposé à bouler. Les plantes boulées ne profitent point. Duhamel.

☞ BOULEROT noir. Gobio niger. Poisson de mer de la grandeur du doigt, rond & noir, principalement sur le devant. Il n’a qu’une nageoire au-dessous des oüies, qui ressemble en quelque sorte à une barbe noire. C’est pourquoi Rondelet le croit le même que celui qu’Athenée appelle bouc. Encyc.

BOULET. s. m. Grosse balle de fer avec laquelle on charge le canon. Globulus ferreus. Un canon de batterie porte depuis 24 jusqu’à 36 & 48 livres de boulet. Quelques-uns le font venir de botellus latin, ou du grec βάλλειν, qui signifie jeter.

☞ Les boulets doivent être ronds & bien ébarbés, afin qu’ils n’éraflent point la pièce ; & sans souflures, afin qu’ils ne pirouettent point en l’air.

Boulet rouge, est un boulet qu’on fait rougir dans une forge, dont on charge le canon pour mettre le feu aux lieux où il tombe, quand il y trouve des matières combustibles. Fervens globulus. M. l’Electeur de Brandebourg est le premier Prince qui ait introduit avec succès l’usage des boulets rouges.

Boulet creux, est celui dont le diamètre est proportionné à celui du canon qui le doit chasser. ☞ Il est long & creux, & renferme des balles, de la mitraille, & de l’artifice. Il a la lumière à l’une de ses extrémités. Gavus globulus. L’usage de cette lumière est d’y mettre le feu, ce que l’on fait en y passant une mêche souffrée, qui s’allume lorsque le boulet sort du canon, en sorte que ce boulet crève lorsqu’il est dans la terre, & produit le même effet qu’un petit fourneau.

Boulets à chaîne, sont deux boulets joints ensemble par une chaîne, qui a trois ou quatre pieds de longueur. Globuli catenati. On en charge un canon, & quand on le tire, l’effet de ces deux boulets est d’autant plus grand, sur-tout dans un combat, que la chaîne embrasse & sépare tout ce qu’elle rencontre.

Boulets à branche, sont deux boulets joints ensemble par une barre de fer longue de cinq à six pouces seulement.

Boulets à deux têtes, qu’on appelle aussi anges. Ce sont deux moitiés de boulets jointes par une barre de