Bougeoir se dit aussi particulièrement de ce petit chandelier d’or, qu’un valet de chambre porte au coucher du Roi, & que le Roi, lorsqu’il se deshabille, fait donner par distinction à quelqu’un des Courtisans. Le Roi fit donner le bougeoir à un tel Seigneur.
BOUGEON. s. m. Vieux mot. Flèche qui a une tête.
☞ BOUGER. v. n. Qui s’emploie ordinairement avec la négative. Se mouvoir du lieu où l’on est. Movere se, movere se loco. Si vous bougez, vous me désobligerez. Ne bougez pas, je vous prie. Lorsque les soldats de César virent que les autres ne bougeoient, ils s’arrêterent d’eux mêmes. L’armée ennemie s’avançoit au petit pas, & la nôtre ne bougeoit. Ablanc.
Bouger, s’emploie avec une négation, pour signifier qu’une personne est fréquemment dans un lieu, qu’elle n’en sort presque point. Consistere. Ce badaut n’a jamais bougé de Paris. Cet homme n’a jamais bougé du coin de son feu. Ce débauché ne bouge du cabaret. Il ne bouge d’auprès du Roi. Il ne bouge d’avec les Dames. Voit. Assiduus est. &c.
☞ L’Académie françoise, dans ses sentimens sur la Tragi-comédie du Cid, observe que bouger est devenu trop familier.
BOUGETTE. s. f. Petit sac ou poche qu’on porte en voyage. Bulga. Nonius l’appelle sacculus ad brachium pendens. Fompeius Festus dit que bulga étoit un mot gaulois, & l’interprète saccus sconcus. Les Allemands l’appellent encore aujourd’hui bulgen, & les Anglois bolgan. Bougette s’est formé de bolgette, selon notre coutume de changer la lettre l en u. Voyez Cluvier, Germ. Ant. L. I, p. 70.
Le mot bougette est un diminutif de bouge, qui se disoit autrefois dans le même sens. Henri Etienne, de latinitate falsè suspecta. c. 8, pag. 335, observe qu’on disoit de son temps, il a bien rempli ses bouges ; pour dire, il a fait un gros gain. Voyez encore ci-dessus Bouge. On prononçoit dans les commencemens boulge, de bulga, mot fort connu chez les Latins, & dont la signification est si bien exprimée dans ces quatre vers du Poëte Lucilius.
Cui neque jumentum est, nec servus, nec commes ullus,
Bulgam & quicquid habet nummorum secum habet ipse :
Cum bulguâ cœnat, dormit, lavat : omnis in unâ
Spes hominis bulgâ, hac devincta est cætera vita.
BOUGIE, s. f. Chandelle de cire pour éclairer les chambres. Cereus. Chez le Roi on ne brûle que de la bougie. On donne de la bougie en présent en plusieurs Communautés.
Ménage croit que ce mot vient de la ville de Bugie, en Afrique, d’où on apporte beaucoup de cire. Et cela est plus croyable que ce que dit Guichard, que bougie vient de אבק, abac, ligo, d’où se forme אבוקא, abouca, qui est exposé fascis, virga cereata, c’est-à-dire, bougie, menue chandelle de cire, linum cereatum, comme de abouga.
On appelle aussi bougie, une très-petite chandelle de cire dont les pauvres gens se servent pour faire des offrandes. Filum modicè ceratum. Une bougie d’un double.
On appelle un pain de bougie, une menue chandelle de cire, & qui est tortillée en façon de pain, pour la transporter plus commodément. Fili incerati massula.
Bougie. Terme de Chirurgie. Candela, seu virga cereata. C’est une petite verge cirée, faite en façon de cierge, qu’on introduit dans l’urètre pour le dilater & le tenir ouvert, ou pour consumer ce qu’on appelle carnosités. Il y a deux sortes de bougies, les unes simples, les autres composées. Les simples sont faites de cire garnie d’une mèche, ou de toile cirée & roulée en forme de petit cierge. Les bougies composées sont celles dans lesquelles on mêle quelques remèdes capables de détruire les excroissances ou carnosités de l’urètre. Col. de Villars.
BOUGIER. v. a. Terme de Tailleur d’habits. Passer légèrement une bougie allumée sur le bord de quelque étoffe coupée, pour empêcher qu’elle ne s’effile, en attendant qu’on la couse. Incerare oram vestiariam, ou panni. Bougier du tafetas, du damas, de la moire. Voyez Cierger.
BOUGIÉ, ÉE. part.
BOUGRAN. s. m. Toile forte & gommée qu’on met ☞ entre la doublure & l’étoffe, en quelques endroits des habits, afin de les tenir plus fermes. Tela gummina, illita gummi. Tout le monde connoît le bougran & ses usages. Il n’y a que les Vocabulistes qui puissent dire que les Tailleurs l’emploient pour doubler quelques endroits des habits.
Un Grammairien allemand dérive ce mot par métathèse, de l’hébreu gabar, qui signifie validus fuit, à cause que c’est une étoffe faite de gomme. Du Cange prétend qu’on a dit autrefois bucaranum, & qu’il vient de boqueranus, bucaranum, & buchiranum, qu’on a dit dans la basse latinité en la même signification.
BOUGRANÉE. adj. f. On appelle une toile bougranée, celle qui a été apprêtée, & mise en bougran.
BOUGRANIÈRE, adj. qui n’est usité qu’au féminin. C’est le titre qu’on donne aux Lingères dans leurs Lettres de maîtrise. On les appelle maîtresses Lingères, Bougranières, Canevassières.
BOUGRE, ESSE. s. m. & f. Sodomite, non conformiste en amour. Sodomita. Terme proscrit parmi les honnêtes gens. Quelques-uns prétendent que ce mot vient des Bulgares, qui étoient fort attachés à l’amour des garçons, & que les vieux Auteurs appellent bougres, comme leur pays Bougrie, pour Bulgarie. D’autres, parce qu’on brûloit les coupables du crime de non-conformité, de même que les hérétiques qu’on appeloit bougres. On voit à la Chambre des Comptes un don de l’an 1473, fait à un Religieux Inquisiteur des Bougres & Albigeois. Les Albigeois furent appelés Bulgares, parce que c’est de Bulgarie que cette erreur se répandit dans ce pays-ci ; & de Bulgare, on fit Bougre. Rochefort prétend que ce mot vient de Bagoas favori d’Alexandre ; mais il n’y a point de vraisemblance ; & l’autre étymologie paroit sûre. Voyez M. de Marca, Hist. de Béarn, Liv. VIII, p. 728.
☞ BOUGUES. On appelle ainsi, en basse Normandie, des lieux sablonneux au bord de la mer, dont le sable est mouvant. Les bougues de Queneville, les bougues de Ramenouville, &c. Ce mot vient de l’anglois saxon bog, qui signifie une terre marécageuse & mal assurée, qui engloutit les passans. Bogge, mollieres, frondriere. Huet. Orig. de Caen.
☞ BOUGUIS. Province de l’île de Celebes, dans l’Océan Indien. C’est une souveraineté particulière, à l’orient du Royaume de Macassar, Boné en est la capitale.
BOVICIDIES s. f. pi. Sacrifices où l’on immoloit des bœufs. Bovicidia. Voyez Taurobole.
BOUILLANT, ANTE. adj. Qui bout. Fervens. Eau bouillante. On faisoit mourir autrefois les faux monnoyeurs dans de l’huile bouillante. Cela se pratique encore en Flandre.
On dit aussi d’un bain, d’un breuvage trop chaud, qu’il est bouillant.
Bouillant, se dit aussi au figuré, & signifie, chaud, ardent, vif, prompt. Fervidus, fervens. Un esprit bouillant. Il faut laisser passer l’ardeur bouillante de la jeunesse. Il y a des gens dont l’humeur est chaude & bouillante. Abl. Il est tout bouillant du désir de la gloire. Il est trop bouillant & trop emporté. Tout bouillant de vin & de colère. Boil. Les tempéramens bouillans & impétueux rompent toutes les mesures de l’amitié. S. EvR.
Un jeune homme toujours bouillant dans ses caprices,
Est prompt à recevoir l’impression des vices. Boil.
Achille déplairait moins bouillant & moins prompt. Id.
Quand le sang bouillant dans mes veines
Me donnait de jeunes désirs. Malherbe.
On appelle S. Martin bouillant, la fête de Saint Martin qui vient en été.