petits anneaux d’or, ou de cuivre garnis de diamans, que les femmes attachent à leurs oreilles sans aucuns pendans.
Ce mot vient du latin bucula. Ménage. Bucula se trouve dans la basse latinité pour la partie du bouclier, dans laquelle on passoit le bras. De boucle, ou de bucula, les Grecs modernes ont aussi fait βούκλα[1], qui signifie la même chose chez eux. Étienne Guichard tire boucle de l’hébreu כבל, Kebel, transposant les radicales en בכל, Bekel, d’où boucle, selon lui, peut être dérivé en françois, mais il y a peu d’apparence.
Boucle, se dit aussi de ces anneaux ronds & carrés qui ont un ardillon au milieu, qui servent à tenir quelque chose attachée & serrée. Des boucles de souliers, de baudrier, d’un ceinturon. Les boucles d’une sangle, d’une étrivière. Les boucles ou agraphes du Tabernacle de Moyse étoient d’or.
Boucle, se dit par extension des anneaux que font des cheveux frisés, soit avec le fer, soit avec les papillotes. Cincinni. Perruque frisée à grosses boucles. Friser à grandes, à petites boucles.
Boucle, se dit aussi des gros anneaux de fer ou de bronze qu’on met à des portes, qui servent à les fermer, & à y heurter. Annulus. On le dit aussi de ces petits anneaux de fer dont on faisoit autrefois des jaques de maille.
Boucles, en Architecture, sont de petits ornemens en forme d’anneaux lacés sur une moulure ronde.
Boucle, en termes de Marine, signifie clef ou prison. Mettre sous boucle, tenir sous boucle, c’est mettre ou tenir sous clef, ou en prison. On a mis ce matelot sous boucle. Les Capitaines doivent arrêter & tenir sous boucle les soldats & compagnons coupables de crime, pour au retour les livrer à la Justice.
Boucle, se dit aussi de ces anneaux de cuivre qu’on met aux cavales qu’on veut empêcher d’être saillies. Acad. Fr.
BOUCLEMENT. s. m. Action de boucler, par laquelle on boucle, pour empêcher la génération. Dionis se sert de ce mot. Voyez le Dictionnaire de James, au mot Infibulatio.
☞ BOUCLER. v. a. Mettre une boucle, attacher avec une boucle. Fibulare, fibulâ astringere. Boucler ses souliers.
Boucler une jument. Terme de haras, fermer l’entrée du vagin avec un anneau de cuivre. On boucle les jumens quand on veut les empêcher d’être couvertes.
Boucler des cheveux, les mettre en boucles, leur donner la forme de boucles. Calamisirare, in cincinnos torquere.
Boucler un port c’est en fermer l’entrée. Præcludere, intacludere. On boucla le port, pour que rien ne pût sortir de la ville.
En termes de Maçonnerie, on dit, la muraille boucle, pour dire, qu’elle fait ventre, qu’elle est prête à tomber. Ici il est neutre. Paries ventrem facit. Pomey
Boucler. Parmi les Chasseurs on dit, faire boucler un renard, pour dire, le faire sortir de son terrier avec des chiens ; ou un blaireau, un lapin, avec des furets. Dict. des Arts. 1731.
BOUCLÉ, ÉE. part. On dit qu’un port est bouclé, qu’un passage est bouclé, præclusus ; quand l’entrée en est défendue, soit pour les ennemis, soit pour quelque précaution, à cause de la peste, ou de la disette.
En termes de Blason, on appelle bouclé, un collier d’un lévrier ou d’un autre chien qui a des boucles. Fibulatus. On le dit particulièrement des bufles qui sont bouclés.
Bouclé, ée. Qui est frisé en boucles. In cincinnos calamistratus, a, um. Elle étoit poudrée, bouclée. Made. de Sévigné.
BOUCLETTE. Terme de Manufacture de lainage. Au milieu de chaque lisse est une bouclette ou un petit anneau, soit de fil, soit de corne, soit de verre, pour recevoir un des fils de la chaîne.
BOUCLIER. s. m. Arme défensive que les Anciens portoient au bras gauche, pour se couvrir le corps contre les coups de leurs ennemis. Clypeus, parma, scutum.
Les boucliers d’Achille & d’Enée sont décrits dans l’Iliade & dans l’Enéide, & celui d’Hercule dans Hésiode. Celui d’Ajax étoit couvert de sept peaux de bœuf. Les écus ont succédé aux boucliers. On met encore dans les trophées des casques & des boucliers. Les Coninefates & les François élisoient leurs Rois ou Princes en les élevant sur un bouclier. Voyez Tillemont, Hist. des Emp. Tom. II, pag. 12 & du Tillet, I, p. 18 & 21. Nos anciens François pour armes défensives n’avoient que le bouclier fait d’un bois léger & poli, & couvert d’un bon cuir bouilli. Le Gendre. Perdre, ou se laisser ôter en combattant son bouclier, étoit une grande ignominie chez les anciens Germains. Du Tillet.
Ce mot est dérivé de bucularium, à cause des boucles dont les boucliers des Anciens étoient garnis. Ménage. Il est souvent parlé dans la basse latinité de buccula clypei, la boucle du bouclier. Le P. Thomassin le dérive de bucca, bouche, ou gueule, parce qu’on représentoit sur les boucliers des têtes & des gueules.
Le bouclier sur les médailles signifie, ou des vœux publics rendus aux Dieux pour la conservation du Prince ; ou qu’on le regarde comme le défenseur & le protecteur de ses sujets. On appeloit ces boucliers, clypei votivi, & on les pendoit aux autels & aux colonnes des temples, Philon, de Legat. ad Caium, dit que Pilate, pour faire la cour à Tibère, & plus encore pour faire dépit aux juifs, voulut ériger dans Jérusalem des boucliers dorés en l’honneur de cet Empereur ; mais qu’on s’y opposa comme à une chose contraire à la loi. On remarque deux boucliers sur une médaille d’Antonin, pour exprimer que ce bon Prince étoit le maître de la destinée de l’Empire. C’étoit par allusion au bouclier fatal descendu du ciel sous le règne de Numa Pompilius, à la conservation duquel étoit attachée la grandeur de Rome.
Bouclier, se dit figurément de toute sorte de défense ou de protection. Il y a plusieurs livres intitulés le bouclier de la foi. Hector fut long-temps le bouclier de Troye. Le Seigneur est mon bouclier. Port. R. Celui qui a été le bouclier de la France n’a pu se mettre à couvert de leurs coups. Voit.
Bouclier, dans l’Architecture, est un ornement qui sert pour les frises, les trophées, &c. Umbo. On appelle bouclier naval, un ovale qui est couché avec deux enroulemens.
☞ On se sert aussi en Botanique du terme de bouclier dans la description de certains fruits qui ressemblent à cette arme défensive. Scuti jormis.
Bouclier. Scutum. On entend en Pharmacie par scutum, un stomachique assez solide, mis sous la forme d’un bouclier ou fait en sachet ou en emplâtre. Il est composé en bouclier, de poudres chaudes stomacales & corroboratives ; & en emplâtre, d’un mélange convenable de mastic, de quelques poudres stomacales, de gommes odoriférantes, & d’une quantité convenable de térébenthine. On se sert de cette espèce de topique, après une purgation, pour fortifier l’estomac, corriger une intempérie froide, rétablir la digestion, & prévenir le vomissement. Morelli, de form. Bemed.
Levée de bouclier, c’est, en termes d’Escrime, l’essai que l’on fait avant que d’excrimer tout de bon. Ludicra prolusio. Pomey. On appelle aussi bouclier une sorte de météore ignée. Id.
On dit figurément, faire une grande levée de boucliers, lorsqu’on fait de grands préparatifs pour quelque entreprise qui ne réussit pas.
☞ BOUCON. s. m. Terme qui vient de l’Italien où il signifie morceau, bouchée. Il a la même signification chez nous, avec cette différence que nous ne le disons que d’un morceau, ou d’un breuvage empoisonnés. Toxicum, venenum. Donner le boucon à quelqu’un, c’est l’empoisonner. Prendre, avaler le boucon. Expression du style familier.
BOUCTEIN. s. m. L’Académie écrit bouquetin, & cette orthographe est la plus ordinaire. Animal qui se trouve dans les montagnes de Dauphiné. Ibex. Les boucteins, qui sont les ibices de Pline, suivant le sentiment du savant Président de Boissieux, quoique Paradin
- ↑ Lecture difficile, βύκλα et βόκλα sont attestés (βόκλα semble erroné là où il existe) mais sont rares. L’original laisse deviner -avec une petite incertitude- le caractère typographique spécial du ού.